Guillemins (Liège)

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Les Guillemins est un quartier de Liège, en Belgique.

Sommaire

[modifier] Les origines du quartier

Au XIIIe siècle, Gérard de Bierset, chantre de Saint-Lambert, possède, à l’emplacement de l’actuelle place des Guillemins, un manoir entouré d’eau, au milieu de bois, de prairies et de champs cultivés. Le château est aussi appelée « Maison de la Motte », car il est établi sur un tertre.

Dans sa propriété, Gérard de Bierset fait construire un asile pour prêtres âgés. En 1287, des Guillemites, religieux de l’ordre de saint Guillaume, s’y installent ; la demeure devient un couvent qui donnera son nom au quartier : les Guillemins.

[modifier] Quelques étapes de l'histoire de ce couvent

En 1568, les troupes de Guillaume d'Orange-Nassau passent par Liège, où elles comptent traverser la Meuse pour fuir l'armée du duc d'Albe traquant les calvinistes. Elles pillent le couvent des Guillemites (tout comme d'ailleurs l'abbaye de Saint-Laurent).

Dans la première moitié du XVIIe siècle, la principauté de Liège est marquée par l'opposition entre Chiroux (les partisans du pouvoir en place) et Grignoux (les adeptes d'un régime plus libéral). En 1649, le prince-évêque Ferdinand de Bavière mate l'insurrection populaire ; des Liégeois pourchassés se réfugient dans le couvent entouré de fossés, qu'alimentent en eau les ruisseaux descendant de Cointe.

Au début du XVIIIe siècle, le couvent des Guillemites et sa trentaine de moines connaissent la prospérité. Mais dès 1770, la discipline monastique se relâche, les bâtiments se dégradent, les dettes s'accumulent au point que l'argenterie est mise au Mont de Piété.

Une dizaine d'années plus tard, le monastère fait place à un pensionnat où l'on enseigne « les langues allemande, française, latine, ainsi que tout ce qui a rapport à la meilleure éducation, comme la musique, les armes, la danse, l'équitation, le dessin » (Gazette de Liége de l'époque).

En 1795, quand l'ex-principauté de Liège est intégrée à la France, ces anciens bâtiments religieux sont confisqués et vendus ; ils seront détruits au milieu du XIXe siècle au fur et à mesure des travaux d'aménagement, à cet endroit, d'une gare de chemin de fer.

[modifier] Les débuts du chemin de fer

Au milieu du XIXe siècle, le quartier s'urbanise à la suite du développement des chemins de fer.

Dès 1838, une voie ferrée relie Bruxelles à Ans, mais les trains ne peuvent accéder à la cuvette liégeoise à cause de la trop forte déclivité. C'est grâce au plan incliné imaginé par l'ingénieur Henri Maus que le problème est résolu et qu'une première gare est construite en 1842 dans le quartier. Pour descendre, il faut faire confiance aux freins du convoi ; pour remonter, c'est tout un système de treuil et de câbles qui est sollicité, exemple unique à l'époque.

Icône de détail Article détaillé : Gare de Liège-Guillemins.
Le quartier des Guillemins en 1845.
Le quartier des Guillemins en 1845.
La place de la gare
vers 1855-60
en 2006

[modifier] La rue des Guillemins

Dès la création de la gare en 1842, il s'avère indispensable qu'une rue la relie à l'Avroy en pleine expansion. L'« Avreû » (du latin arboretum, « lieu planté d'arbres ») est un ancien bras de la Meuse remblayé et converti en promenade menant au centre-ville. Il s'agit de l'actuel boulevard où se tient la foire d'octobre.

Au début, cette rue menant à la gare s'appelle tout à fait logiquement rue de la station ; elle ne deviendra la rue des Guillemins qu'en 1863. En 1864, elle est bordée de deux rangées d'arbres, mais ceux-ci seront abattus en 1881 pour entrave à la circulation. Il est vrai que des tramways y circulent depuis 1871.

