Satire

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Écrit dans lequel l'auteur fait ouvertement la critique d'une époque, d'une politique, d'une morale ou attaque certains personnages en s'en moquant.

Œuvre en prose et en vers (mètres mêlés ou uniformes) attaquant et tournant en ridicule les mœurs de l'époque.

Écrit mêlant vers et prose et s'attaquant aux mœurs publiques.

Le propre de la satire est d'attacher les travers, les vices et la sottise à un personnage véritable, ce qui nous réduit au plaisir mélangé de rire des puissants, et en tout cas de rire des autres. Or on peut bien se moquer d'un bouffon qui ne sait pas faire rire...

Toute œuvre écrite, chantée, peinte, tout propos comportant une raillerie, une critique virulente.


Une satire est une œuvre dont l'objectif est de critiquer son sujet (des individus, des organisations, des États, etc.), souvent dans l'intention de provoquer ou prévenir un changement. On attribue généralement la paternité de ce genre littéraire (satura, c'est-à-dire « pot-pourri ») au poète et dramaturge archaïque latin Lucilius IIIe siècle av. J.-C.

Sommaire

[modifier] Le genre littéraire

Selon le petit Robert, le sens moderne et courant est : « Écrit, discours qui s’attaque à quelque chose, à quelqu’un, en s’en moquant ».

Il existe plusieurs types de satire :

  • la diminution réduit la taille de quelque chose en vue de la faire paraître ridicule ou de pouvoir l'examiner en détail et exposer ainsi ses défauts.
  • l'exagération est une technique commune de satire où l’on prend une situation réelle et on l'exagère à un point tel qu'elle devient ridicule. La caricature se rattache à cette technique.
  • la juxtaposition compare des choses d'importance inégales, ce qui met l’ensemble au niveau de moindre importance.
  • la parodie imite les techniques et le style d’une personne, d’un lieu ou d’une chose en vue de le ridiculiser.

Par contre, à l'inverse de cette grande variété de thèmes, de sujets et de tons, la satire moderne latine (Lucilius) se définit d’un point de vue formel par l’emploi de l’hexamètre.

[modifier] Origine

On a longuement discuté de l’origine de la satire. La critique humaniste de la Renaissance, durant près d'un siècle et demi, crut que la satire était originaire du drame satyrique grec, alors qu'il n'en est rien. Comme l’écrit Quintilien (X, 1, 9) : « satura tota nostra est », la satire est bien une création latine dont la définition proprement dite est un « pot-pourri », autrement dit un genre qui se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur.

[modifier] Origine grecque?

Si un tel schéma de filiation est trop simple, il reste que de nombreux textes grecs possèdent déjà l’essentiel des caractéristiques de la satire latine. On peut notamment lire le Margitès attribué à Homère, parodie de l’épopée, ou bien le portrait de Socrate dans « les Nuées » d’Aristophane (v.218-234), qui n’a rien à envier aux portraits satiriques de l’époque républicaine.

Cependant, on attribue la paternité de la satire au poète grec Archiloque de Paros. Ce fils d'esclave affranchi, très pauvre était très fier de ses origines. On raconte que cette fierté fut la cause de son premier poème. En effet, il était le promis d'une jeune fille du nom de Néoboulé, dont le père annula le mariage à quelques jours de la fête, ayant trouvé un meilleur parti pour sa fille. Archiloque fut tellement outragé qu'il écrivit la première satire dans un nouveau mètre poétique : le iambe. On raconte que le père de Néoboulé ainsi que sa fille se pendirent après avoir entendu ce poème très virulent. La légende veut aussi que les personnes visées par Archiloque contractaient des maladies de peau.

De plus, pour contrer Quintilien cité plus haut, Horace affirma qu'il fut le premier à adapter à la langue latine le ïambe de Paros. Ainsi la satire est réellement grecque et non pas romaine.

[modifier] Un genre littéraire latin

La satire est typique de la littérature latine, même si les écrivains n’en ont pas l’exclusivité : elle a connu à Rome un fort développement, y compris institutionnel (cf. les vers satiriques prononcés par les légionnaires à destination de leur général : Suétone, Vie de César, 49.51.52 par exemple).

« Satura » en latin signifie une sorte de macédoine, un « pot-pourri » ; autrement dit, la satire se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur. Et de fait, on trouve de tout sous le terme satire : des « Sermones » d’Horace aux « Satires » de Perse ou de Juvénal, certains « Carmina » de Catulle, les « Épigrammes » de Martial, mais encore maints passages de Sénèque (par exemple le passage sur les embarras de Rome, dans les « Lettres à Lucilius » VI, 56), etc. La notion de genre est donc partiellement inadéquate, et il faudrait peut-être alors parler alors de registre.

La satire, en tant que genre littéraire codifié, dont on attribue la création à Lucilius (de l’œuvre duquel il ne reste que des fragments), est apparue au IIe siècle av. J.-C. chez les Latins.

Les principaux auteurs de satire de l'Antiquité sont :

  • Lucilius, dont on possède de nombreux fragments et auquel de nombreux poètes se réfèrent (notamment Horace).
  • Varron, auteur de Satires Ménippées, type particulier de satire reconnaissable à son mélange de vers et de prose, et explicitement placé dans la perspective d’un héritage grec, puisqu’elles font référence à Ménippe de Gadara, cynique grec du IIe siècle avant notre ère.
  • Horace qui, par ses Sermones (Conversations), fera de la satire un genre aimable entrecoupant ses quelques critiques de sentences.
  • Perse, poète plus obscur, influencé par le stoïcisme.
  • Sénèque le Jeune qui émaille ses textes de philosophie morale d’anecdotes piquantes et proprement satiriques. Il est aussi probablement l’auteur d’une satire ménippée : « L’Apocoloquintose du divin Claude ».
  • Juvénal qui fera culminer la violence des propos, la bile satirique, la condamnation personnelle à son apogée s'attaquant à la société dans tous ses vices : tyrannie, perversités féminines, superstitions, privilèges...

[modifier] Chez les Celtes

Les sociétés celtes pensaient que les satires des bardes avaient un effet physique similaire à un sort (voir glam dicinn).[réf. nécessaire]

[modifier] Postérité

[modifier] Antiquité tardive

Le genre s'éteint apparemment à Rome après Apulée, bien que le Grec Lucien de Samosate reprenne encore au IIe siècle l'exemple latin à son compte.

[modifier] Moyen-Âge et Renaissance

Si l'on excepte le Roman de Renart, la satire régulière disparaît durant la période médiévale.

Elle ne réapparaitra en Italie qu'au cours du XIVe siècle après la réédition des satiristes latins. Puis, le genre connaît alors un large succès et inspirera de nombreux auteurs :

La satire trouve en France sa réalisation finale (???) chez Nicolas Boileau. Malgré le succès de Voltaire, elle s'efface petit à petit au cours du XVIIIe siècle en tant que grand genre littéraire au détriment de la parodie, pour se banaliser dans la presse écrite.

[modifier] Médias

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes