Mine terrestre

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Une mine terrestre est une charge explosive qui se déclenche sous l'action involontaire de l'ennemi au passage de personnes (mine antipersonnel) ou de véhicules (mine antichars ou antivéhicule).

Démineur de la compagnie de génie de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti en 2005 en exercice
Démineur de la compagnie de génie de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti en 2005 en exercice
Mines antipersonnel
Mines antipersonnel
Militaires de l'armée américaine s'entraînant à la pose de mines antichars.
Militaires de l'armée américaine s'entraînant à la pose de mines antichars.
Au Cambodge, on continuera longtemps à trouver des munitions non explosées
Au Cambodge, on continuera longtemps à trouver des munitions non explosées
Deux mines antipersonnel, Bosnie Herzégovine
Deux mines antipersonnel, Bosnie Herzégovine
Désarmorcage de mines antipersonnel d'origine russe en Irak en 2003
Désarmorcage de mines antipersonnel d'origine russe en Irak en 2003
Signalisation de mines.
Signalisation de mines.
Mine terrestre de la 2e guerre mondiale
Mine terrestre de la 2e guerre mondiale
Exemple de mine contemporaine (italienne ; VS-2.2, Iraq, Septembre 2004)
Exemple de mine contemporaine (italienne ; VS-2.2, Iraq, Septembre 2004)

Sommaire

[modifier] Historique

Le concept basique qui est à l'origine de la mine est apparu au cours de l'histoire. Certaines sources rapportent que Zhuge Liang du Royaume de Shu inventa une sorte de mine au IIIe siècle. L'armée romaine creusait des chausse-trapes, qui prenaient la forme de trous de la taille d'un pied, munis d'un pieu acéré au fond et camouflés. Au Moyen Âge, les pieds de corbeau, consistant en un petit dispositif doté de quatre pointes acérées pouvaient être dispersés sur le sol pour ralentir l'avancée de l'ennemi. Ce concept connait son pendant civil avec les nombreux pièges qui furent utilisés pour la chasse ou pour se débarrasser des nuisibles.

Aux alentours du XIVe siècle et du XVe siècle, l'arsenal des armées de la dynastie Ming commença à produire des mines modernes primitives contenant de la poudre noire dans des pots en pierre, en céramique ou en fer.

En 1753 à Augsbourg, l'ingénieur militaire Samuel Zimmermann inventa une mine très efficace nommée Fladdermine. Il s'agissait d'une fougasse qui était activée par une platine à silex reliée à un fil tendu à la surface. La fougasse était remplie d'obus de mortier explosifs ressemblant à de grosses grenades à poudre noire. Lorsqu'elle était déclenchée, la Fladdermine projetait les obus de mortier qui explosaient alentour en saturant la zone de shrapnel. Le dispositif était redoutable contre les attaques de masse mais requérait une maintenance importante en raison du risque pour la poudre noire de prendre l'humidité. Elle fut ainsi essentiellement utilisée pour la défense des fortifications importantes, jusqu'aux années 1870.

En Europe, au début du XVIIIe siècle, des mines improvisées et des pièges étaient mis en œuvre sous la forme de bombes enterrées. Affleurant à la surface et couvertes de bouts de métal et/ou de gravier pour faire office de shrapnel. Ces dispositifs étaient connus sous le nom de fougasse française, ce terme est parfois encore utilisé de nos jours pour désigner des dispositifs équivalents. Cette technique fut employée dans plusieurs guerres européennes du XVIIIe siècle, au cours de la révolution américaine et de la guerre de Sécession.

La première mine antipersonnel, hautement explosive et dotée d'un détonateur mécanique moderne fut employée par les troupes confédérées du brigadier général Gabriel J. Raines au cours de la bataille de Yorktown en Virginie en 1862, de la même façon dont il avait employé en 1840 des pièges explosifs durant les guerres contre les Séminoles en Floride. Ces « torpilles terrestres » à déclenchement mécanique et électrique furent employées, bien qu'à la fin de la guerre les détonateurs mécaniques montèrent une meilleure fiabilité. Nombre de ces dispositifs furent improvisés sur le terrain, notamment en ce qui concerne la charge explosive, mais à la fin de la guerre, presque 2 000 dispositifs répondant à la conception de Raines avaient été déployés.

