Heugnes

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Heugnes
Carte de localisation de Heugnes
Pays France France
Région Centre
Département Indre
Arrondissement de Châteauroux
Canton d'Écueillé
Code Insee 36086
Code postal 36180
Maire
Mandat en cours
Bernard Garnier
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes du Pays d'Écueillé
Latitude
Longitude
47° 00′ 46″ Nord
         1° 24′ 34″ Est
/ 47.0127777778, 1.40944444444
Altitude 133 m (mini) – 201 m (maxi)
Superficie 42,17 km²
Population sans
doubles comptes
436 hab.
(1999)
Densité 10 hab./km²

Heugnes est une commune française, située dans le département de l'Indre et la région Centre.

Sommaire

[modifier] Géographie

Vers Pellevoisin, Heugnes, Jeu-Maloches, la craie turonienne apparaît, donnant des pentes localement assez vigoureuses au dessus de versants sableux plus adoucis, modelés en longues concavités. Cette cuesta porte l'empreinte périglaciaire[1].

La Butte-Montbel (204 mètres), point culminant de la région naturelle du Boischaut-Nord. La source du Nahon est à Launay.

Carte de Sanson, Guillaume (1633-1703) : La Partie du diocèse de Bourges où sont les archidiaconés de Buzançois de Sologne en partie et celuy de Gracay. Partie de la Généralité de Bourges. Les Élections de Chasteauroux et partie d'Yssoudun

[modifier] Histoire

Heugnes est un village du Boischaut-Nord, situé aux limites des anciennes provinces du Berry et de la Touraine.

[modifier] Préhistoire

A Montbel, sur le territoire de la commune d'Heugnes des silex taillés et des burins, datant du mésolithique, découverts récemment, attestent que la présence humaine sur ce territoire est des plus anciennes. En effet, la station de Montbel peut être même qualifiée d'épipaléothique. Nous sommes visiblement en présence d'un groupe humain vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Sur plus de 4 000 pièces étudiées, deux seulement sont du néolithique. Les conditions du gisement n'ont pas permis hélas de conserver du mobilier osseux, comme dans le Périgord[2]. Du fait que ces hommes ne connaissent pas l'économie de production, ils ne sont pas vraiment sédentaires.

[modifier] De l'époque gallo-romaine à l'An 1000

Du temps de l'Empire romain, le territoire de la commune est presque vide d'hommes et les rares gallo-romains vivent dans des huttes dont il ne reste rien, contrairement à Pellevoisin[3].

Au VIIe siècle, alors que la région est sous l'autorité des ducs d'Aquitaine, Saint Ours, originaire de Cahors, fonde à Ognia une petite communauté cléricale à vocation à la fois monastique, missionnaire et paroissiale. Cet ancien prieuré relève de l'abbaye de Méobecq.

[modifier] L'abbaye de Miseray

Robert, seigneur de Buzançais, Verneuil-sur-Indre, de La Tour Fondue à Amboise, donne en 989, son consentement à la fondation de l'abbaye de Miseray[4].

Mais ce n'est qu'en 1089, que quatre membres d'un ordre de chevalerie de Buzançais permettent à deux frères d'un ordre religieux de se faire ermites dans la forêt d'Heugnes. L'endroit est agréable à vivre satis amoenum. Ils vivent entourés de bois très denses et de sources, loin des fureurs du monde. Ces deux ermites, d'anciens chevaliers, prient, jeûnent, travaillent et font des veillées[5]. Ces deux ermites s’installent au lieu-dit Miseray, et obtiennent des seigneurs de Buzançais, qu’ils leur cèdent le lieu où ils avaient édifié leur installation provisoire ainsi que la terre environnante qu’ils travaillent et qu’ils ensemencent[6].

Les disciples affluent : des moines de l'ordre de Saint-Augustin, originaires de Marchenoir dans la Beauce, et des laboureurs. Cette communauté d'Hommes ou abbaye de Miseray, est fondée par une charte en 1112, à l'est du futur village[7].

Les archevêques de Bourges prennent sous leur protection cette abbaye, et les moines sont reconnus dès 1138. Les Augustins de Miseray obtiennent de Pierre Museau les terres nécessaires pour en établir un moulin à Flote[8].

Le prieuré-cure Saint-Sulpice-le-Pieux est donné à l'abbaye de Miseray, par l'archevêque Henri de Sully, pour augmenter ses revenus. Elle lui avait aussi abandonné la paroisse de Cloué. Le même, Henri de Sully, donne à cette communauté d'hommes le prieuré Saint Martin, en 1184[9].

