Petit Trianon

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48° 48′ 56″ N 2° 06′ 35″ E / 48.815639, 2.109675 Le Petit Trianon est un château construit dans le parc du château de Versailles sous Louis XV, à proximité de l'ancien village de Trianon et du Grand Trianon.

C'est sous l'impulsion de sa favorite, Madame de Pompadour, que le Roi Louis XV fit ordonner la construction d'un nouveau Trianon. Le chantier, confié à Jacques Ange Gabriel, dura 6 ans, de 1762 à 1768. Le lieu choisi pour cette nouvelle construction était l'ancien jardin botanique du Roi créé par Claude Richard. Mais Madame de Pompadour, celle à qui était destiné le château, mourut le 15 avril 1764, n'assistant pas à l'achèvement de son oeuvre. C'est avec sa nouvelle favorite, Madame du Barry, que Louis XV inaugura le Petit Trianon.

Château du Petit Trianon, façade d'entrée.
Château du Petit Trianon, façade d'entrée.

Louis XV meurt en 1774 et la Comtesse du Barry doit quitter Trianon. Dès son avènement Louis XVI offre le château à sa femme Marie-Antoinette par cette formule: "Vous aimez les fleurs, Madame, j'ai un bouquet à vous offrir. C'est Trianon." Marie-Antoinette entreprit de nombreux travaux dans le château et dans le domaine. Suite à la Révolution le château tombe dans l'oubli. Il est une première fois restauré sous la Monarchie de Juillet par la Reine Marie-Louise, puis une deuxième fois sous le Second Empire par l'Impératrice Eugénie.

Inspiré par l’architecture palladienne et peut-être de dessins de Jean-François Chalgrin, les élévations extérieures, sur les bases d’un plan carré, cachent un aménagement subtil des niveaux intérieurs. Semblant ouvert sur les jardins, l’étage des salons est en fait situé au-dessus d’un rez-de-chaussée qui ouvre sur une petite cour d’honneur, du côté de Versailles. La façade sur cette cour est ornée de pilastres, la façade opposée de colonnes et les façades latérales de demi-colonnes. Le dépouillement du décor extérieur symbolise le classicisme repensé de Gabriel.

Sommaire

[modifier] Les Lieux

[modifier] Le Château

Commandé en 1762 à Gabriel, le château ne sera achevé qu'en 1768, soit 4 ans après la mort de Madame de Pompadour. Il sera donc attribué à Madame du Barry jusqu'à la mort de Louis XV. Le style néo-classique du bâtiment est en rupture totale avec le style rocaille du Pavillon français, construit par le même architecte en 1750. Le bâtiment de plan carré, surmonté d'une balustrade, s'élève sur trois étages. Le rez-de-chaussée accessible seulement depuis les côtés sud et est, en raison du dénivelé du terrain, abrite les communs. Au premier étage se trouvent les pièces de réception et l'appartement de la Reine. A l'Attique se situe l'appartement du Roi et ceux des invités. Toutes les façades du bâtiment sont différentes, celle de l'ouest vers le jardin français est la façade principale. Par son perron on accède directement à l'étage noble.

  • Le rez-de-chaussée:

La porte centrale de la façade ouvre sur l'escalier d'honneur du château. Celui est orné d'une magnifique rampe en fer forgé. Elle présente une alternance de médaillons: des fleurs de lys et le chiffre de Marie-Antoinette qui a remplacé celui de la Pompadour. Situé en retrait sous les volées de l'escalier, une porte donne accès au réchauffoir couvert d'une remarquable voûte surbaissée.

