Doctrines de l'Église catholique sur la sexualité

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Au cours de son histoire, L'Église catholique a développé une doctrine en matière de sexualité puisée pour l'essentiel dans le travail de réflexion sur la morale d'Augustin d'Hippone, refletées dans l'encyclique De casti connubi. Depuis 1992, cette doctrine est résumée dans le Catéchisme de l'Église catholique.

Pour l'Église catholique la sexualité, et le plaisir sexuel sont des aspects de l'amour conjugal, un moyen de parfaire l'union corporelle et spirituelle entre homme et femme. Pour respecter le plan divin et la dignité humaine, la sexualité doit être un don total dans le cadre indissoluble du sacrement du mariage, et doit rester ouverte à la procréation.

L'Église catholique rejette donc en particulier la sexualité hors-mariage (CEC §2353), la contraception par des méthodes artificielles (CEC §2370) et les rapports homosexuels (CEC §2357).

Sommaire

[modifier] Doctrine officielle contemporaine

Dans la doctrine officielle de l'Église catholique[1], la sexualité au sein du mariage est un moyen de parfaire l'unité entre les époux, moyen auquel contribue directement le plaisir sexuel.

Pour l'Église catholique la sexualité et le plaisir sexuel, qui sont des dons de Dieu, sont par conséquent positifs  : La sexualité n'est cependant positive que si elle est accomplie d'une manière conforme à la raison pour laquelle elle a été créée , c'est à dire la reproduction . Elle peut aussi conduire l'homme à s'asservir lui-même, quand il la recherche pour des fins égoïstes. Pour y échapper , la relation sexuelle doit être vécue comme un don total de soi même: pour atteindre la vérité de cette relation, l'être humain ne doit pas se « prêter » à un échange sexuel, mais se « donner » entièrement dans un tel échange. De ce fait, elle considère que la communion de deux corps ne faisant plus qu’un ne peut pas se vivre sans un engagement de vie commune - de même qu'un don ne peut pas être repris.

[modifier] La théologie du corps développée par Jean-Paul II

Sur ce sujet, Jean-Paul II a développé un enseignement sur la vision catholique de la sexualité au cours de plus d'une centaine d'audiences hebdomadaires entre 1979 et 1984. Il a développé une théologie du corps. George Weigel – un auteur américain qui a écrit une biographie du pape – a qualifié cette théologie du corps de « bombe à retardement théologique » qui « sera probablement regardée comme un tournant, non seulement dans la théologie catholique, mais aussi dans l'histoire de la pensée moderne ».[2] Depuis, de nombreux auteurs ont tâché d'analyser et de développer la pensée de Jean-Paul II sur la sexualité (cf bibliographie).

L'Église reconnaît que les personnes mariées ont droit au plaisir sexuel[3], mais insiste également sur le lien à la fécondité : « L'homme et la femme sont faits l'un pour l'autre afin que l'humanité continue à vivre (Benoît XVI) »[4]

[modifier] Lien entre spiritualité et sexualité

Pourquoi l'Église fait-elle un lien entre sexualité et mariage? Il n'est pas nécessaire de se marier pour avoir une activité sexuelle riche ; de fait, c'est plutôt considéré comme un handicap pour ceux qui choisissent l'amour libre. Aucune philosophie ne condamne directement les situations où deux adultes consentants décident de pratiquer ensemble une activité sexuelle : sans préjuger d'un quelconque engagement entre partenaires, on peut choisir de "se prêter" à des activités sexuelles de toute nature et en tirer un plaisir sexuel éventuellement partagé.[5] Quand une telle approche de la sexualité est critiquée par le catholicisme, c'est par rapport à des considérations d'éthique en liaison avec une approche morale catholique. Pour un catholique, le sens prioritaire de la vie est de se rapprocher constamment de Dieu, et tout ce qui éloigne de Dieu est (par définition) un péché. Dans ce contexte, le problème pour un catholique est de savoir quel est le but qu'il poursuit réellement, sa priorité à la fois par rapport à lui-même, et dans sa relation à son partenaire.