La cure d'Hervault de Aruel, hameau d'Écueillé, est donnée en 1202, par Saint Guillaume de Corbeil 1200-1209 à l'abbaye Saint-Nicolas de Miseray. Les revenus de la cure étant insuffisants pour entretenir un curé séculier, l'église est desservie par l'un des chanoines de l'abbaye[10].

Les seigneurs abbés de Miseray gagnent plusieurs procès contre des seigneurs laïcs de la région, notamment en 1500 et 1519. L'abbaye à des droits sur une partie de la région. Saint-Médard (Indre)[11] relève de l'abbaye de Miseray.

A la fin du XVIIe siècle, Sylvain Charost, prieur de Miseray, est arrêté. Il est accusé de complicité de meurtre à Châtillon-sur-Indre. C'est une grossière calomnie et il est innocenté en 1701[12].

Le dimanche 24 juin 1736, un La Rochefoucauld fait une visite pastorale à l'abbaye de Miseray et dans ses souvenirs, il nous parle d'une fontaine à Miseray, qui n'existe plus. Il constate aussi que la règle de Saint Augustin est religieusement observée par les moines[13].

L'abbaye augustinienne Saint Nicolas de Miseray disparaît à la Révolution. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux.

[modifier] Etat féodal

Les premiers seigneurs majeurs d'Heugnes sont les Maussabré. Cette famille est illustre depuis l'époque des croisades, où elle est présente. Le grand généalogiste, historien, et expert en héraldique, La Chesnaye-Desbois, nous dit qu'elle est originaire du Blaifois et de Touraine et nous parle de son fief d'Heugnes, qui relève du comté de Buzançais. Mais comme du temps des guerres de religion les châteaux des Maussabré, qui sont protestants, sont incendiés, nous ne pouvons découvrir en quel temps cette seigneurie de Heugnes est entrée dans cette famille, ni comment elle en est sortie. En 1380, il ne reftoit à cette Famille de la seigneurie d'Heugnes, que la Terre du Bois Saint Père qui en eft un démembrement , un arrière fief[14].

Nous ne connaissons d'ailleurs cette famille qu'à partir de Guillaume de Maussabré, écuyer, capitaine du château de Loches, seigneur du Bois Saint Père, de la Sabardière, qui relève de Montrésor, et de Châteauvieux. L'hommage qu'il rend en 1406 au Seigneur, Baron de Buzançois, pour la seigneurie du Bois Saint Père nous apprend que celle-ci est située dans l'étendue des paroisses de Pellevoisin, d'Heugnes, de Préaux et de Villegouin. Il s'agit donc d'un arrière-fief important, même s'il est précisé que ses dîmes ne lui rapportent plus que 5 ou 6 muids de blé, comprenez environ 10 quintaux. Du temps de ses ancêtres la dîme à Heugnes leur rapportait 18 muids. Il faut toutefois préciser qu'au Moyen Âge, les rendements sont très faibles et qu'un muid de blé vaut donc très cher.

La famille de Maussabré va se séparer en cinq branches, dont deux ont des possessions à Heugnes :

  • François de Maussabré est seigneur de Villablin et du Puy de Nais. Toutefois comme il est protestant, pendant les guerres de religions, ses descendants perdent leurs plus anciens titres par l'incendie des châteaux du Bois-Saint-Père et de Villablin, leurs principales résidences[15]. Le fait que leurs seigneurs sont protestants a des conséquences sur les habitants, aussi bien au niveau conversion qu'au niveau représailles. Les troupes catholiques ne se contentent pas de tuer les seigneurs et mettre le feu à son château.
  • Son fils, Claude, est dit entre autres seigneur du Puy de Cloué, paroiffe d'Heugnes. Ses seigneurs sont aux armées et certainement rarement sur leurs terres. Ce Maussabré meurt au siège de Nancy, en 1634.
  • Son petit-fils hérite entre autres du domaine de Beauvais, situé dans la paroisse d'Heugnes venant de sa mère.
  • Leurs descendants sont seigneurs de Villablin, de la Mardelle, du Puy de Cloué, terres auxquelles s'ajoutent les dots et héritages de leurs épouses. Ils sont tous officiers jusqu'à la Révolution.
  • Jean de Maussabré est seigneur en 1470 du Bois Saint Père, avec les dîmes, bois, rentes, terrages qui en dépendent, des terres de Villablin et la Mardelle. Nous apprenons qu'« elles sont sises avec leurs dépandances ès-paroiffes de Pellevoifin, Heugnes, Préaux, Villegouin & Selles-sur-Nahon». Mais il doit partager avec ses sœurs.
  • Son fils Jean est seigneur en 1509 du Bois Saint Père.
  • Le petit-fils se marie avec Françoise de Riou qui lui apporte les terres de l'Hôtel d'Heugnes et du Bois Rabry en 1534. Il rend hommage à Philippe Chabot, amiral de France, seigneur de Buzançais.
  • Par contre à la génération suivante Brice de Maussabré doit s'exiler car il est protestant et son frère François est tué. Le troisième frère doit abjurer.
  • Leur descendant Jacques de Maussabré se marie avec Renée du Breuil, par contrat passé le 1er décembre 1704 devant Penin, notaire à Heugnes, mais cette branche n'a plus de possession dans cette paroisse.

