Maures (population)

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Jean-Léon Gérôme, Garde mauresque, peinture orientaliste
Jean-Léon Gérôme, Garde mauresque, peinture orientaliste

Par Maures, différents peuples ont été désignés à des époques différentes de l'Histoire. Mais, dans l'Europe médiévale, les Maures signifiait essentiellement les musulmans. Cette appellation dérive du français ancien d'un terme qui désignait à l'époque romaine les Berbères d'Afrique du Nord, plus précisément, les Berbères de Maurétanie (actuel nord et est du Maroc nord-ouest de l'Algérie) (Mauroi en grec, Mauri en latin) et qui est passé en espagnol sous la forme Moros ou en breton sous la forme Morianed pour s'appliquer aux musulmans mais aussi, à tort[1], aux arabes[2] à l'origine de la conquête de la péninsule Ibérique au VIIIe siècle.

Selon Sallustre, les Maures faisaient partie de l'armée d'Hercule venus d'Espagne[3] composé des Perses, d'Arméniens, et de Mèdes.[4] Ils se sont mêlés aux populations autochtones Gétules ( Zénète) Berbère du Maghreb actuel. Ils se sont installés dans les montagnes au Maroc, dans les Aurès en Algérie et dans la Libye. La majorité de la population des Aurès est Gétules ( Zénètes )[5] [6].

Le terme maures sera introduit par Procope ( historien romain) et par Saint Augustin pour désigner la population des Aurès non romanisée encore. Les Maures sont les gens qui se sont soulevés contre Rome. Les Maures sont les Afris ou les Libyens de l'antiquité non romanisés. Cependant, les autochtones qui étaient favorables au régime romain s'appelaient Afris [7] [8] Coripus les désigne par les Ifuraces, les gens qui se sont soulevés contre Rome pendant le règne de Justinien vers le V siècle [9] [3] ( Banou Ifren ou Ait Ifren) sont les Afris et Ils appartiennent aux Zénètes anciennement appelés Gétules.



Aujourd'hui, le terme Maure fait référence à l'ensemble d'une population partageant des traits communs. Ils sont environ 1,5 million et vivent principalement au Maroc, au Sahara Occidental, en Mauritanie mais aussi au nord du Sénégal, à l'ouest d'Algérie et à l'ouest du Mali. De langue arabe, il existe cependant un petit groupe berbèrophone, les Zenaga. Quant à leur origine ethnique, elle est controversée, il est généralement considéré qu'ils sont le fruit d'un métissage de populations arabes bédouines, berbères et noires[10],

Il ne s'agit pas des habitants de la Mauritanie actuelle, les Mauritaniens. Le nom de ce pays fut choisi à son indépendance dans les années 1960, en référence à la Maurétanie antique.

Maure découle probablement du mot Amuru qui en suméro-akkadien désigne les "hommes de l'ouest". Au Moyen Orient on désignait l'ouest par Amuru, ainsi que le vent d'ouest. La Corse et la Sardaigne qui ont un drapeau dit à "Tête de Maure", font probablement partie des pays Amouru[11], ainsi que les Hébreux, où "peuple" se dit amora dans leur langue. Maure fait souvent référence au Maroc, car il est le pays le plus à l'ouest du monde musulman.

Sommaire

[modifier] Maures halla vougba

Remarquables cavaliers, ils offrirent indifféremment leurs services tant aux Carthaginois qu'aux Romains lors des guerres puniques. Jugurtha, ayant pris pour femme la fille de leur roi, bénéficia quelque temps de leur appui mais fut livré à ses ennemis aussitôt qu'il leur demanda asile.

La Maurétanie fut petit à petit conquise par Rome et constitua deux provinces de l'empire, l'une en 37, l'autre en 40 ou 41 sous Caligula. Engagés aux côtés des forces romaines, des Maures contribuèrent à établir la pax romana en Gaule et établirent des colonies ici et là. Plusieurs localités appelées Mortaigne ou Mortagne, tant en France qu'en Belgique, seraient dérivées de Mauretania, mais une autre interprétation y voit l'invocation d'une eau morte (par opposition à eau vive).