Dans le domaine de la vie sexuelle, le constat est double: d'un côté, l'homme et la femme sont des êtres sexués, pour lesquels une activité sexuelle est a priori une bonne chose; d'un autre côté l'expérience montre[6] qu'une pratique non maîtrisée ou non disciplinée de la sexualité[7][réf. nécessaire] peut conduire à des impasses morales[réf. nécessaire], et à des blessures psychologiques[réf. nécessaire]. Ces situations d'échec, dans une vision catholique, sont la manifestation de ce qu'on s'éloigne du plan de Dieu.

Pour l'Église catholique, une forme de vie sexuelle « libre », même si elle est compatible avec la nature biologique de l'homme, est jugée dangereuse parce qu'elle n'intègre pas de manière satisfaisante la dimension sociale de l'Homme (dans sa relation à l'autre) ni sa dimension spirituelle (dans sa relation à Dieu). Si une relation à deux se fonde sur une sexualité abordée de manière purement biologique (en quelque sorte, "comme des bêtes"), le partenaire se trouve de fait réduit à un objet sexuel,[8] ce qui n'est pas admissible pour quelqu'un qui se considère comme le "temple de l'esprit-saint"[9] et qui veut reconnaître dans l'autre "l'image de Dieu"[10], ce qui est l'approche normalement revendiquée par un chrétien catholique. Une forme "libre" de sexualité -de fait- ne permet pas de se rapprocher de Dieu (on n'a jamais vu un saint pratiquant l'amour libre),[11] donc est finalement à éviter pour rester cohérent avec sa foi.

Pour rester cohérent avec sa vie spirituelle, le chrétien catholique est donc conduit à rattacher sa vie sexuelle à sa vie spirituelle, en conservant la première place à la spiritualité. La raison d'être du mariage religieux catholique est de permettre au fidèle de faire à la fois "l'ange et la bête", pour reprendre le mot de Pascal.[12] Vivre en cohérence avec la foi catholique implique avant tout que la relation sexuelle s'inscrive dans une relation qui respecte l'autre, en tant qu'être spirituel, et qui ne risque pas de le rabaisser à l'état d'objet.[13]

La solution retenue par la spiritualité catholique est de "se donner" dans le mariage: on accepte d'être soi-même objet donné, pour ne pas transformer l'autre en objet. Dans le mariage, l'activité sexuelle n'est pas prise pour elle même, mais est mise au service d'un but spirituel (créer un centre d'amour mutuel, contribuer au bien mutuel des époux, fonder une famille,...) qui en devient la valeur première. La théologie du mariage s'appuie bien entendu sur des références bibliques, mais le nœud du problème est que le mariage catholique est un don mutuel permanent, essentiellement parce que toute autre solution conduit fatalement à "chosifier" le partenaire. Mais cette logique du don ne peut fonctionner que s'il est réciproque, et aussi -parce que c'est un don- s'il est permanent.[14] Sinon, il n'est pas authentique.

l’amour, qui devient alors une véritable découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant. L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé : il devient renoncement, il est prêt au sacrifice, il le recherche même. (Benoît XVI - Deus Caritas est, §6)

[modifier] Sexualité et Chasteté

La chasteté est souvent confondue avec l'abstinence de relation sexuelle. En réalité, dans l'approche catholique, la chasteté consiste à vivre sa sexualité d'une manière conforme à son état: les relations sexuelles dans un couple sont "chastes" quand elles traduisent une relation authentique de ce couple.

« La chasteté signifie l'intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là, l'unité intérieure de l'homme, dans son être corporel et sirituel » (Catéchisme de l'Église catholique, §2337) « La vertu de la chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, qui vise à imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine » (ibid., §2341)

[modifier] Sexualité et procréation

[modifier] Égalité dans le mariage

L'homme et la femme sont égaux par rapport à l’exigence du don de soi qui traverse toute la vie conjugale. L’origine de cette notion de devoir conjugal (une dette) se trouve chez saint Paul : « Que le mari rende à la femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même avec son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme »[15]. Thomas d'Aquin est fidèle à cet enseignement : il faut que l’homme rende son dû à sa femme et celle-ci son dû à son mari « parce qu’à cet égard ils doivent être jugés égaux ». Par le don réciproque, chacun des époux a renoncé à la propriété de son propre corps, ce qui permet à saint Thomas de réputer invalide tout vœu de chasteté qui serait prononcé postérieurement au mariage : « nul ne peut faire à Dieu le don de ce qui ne lui appartient pas ; or après la consommation du mariage, le corps du mari appartient à la femme ; il ne peut donc être offert à Dieu par vœu de continence – du moins sans l’autorisation de l’épouse ».

L’égalité de la femme et de l’homme s’inscrit originellement dans le cadre de l’égalité de tous les hommes. « il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ »[16]

[modifier] Historique

[modifier] Chronologie

  • ~54-55 Première épître de Paul aux Corinthiens.
  • Clément d'Alexandrie (150-215) - Le pédagogue, Les Stromates
  • 305-306 Concile d'Elvire (actuelle Grenade) - les clercs doivent renoncer à la procréation, mais pas au mariage : "Tous les évêques, prêtres, diacres et tous les clercs qui ont une fonction liturgiques doivent s'abstenir de leurs épouses et ne pas engendrer d'enfants"
  • 413-426 La cité de Dieu d'Augustin d'Hippone
  • 1120 Concile de Naplouse : codification du péché de chair
  • 1123 Ier concile du Latran : interdiction du mariage et du concubinage de prêtres
  • 1880 : Arcanum divinae : Sur le mariage chrétien et la famille.
  • 1930 : Casti Connubii : La première position moderne de l'église catholique sur le mariage.
  • 1968 : Humanae Vitae : Très célèbre encyclique sur le mariage et la régulation des naissances, à l'époque de la révolution sexuelle, qui condamne notamment la contraception en tant que moyen de régulation des naissances. Cette encyclique, posée à l'explosion de la révolution sexuelle, sera (et est encore) à l'origine de nombreuses polémiques et critiques. Danièle Hervieu-Léger expose comment elle est le signal d'une désaffection du catholicisme y compris dans son vivier traditionnel : la ruralité. La publication de l'encyclique conduit un grand nombre de catholiques abandonner l'Eglise, parfois pour passer au protestantisme mais le plus souvent pour alimenter les courants libéraux des catholiques réformateurs [17]
  • 1981 : Familiaris Consortio (exhortation apostilique) : sur la famille chrétienne dans le monde moderne ((en) en:Familiaris Consortio).
  • 1995 : Evangelium vitæ : Aborde notamment le thème de l'avortement.
  • 2005 : Deus Caritas Est sur l'amour, la passion, la charité...

[modifier] Introduction

L'influence de l'église catholique a souvent été critiquée pour être à l'origine d'aspects qui ont marqués la morale sexuelle occidentale : [18] : l'assimilation de la sexualité au mal et au péché, la misogynie et l'assujettissement des femmes, l'exaltation de la continence sexuelle et la condamnation de l'homosexualité. Mais si l'église catholique a accueilli ou accompagné ces attitudes, à des degrés divers, en particulier pendant le raidissement puritain de la société occidentale, qui va du XVIIe siècle à la première moitié du XXe siècle, en culminant au XIXe siècle, elle n'en est en fait pas à l'origine[réf. nécessaire]. Et « il faut se garder se schématiser et de ramener la doctrine chrétienne » des rapports conjugaux à la finalité procréatrice et à l'exclusion des plaisirs. En fait la doctrine sera complexe, sujette à discussion, et elle connaîtra de nombreuses variantes.  »[19]

