Esperluette
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L’esperluette, également appelée « perluette », « perluète », « esperluète » ou « et commercial », est le logogramme &. Elle correspond à la conjonction et et a le même sens que celle-ci.
Son inventeur serait Tiron, également auteur de la première méthode de sténographie décrite, les notes tironiennes.
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[modifier] Utilisation historique
L’esperluette résulte de la ligature du e et du t. À l’origine, cette graphie ligaturée était plus ou moins systématiquement utilisée par les copistes médiévaux, qui utilisaient de nombreuses autres abréviations. En l’occurrence, on trouve l’esperluette fréquemment employée pour les termes et etc. (&c.). Alors que le plus souvent, dans les manuscrits européens, seuls ces deux termes étaient abrégés en &, les scribes anglais s’en servaient aussi pour n’importe quelle séquence -et- : deberet pouvait être écrit deber&. On trouve cependant aussi de telles graphies sur le Continent : fazet, dans les Serments de Strasbourg est écrit faz&..
[modifier] Origine
L’esperluette était déjà utilisée par les scribes romains.
Il semble que l’esperluette ait été considérée comme la 27e lettre de l’alphabet jusqu’au XIXe siècle. Selon le Trésor de la langue française, le &, dernière lettre de l’alphabet, était appelé ète ; or, à l’école élémentaire, on apprenait aux enfants à réciter l’alphabet en ajoutant après « Z » les mots latins « et, per se, et » (« et, en soi, 'et' ») prononcés « ète-per se-ète » , sorte de rime ludique et chantante qui aidait la mémoire. L’usage fit que l’on appela finalement le caractère « & » perluète ou esperluette. Une étymologie provençale est aussi évoquée es-per-lou-et, en français c’est pour le « et », indiquant clairement que le caractère & veut dire « et ». Il faut noter que l’étymologie du mot anglais ampersand est très similaire (« and, per se, and »).
Une autre hypothèse a été formulée : esperluette viendrait de « espère lue et » (On espère qu’elle soit lue « et »), mais qui semble contredite par l’étymologie anglaise du signe « & » (Cf. ci-dessus).
Pour l’étymologie française, on peut aussi imaginer un mélange de ces deux hypothèses (« et, per se, lu et » - et en soi, lu : et).
Le Robert historique de la langue française, dans son édition de 1992, a carrément deux articles (« Esperluette » dans les E et « Perluète ou Esperluette, Esperluète » dans les P) qui se contredisent :
- le second évoque bien la création enfantine décrite ci-dessus (ainsi que l’influence de « épeler » et de « pirouette »),
- mais le premier fait venir esperluette du latin perna, « jambe, cuisse, jambonneau, » par l’intermédiaire de pernula (qui a donné « perle, perlette ») avec influence de sphaerula, « petite sphère ». Le nom du signe viendrait donc de sa forme et non de son sens.
[modifier] Utilisation contemporaine
Il s’agit d’un des rares caractères à avoir le même sens dans de nombreuses langues.
Actuellement, en français, l’esperluette est très peu utilisée, et même rejetée dans la langue littéraire. Son utilisation est essentiellement circonscrite à la langue commerciale, plus spécifiquement publicitaire. Cela explique que l’esperluette soit parfois appelée « et commercial ». Elle semble en revanche plus courante en anglais (sous le nom d’ampersand) et peut-être dans certaines variétés dialectales africaines du français.
[modifier] Utilisation en informatique
Dans les langages de programmation avec une syntaxe inspirée de C, C et C++, « & » est aussi un opérateur unaire qui renvoie l’adresse mémoire d’une variable lorsqu’il précède cette variable, et un opérateur binaire de « et » bit-à-bit entre deux valeurs. Dans les applications de SGML et XML, par exemple HTML et XHTML, l’esperluette est un caractère d’échappement, qui peut être représenté avec l’échappement, ou entité de caractère, « &
». Sous un système UNIX, placé en fin de ligne d’un interpréteur de commandes, il indique que l’on souhaite exécuter un programme en arrière-plan.
[modifier] Liens externes
- Nœuds & esperluettes : actualités et pérennité d’un signe Gérard BLANCHARD, Cahier GUTenberg #22 (pp. 43-59)