Romanisés puis christianisés dès le IIIe siècle, les Maures furent partiellement séduits par le schisme donatiste. Aux persécutions païennes succédèrent les persécutions chrétiennes quand l'empire érigea le christianisme en religion d'État.

Vers la même époque, des Vandales et leurs alliés Alains, harcelés par les Wisigoths, franchirent le détroit de Gibraltar et se taillèrent un royaume en Afrique du Nord en 431. Les Maures collaborèrent aux expéditions de pillage organisées par les Vandales, notamment le second sac de Rome en 455. Les prisonniers romains furent emmenés en esclavage par les Maures. Ils furent cependant défaits par Justinien Ier, empereur romain d'orient, en 533.

La domination byzantine n'était cependant que très relative quand, en 647, survint l'islamisation. La résistance de chefs tels que Kusayla ou al Kahina n'empêcha pas qu'au VIIIe siècle une grande partie des tribus de se convertir à l'islam pour le propager à leur tour, à l'image de la Kahina qui ordonna à ses fils d'embrasser la nouvelle religion, et le pays des Maures fut annexé au califat des Omeyyades.

[modifier] Conquête de la péninsule ibérique

En 711, les Maures envahirent l'Espagne. Sous le commandement de Tariq ibn-Ziyad, ils imposèrent à une grande partie de l'Espagne et du Portugal le règne islamique jusqu'en 1492. Ils étendirent leur influence au midi de la France, et firent des incursions jusque dans le nord de la France, mais furent arrêtés à la bataille de Toulouse en 721.

Dans la péninsule Ibérique, seuls le nord-ouest et les régions majoritairement basques des Pyrénées échappèrent à leur domination. L'état maure subit quelques conflits civils dans les années 750.

Icône de détail Article détaillé : Conquête musulmane de l'Hispanie.

Le pays, al-Andalus, fut ensuite divisé en un nombre de petits territoires principalement islamiques, nommés les taifas.

En 1212, les royaumes chrétiens, sous le commandement d'Jaume I de Aragó, repoussèrent les Maures du centre de l'Espagne. C'est la période de la Reconquista proprement dite. Cependant le royaume de Grenade résista durant près de trois siècles. Le 2 janvier 1492, l'armée de l'Espagne chrétienne, récemment unie, assiégea Grenade, et les Maures restant furent obligés de quitter l'Espagne ou de se convertir au christianisme. Certains convertis restèrent sur le sol d'Espagne et furent appelés les Moriscos. Ils en furent définitivement chassés en 1609.

[modifier] Les Maures modernes

[modifier] Acception étendue

Le terme « Maure » est souvent utilisé pour les Noirs, les musulmans, les Perses ou les Indiens. Othello de Shakespeare fut le « Maure de Venise ». Dans les usages espagnols, « Maures » a aussi un sens plus large et signifie musulmans en général (tout comme rumi, qui signifiait initialement Romain, signifie chrétien dans plusieurs dialectes arabes). Cet usage s'est répandu dans les colonies espagnoles et c'est ainsi qu'on parle de « Moros » à Mindanao dans les Philippines.

Jusqu'au début du XXe siècle, le vocable « Maures » était souvent utilisé par les géographes occidentaux pour désigner les Arabo-berbères nord-africains métissés, spécialement ceux des villes pour les différencier des arabophones et des berbérophones considérés en tant qu'ethnies.

Ainsi l'Encyclopædia Britannica de 1911 définit « Maure » comme « le nom qui, selon l'habitude actuelle, est librement appliquée aux natifs du Maroc, mais strictement, devrait s'appliquer seulement aux hommes de la ville de descendance mélangée ». Mais cependant, elle reconnaît que ce terme n'a pas de valeur ethnologique réelle.

