Madame de Pompadour

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Madame de Pompadour, par François Boucher (1750)
Madame de Pompadour, par François Boucher (1750)

Jeanne-Antoinette Lenormant d'Etiolles née Poisson, Marquise de Pompadour, fut une favorite célèbre du roi de France et de Navarre Louis XV, née le 29 décembre 1721 à Paris et morte le 15 avril 1764 à Versailles.

Sommaire

[modifier] Sa jeunesse

Jeanne-Antoinette est éduquée chez les Ursulines de Poissy. Son père officiel François Poisson avait débuté comme conducteur dans le service des vivres. Remarqué par les frères Pâris, il avait rendu de grands services en Provence, au moment de la peste, mais chargé comme commissaire aux vivres du ravitaillement de Paris pendant la disette de 1725, avait été accusé de faux marchés et contraint de quitter le pays. Pendant son éloignement, sa femme Madeleine de la Motte, "belle à miracle" avait eu entre autres amants le riche fermier général Charles François Paul Le Normant de Tournehem, célibataire et amateur d'art. Celui ci après avoir veillé à l'éducation des deux enfants de sa maitresse Jeanne et Abel-François Poisson de Vandières fit épouser à la première dés qu'elle eut vingt ans en 1741 son neveu Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles. Les contemporains la considèrent comme assez belle, la jeune dame d'Etiolles d'une taille au dessus de l'ordinaire, svelte, aisée, souple, élégante ; son visage était d'un ovale parfait, ses cheveux plutôt chatain clair que blond... Ses yeux avaient un charme particulier, qu'ils devaient peut être à l'incertitude de leur couleur, elle avait le nez parfaitement bien formé, la bouche charmante, les dents trés belles, un sourire délicieux la plus belle peau du monde. Son jeune époux devient rapidement fou d'elle et elle participe aux cercles mondains de Paris. Le couple s'installe dans un château mis à sa disposition par l'oncle Tournehem à Étiolles, où elle fait construire un petit théâtre et donne des représentations intimes. Elle donne naissance en 1741 à un fils qui meurt en bas âge, puis à une fille en 1744, prénommée Alexandrine.

[modifier] La maîtresse du roi

Mme de Pompadour, pastel de Maurice Quentin de La Tour, 1755 (Musée du Louvre)
Mme de Pompadour, pastel de Maurice Quentin de La Tour, 1755 (Musée du Louvre)

Le cardinal Fleury, qui avait toute la confiance du roi et qui dirigeait personnellement les affaires du royaume, est mort en 1743. Le cercle d'influence qui comprend les frères Paris, le cardinal de Tencin, sa sœur la marquise de Tencin et le maréchal de Richelieu dispose d'une occasion pour se positionner auprès de Louis XV. La jeune Jeanne-Antoinette, qui est très proche des Paris, se révéle susceptible de plaire au roi. Le stratagème mis en place fonctionne et porte ses fruits en 1745:

En février 1745, Jeanne-Antoinette est invitée à un bal masqué royal à l'occasion du mariage du fils du roi, le dauphin Louis-Ferdinand avec l'infante Marie-Thérèse d'Espagne. Remarquée par le roi, elle devient une visiteuse régulière et Louis XV l'installe au château de Versailles dans un appartement situé juste au-dessus du sien, relié par un escalier secret[1].

En juillet, il lui fait don du domaine de Pompadour, récemment acquis par la Couronne, la créant ainsi marquise, tandis que Jeanne-Antoinette obtient de son mari une séparation légale. Le 14 septembre 1745, elle est officiellement présentée à la cour. Elle a 23 ans. Les milieux dévots d'une part et les milieux aristocratiques conservateurs d'autre part concentrent leurs attaques sur la nouvelle maîtresse du roi, pêcheresse et parvenue puisqu'issue de la bourgeoisie et non de la noblesse.

