Padre Pio

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Saint Pie de Pietrelcina
Image:Padre_Pio.jpg
Frères mineurs capucins
25 mai 1887 à Pietrelcina (Italie)
Mort 23 septembre 1968 à San Giovanni Rotondo
Vénéré dans Église catholique romaine
Béatifié 2 mai 1999
Canonisé 16 juin 2002
Fête 23 septembre
Attributs Généralement en bure de frère mineur capucin avec des mitaines, en train de bénir
Saint Patron

Francesco Forgione, né le 25 mai 1887 à Pietrelcina (Italie), mort le 23 septembre 1968), plus connu sous le nom de Padre Pio, capucin et prêtre italien. Il prend le nom de Pio quand il rejoint l'ordre des frères mineurs capucins. Il a été canonisé par l'Église catholique romaine en 2002.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né de Orazio Forgione, agriculteur, et de Giuseppa Da Nunzio, il est baptisé le lendemain à l'église Santa Maria degli Angeli (Sainte-Marie-des-Anges) de Pietrelcina, où il mènerait une jeunesse pieuse, durant laquelle il aurait eu des visions mystiques ; dès cinq ans, Jésus-Christ lui serait également apparu.[1] À quinze ans, il a ses premières extases[1]. Il rejoint l'Ordre des frères mineurs capucins le 22 janvier 1903 à Morcone. En raison de sa santé fragile, il retourne dans sa famille, puis est envoyé dans divers couvents.

Il est ordonné prêtre à la cathédrale de Bénévent le 10 août 1910. Nommé prêtre à Santa Maria degli Angeli de Pietrelcina , il est à partir du 4 septembre 1916, au couvent de San Giovanni Rotondo. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert dans le corps médical italien (19171918).

Dés 1911, il signale à son confesseur, l'apparition depuis un an, de signes rouges et de douleurs vives aux mains et aux pieds.[2]

Le 5 août 1918 puis le 20 septembre 1918, il manifeste des symptômes qui seront appelés transverbération (transpercement spirituel du cœur avec saignement) et stigmates (plaies du Christ sanguinolentes aux mains, aux pieds et au thorax), qu'il cherche à cacher avec des mitaines[3] D'après le témoignage du Padre Pio :

« Je vis devant moi un personnage mystérieux dont les mains, les pieds, la poitrine, ruisselaient de sang. Je sentis mon coeur blessé par un dard de feu... Ce personnage disparut à ma vue et je m'aperçus que mes mains, mes pieds, ma poitrine étaient percés et ruisselaient de sang ! »[3]

Dès 1919, le Saint-Office s'occupe de son cas et mande le Dr L. Romanelli, de l'hôpital de Barletta, qui l'examine plusieurs fois en 1919 et 1920 :

«  La blessure du thorax montre clairement qu'elle n'est pas superficielle. Les mains et les pieds sont transpercés de part en part. »[3]

«  Je ne peux trouver une formulation clinique qui m'autorise à classer ces plaies. »[4]

En 1919, un médecin athée, le Pr Bignami, fait poser des scellés sur les bandages, pour écarter l'hypothèse de l'utilisation volontaire d'acide sur les plaies[3] En 1920 et 1925, le Dr Festa réexamine le Padre et conclut à :

« ... des phénomènes, reliés harmonieusement entre eux, qui se soustraient au contrôle des recherches objectives et de la science. »[3]

De 1924 à 1928, trois visiteurs apostoliques viendront enquêter auprès de lui. Des médecins et des psychiatres l'examinent. Il est alors déclaré sain et sincère.[3]

Il est dès lors très critiqué, non du fait de son état, mais à cause des débordement des fidèles ; il est aussi remis en cause par sa hiérarchie qui voit dans sa popularité une menace et une dérive, et on l'oblige le 23 mai 1931 à cesser toutes activités publiques, en célébrant la messe dans la chapelle intérieure puis dans sa cellule[1], ce qui ne l'empêchait pas de faire preuve de phénomènes surnaturels, notamment par des fragrances insolites projetées à distance, en plus de l'odeur de sainteté qui l'accompagnait habituellement.[5]

Durant toute sa vie, il aurait subi presque quotidiennement les attaques physiques et morales de « Satan » dont les « cosaques »[6], comme il les nommait, seraient venu nuitamment le frapper, faisant tant de bruit dans le monastère que certains moines, terrifiés, auraient demandé leur mutation.

