Influence d'Edgar Allan Poe

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Edgar Allan Poe
L'écrivain en novembre 1848, daguerréotype de W.S. Hartshorn, Providence, Rhode Island
Pseudonyme Edgar A. Perry
Naissance 19 janvier 1809
Décès 7 octobre 1849
Activité romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire
Nationalité américain
Genre roman policier ; fantastique ; parodie ; satire
Œuvres principales Les Aventures d'Arthur Gordon Pym ; Double Assassinat dans la rue Morgue

Edgar Allan Poe (Boston, 19 janvier 1809 - Baltimore, 7 octobre 1849) est un écrivain américain du XIXe siècle. Il a aussi travaillé comme critique littéraire et éditeur bien qu'il soit plus connu en tant qu'auteur. Il donna à la nouvelle ses lettres de noblesse et fut l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique. Il représente, avec Washington Irving, James Fenimore Cooper, Nathaniel Hawthorne, Herman Melville, Walt Whitman, Mark Twain et Henry James, l'un des plus célèbres et remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.

Poète, romancier et nouvelliste, il se distingue particulièrement dans l'art du conte, genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique. Son influence fut et demeure importante, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques. Auteur américain, il ne fit pas exception au proverbe qui dit que nul n’est prophète en son pays, car il fut d’abord reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête.

Sommaire

[modifier] Dramaturges et réalisateurs

Sur scène, le dramaturge George Bernard Shaw est grandement influencé par la critique littéraire de Poe, qu'il appelle « le plus grand critique de son époque ». Alfred Hitchcock regarde Poe comme une source d'inspiration majeure, affirmant : « C'est parce que j'aimais tellement les histoires d'Edgar Allan Poe que j'en suis venu à faire des films à suspense ».

L'acteur John Astin, qui a joué le rôle de Gomez dans la série télé La Famille Addams, est un ardent admirateur de Poe, et est monté seul sur scène pour jouer une pièce tirée de la vie et des textes de Poe, Edgar Allan Poe: Once Upon a Midnight[1]. La comédie musicale Nevermore, de Matt Conner et Grace Barnes, est inspirée des poèmes et essais de Poe. L'acteur Vincent Price a joué dans un grand nombre de films adaptés des histoires de Poe, comme Le Chat noir, Morella, Le Cas de M. Valdemar et Le Puits et le pendule.

Dans les années soixante, Roger Corman, cinéaste de série B, réalise une série de films d'après les œuvres de Poe, avec Vincent Price en vedette.

Aujourd'hui, Tim Burton est le cinéaste le plus influencé par Edgar Allan Poe. L’attrait que le cinéaste éprouve pour lui provient, d’une part, de la découverte de l’œuvre du poète maudit lorsque Burton avait dix ans, d’autre part, des films que Roger Corman a réalisés d’après l’œuvre de Poe. Il convient de préciser que Vincent Price, son idole, était la vedette principale de ce cycle.

Le scénario de L'Étrange Noël de Monsieur Jack a été rédigé à partir d'un poème de Tim Burton. Cela renforce un peu plus le parallèle entre Burton et Poe, car son plus célèbre travail est un poème intitulé : Le Corbeau. De plus, les poèmes de Poe et de Burton servent à chaque fois de base à l’élaboration des scénarios respectifs qui, certes, respectent l’esprit des auteurs, mais entraînent l’histoire dans une nouvelle direction. Le poème original de Poe est transformé en un véritable feu d’artifice visuel et burlesque entre Price, Karloff et Lorre, tandis que celui de Burton devient une comédie musicale mélancolique et macabre.

[modifier] Physique et cosmologie

Eureka, un essai écrit en 1848, inclue une vision cosmologique qui anticipe les trous noirs et la théorie du big bang développée dans les années 1980, aussi bien que la première solution plausible du paradoxe d'Olbers. Bien que décrit comme un « poème en prose » par Poe, qui désire qu'il soit considéré comme une œuvre d'art, ce texte est un remarquable essai scientifique et mystique différent de ses autres textes. Il a écrit qu'il considérait Eureka comme le chef d'œuvre de sa carrière.

Poe a évité la méthode scientifique dans son Eureka. Il affirme qu'il a écrit en suivant sa pure intuition, non la méthode aristotélicienne a priori des axiomes et des syllogismes, la méthode empirique de la science moderne mise en avant par Francis Bacon. Pour cette raison, il l'a considéré comme une œuvre d'art, et non un essai scientifique, mais en insistant sur le fait qu'il exprimait la vérité. Bien que certaines de ses affirmations se soient plus tard avérées fausses (comme son affirmation suivant laquelle la pesanteur doit être la force la plus puissante - c'est en fait la plus faible), d'autres se sont avérées étonnamment précises, des décennies avant leur confirmation[2].

[modifier] Cryptographie

Poe avait un vif intérêt pour le domaine de la cryptographie, comme dans sa nouvelle Le Scarabée d'or. En particulier, il a exprimé sa foi en ses capacités dans Alexander's Weekly Express Messenger de Philadelphie, invitant les lecteurs à lui envoyer des documents chiffrés et se proposant de les résoudre[3]. Son succès a suscité l’intérêt public pendant quelques mois. Plus tard, il a écrit des essais sur les méthodes de cryptographie qui se sont avérées utiles, quand il s’est agi de déchiffrer les codes allemands utilisés pendant la Première Guerre mondiale.

