Maçons de la Creuse

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Dans toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient tous les ans dans les grandes villes de France sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur...

C'est ainsi qu'ils participent à toutes les grands chantiers de bâtiment et des travaux publics à travers la France. En 1627, ils participent à la construction de la Digue de Richelieu de La Rochelle. Au XIXe siècle, ils travaillent à la construction du Paris du préfet Rambuteau puis du baron Haussmann.

Sommaire

[modifier] Les origines et les conséquences de l'émigration

[modifier] Les origines économiques

La Creuse manquent de ressources naturelles et de terres riches pour l’agriculture. De nombreuses familles vivent sur des petites exploitations agricoles qui ne leurs permettent pas de subsister. Ainsi certains Creusois doivent quitter leur terre natale pour servir de main-d’œuvre sur les grands chantiers de construction, principalement dans les régions de Paris et de Lyon[1].

[modifier] Les conséquences sociales et politiques

Alors que la Creuse, faute de matières premières et de capitaux, restera un département à vocation essentiellement agricole, il se développe au sein des populations un esprit politique contestataire. En effet les conditions de travail sur les chantiers sont particulièrement difficiles ce qui conduit, bien souvent, les maçons de la Creuse, à se syndiquer afin d'obtenir des conditions de travail acceptables.

Les maçons de retour au pays incitent souvent leurs enfants à suivre une instruction alors que la tradition et les besoins économiques les orientent plutôt vers le travail à la ferme dès leur plus jeune âge[2]

Martin Nadaud, le plus célèbre des maçons creusois sera élu député. Il défendra l'instauration de retraites ouvrières en 1879, de protections contre les accidents de travail, sur lesquels il interviendra à plusieurs reprises (1881, 1883 et 1888) pour faire reconnaître la responsabilité de l'employeur (loi de 1898). Il demande aussi l'amnistie des Communards et se battra pour le développement d'un enseignement laïc dans chaque département, soutenant la loi du 28 mars 1882 (loi Ferry) sur l'instruction publique. Comme élu local, sa grande fierté est d'avoir obtenu la réalisation de la ligne de chemin de fer de Bourganeuf à Vieilleville inaugurée en 1883.

[modifier] Les conséquences démographiques

Par ailleurs, initialement temporaire de mars à novembre, l'émigration devint définitive au début du XX ième siècle : ainsi la Creuse a perdu la moitié de sa population entre 1850 et 1950.

[modifier] Le voyage

Environ la moitié des maçons de la Creuse se dirigent vers Paris et les départements périphériques. La majorité des autres, surtout du sud de la Creuse vont travailler à l'est vers Lyon, Saint-Étienne...[3].

[modifier] Les métiers des "maçons de la Creuse"

  • Le plus prestigieux des métiers est l'architecte le maître d'oeuvre des chantiers, c'est lui qui conçoit les bâtiments, établi les plans, les devis.
  • Après l'architecte, le premier ouvrier est le maître maçon. C'est lui qui organise le chantier en fonction des plans fournis par l'architecte. Il s'occupe d'approvisionner le chantier avec les matériaux nécessaires, il recrute les ouvriers dans les corps de métier voulus. Ainsi les maîtres maçons deviennent des entrepreneurs.

[modifier] La hiérarchie chez les maçons

[modifier] Les techniques et les outils

[modifier] La chanson des maçons de la Creuse

La chanson a été écrite par Jean Petit dit Jan dau Boueix (1810-1880) entre 1855 et 1860. Jean Petit était tailleur de pierres puis entrepreneur.

Cette chanson était beaucoup chantée par les ouvriers Creusois. Elle est devenue un hymne pour les Creusois[4]. Il existe bien sûr plusieurs versions, celle reprise ci dessous est celle donnée par Martin Nadaud dans son livre Mémoires de Léonard[5] publié en 1895.


La chanson des maçons de la Creuse

- On a fait des chansons De toutes les manières. Sur les joyeux garçons, Les guerriers, le bergers; Pour ne pas répéter Une chose ennuyeuse, Amis, je vais chanter Les maçons de la Creuse

- Quand revient le printemps, Ils quittent leur chaumières, Laissant leurs grands-parents, Leurs enfants et leur mère, Cachant leur désespoir, Les filles amoureuses, S'en vont dire "au revoir", Aux maçons de la Creuse.

- Les voilà tous partis, Pour faire leur campagne, On les voit à Paris, En Bourgogne en Champagne, Ils vont porter ailleurs, Leur vie aventureuse, Ce sont des travailleurs, Les maçons de la Creuse.

- Tous les chemins de fer, Qui traversent la France, Et tous les ports de mer, Ont connu leur souffrance, Les canaux et les ponts, De la Seine à la Meuse, Pourraient citer les noms, Des maçons de la Creuse.

- Voyez le Panthéon, Voyez les Tuileries, Le Louvre et l'Odéon, Notre-Dame jolie, De tous ces monuments, la France est orgueilleuse, Elle en doit l'agrément, Aux maçons de la Creuse.

- Au retour de l'hiver, Ils sont près de leurs belles, Les souffrances d'hier, S'oublient vite près d'elles, Et toute une saison, Les filles sont joyeuses, D'avoir à la maison, Un maçon de la Creuse.