[modifier] Aire géographique

Pourtant aujourd'hui, on peut définir ainsi l'aire sociale maure : le sud du Maroc, le Sahara Occidental et la Mauritanie, soit une zone ayant pour communauté une culture et la langue hassaniya. Selon le recensement de 1988 au Sénégal, les Maures y étaient 67 726, sur une population totale estimée à 6 773 417 habitants, soit 1 %. On les retrouve un peu partout dans le pays[12].

[modifier] Des populations qui ont changé au cours des siècles

Maure(s) désigne les personnes qui composaient les armées musulmanes lors de l'expansion de l'empire arabo-musulman vers l'Occident.

Les armées d'islamisation montant vers l'Europe à partir du détroit de Gibraltar étaient composées d'Arabes mais surtout de diverses tribus de différentes ethnies berbères (toutes couleurs de peaux confondues) islamisées en provenance de tout le Maghreb (du Maroc en particulier mais aussi d' Algérie, Tunisie, Libye).
Les descendants occidentaux actuels des Maures ont donc très probablement des ascendants berbères et dans une moindre mesure des ascendants Arabes (Sarrazins). Contrairement à une idée répandue en Europe, les berbérophones sont de types ethniques divers (blancs, noirs ou métissés).

À l'époque romaine (soit des siècles avant l'islamisation d'une partie de l'Europe) l'appellation Maure était utilisée pour désigner les populations vivant en Maurétanie romaine. Le nom Maure tire donc son origine du mot « Maurétanie » : province romaine d'Afrique du Nord où il n'y avait pas encore d'Arabes. À l'époque romaine, on trouvait dans cette province des berbères du nord (différents ethniquement des berbères du sud maghrébin) et quelques tribus juives. Il ne s'agit nullement de la Mauritanie actuelle. Le Maure de l'époque Romaine le plus connu en Occident est Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus), ou saint Augustin.

En résumé, le terme Maure désignait à l'époque Romaine une partie des Africains du Nord citoyens romains et, des siècles plus tard au cours de la montée de l'Islam vers l'Europe, des arabo-berbéro-musulmans venant d'Afrique du Nord.

Même après l'arrivée des Arabes en Afrique du Nord, les occidentaux continueront à utiliser l'appellation romaine Maure pour désigner les très diverses populations musulmanes venant d'Afrique du Nord. À l'époque de Charlemagne et surtout au moment des croisades les occidentaux utiliseront l'appellation Sarrasin dérivé selon les auteurs : soit du nom de tribu Sarracene originaire de l'actuelle Arabie saoudite soit du mot arabe Sharquiyine utilisé par les musulmans venant du Moyen-Orient soit du nom Sarah, épouse d'Abraham. L'appellation Sarrazin désigne donc la partie des musulmans venant du Moyen-Orient.

L’islamisation d'une partie de l'Europe et de l'Espagne en particulier sur plusieurs siècles sera tumultueuse et fera intervenir des tribus (et futures dynasties) arabes et berbères diverses (les Omeyyades, les Almoravides, Almohades, etc.) : toutes ces tribus seront désignées par le terme Maure (Moro en espagnol) qu'ils soient d'Afrique du Nord (Maghreb kebir en arabe) ou du Moyen-Orient (Sharq en arabe)

Après la Reconquista les espagnols appelleront Moriscos (dérivé du nom maure), les descendants des arabo-musulmans souhaitant rester en Espagne et qui se seront convertis par la force au catholicisme ; mais ces Moriscos seront tout de même expulsés au début du XVIIe siècle vers le Maroc actuel. À la Reconquista, les judéo-arabes d'Andalousie partiront soit vers le Maghreb soit vers la Turquie actuelle où les autorités verront d'un bon œil l'arrivée de ces notables dans leur empire. L'Andalousie mauresque avec ses premières universités a, en effet, été un important centre culturel en Europe en matière artistique, philosophique, scientifique et technique. Les occidentaux chrétiens venaient y faire ou parfaire leurs études.

Actuellement encore le terme « Moro » continue à être utilisé par les Espagnols pour désigner tous les Arabes d'où qu'ils viennent. L'appellation espagnole « Arabé » existe mais est peu usitée.