Le Padre Pio est considéré par certaines personnes comme un des grands saints thaumaturges [7] du XXe siècle, ayant accompli une multitude de miracles de guérison instantanée en présence de nombreux témoins.[3] On lui prête également le don de bilocation (apparition simultanée en deux endroits)[3] , en plus de phénomènes particuliers telle l'hyperthermie (température très élevée du corps, au delà de 48°)[8] ou l'inédie (abstention prolongée de nourriture ou de boisson au delà de deux mois)[9]. La lévitation, bien qu'attestée par la rumeur, ne reçoit que le seul témoignage du Padre lui-même.[10].

Le 14 juillet 1933 le Saint-Office l'autorise à nouveau à célébrer des messes et à entendre des confessions.

Le 9 janvier 1940, il ébauche les plans pour une Casa Sollievo della Sofferenza « Maison pour soulager la souffrance ». Le dispensaire ouvre en 1954, mais l'inauguration officielle n'a lieu que le 5 mai 1956. À la même époque, le Padre Pio fonde des Groupes de prière afin de guérir et soulager les âmes.

Dès 1947, des mesures sont à nouveau prises à San Giovanni Rotondo suite à la visite du père général de l'ordre des Capucins, qui constate un certain désordre liturgique à cause de la piété excessive de certains fidèles.

Le 30 juillet 1960 un nouveau visiteur apostolique vient constater les troubles et suite à sa visite, le Saint-Office entreprend de limiter les apparitions publiques du Padre Pio qui a acquis une renommée en tant qu'ouvrier de miracles, œuvrant jusqu'à 19 heures par jour au sein de son église. Vingt millions de personnes ont assisté à ses messes, et cinq millions s'y sont confessés.[11] On lui prête en effet des guérisons miraculeuses (dont il attribue toujours humblement l'action à Jésus ou Marie) de paralysies, tuberculoses, fractures, broncho-pneumonies, méningites, cécité et autres cancers, etc.[10] De plus, de nombreuses personnes déclarent s'être converties à la suite d'une rencontre avec lui[3]. Ce n'est qu'à la demande expresse du pape Paul VI, qu'il est à nouveau pleinement autorisé à effectuer son office sans restriction, à partir du 30 janvier 1964.

Le 7 juillet 1968, le Padre Pio est victime d'une attaque. Le 22 septembre 1968, il célèbre la messe solennelle du cinquantenaire de ses stigmates. Le soir même il reçoit l'extrême onction et s'éteint quelques heures plus tard, tôt le matin du 23 septembre 1968.

Le corps de Padre Pio ne comportait aucune trace de stigmates ou de cicatrices lors de l'examen post-mortem. Ce qui est interprété par certains comme un ultime miracle.[3]

Selon Yves Chiron, « Lors des funérailles, alors que son cadavre reposait déjà dans la crypte, la foule de fervents réunis au dehors chanta des cantiques particulièrement aimés du Padre Pio. Soudain, on entendit des exclamations de joie : le Padre Pio apparaissait, souriant, le visage tourné vers la gauche, sur la vitre de ce qui avait été sa cellule ! On voyait nettement sa bure, jusqu’au ventre, et la cordelière, tels que je les avais vus. Aux cris de « Miraculo ! » de la foule, le père gardien du couvent dépêcha un moine sur les lieux. Et ce dernier revint avec l’information incroyable : le Padre apparaissait sur la vitre. Alors, pour donner une bonne leçon de réalisme à tous ceux qu’il pouvait considérer comme des exaltés, des fanatiques, il donna l’ordre d’ouvrir la fenêtre de la cellule du Padre et de tendre un drap blanc. Eh bien ! après un « Ah » de déception de la foule, retentirent soudain des « Oh ! Oh ! » joyeux et amusés : la « photo vivante » du Padre apparaissait à la fois sur toutes les vitres de cette façade du couvent de Sainte-Marie-des-Grâces. »[12]

[modifier] Les investigations du Vatican

Le Padre Pio a fait l'objet de deux investigations officielles conduites par les autorités du Saint-Siège dès le 20 mars 1983, qui conclurent à l'authenticité des miracles en 1990, après avoir rassemblé 73 témoignages en 104 volumes.[6]

Suite à l'avis favorable donné le 13 juin 1997 par la Congrégation pour la cause des saints, le Padre Pio est déclaré bienheureux le 2 mai 1999 et le 16 juin 2002, Jean-Paul II le canonise sous le nom de sanctus Pius de Pietrelcina tout en ouvrant une procédure de reconnaissance officielle des stigmates par l'Eglise (seuls saint François d'Assise et sainte Catherine de Sienne en bénéficient) Sa tombe est ainsi devenue un haut lieu de pèlerinage.

