Poggio Bracciolini

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Gian Francesco Poggio Bracciolini ou Poggio Bracciolini dit Le Pogge (Terranuova, 11 février 1380 - Florence, 30 octobre 1459) est un érudit, un écrivain, un philosophe, un humaniste et un homme politique italien de la Renaissance, qui a été chancelier de la République de Florence de 1453 à 1458.

Il a fait partie du cercle de lettrés d'un précédent chancelier de la république de Florence, Coluccio Salutati, avec Leonardo Bruni et Niccolò Niccoli qui se réunissaient pour discuter des œuvres de Pétrarque et de Boccace.

Sommaire

[modifier] Biographie

Poggio Bracciolini naquit, à la fin du XIVe siècle, dans une petite commune de la province d'Arezzo — sur le nom de laquelle on a désormais accolé son patronyme (Terranuova Bracciolini) — en Toscane. Il est le fils de Guccio Bracciolini, apothicaire, et de Iacoba Frutti.

Après avoir achevé ses études à Florence, il se rendit à Rome, où il devint clerc, puis secrétaire de la curie pontificale dès 1403, sous Boniface IX. Il le restera — avec des interruptions, notamment à cause d'un séjour en Angleterre de 1418 à 1423 — sous quelques-uns de ses successeurs. En 1431, il devint le secrétaire particulier du pape Eugène IV (1431-1447). En raison des vicissitudes du Grand schisme d'Occident, il se trouva, du fait de la position qu'il occupait, amené à voyager à travers la France et l'Allemagne, pour suivre les travaux du Concile de Constance.

S'étant rendu en Suisse à de nombreuses reprises entre 1414 et 1418 pour prendre part à ce concile, Le Pogge découvrit dans des couvents suisses, allemands et français des manuscrits oubliés d'auteurs antiques. De Cluny et de Saint-Gall, il exhuma des textes de Quintilien, du Stace, de Lucrèce, de Columelle, de Cicéron, de Plaute (12 comédies), d' Ammien Marcellin, de Pétrone et de Tacite. Dans cette quête des textes du monde antique — lancée par Pétrarque au siècle précédent — qui fut l'une des caractéristiques majeures de l'histoire de la pensée en ce début de la Renaissance, Poggio Bracciolini apparait comme l'un des grands découvreurs de manuscrits.

En 1436, il épousa Vaggia de' Buondelmonti, fille du podestat Ghino di Manente.

En 1439, à la demande du pape, Le Pogge recueillit le récit du voyage que fit le marchand vénitien Nicolò de' Conti, qui, de 1414 à 1439, sillonna l’Arabie et l’Océan Indien de Damas à Java, en passant par Bagdad, Ormuz, Cambay, Malabar, Ceylan, le Bengale, la Birmanie, etc... ). Sur le chemin du retour (Socotra, côte éthiopienne, mer Rouge, Le Caire), Conti fut contraint, en terre d’islam, de renier sa foi pour sauver sa vie et celles de sa femme et de ses enfants. Dès son retour en Italie, il alla demander pardon au pape. Eugène IV le lui accorda et lui imposa comme pénitence de raconter son périple à son secrétaire particulier.

Une controverse opposa Poggio Bracciolini à Guarino Veronese au sujet des mérites comparés de César et de Scipion[1] Elle débuta en 1435, lorsque, dans un lettre au Ferrarais Scipion Mainenti, le Pogge exalta, les mérites du vainqueur d'Hannibal. Outré, Guarino répliqua dans une lettre à son fidèle disciple Leonello d'Este, qui fut suivie d'une nouvelle lettre du Pogge — adressée cette fois à Francisco Barbaro — (Defensio de praestentia Cesaris et Scipionis). L'enjeu de cette controverse s'inscrit dans le cadre des luttes politiques de l' Italie du Quattrocento, où la tentation de la tyrannie, associée à la guerre civile, préoccupait les esprits et nourrissait les écrits.

Poggio Bracciolini nous a laissé quelques traités philosophiques et politiques, des dialogues (De avaritia, Contra hypocritas, etc.), des pamphlets (Invectivae), une collection d'anecdotes et de sentences (Facetiae) et une histoire de Florence. Ses lettres sont de grande importance ; il y évoque par exemple Bade en 1416-1417, le couvent de Saint-Gall ou l'exécution de Jérôme de Prague, ami de Jean Hus, qui subit le même sort que le réformateur tchèque, un an plus tard (mai 1416).

[modifier] Œuvres du Pogge disponibles en librairie

  • « Un vieux doit-il se marier ? », traduit et commenté par Véronique Bruez, Ed. Les Belles Lettres, 176 p., ISBN 2-251-33933-7 , (1998)
  • « Facéties » (Confabulationes), texte latin, note philologique et notes de Stefano Pittaluga, traduction et introduction de Étienne Wolff., Ed. Les Belles Lettres, 386 p., Index, Bibliographie, ISBN 2-251-73016-8, (2005).
  • « Correspondance », H. Harth, éd., 3 vol., 1984-1987

[modifier] Bibliographie

  • R. Mächler, « Poggio Bracciolini », Badener Neujahrsblätter, N° 55, 1980, pp. 33-50.
  • R. Mächler, « Poggio Bracciolini : 1380-1980 », 1982.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Voir le livre récent de Davide Canfora, « La controversia di Poggio Bracciolini e Guarino Veronese su Cesare e Scipione » Leo S. Olschki, Fondation Luigi Firpo, Centre d'études sur la pensée politique, Florence, 2001, ISBN 8-822-24987-9).