Aujourd'hui en Afrique sub-saharienne (au Sénégal en particulier), le terme Maure désigne des populations métis se réclamant descendre de lointains parents arabes à la peau claire ; Ces Maures d'aujourd'hui résident aussi en partie dans l'actuelle Mauritanie ou dans le Maroc Sahara occidental actuel (aussi appelés Sarahoui maghrébins).

La Mauritanie actuelle dont les citoyens sont les Mauritaniens tire son nom de la Maurétanie Romaine mais les ethnies qui la composent sont différentes de celles de l’Ancienne province Romaine ; en effet, la Mauritanie est composée d'une minorité métis Arabo-Africains (les Maures d’aujourd’hui) et d'une majorité de Sub-sahariens (Africains noirs).

[modifier] Qui sont les Arabes venus en Afrique du Nord ?

Le nom antique "arabe" viendrait du nom d'une tribu vivant dans le nord de la péninsule arabique (en Mésopotamie) se disant descendre d'Ismael fils d'Abraham : de cette tribu arabe antique seraient nées d'autres tribus dont notamment les Qaisites (ou Kaisites) et les Qorachites d'où descend le prophète Mohammed. Ces tribus étaient en conflit avec celle des Himyar localisée dans le sud de la péninsule Arabique (voir histoire du Yémen).

Une confusion fréquente, mais erronée, est faite parfois entre le nom " arabe " et le mot " arhab " qui signifie nomade. À l'époque mythologique, les historiens, archéologues et linguistes du monde arabo-musulman donnent une autre explication sur l'origine de l'appellation « arabe » et l'origine ethnique des peuls arabes. Pour ces spécialistes, les peuples Arabes, Hébreux mais aussi Assyriens, Babyloniens, Phéniciens et autres sont issus d'une scission entre des tribus sémites de langues araméennes.

Le nom "arabe" apparait pour la première fois dans les écrits en -853 avant J.-C., selon Dominique Charpin, directeur des Hautes études de la Sorbonne, pour désigner l'origine d'un adversaire des Assyriens nommé Gindibu (voir liens externes)..

Les Arabes d'avant la venue de l'islam étaient composées de diverses tribus d'origines sémitiques dispersées dans le nord de la péninsule arabique (aujourd'hui : Irak, Syrie, Liban, Jordanie, etc.) et le sud de la péninsule arabique (aujourd’hui Arabie saoudite, pays du Golfe, Yémen, etc.). Ils étaient chrétiens ou païens. Sur cette péninsule, vivaient également à leur côté plusieurs tribus juives qui avaient le même mode de vie.

En arrivant en Afrique du Nord, les Arabes se heurteront à diverses tribus berbères matriarcales (dont certaines sont judaïsées ou christianisées, d'autres païennes ou animistes), des byzantins chrétiens, des tribus juives et à des tribus sub-sahariennes. Les Arabes désignaient par le terme Berbère (tiré du mot Barbare) toutes les populations, quelque soit leur couleur de peau, ne parlant pas ou n'appartenant pas à une civilisation connue d'eux (en particulier le grec ou le romain). Aujourd'hui, compte-tenu du sens péjoratif du terme Berbère, les différentes populations berbérophones du Maghreb préfèrent qu'on les désigne par leur véritable nom : les peuples amazigh.

Avec la vague d'islamisation, ces populations sémites, cimentées par leur croyance commune, quittent la péninsule arabique vers l'Asie, la Turquie, l'Égypte, les pays du Maghreb et d'Afrique, l'Europe, etc., et se métissent avec les populations islamisées. De ce fait, aujourd'hui, le terme "arabe" désigne une mosaïque de populations (encore plus large) ayant en commun une langue et une culture de base d'où naitront des variantes en fonction des spécificités humaines et culturelles des pays islamisés.. Ajoutons que la colonisation ottomane (turque) sur la totalité des pays du Moyen Orient et sur tout le Maghreb (en dehors de l'Empire Chérifien, ancien nom du Maroc actuel) va enrichir ce métissage avec des ethnies euro-asiatiques.