Des mines améliorées furent créées pour l'Empire allemand vers 1912, puis furent copiées et produites par tous les principaux participants à la Première Guerre mondiale. Au cours de ce conflit, les mines terrestres furent notablement utilisées au début de la bataille de Passchendaele. Bien avant la fin de la guerre, les Britanniques produisaient des mines à gaz de combat à la place des explosifs. De telles mines furent produites par l'URSS jusque dans les années 1980. On sait que les États-Unis ont au moins expérimenté le concept durant les années 1950.

Les Allemands mirent au point une bombe bondissante, la mine-S, qui sera utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, une conception toujours actuelle. Elle permet de projeter la charge au-dessus du sol pour assurer une dispersion plus efficace du shrapnel.

Des mines à charge nucléaire ont été développées, en version navale et terrestre, comme par exemple la mine britannique Blue Peacock (le paon bleu) ou la Medium Atomic Demolition Munition (Munition moyenne atomique de démolition).

Pendant la Guerre du Viêt Nam, l'aviation américaine était incapable de repérer les convois de ravitaillement circulant derrière la frontière cambodgienne, en raison du couvert offert par le feuillage de la forêt. Des mines antivéhicules spécifiques furent mises en œuvre. Il s'agissait de bombes à fragmentation dont le détonateur magnétique réagissait à la masse métallique des camions, elles s'abîmaient en forêt dans les zones où les camions transitaient et se déclenchaient au passage des convois. Leur efficacité fut redoutable dans un premier temps mais les convois furent bientôt précédés d'un camion portant un puissant électro-aimant apte à déclencher prématurément ces mines.

[modifier] Caractéristiques

[modifier] Types de mines

Les mines sont reparties en trois grandes familles en fonction de leur emploi.

[modifier] Méthode de mise en œuvre

Les mines terrestres sont des armes qui ont initialement été placées manuellement sur le terrain. Elles sont généralement camouflées et placées sur des zones tactiquement intéressantes.

Il existe néanmoins des semeurs de mines aérien. Il s'agit de conteneurs embarqués sur des avions ou des hélicoptères qui permettent de disperser des milliers de mines (en général antipersonnel) sur une large zone en quelques secondes.

Il existe aussi dans la nomenclature internationale des bombes à sous-munitions (BASM) produisant des effets proches des mines antipersonnel. Il s'agit de containers d'explosifs, souvent largués par voie aérienne, censés avoir un effet immédiat. De fait, une proportion non-négligeable des sous-munitions contenues, dispersées sur plusieurs hectares, n'explosent pas au moment de leur impact (de 5 % à 30 % d'un contenu d'un millier de petites bombes par conteneur), et restent déclenchables ultérieurement dans les mêmes conditions que les mines antipersonnel. La différence est importante puisque l'emploi de ces BASM n'est pas régi par le traité d'Ottawa, et ne fait l'objet ni d'interdiction au plan mondial, ni de reconnaissance en tant que « résidus de guerre », susceptible de donner lieu à déclaration cartographique, nettoyage, ou réparation. [1]

[modifier] Lieu de dépose

Les 4 pays les plus sévèrement touchés sont :

  • Afghanistan : avec 5 à 7 millions de mines pour 20 millions d'habitants
  • Angola : 6 millions de mines pour 11 millions d'habitants
  • Bosnie-Herzégovine : 750 000 à 1 million de mines pour 3,5 millions d'habitants
  • Cambodge : avec 4 à 6 millions de mines pour 10 millions d'habitants.

[modifier] Matières

  • Métal (ex fonte d'acier)
  • Plastique (ex bakélite)
  • Bois

Certaines mines ne comportent pas d'enveloppe (explosif moulé). En éliminant les parties métalliques, leur détection est rendue ainsi beaucoup plus difficile.

[modifier] But

  • destruction de véhicules
  • mettre hors de combat, tuer ou, de préférence, blesser (un blessé mobilisant au moins une personne pour le secourir) une ou plusieurs personnes (mine antipersonnel)
  • protection de zones sensibles (minage défensif)
  • rendre impossible ou hasardeuse l'exploitation agricole des terrains minés (usage interdit par les conventions internationales - droit des conflits armés).