[modifier] Antiquité

L'opposition est souvent faite par rapport à une antiquité gréco-romaine païenne idéalisée[non neutre], qui aurait connu une sexualité libre et déculpabilisée[20]. En fait sur tous ces points le monde antique a connu des interdits moraux divers et variables selon les époques.[21]. Pendant les premiers siècles de son développement, la doctrine chrétienne sur la sexualité subira une triple influence [22]. Celle des philosophies stoïcienne puis néoplatonicienne, qui se méfient de l'emprise du désir et du plaisir sur la volonté humaine, et qui entraineront pour part un raidissement moral au sein de l'empire romain à partir du IIIe siècle [23].Celle d'un durcissement puritain et antiféministe du judaïsme rabbinique[réf. nécessaire]. Et enfin celle de la gnose orientale[non neutre].

Le christianisme des premiers siècles marque cependant une forte inflexion par rapport au stoïcisme et au judaïsme dans le sens d'un renoncement à la "chair" (assimilée au péché), tendance qui ne sera pas unanime et sera toujours débattu au sein même du mouvement chrétien.[24] Un fort courant va prôner la continence, inspiré à la fois par la caractère apocalyptique (ou eschatologie) du message chrétien (l'arrivée du royaume de Dieu étant imminent) et le souci de marquer la différence avec les interdits sexuels codifiés du judaïsme[25], interdits qui seront d'ailleurs souvent surévalués par les commentateurs chrétiens[26]. Cet ascétisme (ou encratisme), marquera également la secte juive puritaine des Esséniens, et le manichéisme. Dans le christianisme ce courant sera représenté par les Pères de l'église Tertullien (auteur d'une exhortation à la chasteté[27]), Tatien, Jérôme, Origène , Grégoire de Nysse, et culminera au IVe siècle avec les pères du désert précurseurs du monachisme. Ce mouvement conduira jusqu'à des castrations volontaires (le cas le plus célèbre étant Origène vers 206) qui seront suffisamment nombreuses pour que Hadrien (empereur de 117 à 138) les punissent de mort. [28] Cette survalorisation de la virginité coïncide avec le développement de la mariologie [29]

Mais Clément d'Alexandrie qui inspiré par le stoïcisme, associe pourtant déjà la sexualité et le mal, condamne l'homosexualité et exalte la continence [30], promeut une sexualité monogame et procréatrice, mais sans dénigrement du corps et du plaisir. [31] Ce sera également le cas de Jean Chrysostome défenseur du mariage, de l'amour conjugal et de la famille. D'une façon générale les évêques seront plus proches de cette position que les théologiens tenants de l'ascétisme [32].

Les premières lois d'interdiction de l'homosexualité par des souverains chrétiens ne sont pas prises sous l'influence des ecclésiastiques que ce soit par l'empereur byzantin Justinien en 533 (les seules personnalités sanctionnées étant d'ailleurs des évêques), ou par le roi des Wisigoths d'Espagne en 650 (qui prévoit la castration) [33].

[modifier] Augustin d'Hippone

Augustin d'Hippone a eu une influence capitale sur la doctrine catholique en matière de sexualité. L'essentiel de sa doctrine est résumée dans La cité de Dieu et divers traités : de la concupiscence, de la sainte virginité, de l'excellence du veuvage, du bon mariage, des mariages adultérins. Les femmes sont impures par nature comme le montre la citation ci-dessous.