- L'auteur de la chanson, N'est pas un grand poète, C'est un garçon maçon, Buvant sa chopinette, Sans envier autrui, Sa vie s'écoule heureuse, Ils sont tous comme lui, Les maçons de la Creuse.

[modifier] Maçons célèbres

  • Michel Villedo (1598-1667) est un maçon de la Creuse. Il commença sa carrière de maçon comme gâcheur de mortier sous le règne de Henri IV et termina général des oeuvres de maçonnerie et des ouvrages de Sa Majesté sous Louis XIII et Louis XIV[6].
  • Philippe Fougerolle (1806-1883) est un maçon de la Creuse, qui a fondé l'entreprise de travaux public Fougerolle en 1844. Aprés fusion en particulier en 1992, Fougerolle appartient au groupe Eiffage.
  • Jean Petit dit Jan dau Boueix (1810-1880), il composa sous le Second Empire la chanson des maçons de la Creuse. Jean Petit a été tailleur de pierres puis entrepreneur. Il était par ailleurs animateur d'association, coureur de courtilles et opposant républicain. La chanson est l'émanation de refrains antérieurs[7].
  • Martin Nadaud né le 17 novembre 1815 dans le hameau de La Martinèche, à Soubrebost proche de Bourganeuf, et mort le 28 décembre 1898 au même endroit,est un maçon, écrivain et homme politique creusois. A l'âge de 16 ans, Martin part à Paris avec son père, comme maçons de la Creuse. Il découvre alors les conditions de travail de ses semblables : journées de 12 à 13 heures, travaux dangereux sur les échafaudages, malnutrition, logements insalubres... Il réchappe lui-même à plusieurs accidents. À 19 ans, il est chef d'atelier. Il retrace cet exode qui marqua si fortement les modes de vie dans son livre Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon .
  • Pierre Mazière est né en 1847 à Saint-Amand et décédé en 1928 à Moutier-Rozeille. Cet ancien maçons de la Creuse à Paris, effectuera une carrière politique : maire de Moutier-Rozeille en 1878, Conseiller général de Felletin en 1886, Député de l'arrondissement d'Aubusson en 1902 et enfin Sénateur de la Creuse entre 1903 et 1921.
  • Antonin Desfarges (1851-1941). Il commence sa carrière professionnelle comme maçon de la Creuse, puis petit entrepreneur. Il milite dans les organisations ouvrières entre 1867 et 1871. En 1871 il est arrété pour sa participation à la Commune de Paris. En 1882 il est conseiller des Prud'hommes de Paris, il y représente la corporation des maçons, enfin il sera le président du Conseil du bâtiment. En 1889 il se désiste aux élections légistlative en faveur de Martin Nadaud. Puis il sera député de la Creuse pendant 17 ans de 1893 à 1910 à Bourganeuf[8].
La traversée de la Seine par Léon Chagnaud en 1904.
La traversée de la Seine par Léon Chagnaud en 1904.
  • Léon Chagnaud est né en 1866 au Bourg-d'Hem et décédé en 1930 à Champsanglard. Ce maçon de la Creuse est le fils d'un entrepreneur creusois. Il réalise seul ou en association des ouvrages de travaux publics. Il sera en 1911 le Président du syndicat des Entrepreneurs de Travaux Publics. En 1921 il sera Président de la Société centrale des ingénieurs civils. Entre 1921 et 1929 il sera élu sénateur de la Creuse[10].
  • Henri Connevot est né en 1873 à Moutier-Rozeille et décédé en 1928. Cet ancien macon de la Creuse sera Député puis Sénateur Radical-Socialiste de la Creuse et Maire de la commune de Moutier-Rozeille entre 1925 à 1938.

[modifier] Pour approfondir

[modifier] Bibliographie

  • Quand Martin Nadaud maniait la truelle... La vie quotidienne des maçons limousins, 1830-1849, de Pierre Urien, Felletin, Association les Maçons de la Creuse, 1998, 143 pages, préface de Pierre Riboulet.
  • Jeantou, le maçon creusois de Georges Nigremont, rééd. Éd. de Borée 2007 (ISBN 978-2844945488)
  • Les maçons de la Creuse de Louis Bandy de Nalèche, réédité par les Éditions René Dessagne en 1984.
  • Les maçons de la Creuse et autres migrants, ouvrage réalisé par Pierre Urien et Roland Nicoux édité par l'association du plateau des Combes à Felletin en 1987.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Educreuse
  2. Extrait de Mémoire de Léonard.
  3. Quand Martin Nadaud maniait la truelle de Pierre Urien page 17
  4. La chanson des maçons de la Creuse
  5. Léonard, maçon de la Creuse de Martin Nadaud Édition François Maspero de février 1982 Page 387
  6. enigmes des rues de Paris des Éditions Dentu en 1860
  7. Léonard, maçon de la Creuse de Martin Nadaud Édition François Maspero de février 1982 Page 387
  8. Assemblée Nationale
  9. Les maçons de la Creuse et autres migrants, ouvrage réalisé par Pierre Urien et Roland Nicoux édité par l'association du plateau des Combes à Felletin en 1987, page 32
  10. Biographie