[modifier] Interdiction des mines antipersonnel

[modifier] Cas des États-Unis d'Amérique

Les États-Unis refusent de signer cette convention car elle n'envisage pas d'« exception coréenne », alors que les champs de mines sont un composant crucial de la stratégie américaine de protection de la Corée du Sud contre la Corée du Nord. En 1992, les États-Unis ont interdit l'exportation de toutes les mines antipersonnel américaines. En 1999, ils ont supprimé leur dernier champ de mines permanent qui entourait leur base navale de Guantanamo à Cuba et ont ratifié la modification du protocole II de la convention sur certaines armes classiques, première convention mondiale sur les mines terrestres portant sur les mines antipersonnel et antivéhicule et qui interdit aussi les pièges. En 2004, ils se sont engagés à ne plus jamais employer des mines persistantes après 2010 et à les remplacer au besoin par des mines qui deviennent inutilisables en quelques heures ou en quelques jours après leur pose. En 2006, ils ont adhéré à la déclaration de la troisième conférence d'examen de la Convention sur certaines armes classiques [2].

[modifier] Parties du monde minées

  • De très nombreuses régions du globe sont minées. L'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud sont particulièrement durement touchées.
  • En Afrique, les pays les plus minés sont le Soudan, l'Angola et le Mozambique[3].
  • En Colombie, les mines sont beaucoup utilisées par les FARC
  • En Europe, l' ex-Yougoslavie est largement infestée par les mines - nombre estimé à environ 1 million- tandis que les mines situées à la frontière grèco-turque entraînent annuellement la mort de dizaines de "clandestins" essayant de franchir la frontière.
  • En Asie, on estimait en 2000 que leur nombre était compris entre 4 et 6 millions pour le Cambodge, et entre 5 et 7 millions pour l'Afghanistan. Le Sri Lanka et les Philippines sont aussi considérés comme étant fortement infestés, soit du fait des forces rebelles seules (Philippines), soit du fait de ces forces rebelles et des actions gouvernementales (Sri Lanka).

Les mines antipersonnel posent un problème éthique car elles font beaucoup de victimes civiles parfois plusieurs années après la fin d'un conflit. Au Cambodge, ces armes ont donné lieu à 35 000 amputations après la fin des hostilités. Elles posent aussi un problème économique, leur dissémination s'opposant à la reprise de l'agriculture une fois passée la période de conflits.

[modifier] Le déminage

Combinaison de démineur
Combinaison de démineur

Depuis la Première Guerre mondiale, les mines volontairement dispersées, et les obus et munitions non explosées comptent parmi les principales séquelles de conflits armés. On peut distinguer le déminage militaire du déminage civil ou humanitaire, qui se fait au retour de la paix ou sur des territoires épargnés par les combats et qui peut être réalisé par des sociétés spécialisées, en général fondées par d'anciens démineurs militaires.

Le nettoyage des engins de guerre ou explosifs a d'abord été qualifié de désobusage après l'armistice de 1918, il relevait des artificiers, sous la responsabilité directe des Anglais dans le Nord de la France. Mais le mot désobusage désigne aussi le démantèlement de munitions (obus et balles en général) pour en recycler les métaux et parfois la poudre (de même que celle des balles qui sera réutilisée par le Service des poudres), opération pratiquée par exemple en France dans les usines de désobusage de Coucy-le-Château, ou à Albert (de l'après 1918 à 1919)[4].

Ce n'est qu'après la diffusion généralisée des mines que le mot démineur a été retenu.

Dans le passé, des prisonniers de guerre ou des volontaires ont été utilisés pour le désobusage puis le déminage. Nombre d'entre eux ont été tués ou grièvement blessés, aujourd'hui ce sont les 320 démineurs de la sécurité civile qui assurent cette mission. De manière générale le métier reste particulièrement dangereux.

Sapeurs britanniques lors d'un exercice de déminage
Sapeurs britanniques lors d'un exercice de déminage

Les moyens de détection et de protection augmentent mais le nombre et la variété des engins explosifs ne cesse d'augmenter, ce qui force les démineurs à une formation continue et une formation de base approfondie.

[modifier] Déminage en temps de guerre

Véhicule du combat du génie de l'US Army qui doivent nettoyer un chemin
Véhicule du combat du génie de l'US Army qui doivent nettoyer un chemin
Char Sherman M4A4 (flail) armée d'un canon de 75 mm de la seconde guerre mondiale, équipé pour le déminage rapide
Char Sherman M4A4 (flail) armée d'un canon de 75 mm de la seconde guerre mondiale, équipé pour le déminage rapide

Son objectif est généralement de permettre la poursuite d'actions militaires en périodes de conflit. Le plus souvent, il s'agit de permettre le nettoyage rapide de zones d'accès ou de couloirs de circulation.

