Discuter:Révolution cambodgienne

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Sommaire

[modifier] Est-ce un génocide ?

Le caractère génocidaire de ce massacre de masse n'a pas été reconnu comme génocide par la communauté internationale. Un génocide est un massacre de masse dont les propriétés sont définies par des textes juridiques. La quantité de morts n'est pas le critère principal d'un génocide, mais la motivation des massacres. Or il semble que les massacres des Khmers rouges aient été motivés essentiellement par des considérations politiques et sociales et non par des considérations ethnistes ou raciales, sauf peut être en ce qui concerne les "ethnies vietnamiennes". Je m'interroge donc sur la pertinence du titre même de cet article.--Mutima 24 fev 2005 à 11:20 (CET)

[modifier] Commentaires

Je vois qu'un auteur sur ces événements a cité une partie de son texte. Cette encyclopédie étant une oeuvre collective, nous pouvons soit garder ce texte dans le corps de l'article ou en faire une page indépendante avec un lien vers commentaire de Sacha SHER Cet auteur confirme clairement que ce n'est pas un génocide. Il conviendrait sans doute de rebaptiser cette page. Nous pourrions l'appeler Les massacres des Khmers rouges au Cambodge.--Mutima 25 fev 2005 à 19:00 (CET)

Ca reste à prouver que ce n'est pas un génocide et ensuite d'autres historiens et plus nombreux dont les grands spécialistes internationaux du Cambodge (Osborne, Chandler) reconnaissent que c'est un génocide. Un professeur d'histoire-géographie de Soissons (Aisne)

[modifier] Avis de modfication prochaine du titre de l'article

Sans avis contraire d'ici une semaine, je renommerai cet article.--Mutima 22 juillet 2005 à 05:01 (CEST)

On pourrait mettre un point d'interrogation : "génocide cambodgien?". Sacha. septembre 2005.
C'est probablement une bonne solution.--Mutima 7 septembre 2005 à 11:26 (CEST)

[modifier] Commentaire de Sacha SHER

L'évaluation de la mortalité et ses causes entre 1975 et 1978

Avec le recul, le bilan de la répression et de la surmortalité imputables à l’application de la politique du régime révolutionnaire reste assez imprécis. D’abord parce que les causes de décès sont innombrables. Le régime du " Kampuchéa Démocratique " sélectionna, exécuta ou enferma d’abord les membres de l’appareil administratif et surtout militaire de l’Ancien régime. La détention touchait ensuite les intellectuels, les personnes dont les proches avaient servi la République ou la monarchie, puis tout élément dont les comportements étaient jugés mauvais, contre-révolutionnaires ou en contradiction avec la ligne. Les mauvais éléments ou les espions pouvaient englober, localement, des personnes ayant pris part à des manifestations, à des tentatives répétées de vol et de fuite, ou simplement des personnes qui avaient manqué d’enthousiasme au travail ou avaient exprimé leur nostalgie du passé. Les tentatives de résistance étaient généralement sanctionnées par l’emprisonnement, l’interrogatoire, puis la mort. Les autres décès étaient dus à la famine, à la sous-alimentation, à l’épuisement au travail, aux déplacements éprouvants, aux périls de l’exil, aux accidents inhérents à l’affaiblissement physique (chute d’un palmier, noyades, etc.), à l’absorption de plantes empoisonnées, à la guerre contre le Vietnam, et aux maladies. Celles-ci s’accrurent à cause des carences alimentaires, de l’absence d’immunité aux microbes et aux parasites d’une région, et du manque d’hygiène, même quand des soins étaient prodigués.

Ensuite, les quelques personnes qui se sont lancées dans des calculs statistiques ne présentent pas toujours les étapes de leur démarche. Une recherche statistique récente de Patrick Heuveline compare les différentes méthodes d’estimation de la mortalité imputable à la révolution, avec les marges d’incertitude que chacune d’elles comporte. Mais cette étude présente ses propres recherches de manière allusive et se " focalise sur les marges d’estimation et d’erreur plutôt que sur la recherche d’une meilleure estimation du nombre de morts par excès ". La conclusion que le lecteur doit tirer est que le total des disparus, pour la période allant de 1975 à 1980, famine de 1979 comprise (peut-être 500 000 morts, dus principalement à la désorganisation ), se situerait en bonne probabilité entre 1,5 et 2,5 millions " sans qu’on puisse formellement exclure un chiffre aussi bas que 700 000 ou aussi haut que 3,2 millions ", sur une population de 7 à 8 millions d’habitants. Entre 10 % et 50 % des victimes auraient péri en détention ou par exécution . Nous essaierons de porter un jugement sur les différents chiffres mentionnés. Mais que ce bilan n’épargne pas de tenir compte de la situation héritée par les révolutionnaires (voir notre introduction), du fait que tous les conflits internes et externes n’étaient pas de la seule responsabilité des dirigeants, et du fait que les conditions climatiques n’étaient peut-être pas parmi les plus favorables, bien que l’on ait peu de renseignements à ce sujet : un témoignage évoque une année 1976 marquée par la sécheresse , et un représentant du gouvernement canadien avait été " très préoccupé " en décembre 1978 par " les grandes inondations de ces derniers mois " en Asie du Sud-Est, au point qu’une aide de 250 000 $ avait été octroyée au Vietnam le 28 novembre 1978 .