Les Maussabré, qui tous sont officiers du roi, allant de garnison en garnison et mourant sur tous les champs de bataille d'Europe et des colonies, vont se marier en dehors de la région, souffrir des persécutions contre la noblesse en 1789 et ne plus être seigneurs d'Heugnes.

Au XVIe siècle, le château du Rabry est construit par les Menou à l'emplacement d'une ancienne maison-forte médiévale. Louis, Seigneur de Marolles, de la Rochère, du Breuil et de Noizay se marie en 1630 avec Jeanne de Menou, fille d'Edmond, seigneur du Rabry. Leur descendante, Marie-Françoise de Marolle du Rabry, née et baptisée à Heugnes le 15 mai 1719 est élève de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr-l'École, à partir du 10 août 1728. Elle est par la suite novice le 23 décembre 1739, puis religieuse à la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr-l'École dès le 28 janvier 1742[16].

[modifier] Le bourg

Dans le Berry, le village est appelé bourg et les hameaux (écarts en géographie humaine) sont appelés villages. Le bourg de Heugnes se développe sur le bord du Nahon au XIVe siècle, quoique nous trouvons un Éloi, chapelain d'Heugnes, élu dès 1269. La seigneurie d'Heugnes dépend du duché et baillage de Touraine, comme le reste de la baronnie et comté de Buzançais[17]. Le village doit être assez important et riche, car certains contrats de mariage sont passés devant un certain Le Ber, notaire royal, résidant à Heugnes. Beaucoup de villages n'ont même pas un tabellion.

[modifier] La Vendée de Palluau

La Révolution française est accueillie comme partout en France avec joie à Heugnes. Toutefois, dans ce village les rapports avec les petits seigneurs locaux étaient globalement bons, comme l'attestent les registres paroissiaux, où les nobles sont souvent parrains ou témoins à des mariages. Pourtant la région n'est pas solidaire de la chouannerie ni même des Fédéralistes, insurgés présents dans les 2/3 des départements français.

Palluau est un village proche d'Heugnes. En 1796, pendant la Vendée de Palluau, le propriétaire du château du Rabris à Heugnes, M. de Marolles est l'un des chefs du soulèvement. Les gendarmes, le 11 mars 1796 (21 Ventôse An IV) se sont transportés... au Rabry, commune d'Heugnes, maison de la Vieille-Marolle et à la métairie d'Heugnes, appartenant au citoyen Beauvilliers, pour y faire la recherche et arrestation du curé de Saint-Flovier, dans lesquels endroits sus énoncés n'y avons trouvé aucun citoyen suspect. Cela ne plaît pas aux habitants de la paroisse. Une vingtaine de jeunes paysans principalement d'Heugnes attaquent une douzaine de gendarmes à Pellevoisin, retranchés dans le cabaret de la veuve Sarrazin. Ceux-ci doivent fuir sans leurs chevaux à Buzançais. Deux d'entre eux sont blessés, et quatre autres sont faits prisonniers. Après cette victoire les jeunes paysans d'Heugnes avec d'autres insurgés libèrent Palluau, où l'enthousiasme est général, passent à Villegouin et prennent Ecueillé.

Le 15 mars 1796, les royalistes d'Heugnes et des autres villages, environ 800, paysans, journaliers et artisans ruraux, encadrés par quelques nobles, sont décimés en voulant prendre Buzançais. Les insurgés doivent se cacher. Des prisonniers sont fusillés à Buzançais. Mais aucun n'est d'Heugnes. Par contre, le citoyen Robin, du château de Miseray, est contraint de ravitailler en armes et en vivres les derniers rebelles. L'un des chefs de l'insurrection encore en vie se contente d'une mèche de cheveux de la demoiselle du logis[18].