La rue des Guillemins vue de la gare
tout début du XXe siècle
en janvier 2006


La rue des Guillemins vue du boulevard d'Avroy
tout début du XXe siècle
en août 2004


La rue des Guillemins : le tronçon le plus proche de la gare
vers 1915
en novembre 2005

[modifier] La place des Guillemins

De 1842 à 1899, l'espace devant les bâtiments ferroviaires s'est appelé place de la Gare.

La place de la Gare à la fin du XIXe siècle
La place des Guillemins en octobre 2004

C'est l'actuelle place Joseph de Bronckart qui a d'abord porté le nom de place des Guillemins, avant d'être rebaptisée du nom de ce politicien liégeois ayant œuvré pour le développement de l'enseignement primaire.

La place de Bronckart en janvier 2006
avec la rue Dartois menant à la rue des Guillemins
avec la rue Simonon venant de la rue du plan incliné

Le fait que la place de Bronckart s'est primitivement appelée place des Guillemins est certainement dû, à nouveau, à l'ancien couvent des Guillemites, qui s'étendait jusqu'à cet endroit.

Lors du chantier de construction, un terrassier n'y a-t-il pas découvert, en 1877, une bourse contenant des pièces de monnaie datant du XVe siècle, à l'emplacement présumé d'une maison occupée jadis par les moines ?

[modifier] La rue du Plan Incliné

Il s'agit de la rue qui relie la gare à la bretelle autoroutière A602.

Cette rue est ainsi dénommée, bien entendu, parce qu'elle mène au plan incliné conçu en 1842 par l'ingénieur Henri Maus.

La place des Guillemins en janvier 2006
La rue du Plan Incliné vue de la place des Guillemins en novembre 2005
Au bout de la rue : la plan incliné ferroviaire surmonté de la bretelle d'autoroute A602


Les rails menant de la gare au plan incliné vers Ans, surmontés de l'autoroute conduisant au tunnel sous Cointe
Un TGV Thalys descendant le plan incliné vers les Guillemins, janvier 2006

[modifier] L'aménagement futur du quartier

L'apparence du quartier se modifie bien sûr au fur et à mesure qu'évolue le chantier TGV.

Rue du Plan Incliné, un important parking a été construit (à droite sur la première photo ci-dessous), et de nombreux immeubles sont en voie de réfection. Il est urgent d'améliorer l'aspect que présente l'accès à la gare en venant de l'autoroute.

Le nouveau parking SNCB de la rue de Plan Incliné en avril 2004
La rue du Plan Incliné comme on la découvre en venant de l'autoroute
La rue Varin en novembre 2005
La rue Varin en novembre 2005

De l'autre côté de la gare, en direction de Fragnée, la rue Varin a été en partie rasée, et le reste est d'accès moins facile. Un coup dur pour cette rue traditionnellement vouée à la prostitution, où subsistent quelques « commerces spécialisés » en dépit des perturbations occasionnées par les travaux TGV.

Mais c'est du côté « Paradis » que le paysage subit les plus profondes modifications.

La rue Paradis relie l'avenue Blonden à la place des Guillemins. Elle tient son nom d'une ancienne chapelle, dite du « Paradis », sise au coin du quai et de la rue de Fragnée. Cette chapelle a été démolie en 1881 après la construction de l'église Sainte-Marie des Anges de la place des Franchises (1874). Elle avait été ainsi surnommée, non pas pour une raison religieuse, mais parce que le lieu, auparavant, était nommé le « Paradis Terrestre » en raison d'une maison close. De nos jours, l'appellation évoque le siège de l'administration des contributions.

La rue Paradis en avril 2005. Tout un côté démoli. Au fond : l'immeuble des Contributions.
La rue Paradis dans l'autre sens. Dans le fond : les armatures de la future gare TGV.
La rue Jonckeu en avril 2005
La rue Jonckeu en avril 2005

La rue Jonckeu, quelques mètres de voirie dans un quartier délabré, avec une impasse du même nom de l'autre côté de la rue Paradis. C'est tout ce qui reste du Grand Jonckeu (bas-latin signifiant « planté de joncs »), artère très importante de l'ancienne cité de Liège, qui allait de la rue Grandgagnage à Fragnée en passant par l'actuelle rue Louvrex.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Source de cet article

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[modifier] Article connexe

[modifier] Lien externe