Une enquête de terrain récente menée par le Documentation Center of Cambodia (D.C.Cam) pour évaluer les victimes de la répression révolutionnaire, réalisée a disposé de certains moyens mais est d’un intérêt limité en raison des méthodes employées et des zones d’ombres qu’elle présente. Dans un récent ouvrage, Crimes of the Khmer Rouge, Craig Etcheson résume les données relevées et tente une évaluation générale de la mortalité excédentaire tirée du projet de cartographie du centre qui consiste à évaluer le nombre de morts en captivité. Le résultat des enquêtes effectuées en 1995-1999 sur tout le territoire, à l’exception de la province de Preah Vihear et d’une vingtaine de districts, aboutit à un chiffre d’ 1 112 829 morts en captivité. Supposant que ces morts représentent 30 ou 50 % des morts sous le K.D., il est déduit que le nombre de morts totaux s’élèverait à 2,2 voire 3,3 millions et que la " mortalité excessive " serait de 2,2 voire de 2,5 millions soit 29 à 35 % d’une population supposée de 7 à 7,5 millions. La présentation des procédés de l’enquête confirme ce qui apparaissait dans les numéros de la revue du D.C.Cam, Searching for the Truth. Le présupposé général est que le nombre de victimes en captivité peut être facilement déduit à partir de ce que sont censées contenir les fosses communes situées à moins d’un kilomètre des prisons des services de sécurité. Etcheson accepte qu’il ait pu se trouver, selon des témoins, à tel endroit, un hôpital non loin de deux prisons, et que des malades aient pu être enterrés dans les mêmes fosses que les prisonniers. Mais il estime que cela constituait l’exception plutôt que la règle. La seule enquête scientifique ayant été chargée d’établir les causes des décès, menée en juillet 2002 par Michael Pollanen, a eu lieu sur des ossements de trois mémoriaux et non sur des corps exhumés à partir de fosses. Le résultat était qu’une " minorité significative " avait souffert de traumatismes physiques. Cependant, nulle datation des décès n’avait été effectuée. Etcheson appelle de ses vœux une autre enquête, car sans cela, les évaluations du Centre seraient mises en doute. Ajoutons qu’un problème de taille provient encore de ce que les enquêteurs du D.C.Cam n’ont pas non plus exhumé le moindre corps pour évaluer la contenance des fosses – mais peut-être cela coûte-t-il trop cher. Ils se sont contentés de relever les déclarations des autorités locales, les appréciations du nombre de victimes par des personnes qui les avaient enterrées ou par des voleurs de tombes qui les avaient déterrées, et de comparer toutes ces déclarations avec le nombre d’ossements regroupés en mémoriaux du souvenir et les nombres de corps exhumés portés sur des registres conservés par des chefs locaux. Il a d’ailleurs ainsi été relevé des écarts de 1 à 100 voire de 1 à 1 000. Ce qui paraît échapper à la vigilance des enquêteurs est que les mêmes autorités locales ont aussi pu gonfler les données des registres, plus ou moins longtemps après les premiers comptes. Pourquoi avoir retenu des procédés de comptabilité si peu objectifs ? D’autant que les corps sont toujours présents sous terre et identifiables, contrairement, pense Etcheson, à ceux des victimes de guerre qui seraient " partis en poussière " (vaporized) lors de l’impact des bombes lancées par les B 52. Certes, les B 52 volaient trop haut pour être entendus – 35 000 pieds, plus de dix kilomètres – et leurs bombes prenaient la population par surprise. Mais peut-être est-ce faire peu de cas des témoignages divers indiquant que la population ne craignait pas tant les B 52 que les avions furtifs T 28 déverseurs de napalm . Ces témoignages sont sans doute insuffisants mais les armes volantes ont pu laisser derrière elles plus de corps qu'on ne l'imagine. Etcheson reconnaît que ses équipes ont trouvé au moins deux fosses remplies de victimes de guerre, mais considère que la plupart des morts de 1970-1975 ont été incinérés. Cela peut à nouveau prêter à débat. Dans l’urgence, les victimes ont pu être enterrées près des pagodes avant d’être incinérées. Or, le fait est assez généralement reconnu que nombre de ces pagodes servirent, par la suite, de prison. Les fosses retrouvées près des prisons pourraient donc être aussi remplies de victimes de guerre, tuées sous les bombes ou au combat. Ces nombreuses réserves mettent finalement en doute le bien-fondé de l’enquête du D.C.Cam . Ce n’est certes pas la seule enquête démographique à comporter des incertitudes.

Toute tentative d’estimation est fondée sur des hypothèses de population. Ces hypothèses sont le résultat d’un processus plus ou moins long d’acceptation ou de remise en cause des données disponibles. En effet, les données de départ sont déficientes et insuffisantes. La plupart des estimations qui procèdent par la méthode de la soustraction s’appuient sur les chiffres du recensement de 1962, et donnent ensuite des estimations différentes de la population cambodgienne pour l’année 1975. Commençons par apprécier les chiffres de 1962. Techniquement parlant, beaucoup de recensements ont tendance à sous-estimer la population. Mais selon une enquête de l’ONU de 1966, le recensement aurait été gonflé de 4 % . Selon l’ambassadeur de France Jean de Beausse, les données du recensement de 1962, par provinces et par villes, étaient par trop succinctes, et le chiffre de 5 748 842 habitants avait pu être " forcé " – comme l’estimaient d’autres observateurs non mentionnés – pour donner davantage d’importance au pays sur la scène internationale. Cela constituait un " brusque accroissement de population " pour un pays qui ne devait alors compter tout au plus que 5 millions d’habitants . Peut-être l’ambassadeur construisait-il son jugement à partir des données de l’enquête de 1958-1959 (4 845 000). En sens inverse, un rapport de l’ONU de 1966 jugeait ce dernier chiffre sous-évalué au regard du recensement de 1962. Que penser ? Le démographe Jacques Migozzi soulevait certaines lacunes du recensement de 1962 et considérait qu’il y avait eu sous-dénombrement simplement parce que l’on n dénombre pas suffisamment la population jeune et rurale dans les pays en voie de développement. Migozzi, en partant de l’évaluation de 1962 (5 738 300 ou, selon le chiffre donné par Migozzi, 5 728 711 habitants), parvenait en 1970 au chiffre de 7,3 millions d’habitants, ou, en prenant pour hypothèse un accroissement modéré de la population, au chiffre de 7 millions . Avant de parvenir à la population de 1975, on doit ensuite tenir compte, des victimes de guerre, du départ d’une majorité de Vietnamiens dès 1970, ou encore du nombre de réfugiés partis au Sud-Vietnam. En 1970, 300 000 Vietnamiens partirent du pays (300 000 selon Vickery, 310 000 selon Sliwinski, 320 000 entre 1970 et 1974 selon Banister & Johnson). Si l’on suppose que la natalité n’a pas été entamée par la guerre, et si l’on applique arbitrairement, pendant cinq années, à une population de départ de 7 millions d’habitants, le taux d’accroissement annuel de 2,9 %, donné par Migozzi pour les dernières années du Sangkum, on parviendrait en 1975 à une population normale de 8 075 602. Il convient maintenant d’évaluer les victimes de la guerre. Le chiffre souvent accepté est de 500 000, proche des 600 ou 700 000 estimés par la C.I.A. comme étant le nombre global de morts " liés à la guerre ", mais des démographes l’ont réduit à près de 300 000 , chiffre que nous retiendrons. Il y aurait donc eu 7 775 602 habitants au Cambodge en 1975. Le résultat, serait forcément surévalué car il ne prendrait pas en compte la baisse d’accroissement naturel en période de guerre, l’impact des morts d’adultes sur la natalité de l’ensemble de la période. Selon Judith Banister et Paige Johnson, la réduction des naissances aurait été de 70 000 en 1970-1974 . On peut donc imaginer qu’un résultat moyen basé sur un taux d’accroissement légèrement optimiste se situerait aux alentours de 7 750 000 – 70 000, soit 7 680 000. Par une autre méthode, en retranchant de la population de juin 1970 le nombre de victimes avant de multiplier le taux d’accroissement, on arriverait à une population en 1975 de 7 729 515 habitants. On pourrait aussi utiliser, dans nos extrapolations, le taux d’accroissement de 2,2 %, généralement utilisé par les autorités du pays pour évaluer la population en 1969-70. Appliquée pendant cinq ans à un nombre d’habitants supposé à 6,85 millions pour refléter les pertes à venir de la guerre, l’utilisation de ce taux sur cinq ans donnerait 7 637 391 habitants en avril 1975 auquel on déduirait le déficit de naissances de 70 000 pour aboutir à 7 567 391. On peut prendre en compte cette diminution des naissances par un autre moyen. Selon la C.I.A., la population a augmenté selon un facteur de 0,095 ou, selon Ea Meng-Try, d’environ 0,07 . Dans les deux cas, le taux d’accroissement est bien inférieur à 2 %. Selon ces facteurs, on aboutirait, à partir d’une population fixée, par commodité, à 6 850 000 vers juin 1970, à une population de 7 500 750 ou de 7 329 500. La C.I.A., partant d’une population estimée par les Nations-Unies à 7,06 millions en juillet 1970, et prenant en compte les désastres de la guerre, arrivait à une population de 7,364 millions habitants en avril 1975. Elle estimait qu’environ 250 000 Vietnamiens ou Cambodgiens ayant des liens de parenté avec eux avaient été rapatriés durant les semaines suivantes . Selon ces diverses estimations, il pourrait être resté entre 7,1 et 7,3 millions d’habitants au début du régime du K.D., chiffres que nous choisirons pour effectuer des projections pour 1979. Curieusement, Marek Sliwinski avance que la C.I.A. retenait le chiffre de 7,3 millions et prend ce chiffre comme hypothèse de population la plus basse. C’est oublier le départ des Vietnamiens signalé par la CIA. Il est vrai qu’il n’estime qu’à 70 000 le nombre de Vietnamiens restés vivants au Cambodge après 1970 . Quant à Ben Kiernan, il ne retient dernièrement, comme estimation de la population en 1975, que le chiffre de 7,9 millions – le même chiffre que celui donné par la Commission Economique et Sociale de l’ONU pour la moitié de l’année 1974 , un chiffre certainement fourni par les autorités du Cambodge. Ce chiffre, pense-t-il, a l’heur de se conformer avec sa propre évaluation du nombre de " victimes " (1,5 millions) effectuée après enquête auprès de cinq cents réfugiés, ainsi qu’avec l’évaluation – non publiée – réalisée par Steve Heder du nombre de morts en excès par rapport à la population escomptée en 1979 à partir d’un échantillon de mille ou mille cinq cents réfugiés décomposé en quatre catégories (1,5 millions selon le chiffre rapporté par Kiernan et Heuveline, entre 1,2 et 1,5 selon les chiffres rapportés par Serge Thion, ou 1,7 selon une communication personnelle récente de Heder) .

La même variété s’observe quant à l’évaluation du nombre de survivants. Nous essaierons de retenir celles qui prêtent le moins à la critique. Kiernan en mentionne une donnée par l’A.F.P., sans plus de précision : 6 millions. Ce chiffre était également répandu parmi le personnel humanitaire en 1979 . 6 millions était le nombre donné à nouveau en novembre 1980 par un fonctionnaire de l’ONU . A la moitié de l’année 1980, l’ONU estimait la population à 5,7 millions. Cette évaluation était basée sur un rapport de la C.I.A., qui évaluait, pour le début de l’année 1979, la population à 5,767 millions . Plus tard, dans l’édition de 1994 de ses World Population Prospects, l’ONU révisait ses chiffres : la population de la moitié de l’année 1980 avait été de 6,7 millions. Patrick Heuveline indique que l’ONU désormais en compte une enquête réalisée par les autorités du Cambodge sur la base de registres de population tenus par les chefs de village. Ce recensement gouvernemental laissait penser que la population de 1980 était de 6,4 millions. Plusieurs observateurs ont d’abord jugé cette estimation exagérée, en premier lieu au niveau local, pour recevoir davantage d’aide du gouvernement, et en second lieu au niveau national, pour obtenir davantage d’aide internationale. Il est vrai que ces chiffres contrastaient beaucoup avec ceux publiés précédemment par le même gouvernement lorsqu’il rendait Pol Pot responsable d’avoir réduit la population du Cambodge à 4 millions d’habitants. D’autres calculs ont abouti à une évaluation assez haute : Banister et Johnson, qui considéraient que le recensement n’avait pas pu dénombrer les nombreuses personnes qui se déplaçaient spontanément dans le pays, aboutissaient à un résultat de 7 millions. Cependant, Patrick Heuveline remarquait que les migrations avaient pu conduire les recenseurs à interroger plusieurs fois certaines personnes. L’estimation de Banister et Johnson serait ainsi surévaluée. Néanmoins, on peut penser que leurs remarques restent valables pour ce qui concerne les émigrations. En l’état, il paraît difficile d’apprécier un tel chiffre. Cependant, Patrick Heuveline, qui a effectué des calculs basés sur les registres électoraux de 1993, estime que l’on devrait ajouter 10 % d’habitants en plus à l’enquête gouvernementale mentionnée, ce qui, après relecture, signifie qu’il parvenait à 7,04 millions d’habitants (10% de plus que 6,4 millions). L’avantage de ce calcul est qu’il prenait aussi en compte la population des camps de réfugiés survivants du K.D. en 1980, puisque la population de 1993 incluait la quasi totalité des réfugiés – 370 000 d’entre eux étaient censés être rapatriés pour les élections et ceux restés en Thaïlande étaient autorisés à voter. Cependant, nous ne savons si Heuveline a pensé à comptabiliser les quelques 200 000 réfugiés partis dans des pays occidentaux . Car la population de 1993 ne prenait peut-être pas en compte les Cambodgiens partis dans les pays occidentaux. Ceux-ci comprenaient de toute façon une majorité de personnes éduquées ayant fui le K.D. très tôt. Malgré les raisons qui peuvent expliquer le chiffre de 7,04 millions, Heuveline suggérait que cela indiquait qu’il n’y avait probablement pas eu autant de " sous-inscription " que l'on aurait pu s'y attendre dans le recensement de 1992. Il considérait donc ce calcul comme une estimation haute, à voir un graphique présenté dans son étude. Cependant, il est possible qu'il y ait eu sous-inscription électorale pour des raisons politiques. Selon ledit graphique, l’estimation moyenne était d’environ 6,8 et l’estimation basse de près de 6,2 millions. Si l’on prolongeait la courbe de cette estimation haute, on parviendrait, pour 1979, à une population légèrement inférieure à sept millions (mais peut-être ne peut-on utiliser cette courbe pour estimer l'évolution de la population de 1979 à 1980). En tous les cas, Heuveline écrivait que, rétrospectivement, l’enquête du gouvernement (6,4 millions, un chiffre qui ne comprenait pas les réfugiés) ne paraissait plus aussi improbable qu’elle avait pu l’être . En 1997, un autre démographe, Jerrold W. Huguet, partant de la population recensée en 1996 parvenait par rétroprojection à une population de 6,55 ou 6,6 millions en 1980 (qu'il disait réduite du fait des flux de réfugiés, ce qui portait les survivants à peut-être 6,8 millions) . En 1993, Banister & Johnson parvenaient, d’après une méthode de décomposition de la population par âge et par sexe, saluée par Heuveline, à une population de 6,36 millions en décembre 1978 et de 7 millions en 1980 .