En 1748, la marquise acquiert le château de la Celle, à quelques kilomètres de Versailles. La reine et le Dauphin, appuyés par les milieux dévots, pressent le roi de faire cesser cette relation adultérine notoire et finissent par le faire céder après de nombreuses années de résistance.

Après 1752, si les relations entre le roi et sa favorite prennent un tour platonique, voire simplement amical (la marquise est sans doute frigide), Jeanne-Antoinette ne quitte pas la cour pour autant et reste dans l'entourage immédiat de la famille royale alignant sa conduite sur celle qu'avait eu en son temps la marquise de Maintenon.

Nonobstant, ne pouvant satisfaire les sens du roi, elle devient proxénète et fournit à son ex-amant des jeunes femmes ou jeunes filles, logées dans la maison du Parc aux Cerfs, actuel quartier Saint Louis, à Versailles. Les plus célèbres furent Anne Couppier de Romans qui donna un enfant que le roi reconnut sans le légitimer (ce qui fit trembler la marquise) et Marie-Louise O'Murphy de Boisfaily, dite Morphyse, au minimum à l'âge de 14 ans, dont le roi fit immortaliser la nudité charnue et appétissante, encore enfantine, par François Boucher, avec qui il aura une petite fille. Morphyse tenta de dénoncer les agissements de la marquise mais le roi préféra éloigner la lolita de la cour.

En 1753, Louis XV achete l'hôtel d'Évreux (plus connu aujourd'hui sous le nom de Palais de l'Élysée) et l'offre à son amie pour en faire sa résidence parisienne.

En 1754, sa fille unique Alexandrine, née de son mariage,dont elle avait obtenu la garde et qu'elle élevait depuis telle une princesse royale, contracte une péritonite aïgue dans le couvent parisien où elle est éduquée. Madame de Pompadour, retenue à Versailles, n'est pas présente. Lorsque la nouvelle lui parvient, Louis XV dépêche en urgence deux de ses médecins personnels au chevet de l'enfant mais ils arrivent trop tard. La jeune Alexandrine, âgée de neuf ans, a déjà succombé. La marquise, profondément affectée, ne se remet jamais vraiment de ce drame.

Pendant son "règne" de vingt ans, elle maintient des relations cordiales avec la reine. Mme de Pompadour maintient également des relations avec les ministres et en fait venir dans ses appartements.

Elle appuie la carrière du cardinal de Bernis, du duc de Choiseul et soutien le Renversement des Alliances de la Prusse vers l'Autriche qui se concrétise par la guerre de Sept Ans. La légende veut que la marquise, pour consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach, l'aurait exhorté à ne pas s'affliger outre mesure, concluant par ces mots : "Au reste, après nous, le déluge".

Epuisée par vingt années de vie, de travail et d'intrigues à la cour, sa santé chancelle ; à Versailles elle se plaint constamment de l'air froid et humide de ses grands appartements[2], regrettant le petit appartement de l'attique nord, plus facile à chauffer, qu'elle avait occupé les cinq premières années de son installation. Elle meurt d'une congestion pulmonaire à Versailles le 15 avril 1764, à l'âge de 43 ans.Ultime privilège puisqu'il était interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résidait le Roi et sa cour. On raconte que considérant le mauvais temps alors que le convoi funéraire de Jeanne-Antoinette quittait Versailles pour Paris, Louis XV aurait fait cette remarque : " La marquise n'aura pas beau temps pour son voyage " et voyant le cortège s'éloigner sans avoir pu rendre officiellement hommage à celle qui fut si longtemps sa confidente "Voilà tous les honneurs que j'ai pu lui rendre, une amie de vingt ans".

Jeanne-Antoinette est enterrée à Paris, dans la chapelle du couvent des Capucines[3].

[modifier] Ses passions

Madame de Pompadour était particulièrement favorable aux philosophes et au parti intellectuel. Les écrivains ont ainsi pu avoir la relative liberté de répandre des idées contestataires en faisant l'éloge du système politique anglais et en prônant une monarchie éclairée. Elle favorisa, par exemple, la publication des deux premiers volumes de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert pourtant condamnée par le parlement de Paris.