Par ailleurs, selon les objectifs, le déminage peut se restreindre à la seule neutralisation de mines antichars, en excluant donc le nettoyage de mines antipersonnel, avec un taux d'acceptation de risque résiduel plus important que dans le cadre d'un déminage humanitaire.

Dans les armées de terre, le minage et le déminage sont confiés au génie militaire.

[modifier] Déminage humanitaire ou civil

[modifier] Coût

Le retrait des mines est un travail long, fastidieux et coûteux. En effet, une mine ne coute que 3 dollars à produire mais environ de 300 à 1 000 dollars à éliminer. Dans la plupart des cas, seul le déminage manuel est possible, en raison de la présence de tapis végétal dense, d'accidents de terrain, etc. Ainsi, déminer une surface de 1 km² coûte entre 1 et 2 millions de dollars.

Ce coût se décompose en actions de repérage, de préparation du terrain, de sondage, et de neutralisation proprement dite. Compte tenu des budgets limités affectés à ces opérations, les organisations en charge de la lutte contre les effets des mines antipersonnel préfèrent accorder une proportion de leur budget à des actions d'information auprès des populations, en vue de contenir les risques d'accident.

Dans le cas du déminage manuel, il faut y ajouter le coût des vies humaines, puisque les accidents sont très nombreux dans la phase de neutralisation.

[modifier] Détection

Détecteur de métal, surnommé « poêle à frire » en raison de sa forme
Détecteur de métal, surnommé « poêle à frire » en raison de sa forme
  • Les détecteurs de métaux
  • Les détecteurs d'explosifs
    • Des rats géants sont dressés en Tanzanie au repérage de mines antipersonnel. Le programme, exporté par une organisation de recherche belge, semble prometteur. Une fois les rongeurs opérationnels, ils pourraient compléter l’action des « chiens démineurs »[5]

En 2005, des recherches utilisant la modification génétique de graines de moutarde, Arabidopsis thaliana, sont en cours. En présence de mines, la plante semée par avion au dessus des champs de mines changerait de couleur, ce qui faciliterait son élimination.

[modifier] Assistance mécanisée

Le Digger D-2, machine de déminage à fléau
Le Digger D-2, machine de déminage à fléau
Robot de déminage, utilisant un jet d'eau à très forte pression et vitesse
Robot de déminage, utilisant un jet d'eau à très forte pression et vitesse

Des véhicules télécommandés de déminage existent dont celui-ci développé par des ingénieurs suisses, le D-2[6] de Digger DTR.

Ces véhicules sont conçus pour faire exploser les mines sans causer de dommages à la machine. Certains sont pilotés directement depuis le véhicule, dans un endroit protégé, alors que d'autres sont télécommandés.

Aucun système n'est fiable à 100 % et le passage de démineurs est nécessaire en cas de mine non explosée. Néanmoins, ces machines permettent un défrichage efficace et accélère sensiblement le travail des démineurs.

[modifier] Organisations et personnalités ayant pris cause dans la lutte anti-mines

De nombreuses personnalités telles que Lady Diana, Adriana Karembeu ou Heather McCartney ont pris fait et cause pour l'élimination des mines antipersonnel, appuyant les efforts de nombreuses organisations :

  • Handicap International
  • ONU [7]
  • CICR
  • Coordination Sud

Les actions se placent à plusieurs niveaux :

  • lutte pour une interdiction au niveau national ou international
  • actions d'identification des pays et populations touchées
  • actions de prévention et de déminage
  • actions de réparation

[modifier] Notes et références

  1. Handicap International Luxembourg
  2. (fr) Les États-Unis sont le pays qui contribue le plus au déminage dans le monde, 18 décembre 2007, USINFO
  3. Les zones infestés de mines antipersonnel en Afrique
  4. Pour voir quelques photographies, inscrire le mot "désobusage" dans le moteur de recherche : http://www.cegesoma.be/webOpacF.htm
  5. Rats géants et rats des champs : Rats démineurs - Tanzanie - Mines - Afrique
  6. http://www.digger.ch site
  7. E-MINE

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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