[modifier] XIXe siècle et XXe siècle

Au XIXe siècle, l'église Saint-Martin est reconstruite dans le style néo-roman. Le village compte en 1891, 985 habitants. Et à cette époque le village est relié à la ville du Blanc (Indre) et à Valençay par une liaison ferroviaire et une gare. C'est une période heureuse : les Rohant-Chabot Maison de Chabot, descendants des Buzançais, lèguent 670 hectares à la commune. Mais cela ne va pas durer !

La ferme de la Pyramide devient une base aérienne allemande. Le château de Fontenay est un haut lieu de la résistance locale au cours de la guerre 39-45. En 1944, à côté de la ferme de la Butte, des patriotes sont assassinés par des nazis, qui ravagent au même moment le petit chef-lieu de canton, Écueillé.

Après la guerre le village connaît un fort exode rural. Il passe de 919 habitants à 642, puis à 441 habitants. Actuellement ce déclin démographique semble stoppé. Espérons que le village sache conserver son caractère bucolique qui attire les habitants des villes.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Jacques Gras, Le bassin de Paris méridional- étude morphologique p. 327
  2. L'Indre, Le Bas-Berry de la préhistoire à nos jours, p. 44.
  3. Pêcherat (D.)- Le site gallo-romain des Sablons à Pellevoisin (Indre). BGHAB, 15, 1983 & Tournaire (J.)- Une panne de marteau de forgeron gallo-romain découverte à Pellevoisin (Indre). BGHAB, 15, 1983
  4. Chalmel Jean Louis, Histoire de Touraine, depuis la conquête des Gaules par les Romains, jusqu'à l'année 1790..., p. 41.
  5. Riley-Smith Jonathan, Luscombe David Edward , The New Cambridge Medieval History, p. 358.
  6. Gallia Christiana, t. II, Instrumenta, n° 61.
  7. Constable Giles, Three Studies in Medieval Religious and Social Thought, p. 73.
  8. A.D. 36-H 334
  9. Châteauroux Académie du Centre, Bulletin, p. 210 & 215.
  10. Desplaces Jean-Louis, Le florilège de l'eau en Berry, p. 42.
  11. Désigné dans certaines chartes aussi sous le nom de Saint-Mars
  12. Œuvres choisies de d'Aguesseau, chancelier de France. Tome 4.
  13. Desplaces Jean-Louis, Le florilège de l'eau en Berry, p. 43.
  14. François-Alexandre de La Chenaye-Aubert, Dictionnaire de la Noblesse.
  15. Dictionnaire des anciennes familles du Berry.
  16. voir : Saint-Cyr (film)
  17. Klimrath Henri, Warnkönig Leopold August, Travaux sur l'histoire du droit français,- Recueillis, mis en ordre et précédés d'une... p. 204.
  18. Veillat Just, La Vendée de Palluau, souvenir de l'An IV en Berri

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 Bernard Garnier
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
480 562 466 423 399 436
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

Le village a la chance d'avoir une auberge qui permet de découvrir les spécialités gastronomiques de la région et ses vins.

L'église Saint-Martin a 3 nefs, une abside et 2 absidioles. Elle possède trois objets classés au patrimoine, une statue de Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle, un tableau représentant la charité Saint Martin et le Pauvre, peinture à l'huile sur toile du XIXe siècle et une cloche en bronze de 1830.

Cette ligne est de nos jours supprimée, mais une association la fait revivre par un petit train touristique. C'est l'une des dernières lignes à voie métrique de France. Site internet de la S.A.B.A

Les bois de Miseray, de la Grande Vente, de Champ-d'Oiseau, en partie communaux.

Les ruines de l'abbaye de Miseray et plusieurs châteaux, dont La Vente, Miseray et celui du Rabry, qui ne se visitent pas.

À la Butte-Montbel, beau panorama sur le nord du Berry.

[modifier] Personnalités liées à la commune

  • les Maussabré, seigneurs d'Heugnes, cette famille compte de nombreux militaires qui se sont distingués sur tous les champs de bataille
  • les Marolles, seigneurs du Rabry, officiers, gentilshommes ordinaires de la chambre du roi, de la vénerie et de la fauconnerie du roi, et qui servent aux armées.
  • la commune a hérité de 670 hectares de terres des Rohan-Chabot.
  • Michel Denisot, journaliste, possède une maison dans cette commune

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes