Poujadisme

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Le poujadisme, du nom de Pierre Poujade, est un mouvement politique et syndical français, apparu en 1953 dans le Lot et qui disparaît en 1958. Ce mouvement revendique la défense des commerçants et des artisans et condamne l'inefficacité du parlementarisme tel que pratiqué sous la Quatrième République.

Sommaire

[modifier] Histoire

Le mouvement de l'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) naît à Saint-Céré dans le Lot d'une révolte anti-fiscale, alors que le fisc applique le traditionnel principe qui sous entend que le commerçant dans une société rurale camoufle une large part de son chiffre d'affaire, lequel commence par ailleurs à être bridé par la puissante concurrence de la grande distribution et de l'industrialisation. Il s'étend en deux ans à toute la France, obtient plus de 2 millions de voix et 52 députés aux élections de 1956 et se réunit alors sous l'étiquette d'Union et fraternité française (UFF). Plusieurs députés sont invalidés. L'Union est hostile au Traité de Rome, demande la suppression des contrôles fiscaux et la défense des petits commerçants. Les intellectuels sont souvent dénigrés au profit du supposé bon sens « des petites gens ». Le groupe UFF est aussi un fidèle soutien de l'Algérie française. Cependant, il refuse de voter la confiance au gouvernement Mollet lors de la crise de Suez, par réflexe anti-anglais.

Le mouvement n'a qu'une postérité limitée, se maintenant jusqu'à la fin de la quatrième république en s'alliant avec les gaullistes et ponctuellement les communistes. Il disparaît presque complètement avec la mise en place de la cinquième république en 1958.

[modifier] Idéologie

Le poujadisme peut être considéré comme une des dernières expressions d'un mouvement de révolte des classes moyennes. On compte parmi les députés poujadistes des bouchers, des boulangers, des épiciers, des libraires. Les méthodes musclées sont monnaie courante durant les manifestations poujadistes. Le mouvement dispose d'un service d'ordre qui n'hésite pas à faire le coup de poing. Jean-Marie Le Pen, député poujadiste après les élections législatives de janvier 1956, s'inscrit dans cette lignée. Il a intégré dans l'idéologie de son Front national à la fois la protestation contre les élus, les partis dominants, l'État prévaricateur, les parlementaires corrompus et l'affirmation d'une identité française contre tout ce qui la menacerait : l'immigration, l'Europe, le fisc. En 1958, le parti gaulliste lamine ce qu'il reste du groupe des députés poujadistes. Seuls deux députés seront réélus, dont Jean-Marie Le Pen.

[modifier] Terme par extension

Le terme « poujadisme » est utilisé aujourd'hui de manière indistincte pour qualifier négativement certains types de populisme, de corporatisme et de démagogie qui n'ont pas forcément de rapport avec le mouvement initié par Pierre Poujade lui-même.

On emploie ce terme pour qualifier une attitude démagogique en faveur des petits commerçants vis-à-vis des gros (d'abord nationaux puis multinationaux) ou encore pour parler d'anti-parlementarisme, de corporatisme, voire de façon plus franche d'extrême droite. Il incarne la défiance d'une partie de l'électorat français, fatiguée de l'instabilité et de l'impuissance de la quatrième république. Le mouvement affirme dépasser le clivage droite-gauche, thématique que le Parti populaire français de Jacques Doriot, seul mouvement d'importance ouvertement pronazi en France et inventeur du slogan "ni droite, ni gauche", revendiquait quelques années plus tôt. Il reprend ainsi à son compte une partie du fond commun de la « vraie » droite française. En ce sens, le poujadisme désigne un populisme réactif et réactionnaire.

[modifier] Bibliographie

  • Thierry Bouclier, Les Années Poujade : une histoire du poujadisme (1953-1958), Éditions Remi Perrin, 2006. ISBN 978-2913960237

[modifier] Voir aussi

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