Ces métissages nombreux font qu'aujourd'hui il est difficile de donner une même origine uniquement sémitique à toutes les populations se réclamant arabes d'où cette définition imparfaite récente  : Est arabe toute personne arabophone et arabophile se réclamant de cette culture; Toutefois, la très large majorité des Arabes estiment qu'un Arabe doit aussi avoir les caractéristiques suivantes : la peau basanée ou claire, les traits méditerranéens ou avoir un ascendant arabe. Ceci explique pourquoi les populations noires (de culture arabo-musulmane, descendants ou non d'anciens esclaves, berbérophones ou arabophones) vivant dans les pays de la Ligue arabe sont considérés comme des sub-sahariens (et non comme des arabes). C'est le cas par exemple des Soudanais.

Les Arabes vivant sur le continent africain se voient surtout comme des méditerranéens et des orientaux. Néanmoins, compte tenu de l'importance et de l'influence des populations d'origine sub-saharienne dans ces sociétés, de plus en plus d'arabo-afro-berbères (du Maroc à l’Égypte) se retournent aussi vers l'Afrique sub-saharienne. Rappelons que la dynastie des Saadiens (originaire de l'actuel Maroc) s'étendait sur le Maroc actuel et sur une grande partie des pays du Sahel. Enfin, selon Ibn Khaldoun, des membres de la tribu berbère des Senhadja (originaire de l'actuel Maroc), se seraient installés en Afrique Sub-saharienne, en particulier au Sénégal ; Le nom Sénégal viendrait d'ailleurs d'une déformation linguistique du nom de cette tribu.

[modifier] Qui sont les Berbères ?

L'appellation "berbères" venant des arabes pourrait laisser croire qu'il s'agit d’un seul et même groupe ethnique homogène du Maroc à l'Égypte.

Les écrits de voyages de Ibn Khaldoun, considéré comme le père de la sociologie moderne, au cours des missions que lui confiront différents Sultans du Maghreb constitue les débuts d'un recensement et d'une description des différentes populations berbérophones qu'il rencontrera. Ses travaux, en dépit des quelques imprécisions, servent de référence, aujourd'hui encore, aux scientifiques de diverses disciplines étudiant les populations berbérophones du nord au sud du Maghreb actuel. Les écrits de Ibn Kheldoun servent aussi aux berbères (amazigh) à retrouver leurs cultures, leurs langues, et leurs origines anté-islamiques .En effet, l'histoire, étant souvent écrite par les vainqueurs, les sources arabo-musulmanes sur les berbères sont suspectées d'être partielles et partiales. Après la décolonisation, pendant des décennies, certaines gouvernements d'Afrique du Nord, voulant créer des nations homogènes de langue arabe ont empêché aux berbérophones d'avoir accès à leur culture ou de parler leur langue à l'école. En Algérie où la répression culturelle des berbérophones et la déformation de l'histoire officielle du pays furent les plus fortes, cela entrainera la formation de puissants mouvements berbéristes. A vu des troubles politiques et religieux dans les années 1990 en Algérie, le Maroc (où la langue officielle reste l’arabe) où les populations berbérophones sont les plus nombreuses d'Afrique du Nord et bien intégrées dans la société, sera le premier pays du Maghreb a autorisé l'introduction de l'enseignement des langues et l'utilisation d'un alphabet berbère estimé juste en fonction des éléments historiques. Ceci incitera l'Algérie à en faire de même et, sous la forte pression des mouvements berbéristes, à inscrire le berbère comme langue officielle du pays à côté de l’arabe. En Tunisie, en Libye et en Égypte, les populations berbérophones minoritaires ne semblent pas faire entendre leurs revendications identitaires, peut-être parce que l'arabisation dans ces pays a été plus forte. Aujourd'hui, les revendications berbères sont entendues par les pouvoirs politiques marocains et algériens. Ce type de répression culturelle vis à vis de minorités linguistiques s'est aussi passée dans de nombreux pays (Canada, France, Amérique latine…).

Les mouvements berbéristes actuels, considérant comme précise l'intégralité des écrits de Ibn Kheldoun, pensent que de nombreuses populations du grand Maghreb (Maroc à l'Égypte) se disant aujourd'hui Arabes sont en fait d'anciens berbères arabisés. Les berbéristes, dans la quête légitime de leurs civilisations, cherchent à retrouver les noms berbères des régions et des tribus qui ont été arabisés selon leurs analyses. Pour certaines régions du Maghreb, les recherches sont plus faciles car des populations berbérophones, mêmes islamisée, vivant dans des zones isolées et montagneuses, ont gardé presque intacte leur culture. Précisions que les tribus arabes arrivées au Maghreb, vont aussi s'imprégner de coutumes et traditions berbères : habillements, plats culinaires berbères (couscous, tajines…), musiques, etc.

Partant d'éléments archéologiques, historiques et des écrits de Ibn Khaldoun , des études génétiques, anthropologiques, et linguistiques récentes furent lancées sur toutes les zones géographiques où il existe des berbérophones ; elles laissent apparaitre qu'il existe certes des similitudes mais uniquement entre certaines d'entre elles ; Ces études n'ont malheureusement pas levé toutes les imprécisions et trous historiques, en particulier sur les origines de ces populations ainsi que sur les langues berbères ( voir aussi Croyances berbères ).Elles laissent supposer que certaines tribus berbères viendraient du Moyen Orient et auraient donc très probablement des origines sémitiques.

Les liens dans ce texte vont donneront des informations utiles pour mieux cerner la diversité des populations berbérophones d'Afrique du Nord.

[modifier] Rôle de l’islam : pourquoi parle-t-on de civilisation arabo-musulmane ?

Avant l'arrivée de l'Islam, il existait des civilisations arabes qui étaient uniquement localisées sur la péninsule arabique : Assyrie (Syrie actuelle), Mésopotamie (Irak actuel, Babyloniens), pays de Canaan (Palestine, les Philistins), la civilisation nabatéenne…

L’islamisation a donc permis d'étendre la langue et la culture arabe qui se sont énormément enrichies au contact des autres civilisations et populations (égyptienne, grecque, perse, byzantine, phénicienne, berbères, indiennes, chinoises, etc.) ; c'est la raison pour laquelle, après l'expansion de l'Islam, on parle de civilisation arabo-musulmane et non de civilisation arabe ; en effet, elle n'est pas uniquement le fait des arabes mais aussi de toutes les populations islamisées auxquelles il faut ajouter le rôle important des judéo-arabes ; l'Islam ne permettra pas d'éteindre toutes les tensions ancestrales entre certaines tribus et fera naître de nouveaux conflits de pouvoir et religieux (et cela dès la mort du prophète Mohamed).

Dans le monde arabo-musulman actuel, les arabes musulmans sont minoritaires ( même en comptant les arabes chrétiens palestiniens, syriens, libanais, égyptiens).

Les Arabes étant des sémites et l'islam reconnaissant tous les prophètes du judéo-christianisme (avec une lecture différente de certains faits décrits dans les livres de référence des chrétiens et des juifs), les tribus de ces confessions ne seront jamais vraiment inquiétées en terre d'Islam sauf à des moments critiques (Croisades, décolonisations) où elles seront soupçonnées d'être du camp des croisés ou des colons.

Les écrits violents que l'on trouve dans le Coran s'adressent aux tribus juives d'Arabie (en proie aux conflits) ayant refusé de se convertir à l'islam. À cela, certains musulmans, devant leur refus de se convertir, reprocheront aux juifs comme le firent certains chrétiens, d'être le peuple qui a trahi tous les prophètes. En dépit de tout cela, ces tribus judéo-arabes vivront durant des siècles en paix avec les arabo-musulmans avec lesquels ils partagent tant de points communs. La création de l'état d'Israël en 1948, changera jusqu'à nos jours le regard (de façon tout à fait nouvelle) d'une majorité de musulmans du monde entier (Arabes ou non) sur les communautés juives, soupçonnées à tort d'être toutes en accord total avec toutes les politiques de cet État créé dans des conditions estimées litigieuses.