[modifier] La concupiscence

Pour Augustin, l'idée de chute et de péché originel est fondamentale. Ce n'est pas la sexualité ou le plaisir sexuel, qui existaient au paradis terrestre, qui sont mauvais en soi. C'est leur emprise sur la volonté humaine.[réf. nécessaire]

A l'article Augustin dans La Grande Encyclopédie[34] (du XIXème siècle)

"L'acte de génération lui apparaît comme essentiellement impur ; il appelle, chez tous les hommes indistinctement "concupiscence" l'attraction qu'il amène et il fait de la concupiscence le mode d'infection de l'humanité tout entière, le principe fatal de la propagation du péché originel, qu'elle transmet à toute la postérité d'Adam. D'ailleurs, à toutes les époques de sa vie, il se sentit vulnérable de ce côté ; jamais, après son ordination, il ne parla à une femme, sinon en présence d'un ecclésiastique."


Pour Augustin, toute perception des sens put être à l'origine de la concupiscence. En témoigne ce passage d'un ouvrage inachevé contre Julien[35] sous forme de dialogue :

"Julien: le démon s'empare aussi des corps par la vue, par le toucher, par l'ouïe, par l'odorat, par le goût. Enfin, enlève la racine de cette souche maudite et tu pourras te voir toute spirituelle. La racine de tous les maux, dit l'Ecriture. C'est la concupiscence. Tu vois dans quel esprit et pourquoi Manès attaque la concupiscence de la chair lorsqu'il dit qu'elle est une loi du péché laquelle, si elle était enlevée aux corps, laisserait voir à sa fille à qui elle écrit qu'elle est toute spirituelle.
Augustin : Manès trouve désignées par les paroles de l'Apôtre deux substances, l'une bonne et l'autre mauvaise, non pas une substance bonne et l'autre, corruption de cette substance bonne, contractée par la génération et par suite du péché du premier homme, et dont le remède est dans la régénération par la justice du second homme. Voilà ce que la foi catholique vous oppose, à vous et aux Manichéens, comme un trait invincible qui vous abat les uns et les autres.
Julien : Tu vois que nous dévoilons le fond de la doctrine des Manichéens, sur lequel s'appuie votre foi. Mais Manès continue de nous accuser, nous les Catholiques. "Vois donc combien sont insensés ceux qui disent que ce corps a été créé par le Dieu bon, eux qui savent bien qu'il est le fruit de la concupiscence".
Augustin : Les Manichéens nous reprochent, à vous et à nous, de dire que le corps a été créé par un dieu bon : mais ils disent que l'esprit de concupiscence est une substance mauvaise, non pas un vice qui flétrit une substance bonne et qui excite la révolte de la chair contre l'esprit, opinion que nous soutenons pour les réfuter, que vous rejetez, vous, pour leur prêter secours. Car puisqu'ils démontrent malgré vous que la concupiscence qui excite la révolte de la chair contre l'esprit est un mal ; si ce mal n'est pas, comme vous le croyez, un vice qui flétrit une substance bonne, il sera une substance mauvaise, ce qui est l'opinion des Manichéens, opinion que vous défendez et qui est contraire à la foi catholique."

[modifier] Lutte contre les hérésies

On comprend que la question de la concupiscence n'est pas seulement une question d'éthique ("l'obsession de la sortie de la débauche" comme dit Alain Finkielkraut) mais aussi une question de politique interreligieuse. Augustin veut dégager les conceptions morales du christianisme du stoïcisme et du manichéisme. La continence sexuelle, qui semble un exploit, est construite comme une arme dans la lutte contre les hérésies quand elles promeuvent une sagesse morale du juste milieu.

Les dissidences chrétiennes qui mépriseront la procréation -- et de ce fait répugneront à la sexualité-- (Cathare, par exemple) se référeront toujours à leur vision d'un christianisme des origines qui sera, selon les cas, plus ou moins manichéen ou plus ou moins docète. Elles utiliseront l'arme forgée par Austin pour lutter contre le christianisme forgé par Augustin.[36]

[modifier] L'excellence du veuvage

Le mérite du veuvage est rehaussé par l'infériorité du mariage; mais pour être meilleur et digne de louange, il ne fait pas que le mariage ne soit pas bon. (De l'excellence du veuvage, cité dans l'ascétisme chrétien DDB 1949),

