Populisme (politique)

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Le populisme désigne un courant politique, critiquant les élites et prônant le recours au peuple (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique[1]. Il suppose l'existence d'une démocratie représentative qu’il critique. C'est pourquoi ses manifestations ont réapparu avec l'émergence des démocraties modernes, après avoir connu selon certains historiens une première existence sous la République romaine.

Avant les années 90, les termes « populisme » et « populiste » pouvaient désigner divers courants politiques se référant au peuple, parmi lesquels le parti de centre droit ÖVP autrichien ou le SHP turc au centre-gauche, qu'on a tendance depuis à ne plus vouloir qualifier ainsi, leur préférant le label de « populaire »[2]. Le terme « populisme » a désormais un sens plus restreint, parfois péjoratif, et c'est de cette dernière acception que traite cet article.

Sommaire

[modifier] Définition

Le populisme est un courant idéologique critiquant les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société. Ces groupes trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population ; les populistes proposent donc de retirer l'appareil d'État des mains de ces élites égoïstes, voire criminelles, pour le « mettre au service du peuple ». Afin de remédier à cette situation, le leader populiste propose des solutions simplistes, mais ignore complètement les réalités de la décision politique (notamment le fait qu'elles doivent être inscrites dans un agenda, qu'elles doivent tenir compte des avis parfois contradictoires de la société civile), comme la complexité des situations décrites. Ces solutions sont présentées comme applicables tout de suite et émanant d'une opinion publique présentée comme monolithique.

Les populistes critiquent généralement les milieux d'argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative etc.), censés avoir accaparé le pouvoir ; ils leur opposent une majorité postulée, qu'ils courtisent. S'ils accèdent au pouvoir, il peut leur arriver de supprimer les formes traditionnelles de la démocratie, au profit d'institutions autoritaires, présentées comme servant plus authentiquement "le peuple".

[modifier] Histoire

Le mot de populisme se réfère d'abord à un mouvement politique organisé dans la seconde moitié du XIXe siècle aux États-Unis par des agriculteurs confrontés à des tarifs prohibitifs qu'un accès privilégié au domaine public avait permis aux compagnies de chemin de fer de leur imposer. D'autres mouvements, notamment ouvriers, se sont organisés contre des taux d'intérêt qu'ils jugeaient abusifs, sans forcément dénoncer les privilèges de monopole qui permettent de gonfler les marges bancaires. L'égoïsme à courte vue, assorti d'une confusion idéologique, aura empêché ces deux types d'intérêts organisés de s'unir contre la distribution par l'État de privilèges sur le dos des populations.

A la même époque, la Russie connaissait un mouvement politique radical qui visait à instaurer un système d'économie socialiste agraire, le mouvement des Narodniki (dont le mot "populisme" est la traduction littérale). Rapidement interdit par la police, le mouvement devint ensuite une société secrète, recourant fréquemment à la violence et à l'assassinat pour faire entendre ses idées.

Par la suite, dans la foulée des nationalismes, le thème de l'émancipation du peuple a inspiré de nombreux partis politiques dits populistes, qui pouvaient dénoncer d'autres ennemis du peuple.

Le boulangisme, le péronisme, ainsi que le poujadisme sont des mouvements populistes[réf. nécessaire].

On attribue souvent aujourd'hui la qualification de populisme comme synonyme de démagogie ou d'opportunisme politique, surtout vis-à-vis de mouvements d'opposition.

Le terme populiste, péjoratif, est employé pour qualifier des personnalités politiques allant de Jean-Marie Le Pen à Ségolène Royal, en passant par François Bayrou. Selon Jean-Pierre Rioux, bien que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ne relèvent pas du populisme (ce ne sont pas des leaders charismatiques, ils ne disposent pas d'un parti acquis au populisme), ils ont cependant, par moment, des attitudes et des discours populistes : recours au peuple, exposition de la vie privée, etc. François Bayrou[3], a quelquefois, également, un discours populiste, même s'il s'en défend.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

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[modifier] Bibliographie sur le sujet

  • Daniele Albertazzi et Duncan McDonnell, Twenty-First Century Populism: The Spectre of Western European Democracy, Londres : Palgrave Macmillan, 2007.
  • Thierry Bouclier, Les Années Poujade, Editions Remi Perrin, 2006.
  • Annie Collovald, Le « Populisme du FN » : un dangereux contresens, Éditions du Croquant, 2004 (ISBN 2-914968-06-X)
  • Stuart Hall, Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme, trad. de Christophe Jaquet, Paris, Éditions Amsterdam, Paris, 2008 (ISBN 978-2915547658).
  • Ernesto Laclau, La Raison populiste, trad. Jean-Pierre Ricard, Paris, Seuil, 2008 (ISBN 978-2020884211).
  • Jean-Pierre Rioux (directeur). Les Populismes. Collection Tempus. Paris : Perrin, 2007 (ISBN 978-2262026134)
  • Pierre-André Taguieff, L'illusion populiste : essai sur les démagogies de l'âge démocratique, Flammarion, 2007.
  • Jérôme Vidal, « Les « temps nouveaux », le populisme autoritaire et l'avenir de la gauche. À propos de Le Populisme autoritaire de Stuart Hall », in La Revue internationale des livres et des idées, n° 5, mai-juin 2008 (en ligne).

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. JP Rioux. Les Populismes
  2. Au XXIe siècle, le nom Österreichische Volkspartei (ÖVP) est traduit en français « Parti populaire autrichien » ou « Parti du peuple autrichien », alors qu'au XXe siècle il était usuel de traduire « Parti populiste autrichien » : M. Wallnöfer [...] était membre du Parti populiste autrichien (OVP) Le Monde, 5 mars 1987 ; La grande coalition socialiste-populiste en Autriche - La fin de l'ère Kreisky Le Monde, 28 janvier 1987. À partir des élections de 1999, qui permettent son entrée au gouvernement fédéral, c'est désormais le parti libéral autrichien (FPÖ) qui sera qualifié de « populiste » par les commentateurs français : Les populistes du FPÖ exigent un référendum Le Monde, 15 septembre 2000.
    Il en va de même de la traduction du SHP turc, naguère traduit Parti populiste social-démocrate Le Monde, 15 novembre 1992 et que l'on préfère plus récemment traduire par : Parti populaire social-démocrate Le Monde, 26 juillet 1994 . Le CHP turc, aujourd'hui traduit parti républicain du peuple Le Monde, 14 novembre 1998 pouvait autrefois être désigné en français par Parti populiste républicain Le Monde 18 septembre 1992, le « populisme » étant l'un des six principes du kemalisme.
  3. Par la véhémence de sa critique des médias, par son rappel obsessionnel du déficit public. Cf Rioux