Une évaluation calculée par Michael Vickery selon plusieurs méthodes parvenait à mi-chemin des estimations gouvernementales et de celles, plus récentes, de démographes avec un chiffre de 6,7 millions de survivants. Cette évaluation découlait de corrections effectuées au rapport de la C.I.A., sur la base d’impressions tirées de ses propres entretiens, de calculs d’addition du nombre de réfugiés à l’étranger (300 000) et de décroissement à partir des évaluations officielles de la population vivant à l’intérieur du Kampuchéa : 6,59 ou 6,8 millions en 1981 selon le gouvernement cambodgien, et, 6,5 millions en décembre 1980 selon la F.A.O.. Vickery ajoutait au seul chiffre de 6,8 millions les 300 000 Cambodgiens vivant à l’étranger.

Mais quel était donc le nombre exact de réfugiés en 1980-1981 que l’on peut considérer comme survivants ? Les réfugiés vietnamiens ou khmers restés respectivement au Vietnam et en Thaïlande peuvent représenter au moins 320 000 Vietnamiens et 35 000 à 50 000 Khmers ayant fui le K.D. . Tous n’avaient pas fui sous le K.D. (85 000 l’avaient fait selon la C.I.A.). Certains étaient partis des zones révolutionnaires avant 1975, notamment les Vietnamiens au Sud-Vietnam, et d’autres, nombreux, étaient partis après 1979. Toutefois, nous considérerons comme Vickery que la grande majorité des réfugiés Cambodgiens faisait partie des survivants de tout le régime du K.D., puisque près de 450 000 d’entre eux étaient partis en 1979 et en 1984-1985 . De la même façon que nous considérerons qu'une partie de ceux qui ont péri en voulant fuir le K.D. en ont été victimes. Toutefois, les chiffres de 1980 et 1981 contenaient les quelques 150 000 réfugiés revenus du Vietnam au début de 1979 ou en 1980 . Presque tous Vietnamiens, ils n’avaient pas vécu plus de quelques semaines sous le K.D. Les survivants au sens strict seraient alors trouvés en additionnant aux résultats du recensement 50 000 réfugiés et en leur soustrayant 150 000 non survivants et en remontant le temps pour arriver au mois de janvier 1979.

Mais les évaluations gouvernementales de 1980 appellent beaucoup de questions. Elles ont pu être surévaluées à une échelle inconnue pour recevoir plus d’aide, ou sous-évaluées à une échelle inconnue en raison des déplacements de population. Certains statisticiens estiment que le chiffre de 6,6 millions d’habitants à la fin de l’année 1980 comprenait tous les Cambodgiens situés à l’intérieur des frontières, mais Ea Meng-Try estime qu’il omettait les habitants de la zone de résistance – peut-être un million en 1982. En ajoutant le nombre de réfugiés à ces chiffres, on serait parvenu à une population de huit millions d’habitants. Nous ne savons pas non plus si les 6,6 millions comprenaient les personnes regroupées le long de la frontière, qui, selon une source thaïlandaise représentaient 740 000 personnes en janvier 1980, dont 150 000 traversèrent la frontière dans les jours suivants . C’est là un point capital que nous n’avons pas résolu. Supposons à tout hasard que le gouvernement ait été compétent et ait pris en compte toutes les populations situées sur son territoire. Retenons pour l’heure le chiffre de la FAO en décembre 1980, 6,5, fort probablement tiré des 6,4 et 6,59 millions estimés par le gouvernement en 1980 et en 1981. Réduisons-le à 6,35 pour prendre en compte l’arrivée des Vietnamiens partis précocement et parvenir au nombre de survivants situés en territoire cambodgien. Elevons-le à 6,4 pour prendre en compte les 50 000 réfugiés Khmers restés à l’extérieur du territoire. En établissant une projection de population dans le passé, on aurait environ 6,2 millions survivants en janvier 1979. Le déclin absolu par rapport à la population d’avril 1975 s’élèverait alors à 900 000 personnes. Mais en retenant les évaluations de la population parvenant à 7 millions en 1979, ce déclin ne serait plus que de 100 000.