On comprend qu'Augustin a du mal à savoir sur quel pied danser. Il faut dire que l'époque n'est pas très drole : les historiens la décrivent comme celle des invasions barbares. Vers 400, les Vandales sont aux portes de Carthage. Augustin précise toutefois sa position et, plus avant dans le même ouvrage, l'on pourrait en faire un partisan de la contraception :

VIII. Quant à vous, vous avez des enfants, et vous vivez en cette fin du monde où il est temps, non plus de jeter des pierres, mais d'en amasser, non plus d'embrasser, mais de s'abstenir des embrassements (Eccl. III,5). C'est pourquoi l'Apôtre s'écrie : "Voici ce que je dis, frères, le temps se fait court ; il faut donc que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient pas" (I Corinthiens, VII, 29) (...) Car le désir d'avoir des enfants, mais dans l'ordre, en toute honnêteté conjugale et non pas par la promiscuité, à la manière des chiens, n'est pas chez l'homme un sentiment digne de blâme ; cependant, l'âme chrétienne, préoccupée des choses du ciel, trouve plus de mérite à le dominer et à le vaincre.

[modifier] Théorie du mariage

Au cours de ce traité, Augustin développe une théorie inégale du mariage, selon qu'on est homme ou femme. Il justifie la polygamie mais rejette l'idée même de polyandrie car le mariage est au service de la procréation et non du plaisir:

VII. La part des saintes femmes était bien différente en ces temps prophétiques. C'est l'obéissance, non la concupiscence qui les obligeait au mariage pour que se développât le peuple de Dieu, où devaient être envoyés les prophètes. (...). Pour aider à la propagation de ce peuple, la loi prescrivait de tenir pour maudit celui qui refusait de susciter une descendance en Israël (Deutéronome, XXV, 5-10). C'est pour quoi ces saintes femmes brûlaient non du désir charnel, mais du pieux espoir d'enfanter : ce qui porte à croire très justement qu'elles n'auraient pas recherché les rapports conjugaux si un autre moyen eût pu leur procurer une postérité (...). D'autre part, aux hommes était accordé l'usage de plusieurs épouses : que le souci de la descendance et non la concupiscence de la chair fût la cause de cette disposition, cela ressort du fait que, s'il était permis aux patriarches d'avoir plusieurs épouses à la fois, il était défendu par contre aux saintes femmes de rechercher plusieurs époux à la fois; car elles eussent été d'autant plus déshonnêtes que cette recherche ne les eût pas rendues plus fécondes".

Il faut noter qu'à cette époque, on n'est pas très au fait du rôle de la femme dans la procréation.

[modifier] Thomas d'Aquin

Dans la Somme théologique (prima secundae), Thomas d'Aquin présente la vision classique de l'amour (qu. 26 l'amour, 27 la cause de l'amour, 28 les effets de l'amour), du plaisir (qu. 31 le plaisir en lui-même, 32 la cause du plaisir, 33 les effets du plaisir) avant d'aborder la question 34: Bonté et malice des plaisirs :

1. Tout plaisir est-il mauvais?

L'homme tempérant ne fuit pas tous les plaisirs mais ceux qui sont excessifs et ne conviennent pas à la raison. Que les enfants et les bêtes recherchent les délectations, cela ne prouve pas que celles-ci soient universellement mauvaises, car il y a chez eux un appétit naturel venant de Dieu qui les pousse vers ce qui leur convient.

2. Étant admis que non, tout plaisir est-il bon?

Tout bien délectable n'est pas bon de la bonté morale que l'on apprécie selon la raison. [...] la fin peut être bonne ou mauvaise [...]. Il en va de même du plaisir.