  • Le premier étage:

Par l'escalier d'honneur on accède directement à l'antichambre des pièce de réception. Dans un décor très sobre sont exposés les bustes de Louis XVI et De Joseph II d'Autriche, ainsi que le tableau de Vigée-Lebrun : Marie-Antoinette à la rose. Cette antichambre ouvre sur la grande salle à manger avec son magnifique décor de boiseries sculptées de fruits, une cheminée en marbre bleu turquin et les 4 grands tableaux sur des thèmes naturels (la moisson, la pêche, la chasse et les vendanges). Au centre du parquet les traces d'une trappe, vestige de l'ancien projet de table "volante" qui aurait permis de dresser les tables dans les cuisines et de les faire monter dans la salle à manger. Ainsi l'intimité des convives aurait été préservée des domestiques. Le projet, trop coûteux, fut abandonné.
Deux pièces se trouvent à côté: la Petite Salle à manger transformée en Salle de Billard et le Salon de Compagnie ou Salon de Musique. Cette pièce était la pièce principale où Marie-Antoinette se retrouvait en compagnie de sa "cour" de Trianon. Le chiffre de Louis XV, enlacé de fleurs, montre que les lieux sont voués à la nature.
On passe ensuite dans l'Appartement de la Reine. Les fenêtres de la chambre donnent sur le Temple de l'Amour. Le lit en place n'est pas celui utilisé par la Reine, mais le mobilier est celui qu'elle avait commandé à Jacob, qui créa pour l'occasion un mobilier à décor naturel, dit aux épis.
Dans le Boudoir, re-décoré en 1787 par les frères Rousseaux, un astucieux système de glaces mouvantes, réalisé par Mercklein et Courbin, permettait à la Reine de se reposer à l'abri des regards extérieurs. La dernière pièce de son appartement est le cabinet de toilette.

  • L'Attique:

L'étage d'attique abritait initialement l'appartement de Louis XV, celui-ci étant relié au reste du château par un escalier qui se situait à l'emplacement du boudoir de Marie-Antoinette. L'appartement de Louis XV fut remplacé par la Reine par un appartement dédié à son mari et relié au premier étage par un modeste escalier. Celui-ci dessert une série de trois pièces. Une antichambre; la Chambre de Louis XVI - restaurée en 1985, elle est tendue de damas rouge cramoisi et parée d'un lit à la "polonaise" - et un cabinet de travail donnant sur le belvédère. Le reste de cet étage est occupé par des appartements des invités.

[modifier] Le Jardin français

  • Les premiers aménagements:

Dès 1749, Louis XV souhaite créer un nouveau lieu de plaisir à Trianon. Dans cette perspective, il fait édifier, longeant au nord le Jardin Français actuel, une "nouvelle ménagerie", qui abrite des animaux de basse-cour; une laiterie pour les chèvres et fait restaurer les glacières de Louis XIV. Un célèbre jardin botanique est confié à Claude Richard, qui l'enrichit considérablement.

  • Le pavillon français et le Salon frais:

Pour agrémenter l'entourage de la ménagerie, Gabriel entreprend, vers 1750, la création d'un petit jardin à la française au sud de celle-ci. Les deux perspectives (Est-Ouest et Nord-Sud) sont décorées de 4 bassins ornés de statues d'enfants représentant les quatre saisons. Il fait aussi construire deux nouveaux bâtiments: le Pavillon français, pour les jeux et les collations, et le Salon frais, dont l'unique pièce servait de salle à manger d'été. Ce dernier fut démoli par Napoléon I et reconstruit sommairement en 1984.
Achevé en 1750, le Pavillon français se compose d'un salon central octogonal et de quatre cabinets (une cuisine, un réchauffoir, un boudoir et une garde-robe). La frise du salon central décorée d'animaux de basse-cour rappelle la ménagerie voisine.

  • La chapelle:

Ce fut la dernière réalisation de Gabriel pour Louis XV à Trianon. Elle fut achevée en 1773, soit un an avant la mort du Roi. Elle se situe au Sud du jardin français entre les bâtiments des communs et la cour du Petit Trianon. Elle est surmontée par un clocheton orné d'une horloge et de la croix du rédempteur. Le décor intérieur de style néo-classique est d'une extrême sobriété. La toile de l'autel, du peintre Joseph-Marie Vien, se détache sur les boiseries blanches. La tribune royale supportée par 4 colonnes doriques est directement accessible depuis le perron.