Cependant, comme il y eut des naissances sous le K.D. – ce qu’aucun auteur ne conteste – le déclin par rapport aux prévisions envisageables est plus important. Ce qui nous conduit à nous demander selon quelle proportion la population se serait accrue si la politique du K.D. n’était venue heurter cet accroissement. Il faudrait établir ce qu’était la moyenne de l’accroissement annuel pendant la guerre. En nous appuyant sur les taux donnés par la C.I.A., le résultat serait de 0,95 % par an , contre 2,2 % en temps normal. En supposant que les séquelles de la guerre sur le taux d’accroissement naturel soient longues, on pourrait appliquer à partir des hypothèses pour avril-mai 1975 (7,1 ou 7,3 millions) un taux d’accroissement annuel de 1,5 % pendant trois ans et 1,08249999 pour les derniers huit mois et vingt jours. L’espérance de population en janvier 1979 aurait alors pu être de 7 504 687 ou de 7 716 084. Le déficit démographique s’élèverait alors, pour une population survivante évaluée à 6,2 millions, à près de 1 304 000 ou 1 516 000, et, pour une population survivante probablement sous-évaluée de 5,767 millions (C.I.A.), à 1 736 000 ou 1 949 000 – 1,8 millions était d’ailleurs le déficit maximum envisagé par le ou les statisticiens de la C.I.A, le minimum étant de 1,2. En supposant un taux d’accroissement qui serait remonté, après les destructions, à l’équivalent de 2 %, c’est-à-dire encore un peu moins que 2,2 %, on serait parvenu à une population de 7 643 325 ou 7 858 579 soit un déficit de 1 443 000 à 1 658 579. On peut également tenter d’évaluer, pour chaque année, le nombre de naissances et de morts qui ont pu se produire pendant 3,721333 années sous le K.D. selon un taux annuel de 30 pour 1000 naissances – contre 46 pour 1000 dans les années soixante –, ainsi que le nombre de morts selon un taux de 24 pour 1000, situé à mi-chemin entre le taux estimé en temps de paix, 18 pour 1000, et le taux en temps de guerre, estimé au double selon la C.I.A. En avançant dans les calculs par séquence d’une année, ce qui a pour effet de gonfler les chiffres de quelques centaines, et, pour la dernière séquence, de 0,7216666 année, on passerait, selon une hypothèse de population de départ basse, de 7,1 millions à 7 259 252 . Le déficit de population à imputer à la révolution serait dès lors équivalent à 959 000. En prenant en compte un taux de mortalité à imputer aux séquelles de la guerre de moindre ampleur, les pertes dues à l’application de la politique du K.D seraient plus importantes. Et en considérant que le nombre de naissances réussies ait été plus réduit que celui supposé, les morts dus à l’application de cette politique seraient alors revus à la baisse. Enfin, si l’on pense probable que la population ait été d’environ 7 millions en 1979 (hypothèses hautes de Banister & Johnson et de Heuveline), le déficit brut serait de 100 000 à 300 000 personnes et le déficit relatif de 260 000 à 700 000 personnes. Une mortalité excédentaire de 700 000 ne serait d’ailleurs pas en contradiction avec des calculs réalisés à partir de témoignages recueillis de fraîche date qui indiquaient qu’il y avait eu près d’1,5 millions de décès visibles. La mortalité normale prévisible sur une période de plus de trois ans et demi d’après-guerre, pour une population de plus de 7 millions, est en effet de 620 000 à 650 000 morts avec un taux de mortalité évalué à 24 % et un taux de natalité évalué à 30 %. Les quelques 900 000 disparitions supplémentaires rapportées par les rescapés pourraient bien comprendre 600 à 700 000 décès supplémentaires dus à la politique du K.D. et 200 à 300 000 personnes non encore retrouvées en 1979-1980 ou comptabilisées deux fois lors des enquêtes. La prise en compte d’une mortalité excédentaire de 260 000 obligerait, elle, à remettre en cause le degré de représentativité des personnes interrogées, ou le degré de crédibilité des récits de survivants, que cela soit imputable à leur subjectivité ou au fait qu’ils n’aient pas eu d’informations directes pour un quart des décès rapportés. On sait par exemple que des personnes emmenées pour être rééduquées étaient souvent considérées par leur proches comme ayant été assassinées. A l’inverse, un déficit relatif de 1,4 millions, qui suppose, en prime, des centaines de milliers de morts naturelles, signifierait que les personnes interrogées n’ont pas rapporté toutes les disparitions.

En retenant pour hypothèse un déficit démographique de l’ordre de 250 000 à plus d’ 1,6 millions, on aboutit à des chiffres moins précis que ceux de Ben Kiernan (1,7 million) de Michael Vickery (740 000 dont une moitié de personnes exécutées à 1 million) de Ea Meng-Try (1 ou 1,2 millions de morts toutes causes comprises avec une population survivante de 6,1 millions en 1980) de Banister & Johnson (1,05 millions avec une population survivante de 7 millions) et de Kiljunen (1 million), mais toutefois moins larges que ceux du démographe Patrick Heuveline (de 700 000 à 3,2 millions) qui ne remet pas en cause les chiffres de survivants de 1980 donnés par le US bureau of the census – 5,7 millions, sans doute plus pour fin 1978 avant la famine de 1979, qui plus est réévalués par la suite à 6,586 – . Nous avons en effet voulu tirer les conséquences des jugements produits par Heuveline et avons employé une façon de procéder ignorée par Ben Kiernan. Enfin, nous avons pris en compte des informations qui n’étaient pas connues de ces auteurs, et retenu des évaluations et des probabilités qui n’étaient pas toujours exploitées. Ces résultats, basés sur des extrapolations démographiques, restent des hypothèses provisoires. Nous avons entrepris de détailler notre démarche de manière à servir le lecteur susceptible de la poursuivre et de la compléter.

La surmortalité de la population en 1975-1978 n’est pas le seul héritage que le Cambodge doit surmonter pour retrouver un niveau de vie acceptable. Il a connu d’abord l’agression états-unienne (pour les Cambodgiens qui perdirent tant d’êtres chers écrasés par des extra-terrestres bien à l’abri dans leurs bombardiers, Américain était " synonyme de mort " si bien qu’avant d’en voir en chair et en os, en train de fuir vers la Thaïlande, certains les observaient effarés comme s’ils s’attendaient à voir des " ogre[s], la gueule bardée de crocs " (Ponchaud). durant cette période, le pays a connu la destruction des infrastructures économiques, sanitaires, hydrauliques et éducatives, les départs à l’étranger de la population qualifiée. En 1978-1979, il y eut la guerre contre le Vietnam, les déplacements de population qui étendirent le paludisme sur tout le territoire, le détournement d’une partie des ressources par ce pays voisin. La guérilla " Khmère rouge " fut ensuite entretenue jusqu’en 1998 près de la frontière thaïlandaise par une coalition hétéroclite regroupant les Etats-Unis, la Chine et la Thaïlande. C’est ce conflit qui engendra la propagation massive de mines anti-personnelles à partir de 1979, dont tant de Cambodgiens eurent à souffrir. En 1999, le Cambodge était l’un des pays les plus couverts de mines avec l’Angola, le Mozambique, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Birmanie, et l’Afghanistan. Des dizaines d’années seront encore nécessaires pour désamorcer les quelques cinq millions de mines antipersonnelles enfouies sur près de 644 km² notamment dans les districts de Samlaut ou Sala Krau, près de Battambang, et près de la frontière thaïlandaise où étaient repliés les rebelles . En 1991, le Cambodge était l’un des dix pays les plus pauvres de la planète. En 1993, la tuberculose était la maladie la plus préoccupante – comme au début des années quatre-vingt. Et en 2000, vingt mille Cambodgiens étaient touchés par la lèpre contre un millier en 1982 .