[modifier] Une authenticité difficilement contestable

En 2007, l'historien Sergio Luzzatto a défendu la thèse de la supercherie des stigmates de Padre Pio et de ses miracles, renouant ainsi avec les études hostiles à la personnalité du Padre Pio ou à la dévotion dont il est l'objet. La nouveauté de son argumentation est de prendre appui sur un document jusqu'ici inconnu et présent aux archives du Vatican. Il s'agit du témoignage d'une pharmacienne qui affirme que le Padre Pio lui aurait passé commande, en 1919, et dans "le plus grand secret" de 4 grammes d'acide carbolique, prétextant qu'il en avait besoin pour désinfecter les seringues utilisées par lui et un autre frère pour vacciner, en l'absence de médecins, les membres du couvent contre la grippe espagnole. Sur cette base et celle des autres dénonciations mentionnées, l'auteur conclut à un truquage des plaies par Padre Pio[13][14].

Cette thèse a suscité plusieurs objections :

  • Ce témoignage n'aurait pas été vérifié et authentifié, ni par ceux qui l'ont versé au dossier qui devait servir à examiner l'exemplarité des vertus du Padre, ni par l'auteur lui-même.
  • Si ce témoignage est véridique, la raison qu'y invoque le capucin n'est pas invraisemblable, comme le suggère la réponse donnée par les autorités ecclésiastiques compétentes au livre de S. Luzzatto.
  • L'auteur n'explique pas si une utilisation de ces quatre grammes d'acide carbolique sur des mains blessées produit les effets qu'il leur prête, sans parler du traitement des infections éventuelles et de la durée des plaies portées par Padre Pio (cinquante ans).

[modifier] Citations

  • « Cinquante ans de vie religieuse, cinquante ans cloué à la croix, cinquante ans de feu dévorant pour toi, Seigneur, pour les êtres que tu as rachetés. »[1]
  • « Les personnages célestes ne cessent pas de me visiter et de me faire goûter par avance l'ivresse des bienheureux... »[6]

[modifier] Anecdotes

  • La mystique Lucia Fiorentino dit avoir reçu dès 1906 une vision annonçant la venue de Padre Pio à San Giovanni Rotondo.[15]
  • Certains témoins disent avoir pu voir au travers des trous de ses mains, preuve que les plaies n'étaient pas superficielles.[3]
  • Bien que ne connaissant que le latin et l'italien, Padre Pio avait un certain "don des langues" :

« Padre Pio ne connaissaît ni le français ni le grec. L'ange gardien lui expliquait tout et le padre me répondait à propos. »[16]

[modifier] Bibliographie

Sa correspondance a été éditée, ainsi que des recueils de propos qu'il aurait tenu :

  • Paroles de lumières, Paris, Éditions Salvator, 2002.
  • Les stigmates de la foi, Maris, Médiaspaul, 2000.

[modifier] Notes et références

  1. abcd Aa.vv, Il grande libro di Padre Pio, Edizioni San Paolo, cité in Les stigmates de la foi
  2. Padre Pio, Lettre du 8 septembre 1911 au père Benedetto, cité in Padre Pio da Pietrelcina,les stigmates de la foi, Médiaspaul, 2000. (anthologie posthume)
  3. abcdefghijk J. Guitton / J-J. Antier, Les mystérieux pouvoirs de la foi, Paris, Perrin, 1993.
  4. M. Wnowska, il vero volto di Padre Pio, Edizioini San Paolo, cité in Padre Pio da Pietrelcina,les stigmates de la foi, Médiaspaul, 2000. (anthologie posthume)
  5. E. Boniface Padre Pio de Pietrelcina, Paris, La Table Ronde, 1966.
  6. abc Padre Pio, Paroles de lumières, Salvator, 2000.
  7. Article de l'Express et Don Francesco Saverio Bazzoffi
  8. E. Boniface, Padre Pio le crucifié, Paris N.E.L., 1971.
  9. J. Bouflet, Encyclopédie des phénomènes extraordinaires dans la ve mystique, Paris, le Jardin des Livres, 2004
  10. ab P. Lesourd, Les mystères de Padre Pio, France-Empire, 1969.
  11. F. Contessa, Padre Pio, Edizioni San Paolo, cité in Les stigmates de la foi, op. cit..
  12. Yves Chiron, Padre Pio le stigmatisé, Éditions Perrin, 2002.
  13. Padre Pio fait sa réapparition, in Le Monde, 24 avril 2008, page 21
  14. «Padre Pio, un immenso inganno» . Corriere della Sera
  15. D. M. Gaudiose, Maria "l'americana", Edizioni San Paolo, cité in Padre Pio, Les stigmates de la foi, opo. cit..
  16. Padre Pio, Epistolario I, San giovanni Rotondo, 2000.

[modifier] Lien externe