Empirisme

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Cet article concerne l'empirisme. Pour les résultats empiriques (résultats basés par des faits ou des expériences), voir méthode expérimentale.
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Voir « empirisme » sur le Wiktionnaire.

L'empirisme est une doctrine épistémologique (en philosophie et en psychologie) qui fait de toute connaissance le résultat de notre expérience sensible (d'où l'idée de tabula rasa, la table rase, cf. Locke).

On notera que l'adjectif « empirique » est souvent employé pour signifier : qui est issu des faits statistiques, de la réalité, par opposition à une idée issue de la théorie.

Sommaire

[modifier] Contexte

À l'origine, l'empirisme pouvait se concevoir comme un matérialisme, dans la mesure où il fut l'une des formes d'opposition à la scolastique, lors de la naissance de la science moderne (Galilée). L'empirisme définissait ainsi des modes de connaissance dérivés de la méthode empirique et de la méthode expérimentale, qui n'étaient pas propres à la Révélation. Pourtant, parler de matérialisme au XVIIe siècle est un anachronisme, puisque le terme "matérialisme" n'est apparu qu'au XVIIIe siècle.

Dans le même ordre d'idée, l'empirisme se distingue assez nettement du positivisme, dans la mesure où celui-là met davantage l'accent sur l'explication des phénomènes par des formulations mathématiques. Il est vrai qu'Auguste Comte appuya sa philosophie en partie sur celle de Francis Bacon, mais cela n'est pas suffisant pour trouver beaucoup de points communs entre empirisme et positivisme.

Il serait plus judicieux de présenter l'empirisme comme antinomique du rationalisme des philosophes continentaux (Descartes, Leibniz et Kant en particulier). En effet, on pourrait voir dans cette distinction les prémices d'une séparation culturelle entre l'Angleterre (aujourd'hui le monde anglo-saxon) et le continent, signe de la différence entre le "peuple de la mer" et le "peuple de la terre".

Enfin, il ne faut pas confondre l'empirisme avec le pragmatisme (William James). L'empirisme se fonde sur l'expérience, le pragmatisme sur l'action. Le pragmatisme, dénué de toute ambition métaphysique, peut ainsi entrer en conflit avec une véritable éthique, ce qui ne devrait pas être le cas pour l'empirisme. L'empirisme constitue la tradition philosophique dominante en Angleterre, le pragmatisme, l'une des traditions philosophiques américaines, qui ne sont pas les mêmes. Un observateur "continental" fait souvent la confusion.

[modifier] Histoire

Peut-être faut-il d'abord noter que l'empirisme représentait un courant philosophique dans l'antiquité. Il s'est particulièrement manifesté dans la médecine empirique, qui a elle-même beaucoup influencé Sextus Empiricus. Il ne semble néanmoins pas que cette forme d'empirisme ait joué un rôle dans l'élaboration du mouvement né en Angleterre, si ce n'est peut-être chez Hume, par l'intermédiaire de l'influence du scepticisme. Plus d'informations peuvent être trouvées dans l'œuvre de Victor Brochard, La Méthode expérimentale chez les Anciens.

L'empirisme qui nous intéresse ici est un mouvement philosophique qui naît d'abord en Angleterre.

Il prend racine au XVIe siècle et s'épanouit principalement au XVIIe siècle.

Ses plus célèbres représentants sont :

Cette doctrine a notamment été condamnée par Pie X dans son encyclique Pascendi.

[modifier] Doctrine

[modifier] Thèse

Lorsque l'on est empiriste, on considère d'abord que le fondement et la première source de la connaissance se trouvent dans l'expérience. Pour les empiristes, il n'y a que les objets singuliers et les phénomènes qui sont réels. L'empirisme admet l'existence de concepts, images ou synthèses d'images issues de l'expérience. L'esprit est alors conçu comme une tabula rasa sur laquelle s'impriment des impressions sensibles. La connaissance humaine est un assemblage d'habitudes reçues.

[modifier] Distinctions

On définit souvent l'empirisme en l'opposant au rationalisme ou à l'idéalisme, mais il faut nuancer, car l'opposition n'est pas simplement entre partisans de la raison et partisans de l'expérience, puisque les empiristes ne nient pas que la raison puisse jouer un rôle dans le processus de la connaissance. Ils refusent seulement l'idée qu'il puisse y avoir des connaissances purement rationnelles ou a priori, et ils mettent l'accent sur la méthode expérimentale.

En outre, dans certains cas, (voir Berkeley, Condillac), l'empirisme ne soutient pas la thèse de l'existence du monde extérieur indépendamment de nous, et défend au contraire l'idéalisme sur ce point.

L'empirisme radical est une variante défendue par William James (1842-1910) et qui affirme, comme l'empirisme classique, qu'il ne faut rien rajouter à l'expérience, mais aussi, ce qui fait sa spécificité, qu'il ne faut rien lui retirer : nous avons une expérience des relations, qui sont aussi réelles que les termes de l'expérience (Cf. Essais d'empirisme radical, Agone, 2005, Essais 1 à 4).

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes


Théorie de la connaissance

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