[modifier] La question du titre de l'article

Bien que la modification du titre de l'article ait été annoncée voilà quelque temps déjà, je ne considère pas que ce changement respecte la neutralité de point de vue nécessaire à un article de Wikipédia. J'apprécie énormément les ajouts et je trouve très intéressant l'opinion de Sacha Ser sur la question des massacres des khmers rouges dans ce pays; cependant, je crois qu'ajouter un point d'interrogation au titre de l'article, comme il a été fait, minimise les massacres en question et l'ampleur de ceux-ci. Dire que ce n'est pas un génocide, cela fait partie d'un débat d'idées et ne devrait pas se retrouver dans le titre de l'article: c'est une opinion, soit-elle étayée par de nombreux arguments ou pas. Il reste cependant que je suis sceptique quant à cela, surtout lorsque l'on voit des organisations telles les Nations Unies ou de nombreux autres historiens importants traitant la question comme un "génocide" et non comme un simple massacre. Personnellement, je ne suis pas un expert dans le domaine mais j'ai étudié considérablement la question, assez pour être critique envers l'opinion de Sacha Ser.

Ainsi, je crois que le texte devrait conserver la mention génocide, terme généralement accepté et davantage connu des néophytes, alors que l'article pourrait comprendre les divers points de vue y compris celui de Sacha Ser (massacre) ainsi que la description du génocide sous un autre terme, soit celui de Politicide (wiki anglo). Et je crois que le point d'interrogation devrait être enlevé du titre, qui ne fait qu'indiquer aux lecteurs que le terme est encore et toujours argumenté, ce qui est inutile et même mélangeant pour cet article. Je crois cependant qu'un vote devrait être fait concernant tout ceci, c'est pourquoi j'ai ajouté le bandeau de désaccord de neutralité, pour que la communauté puisse donner son point de vue sur la question. À plus! Colocho 7 septembre 2005 à 23:37 (CEST)

L'article génocide montre clairement qu'il y a quatre génocides reconnus par les nations unies. Lis exactement les raisons avancées. Les massacres du Cambodge n'en font pas partie. La question de l'ampleur n'est pas un critère. Il y a eu 50 millions de morts pendant la seconde guerre mondiale et parmi ces morts, «seulement» 6 millions de Juifs et quelques dizaine de milliers de tziganes, entre autres, victimes directe d'un génocide. Il existe au sujet de l'ampleur la notion de massacre de masse. Je te renvoie à la définition de l'article 6 du statut de la cour pénale internationale qui a repris ce qui a été défini par les nations unies à la suite de la shoa. (Voir génocide).
le titre lui-même est donc non neutre. Quel est l'ethnie, le peuple particulier ciblé en tant que tel, par la naissance de ses membres ? Où est la volonté d'éradiquer un tel peuple en tuant jusqu'au foetus sortis des ventres ouverts des femmes enceintes comme au Rwanda ? Non le comportement des Khmers rouges qui ont tué des Khmers de langue khmer a été un comportement idéologique à l'image de celui des gardes rouges de la chine qui les a précédé mais en exacerbant ce comportement. Il n'y a pas eu de racisme mais une population ciblée sur des critères purements idéologiques. Je mets donc un bandeau de non neutralité. L'argument selon lequel le "néophytes" croient que c'est un génocide est tout à fait fallacieux. C'est la raison pour laquelle j'ai estimé qu'on pouvait maintenir le terme génocide avec un point d'interrogation. Mais pour moi le titre devrait être Les massacres de masses commis par les Khmers rouges au Cambodge. Je suis absolument opposé à la banalisation de l'usage du terme génocide. Il est réservé à un certain type de crime bien défini--Mutima 8 septembre 2005 à 05:22 (CEST)
assez d'accord avec cette dernière argumentation le terme de génocide ne me semble pas pertinent concernant cet article (ou alors il faut utiliser le terme d"autogénocide" ce qui m'apparaitrait curieux). Thierry Lucas 8 septembre 2005 à 10:09 (CEST)
D'accord avec toi, Mutima. J'admets que le terme génocide ne s'applique probablement pas à ces massacres (bien que le fait soit actuellement discuté). Cependant, je ne crois pas qu'un point d'interrogation dans le titre, sur un sujet aussi sérieux, ne soit approprié, les lecteurs pouvant penser que l'article remet en doute l'existence même des massacres, et non de l'utilisation du terme génocide. Je serais d'accord pour le titre que tu proposes, je le trouve cependant un peu long. Si tu arrives à le raccourcir, je serais d'accord pour mettre une page de redirection de Génocide cambodgien vers le nouveau titre, à la condition de spécifier la controverse actuellement en cours au sujet du terme génocide. Maintenant, pourrait-on écrire "Politicide cambodgien"? Qu'en penses-tu? Colocho 8 septembre 2005 à 18:32 (CEST)
En attendant la réponse de Mutima une simple reflexion Politicide est un néologisme qui n'est pas me semble t'il (je viens de chercher un bon moment sur divers dictionnaires récents) reconnu en français (plutôt comme tu le signale toi même plus haut un terme anglo-saxon), un peu dommage pour une encyclopédie francophone. Le seul endroit ou je l'ai trouvé c'est wikipédia (FR).