  • Le Théâtre de Marie-Antoinette:

Déjà sous Louis XV le théâtre occupait une place prépondérante dans les divertissements de Trianon. Marie-Antoinette, lorsqu'elle reçoit le domaine, doit se contenter pour ses spectacles de scènes provisoires montées d'abord dans la galerie du Grand Trianon puis dans l'orangerie du Petit Trianon. En 1778, Marie-Antoinette charge Richard Mique de lui édifier un théâtre. Après deux années de travaux, la salle fut inaugurée le 1 juin 1780. Une galerie en treillage, recouverte de toiles pour protéger les passants lorsque le soleil était trop ardent, relie le Petit Trianon et le Théâtre. Le décor extérieur est empreint d'austérité. Seul le fronton, représentant le "Génie d'Apollon", et les deux colonnes ioniques égaient un peu la façade. L'austérité du vestibule contraste avec le décor de la salle. De taille relativement réduite, son décor bleu et or est factice. Les stucs, les boiseries et les rideaux sont en carton pâte, peint et doré; les marbres sont de faux marbre dessinés et les soieries sont réalisées à l'économie. Au plafond, une copie, installée en 1968, remplace la toile de Lagrenée "Apollon entouré des Grâces et des Muses".

[modifier] Le Jardin anglais

Entre 1776 et 1783, Caraman puis Richard Mique dessinent un jardin à l'anglaise, dans lequel ils dispersent des fabriques. Ils installent ainsi un lac, une petite montagne, des rochers et une grotte tapissée de fausses verdures pour le repos de Marie-Antoinette. Le très savant jardin botanique de Claude Richard est alors détruit, mais nombre de pièces sont sauvées par son fils Antoine, nouveau régisseur, qui les confie au Jardin des Plantes de Paris.

  • Le Belvédère ou le Salon de Musique:
Belvédère du Petit Trianon, Versailles
Belvédère du Petit Trianon, Versailles

Ce petit pavillon de forme octogonale, surmonté d'un dôme caché par une balustrade, a été érigé par Mique vers 1780 sur une butte à côté du lac. Il fait partie de la série des fabriques construites par l'architecte. Il s'ouvre par 4 portes auxquelles on accède par 4 escaliers gardés par des paires de sphinges. Les frontons surmontant les portes, ornés des attributs de la chasse et du jardinage, alternent avec les bas-relief surplombant les fenêtres représentant les 4 saisons. A l'intérieur, le décor peint fait penser à un pavillon de treillage. La sol est quand à lui pavé de marbre, décoré d'arabesques peintes.

  • Temple de l'Amour:

Terminée en 1778, cette fabrique de style classique fut érigée sur un îlot à l'est du jardin anglais. La tholos, placée sur une plate-forme surélevée de 7 marches, comprend 12 colonnes corinthiennes qui supportent un dôme décoré de caissons. Au centre la statue de Bouchardon, "l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule".

Pour satisfaire son goût du rustique, Marie-Antoinette désirait faire construire, comme pour le Prince de Condé à Chantilly en 1775, un petit hameau. En 1783, Mique conçoit les plan d'un petit village idyllique.
Autour d'un étang artificiel, il va faire ériger 11 chaumières agrémentées de potagers, de vergers et de petits jardins clos ainsi qu'un phare et un moulin. La plus importante de ces maisons est la Maison de la Reine au centre du hameau.

[modifier] Le mécénat

Plusieurs mécènes ont contribué à la restauration du Petit Trianon : Swatch Group va le rénover à hauteur de cinq millions d'Euros et en fera le centre de ses événements promotionnels. L'horloger Bréguet participe également à la restauration du batiment[1].

[modifier] Notes et références

  1. Le mécénat au secours du patrimoine, Guide Le Figaro, 7 novembre 2007

[modifier] Voir aussi

  • Versailles, parc, jardins, Trianon (Le Figaro, collection)
  • Versailles: encyclopédie du voyage (gallimard)
  • Jean pierre Coffe, Alain Baraton, La véritable histoire des jardins de Versailles, Plon 2007, ISBN 978-2-259-19785-4

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes