Mâyâ

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Plus positivement que l'usage ne nous le laisse supposer, Mâyâ signifie magie, donc tout autant tromperie que créativité. Dérivés :

  • Mayavada : école de la Maya identique à l'advaïta de Shankara.
  • Mayavadin : partisan de cette école.

Dans la philosophie spéculative védique, la Mâyâ est l'illusion d'un monde physique que notre conscience considère comme la réalité. De nombreuses philosophies ou recherches spirituelles cherchent à « percer le voile » afin d'apercevoir la vérité transcendante, d'où s'écoule l'illusion d'une réalité physique. Voyez aussi l'Advaita vedanta (2.3)

Dans l'hindouisme, on pense que la mâyâ est l'un des trois liens qui doivent être dénoués afin de réaliser la moksha (libération du cycle des réincarnations ou saṃsāra), les deux autres étant l'anava, l'ego ou conscience de soi, et le karma, la « loi des actes ». Le concept de mâyâ est central dans le védanta où il désigne l'illusion cosmique, le pouvoir de création qui engendre le monde manifesté sous la forme d'un voile d'ignorance qui se surimpose à l'Absolu, Brahman. Le concept devient négatif dans le bouddhisme mahâyâna, qui désigne mâyâ comme l'absence de nature propre des phénomènes, la vacuité.

Dans le sikhisme, la mâyâ - le monde tel qu'on le perçoit normalement - n'est pas plus tangible qu'un rêve. Comme l'affirme le Gurû Granth Sâhib, le livre saint du sikhisme le monde est comme un rêve, et il n'y a rien en lui qui est à vous. La mâyâ est une tentative de réponse à certaines questions existentielles telles que : lorsque nous nous réveillons le matin d'un rêve si prégnant qu'il nous paraissait réel, quelle certitude avons-nous de n'être pas entré dans un autre rêve ? Comment peut-on envisager que ce que nous appelons « moi » corresponde seulement à l'existence provisoire d'une vie enjambant trois-quarts d'un siècle ?

On trouve des réflexions comparable (sans en nier les différences) dans la philosophie chinoise (Cf. Tao, Zhuang Zi) et dans la philosophie occidentale. On citera l'allégorie de la caverne de Platon. De même, les gnostiques de l'Antiquité concevaient un Univers illusoire et négatif, créé par un démiurge démoniaque, duquel il fallait s'extraire. Puis Descartes (cf. Méditations Métaphysiques) trouve une solution à l'aporie à laquelle le menait le doute concernant la réalité de ce que ses sens lui montrent du monde par le célèbre cogito. Enfin, Arthur Schopenhauer, alors que les textes indiens commençaient à être connus en Occident, reprend le terme de "voile de Mâyâ" pour décrire sa conception du monde comme volonté et représentation.

Toutefois si la mâyâ désigne le plus souvent une illusion cosmique, certaines écoles l'interprètent différemment, d'une façon réaliste. Pour le Shivaïsme du Cachemire, maya est parfaitement réelle, elle est la manifestation d'un pouvoir divin, une force de connaissance et non un voile d'ignorance. Shri Aurobindo a fait remarquer que dans les anciennes upanishads, maya n'est nullement illusoire. Pour lui, l'ancien védanta est réaliste. Il considère l'illusionnisme comme une évolution tardive. Pour le védanta réaliste, maya est la force qui suscite la multiplicité. Mais la multiplicité est parfaitement réelle. C'est l'opposition entre la multiplicité des objets sensibles et la simplicité supposée du Brahman qui a sans doute conduit certains penseurs à accuser d'illusion le monde perçu.

[modifier] Références