Autre problème le terme est déja pas mal galvaudé. Politicide est utilisé par les colons juifs de la bande de gaza expulsé par Sharon. Mettre cet évènement sur le même plan que les massacres au Cambodge me parait difficile à défendre. Le titre de Mutima est long mais le plus correct me semble t'ilThierry Lucas 8 septembre 2005 à 22:16 (CEST)

  • Tu as raison, le terme politicide n'est pas francisé, cependant vu qu'il était présent sur la wiki anglo et que Wikipédia n'est pas un dictionnaire, j'ai cru bon de le mettre pour signifier à ceux qui chercheraient à savoir ce que ce néologisme désigne. Mais politicide est-il utilisé par les colons juifs expulsés? C'est plutôt envers le conflit israélo-palestinien dans son ensemble, et plus spécifiquement envers les massacres de Sharon envers les palestiniens que le terme est utilisé (mais peut-être que je me trompe), car pour avoir politicide, il doit nécessairement, selon la description que j'ai trouvée, avoir mort ou une certaine tuerie. Ce qui est le cas du conflit israélo-palestinien (autant du côté juif que palestinien), mais pas des colons expulsés. Perso, je crois que le terme s'appliquerait, s'agit de savoir si on se permet d'épingler un néologisme à un sujet aussi sérieux que ce conflit, tout comme les massacres du Cambodge. En fait, c'est le débat que je propose ici :) Donc êtes-vous:
  • 1. Pour le fait d'apposer le titre Politicide cambodgien à cet article?
  • 2. Pour le fait d'apposer le titre Les massacres de masses commis par les Khmers rouges au Cambodge?
  • 3. Pour le fait de conserver le titre actuel, soit Génocide cambodgien?
  • À bientôt! Colocho 9 septembre 2005 à 07:07 (CEST)
  • Pour répondre clairement je suis partisan de ta proposition numéro 2 Thierry Lucas 9 septembre 2005 à 09:07 (CEST)
J'avais proposé en haut de cette page, en février, de mettre : Les massacres des Khmers rouges au Cambodge. Mais on peut même raccourcir encore et mettre Les massacres des Khmers rouges. --Mutima 9 septembre 2005 à 14:34 (CEST)

Personnellement, je serais d'accord pour : Massacres des Khmers rouges au Cambodge, avec une portion bien visible traitant des discussions entourant l'utilisation du terme génocide, aussi bien de l'opinion de Sacha Ser que des "partisans" (drôle à dire) du terme "génocide". Qu'en pensez-vous? Colocho 9 septembre 2005 à 21:09 (CEST)

ok pour ce titre. Et Ok pour présenter le débat sur l'usage du terme génocide pour ces massacres. C'est même très pédagogique de le faire--Mutima 9 septembre 2005 à 21:38 (CEST)

[modifier] Quelle qualification générale pour cerner l'étendue et l'identité des victimes  ?

J'admire la teneur des débats ici présents et souhaite apporter ma petite pierre à l'édifice.

On pourrait mettre "la décimation de la population sous la révolution cambodgienne" ou la "catastrophe démographique de la révolution au Cambodge" ou "Cambodge 1975-1978 : une révolution meurtrière", ou pour ne pas trop s'écarter des pensées formatées au sein de monsieur-tout-le-monde, "les crimes de la révolution cambodgienne". Ces expressions non politiquement connotées et non exclusives, inclueraient les morts pour des raisons sociales, économiques, de déviance politique et du fait de la mauvaise gestion de la part d'un pouvoir passablement stupide qui est allé dans le mur, sans tenir compte ni des avis des intellectuels ou des agronomes, ni des rapports émanant du terrain qu'il considérait parfois comme trop pessimistes (tout en disant aux cadres de ne pas être trop optimistes!).

Je porte les avis suivants concernant les autres intitulés, mais il est libre à vous d'en tenir compte ou pas:

- "génocide" : je ne l'écarte pas si il est rapporté à une volonté de faire disparaître un groupe culturellement, ce qu'envisageait au départ l'inventeur du mot, Raphael Lemkin pour ce qui est de l'assimilation des Juifs, et ce qui s'est produit avec les musulmans et certaines minorités ethniques des plateaux cambodgiens. Seulement, ce sens a été abandonné par les définitions de l'ONU, étant donné que cela risquait d'inclure trop de crimes coloniaux et autres contre la pensée et les traditions des maints peuples ou minorités. On pourrait en fait tout cataloguer sous ce terme de génocide selon le sens qu'on vut bien lui prêter : si l'on suit Lemkin, même le décervelage télévisuel pourrait être un génocide, c'est-à-dire un crime contre l'esprit, commis par les grands publicitaires (cf. Lelay : vendre du temps de cerveau humain à Coca-Cola). Mais si l'on se tient aux définitions juridiques reconnues internationalement, ce qui s'est produit au Cambodge ne s'y rapporte pas.

- "Les massacres des Khmers rouges" : une grande partie des morts n'est pas imputable à une tuerie préméditée, mais à une mauvaise organisation, à un mauvais contrôle (que le pouvoir a tenté de reprendre) du fait des erreurs, de l'arrogance idéologique puis de la paranoïa du pouvoir en place. Quant à "Khmers rouges", c'est une expression que je bannirais, ou que je mettrais entre guillemets, car elle fut forgée par le prince Sihanouk et reprise par la presse occidentale et les opposants aux révolutionnaires alors que ces derniers se disaient en fait Kampuchéens et non "khmers", un mot connoté à droite et nationaliste.

- "Politicide" : Pas trop mal. Mais il faudrait en modifier le sens convenu qui insiste trop sur les luttes politiques. Or, bien des morts l'ont été sans appartenir à telle ou telle catégorie politique ou sociale. N'importe qui pouvait être emprisonné parce qu'il ne se conformait tout simplement pas à la nouvelle organisation communaliste qui voulait détruire l'idée même de propriété (on était souvent catalogué comme ayant des tendances "libérales", "individualistes"). A mes yeux, on peut donc dire qu'il y a eu politicide en ce sens seulement que c'est la rigidité de la politique gouvernementale qui a tué. Si on ne veut pas se lancer dans trop de précision, on devrait utiliser des mots englobants comme egocide, propriétairocide, divergentcide.

- "Autogénocide" est une expresssion incongrue qui cache le fantasme d'une pulsion de mort pseudo-culturelle et qui ne repose sur aucune étude des documents internes sur l'organisation locale ou le système de répression. On attend toujours une explication anthropologique basée sur des références sérieuses croisant le patrimoine culturo-littéraire et des faits avérés.

Sacha SHER


Je vote pour les crimes de la révolution cambodgienne, mettant ainsi en évidence mon coté "Monsieur tout le monde" et ma pensée formatée. Serge Thion se serait-il exprimé d'une autre façon ?

