Eyvind Johnson

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Eyvind Johnson (29 juillet 190025 août 1976) est un écrivain suédois. Membre de l'Académie suédoise dès 1957, il a reçu le prix Nobel de littérature en 1974, partagé avec Harry Martinson ce qui fit l'objet d'une controverse dans la mesure où il était, comme son compère, membre du jury pour l'attribution du prix et qu'étaient pressentis cette année-là comme probables lauréats Vladimir Nabokov, Saul Bellow et Graham Greene.

[modifier] Biographie

Né à Svarbjörnsbyn, près de Boden, dans une famille modeste (son père, ancien ouvrier, possédait une petite ferme), Eyvind Johnson commence à travailler à quatorze ans , faisant toutes sortes de petits métiers. Au lendemain de la guerre, il connaît le chômage et la misère qui l'initient au syndicalisme et au militantisme socialiste. Toute sa vie durant, il y sera fidèle.

De 1921 à 1923, il s'établit à Berlin puis à Paris où il vit de maigres honoraires tirés de deux journaux socialistes. En 1924, il publie un premier recueil de nouvelles: Les Quatre Etrangers puis un roman aux accents anti-capitalistes : Timans et la justice en 1925. Cette même année, il retourne en France faire un autre long séjour.

Il y écrit les romans Ville des ténèbres en 1927 qui évoque son lieu de naissance et Lettres recommandées en 1928 dont l'intrigue se déroule justement à Paris. De la période française, on décèle les influences de Marcel Proust et d'André Gide. Commentaires sur la chute d'une étoile (1929) trahit, lui, plus un penchant pour James Joyce et son concept de "monologue intérieur".

L'œuvre de Johnson, tentée par l'expérimentation structurelle et formelle, a toujours voulu mêler la dénonciation des avanies et injustices sociales du temps à une inébranlable confiance dans le progrès et le renouvellement de l'âme humaine, optimisme impulsé par ses convictions d'homme de gauche. Ses ouvrages, ses réflexions et raisonnements ont fait de lui une permanente conscience en éveil devant les évènements de son époque. Le Bobinack par exemple, en 1932, tente de concilier la critique sociale d'inspiration utopique et marxiste, puis la foi en une introspection bénéfique et une renaissance salvatrice des forces primitives de l'Homme: idéaux teintés de freudisme et largement inspirés de Sherwood Anderson. Avec Le Roman d'Olof publié en un volume en 1945, l'auteur, après deux recueils de nouvelles, se consacre à un genre plus autobiographique.

Très engagé, il prend parti contre les dictatures, toutes les formes d'oppression politique et soutient les revendications indépendantistes de la Finlande. Par le biais de sa trilogie romanesque Krilon (1941-1943), il critique ouvertement la politique de "neutralité" suédoise durant la Seconde Guerre mondiale. Audacieux et touche-à-tout, l'auteur écrit Heureux Ulysse en 1946 qui parodie dans une langue irrévérencieuse le poème d'Homère.

Récit romantique (1953) et La Marche du temps (1955) esquissent une nouvelle série de récits autobiographiques. Avec De roses et de feu, Johnson tisse une trame narrative historique à laquelle il trouve des correspondances avec l'époque contemporaine. Le roman, qui traite du "retour du guerrier" (autre thème homérique), fait écho à l'après-guerre et aux méthodes communistes sous le truchement de procès en sorcellerie au XVIIe siècle. Toute la verve ironique et truculente de l'écrivain éclate cependant dans sa description de la tyrannie dans l'Europe de Charlemagne avec Le Temps de Sa Grâce (1960).

En 1973, l'auteur mêle, dans Quelques pas vers le silence, le présent et plusieurs passés dont il tire une réflexion sur les temps actuels et la violence qui en découle.

Devenu un artiste populaire pour son engagement et son humanisme, il avait été élu à l'Académie suédoise en 1957, au siège N°11 laissé vacant par Nils Ahnlund. En 1974, il reçoit finalement, en compagnie d'Harry Martinson, le prix Nobel de littérature pour son œuvre qui a su exprimer de nouvelles aspirations à la liberté et faire communiquer les paysages, les cultures et les temps historiques[1]. La récompense divise néanmoins l'opinion et excède l'intelligentsia suédoise qui lui reproche son idéologie prolétarienne.

Il meurt deux ans plus tard à Stockholm

En suédois, il a notamment traduit les ouvrages de Gustave Flaubert, Anatole France, Albert Camus et Jean-Paul Sartre.

[modifier] Œuvres

  • 1924 : Les Quatre Étrangers (De fyra främlinguarna), nouvelles
  • 1925 : Timans et la justice (Timans och rättfärdigheten), roman
  • 1927 : Ville des ténèbres, roman
  • 1928 : La Lettre recommandée, roman
  • 1929 : Commentaires sur la chute d'une étoile (Kommentar till ett stjärnfall), roman
  • 1932 : Bobinack, roman
  • 1941 : Krilon, roman 1er volet
  • 1942 : Krilon, roman 2nd volet
  • 1943 : Krilon, roman 3ème volet
  • 1945 : Le Roman d'Olof, série de récits autobiographiques
  • 1946 : Heureux Ulysse, roman
  • 1949 : De roses et de feu, roman
  • 1953 : Récit romantique (Romantisk berättelse), récit autobiographique
  • 1955 : La Marche du temps (Tidens gang), récit autobiographique
  • 1960 : Le Temps de Sa Grâce (Hans Nades tid), roman
  • 1973 : Quelques pas vers le silence (Nagra steg mot tystnaden), roman

[modifier] Note et référence

Cet article est largement inspiré du Dictionnaire des auteurs (éditions Larousse, 1995): commentaire de Carl Gust Bjurström.

  1. Synthèse issue d'une traduction de l'anglais: "for a narrative art, farseeing in lands and ages, in the service of freedom." (source: [1])


Précédé de :
Patrick White
Prix Nobel de littérature
1974
Suivi de :
Eugenio Montale