La chute de Grenade en 1492 marquera le glas de la civilisation arabo-musulmane aggravé par la colonisation ottomane sur environ tous le pays arabes (en dehors du Maroc). Le monde arabo-musulman retournera aux tumultes tribaux du système féodal et loupera la révolution industrielle.

La colonisation européenne au début du XXe siècle permettra à ces pays dans un premier temps de les sortir de la colonisation Ottomane mais surtout, après des siècles d'obscurité, de découvrir les progrès éducatifs, industriels, militaires, techniques et scientifiques et surtout politiques enregistrés en Occident. Toutefois, ces progrès se faisant au détriment des populations autochtones sous-estimées, celles-ci vont légitimement souhaiter s'affranchir du joug colonial. Jusqu'à nos jours, les pays arabo-musulmans, à des degrés divers, n'ont pas encore rattrapé tous leurs retards en particulier sur le plan démocratique. Précisons que ces pays sont indépendants que depuis une cinquantaine d'années et que leur progrès démocratiques sont efficients que depuis une dizaine d'années pour les pays les plus avancés et ouverts d'entre eux. La très large majorité de ces jeunes nations sont des dictatures et les populations n'ont souvent accès qu'à des informations partielles et partiales. Ces retards et le système féodal des pays arabo-musulmans indépendants depuis peu, expliquent en grande partie les raisons pour lesquelles les pays arabes n'ont jamais pu vraiment inquiété le jeune État d’Israël (démocratique et moderne) fort des élites, notables, cadres, techniciens, etc. venus d'Occident.

[modifier] Avec l’islam : avènement d'une aristocratie arabo-musulmane : Noblesse arabo-musulmane

Avant l'arrivée de l'islam, la noblesse arabe obéissait aux règles généralement rencontrées dans les autres pays du monde qu'on peut schématiser ainsi : Le roi ou la reine d'une zone géographique était le chef d'une famille (tribu) généralement militairement puissante et fortunée, régnante sur un territoire à laquelle les autres chefs de tribus ont prêté allégeance. En général pour asseoir plus fortement sa légitimité, la famille régnante s'attribuait directement ou indirectement un lien au divin ou s'appuyait sur un système religieux contrôlé au maximum possible. Les titres de noblesse (accompagnés souvent de dons divers) étaient attribués en fonction des liens de parenté avec le roi ou la reine et/ou des services rendus par un sujet extérieur au clan régnant.

Avec l'arrivée de l'islam, le déplacement du divin va donc fatalement induire une remise en cause de la famille régnante sur la Mecque, lieu de pèlerinages religieux païens et d'échanges commerciaux fructueux. La famille régnante voit dans l'arrivée de ce nouveau dieu, qui se veut unique (alors que proche de celui des juifs de la région qui, eux, ne cherchent pas à l'imposer sur les autres divinités) , une construction politique, faite par un commerçant et époux d'une riche commerçante (le prophète Mahomet) dans le but de l'évincer du pouvoir. Dans cette Mecque de l'époque, sacre et pouvoir vont de paire.

De là découleront des guerres, qui mèneront les musulmans et le premier d'entre eux, le prophète Mahomet, au pouvoir à la Mecque, en qualité de chef de guerre et chef religieux, issu d'une tribu aisée, reconnue et se prétendant des liens de parenté avec Abraham (le premier musulman selon le Coran). À sa mort, le prophète Mahomet n'ayant eu que des filles (4), se posa le problème de sa succession. Dans cette Arabie féodale, instable, très patriarcale et machiste, les femmes et les filles du prophète furent écartées du pouvoir. Toutefois, Aïcha, la plus zélée des épouses du prophète voulut se faire entendre. Pour lui succéder chacun utilisa ses liens particuliers avec le prophète de l'Islam : ses compagnons, les membres de sa famille, les membres de sa tribu, les époux des filles du prophète.