--EdC 9 septembre 2005 à 21:57 (CEST)

Ce qui semble ressortir de tout cela, c'est que les causes des morts des victimes des "khmers rouges" sont multiples. Le mot massacre n'exprime pas la réalité telle que décrite par Sacha Sher. On peut considérer les "Khmers rouges" comme responsables de tous ces morts, mais pour des motifs variés. Pourquoi ne pas titrer les victimes de la révolution cambodgienne.--Mutima 9 septembre 2005 à 22:23 (CEST)
A la réflexion les crimes de la révolution cambodgienne sont peut être mieux appropriés, car il s'agit de qualifier les faits criminels dans cet article. Mais cela oblige aussi à identifier les victimes, ou plutôt les types de victimes.--Mutima 9 septembre 2005 à 22:29 (CEST)
Je suis d'accord avec le titre "Crimes de la révolution cambodgienne" (en enlevant le "Le", superflu d'après moi) si, comme dit plus tôt, on n'omet pas de spécifier le débat qui entoure les termes "Génocide", "Massacre" et autres. À+ Colocho 10 septembre 2005 à 02:25 (CEST)
"Crimes de la révolution cambodgienne" me parait convenir mais effectivement il faut que d'entrée dans l'article il y ait une reflexion critique sur les termes génocides (autogénocide était une exagération de ma part et pas à prendre sérieusement) et massacres et sur ce qui a conduis au choix du titre. D'un strict point de vue pratique il faut cependant prévoir des redirections depuis "génocide cambodgien" car c'est une expression courante et qui risque d'être utilisée fréquement Thierry Lucas 10 septembre 2005 à 08:59 (CEST)
Qui se charge de rebaptiser l'article en Crimes de la révolution cambodgienne ?--Mutima 10 septembre 2005 à 20:10 (CEST)
C'est chose faite. Je laisse le soin à tous de concrétiser la partie sur le débat (génocide-massacre, etc.) étant donné que je pars en voyage pour l'Europe demain soir et que je n'aurai probablement pas le temps de m'y adonner! À bientôt! Colocho 10 septembre 2005 à 21:10 (CEST)

[modifier] Retrait du bandeau et mea culpa

Je viens de retirer le bandeau que j'avais posé hier et je m'en explique ici. Je vais tout de même vous opposer une petite critique : j'ai bien conscience de la difficulté que vous avez eu à tomber d'accord sur le titre, mais il ne me semble pas encore satisfaisant. Cet article ne traîte pas des crimes de la révolution cambodgienne (qui?, quand?, pourquoi?...) ou alors selement sous un aspect très réduit. Il pourrait plutot s'integrer par exemple dans un article concernant la qualification de crimes en génocide ou quelquechose dans le genre.

Encore désolé pour mon emportement.--Lisaël causer 14 septembre 2005 à 20:44 (CEST)

Nous venons de nous mettre d'accord et dans l'accord il y avait la necessité de créer un chapitre qui explique pourquoi ce n'est pas un génocide. Je l'ai fait sommairement tout en renvoyant à l'article Génocide, mais c'est article est une ébauche à développer. Pour ce qui est du corps de l'article, il est clair que de tous ceux qui sont intervenus ici, Sacha Sher est le plus compétent. Le problème est qu'il copie ses propres textes, écrits par ailleurs, sans les résumer et les présenter de façon encylopédique, ce qui agace ceux qui suppriment ses interventions et ont la flemme de faire ce travail sur cette ressource. Sacha Sher n'est pas obligé de nous donner son texte comme il n'est pas obligé de le mettre en forme. Mais cela pourrait être fait par d'autres. Il faur revenir à plus de circonspection. Le drame des Cambodgiens mérite le respect au même titre que celui des Rwandais ou des Juifs, même s'il n'est pas qualifiable de génocide, ce qui n'est qu'une catégorie juridique, liée à la motivation du crime, et nullement une description de souffrances. La souffrance, le ressenti est tout à fait subjectif quel que soit le crime subi. Au niveau de chacun, un mort est un mort, un viol est un viol, la torture est la torture, la haine est la haine, quelle qu'en soit la cause.--Mutima 15 septembre 2005 à 14:20 (CEST)

Même si le jugement vient à tarder et donc que la qualification de génocide vient à tarder par la voie judiciaire, les historiens et la communauté des historiens dont l'un des plus éminents spécialistes du Cambodge, le professeur australien David Chandler estiment que le génocide khmer est bien un génocide en ce que la volonté de tuer un certain groupe de la population, montré du doigt comme tel est avéré.Les Cambodgiens tués l'ont été parce qu'ils "auraient désobéi au parti (Angkar)", le parti reprenait l'image ancienne du roi , garant de la "race khmère";celui qui désobéissait n'était plus khmer et devenait comme "vietnamien" parce que ce peuple était considéré comme le plus honni par le peuple khmer. Je trouve dommage que la référence "reconnu comme génocide par la majorité des historiens" ait disparu, ce qui permettait une reconnaissance des victimes cambodgiennes sans que la vérité judiciaire soit encore établie. Apparemment on peut encore attendre, vu comme ça avance au Cambodge (problème que le tiers de la population a été lié au régime khmer rouge et donc on juge une famille qui a elle même des victimes du génocide) Un professeur d'histoire-géographie de Soissons (Aisne)

Peut-être que Sacha Sher ne qualifie pas le gznocidé khmer comme génocide mais David Chandler et Milton Osborne , professeurs à Melbourne, si (deux grands spécialistes mondiaux du Cambodge contemporain)

Un professeur d'histoire-géographie de Soissons (Aisne) IP 83.192.40.77, 24 mars 2008

[modifier] Problème de lien dans "voir aussi"

J'essaye d'ajouter un lien vers une série de reportages videos que nous avons tournée en mars 2007 en partenariat avec l'INA dans le cadre du projet blogtrotters.fr. Nous avons filmé les témoignages de P. Ponchaud, de familles de victimes, des universitaires sur la mémoire de crime, etc. http://www.blogtrotters.fr/sujet-le-genocide-khmer/ Or, un certain "Inisheer" a retiré deux fois sans explication, ce lien pourtant pédagogique et soutenu par l'Institut national de l'audiovisuel pour son apport à ses archives... --Tristan Mendès France 17 août 2007 à 18:21 (CEST)