Le succès de Poe en matière de cryptographie n'est pas tant fondé sur sa connaissance de ce domaine (sa méthode se limitant au simple cryptogramme de substitution), que sur sa connaissance de la culture de la presse[4]. Ses grandes capacités analytiques, si évidentes dans ses récits policiers, lui ont permis de se faire connaître auprès du grand public, pour l’essentiel ignorant des méthodes permettant de résoudre un simple cryptogramme de substitution, et il l’a employé à son avantage. L’événement créé par Poe autour de la cryptographie a joué un rôle important, en popularisant les cryptogrammes dans les journaux et les magazines.

[modifier] Musique

[modifier] Musique classique

Poe et son œuvre ont fourni une inspiration considérable à des compositeurs de musique classique et de musique populaire.

Leon Botstein, chef d'orchestre de l'American Symphony Orchestra - qui a présenté un programme de Contes d'Edgar Allan Poe en 1999 - note que, dans le domaine de la musique classique, comme en littérature, l'influence de Poe est plus appréciée en Europe qu'aux États-Unis.

Claude Debussy a souvent mis en avant l'effet intense de Poe sur sa musique et a écrit un opéra adapté de La Chute de la maison Usher. Bien qu'inachevé, une version reconstituée a été jouée à l'université Yale en 1977 et, la même année, à la Radio et Télévision allemande, avec l’Orchestre de la Radio de Francfort, dirigé par Eliahu Inbal, et le baryton canadien Bruno Laplante dans le rôle titre. Debussy a également abandonné et laissé à l'état inachevé un opéra tiré du conte Le Diable dans le beffroi.

Deux membres du cercle de Debussy ont également écrit des œuvres inspirées par Poe. Florent Schmitt a composé une étude, Le Palais hanté, basée sur un poème de Poe, en 1904. Conte fantastique pour harpes et cordes d'André Caplet, publié en 1924, mais commencé au moins dès 1909, est une composition tirée du Masque de la Mort Rouge.

Sergueï Vassilievitch Rachmaninov, à qui un admirateur avait offert une traduction russe du poème Les Cloches, l'adapte en 1913 en symphonie chorale, qu'il considère comme son œuvre favorite.

Le compositeur anglais Joseph Holbrooke a composé un poème symphonique basé sur Le Corbeau à partir de 1900, suivi en 1903 par une adaptation similaire des Cloches. Holbrooke a également écrit la musique du ballet Le Masque de la Mort Rouge.

Poe continue à être une source d'inspiration pour les compositeurs classiques contemporains. Patrice Sciortino est l'auteur de la musique d'une suite symphonique (1980) Edgar Poe dont la chorégraphie a été réalisée par Joseph Rusillo. Le compositeur minimaliste Philip Glass a écrit un opéra adapté de La Chute de la maison Usher à partir de 1989. En 1997, Einojuhani Rautavaara a composé sept fantaisies pour chœurs et orchestre basées sur les derniers paragraphes des Aventures d'Arthur Gordon Pym.

D'autres opéras sont basés sur des contes d'Edgar Poe: Ligeia, un opéra d'Augusta Read Thomas en 1994, et Le Cœur révélateur, de Bruce Adolphe.

[modifier] Chanson

L'ingénieur du son des Pink Floyd, Alan Parsons, a sorti en 1976 son premier album Tales of Mystery and Imagination, Edgar Allan Poe dans son groupe The Alan Parsons Project, inspiré directement des écrits de Poe.

Le groupe de heavy metal britannique Iron Maiden a écrit une chanson intitulée Murders in the Rue Morgue (figurant sur l'album Killers) inspirée de l'oeuvre The Murders in the Rue Morgue (Double assassinat dans la rue Morgue en français).

En 1997, le groupe Arcturus a adapté le poème de Poe Alone (Seul).

Le groupe de rock français Jack the Ripper a mis en musique le poème Eldorado de Poe dans la chanson Bad lover de l'album I'm coming (2003).

L'artiste québécois Jean Leloup a enregistré sur son album Le Dôme (1996) une piste intitulée Edgar, qui caricature Poe[5].

Le groupe néerlandais Omnia a adapté son poème The Raven dans l'album Alive ! (2007).

La chanteuse Mylène Farmer lui consacre la chanson Allan sur l'album "Ainsi soit je..." (1988).

Le groupe Sopor Aeternus & The Ensemble of Shadows a adapté certains poèmes d'Edgar Allan Poe tels que Eldorado, The Sleeper, Alone, The Conqueror Worm... dans une ambiance Darkwave, néo-classique.

Jeff Buckley lit un des poèmes d'Edgar Allan Poe, Ulalume, sur un album d'hommage, Closed On Account Of Rabies, en février 1997[6].

[modifier] Mouvement culturel

L'œuvre de Poe fut l'une des sources d'influence majeures du mouvement gothique contemporain.[7]

[modifier] Article connexe

[modifier] Notes et références

  1. Site sur la pièce Once upon a midnight
  2. Juan Lartigue G., « Edgar Allan Poe et la science : un poète cosmique ».
  3. R. Morelli, « Edgar Allan Poe et la cryptographie » ou [1]
  4. Daniel W. Dukes, « La légende de Poe le cryptographe »
  5. Paroles d'Edgar
  6. Screaming Down From Heaven
  7. Gavin Baddeley, Gothic : la culture des ténèbres, Éditions Denoël, 2004 (ISBN 2207256251).
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