[modifier] Les Arabes : comment se nomment-t-ils et se voient-ils ?

De nos jours en Occident francophone, le terme "maure" a été remplacé par celui de "maghrébin" ou "arabe", pour désigner les africains du nord qu'ils soient ou non métissés ou berbérophones. Dans les pays anglophones: on utilise la dénomination par la nationalité puis par la religion. Le terme Arabic est utilisé pour tous habitants des pays arabophones.

Les Arabes d'aujourd'hui se déterminent d'abord en fonction de leur nationalité, puis en fonction de leur origine ethnique (arabe, judéo-arabe, gnaoui, etc.) ou de leur religion (dans les pays arabes où il existe différentes communautés confessionnelles : sunnites, chiites, ismaéliens, chrétiens, juifs…) puis enfin en fonction de leur région ou tribu (d’Oran, de Ouazzane, de Fès, du Sahara, etc.).

Avant la création des états arabes (à la fin des colonisations ottomane et européennes) les arabes se déterminaient en fonction de leur tribu. Citons pour exemple les alliances entre les tribus qui ont permis la création de certains états tel que l'Arabie saoudite : comme son nom l'indique ce pays est gouverné par la tribu arabe des Saoud à laquelle la majorité des autres tribus du pays ont prêté allégeance. C'est d'ailleurs sur ce même principe (système féodal)que se sont constituées les royaumes et les nations européennes. Ce système féodal ou tribal a permis aux différents colonisateurs d'asseoir leur pouvoir sur les pays non organisé en nation (en Afrique, au Moyen-Orient, etc.), en jouant sur les divergences entre familles (tribus).

Les Arabes qui le savent; sont très fiers de leur apport dans la civilisation arabo-musulmane et de l'influence de celle-ci sur d' autres civilisation du monde ; ils revendiquent qu'on les nomme "arabes". Cette revendication de leur arabité se retrouve jusque dans certains prénoms, noms de famille ou de Pays . L'imprégnation et l'influence des Arabes fut importante dans certains pays : ainsi les égyptiens se réclamèrent être des arabes, et en Turquie, les populations leurs confièrent un temps des postes importants.

Le terme de Nations arabes ou peuples arabes ou Pan-Arabisme (Ouma arabia) fut inventé par le président égyptien Abdel Nasser au milieu du XXe siècle pour associer tous les pays dont la langue officielle est l'arabe en une force politique face aux impérialistes US et soviétiques. Cette appellation découle des mouvements politiques nationalistes, laïcs et socialistes, qui se développèrent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord au cours du XXe siècle.

[modifier] Références

  1. « Le nom de Mauri passa dans la péninsule avec les hommes et devint Moro, servant à désigner non seulement les Berbères mais aussi, à tort, les conquérants arabes », article Maures, Encyclopédie Universalis v10
  2. Dictionnaire historique de l'Islam, p.552
  3. Histoire de la décadence et la chute de l'Empire romain Edward Gibbon, Jean Alexandre C. Buchon
  4. L'Univers histoire et description de tous les peuples, Ferd Hoefer
  5. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province ... De Société archéologique
  6. [1]
  7. Les Lieux de pouvoir au Moyen Age en Normandie et sur ses marges De Anne-Marie Flambard Héricher
  8. [2]
  9. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale De Ibn Khaldūn, Abou-Zeid Abd-er-
  10. Article Maures (ethnie), Encyclopédie Universalis v10
  11. Le radical "muru" est ainsi très fréquent dans les toponymie de ces régions
  12. Chiffres de la Division de la Statistique de Dakar cités dans Peuples du Sénégal, Éditions Sépia, 1996, p. 182

[modifier] Culture associée

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[4]Travaux de Dominique Charpin