Son portrait commémoratif, commencé de son vivant et terminé en 1764 après sa mort, de son portraitiste favori, François-Hubert Drouais
Son portrait commémoratif, commencé de son vivant et terminé en 1764 après sa mort, de son portraitiste favori, François-Hubert Drouais

[modifier] Arts

La marquise de Pompadour se faisait toujours représenter par des portraits livre en main, à côté d'un globe ou feuilletant une partition de musique... Elle fit travailler de nombreux artisans et permit le réaménagement de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Elle fut favorable à la construction de monuments comme la place Louis-XV (actuelle place de la Concorde) et le Petit Trianon. Elle participa également au projet de financement pour la réalisation de l'école militaire aux côtés de son ami Joseph Paris Duverney. Personnellement, elle apprit à danser, graver et jouer de la guitare. Son frère, le marquis de Marigny, fut Surintendant des bâtiments du roi et à ce titre l'un des promoteurs du style à l'antique.

Femme de goût, elle n'a peut être pas eu sur les arts l'influence qu'on lui a quelquefois attribuée. Le style Pompadour était en plein épanouissement avant qu'elle devint la maîtresse du Roi. Mais elle exerce un véritable mécénat par de nombreuses commandes aux peintres Boucher La Tour et van Loo. Elle encouragea un grand nombre d'artistes comme le peintre Nattier, le graveur Cochin, l'ébéniste Oeben, le sculpteur Pigalle ou encore l'écrivain La Place.

[modifier] Châteaux

Elle posséda les châteaux et demeures suivantes :

En 1762, sous l'impulsion de la marquise, Louis XV ordonna la construction d'un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour surpervisa elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir le Petit Trianon et devait être sa future résidence à la cour. Mais son décès en 1764 ne lui permit pas d'assister à l'achèvement de son oeuvre et ce fut la nouvelle favorite du roi, Madame du Barry, qui l'inaugura à ses côtés et s'y installa.

[modifier] Chocolat

La légende veut que la marquise de Pompadour ait eu une passion pour la soupe de truffes et de céleri arrosée de tasses de chocolat ambré « échauffant les esprits et les passions ».

[modifier] Champagne

Grande amatrice de champagne, dont elle aurait dit, selon la légende, qu'il est "le seul vin qui laisse la femme belle après boire"[4], elle favorisa sa consommation à Versailles (il avait été introduit à la cour sous la Régence).

[modifier] Descendance

Madame de Pompadour, par François Boucher
Madame de Pompadour, par François Boucher

De son mari, Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles, elle n'eut qu'une fille, Alexandrine, morte à l'âge de neuf ans d'une péritonite aiguë et un fils mort en bas âge. La marquise n'eut jamais d'autres enfants. De sa liaison avec le roi, elle n'eut que des fausses couches entre 1746 et 1749. Le Normant, en revanche, vécut en concubinage avec une danseuse qu'il épousa une fois devenu veuf de la marquise. La famille entière fut emprisonnée sous la Terreur. Charles-Guillaume avait alors 74 ans.

[modifier] Bibliographie

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Madame de Pompadour.

  • Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Fayard, 1985 ;
  • Évelyne Lever, Madame de Pompadour, Perrin, coll. « Tempus », 2003.
  • Xavier Salmon (sous la direction de), Madame de Pompadour et les arts, RMN, Paris 2002.

[modifier] Filmographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Société des Amis de Versailles – Château de Versailles Appartement Madame de Pompadour
  2. au second étage du corps central du bâtiment
  3. Cette chapelle a été détruite en 1806. Elle serait aujourd'hui située à l'intersection de la rue de la Paix et de la place Vendôme (anciennement place Louis-le-Grand).
  4. XVIIIe siècle : Succès et consommation - 2