Pour lui (q.17, 8) la sexualité n'est pas en soi quelque chose de bon ou de mauvais: Vertu et vice, louange et blâme, ne se rapportent pas ici aux actes mêmes des puissances génératives et nutritives, [...] mais aux actes de la partie sensitive de l'âme qui se réfèrent à ces actes comme le fait de désirer le plaisir de la nourriture ou des actes sexuels, et d'en user comme on le doit, ou non.

Il remarque (q.31, 5) que La plupart des hommes recherchent les plaisirs du corps parce que les biens sensibles sont mieux connus et de plus de gens. Et aussi parce que les hommes ont besoin des plaisirs comme remèdes à quantités de souffrances et de tristesses; la plupart, ne pouvant atteindre aux délectations de l'esprit, qui sont le propre des hommes vertueux, il en résulte qu'ils s'abaissent aux plaisirs corporels. Les plaisirs corporels relèvent de la partie sensible de l'âme, qui est réglée par la raison; c'est pourquoi ils ont besoin d'être tempérés et refrénés par elle.

(q72, 2) Il y a jusque dans les péchés de la chair un acte spirituel: l'acte de la raison. Mais si l'on nomme ainsi ces péchés, c'est parce qu'ils cherchent leur fin dans le plaisir de la chair. La Glose dit que d'une manière spéciale, dans le péché de fornication, l'âme devient l'esclave du corps, "à ce point qu'elle n'est plus capable sur le moment de songer à rien d'autre". Le plaisir de la gourmandise, bien que charnel aussi, n'absorbe pas à ce point la raison. On pourrait dire encore qu'il y a dans ce péché une injustice envers le corps, du fait qu'on le souille d'une façon contraire à l'ordre; cela explique que l'on attribue à cette faute-là uniquement de "pécher contre son propre corps".

[modifier] Renaissance

[modifier] Influence législative et sociale de la doctrine catholique

[modifier] Introduction

Le christianisme et en particulier l'Eglise catholique et les Puritains dans le protestantisme a eu une influence manifeste sur la société occidentale. Cette influence s'est traduite dans la morale et la législation de la civilisation occidentale. Certains pensent ainsi que :

  • Le lien entre sexualité et péché, et la condamnation de l'homosexualité, ont conduit à des législations pénales sanctionnant des comportements sexuels jugés amoraux.[37][réf. nécessaire]
  • Les nombreux interdits sexuels bibliques ont pu conduire à des refoulements et une pratique névrosée de la sexualité ou de l'abstinence.[38]
  • En outre, la position sociale de la femme décrite par la Bible a pu être utilisée pour justifier une certaine misogynie institutionalisée.[39]

[modifier] Divers

L'approche de la sexualité par l'Église passe inconditionnellement par le mariage. Il faut attendre l'encyclique Deus Caritas Est pour voir l'amour et le désir abordés en tant que tels.

La révolution sexuelle que les sociétés occidentales ont connue dans les années 1960 à 1970 n'a guère fait changer la doctrine de l'Église catholique sur la sexualité (qui ne se conçoit toujours que dans le mariage), mais la manière d'aborder le problème s'est manifestement transformée [réf. nécessaire]: une encyclique comme Deus Caritas Est (où un pape évoque explicitement la possibilité d'une sexualité hors mariage à travers l'exemple des prostituées sacrées de l'antiquité) aurait été inimaginable au début du XX° siècle (et a probablement été un choc pour certains catholiques)[réf. nécessaire]. Une évolution dans la formulation doctrinale des fins du mariage est cependant sensible: le mariage catholique n'est plus ordonné à la procréation (lire = avoir des enfants), mais une justification est à présent explicitement le bien du couple (lire = avoir un plaisir sexuel), qui est présenté comme un "bien propre", c'est à dire qui peut être légitimement recherché pour lui-même. Il est difficile d'affirmer qu'il s'agit d'un changement de doctrine - la doctrine n'avait jamais abordé ces questions très clairement - mais il s'agit indubitablement d'un changement de discours de l'Église catholique[réf. nécessaire].

[modifier] Thèmes litigieux sur la sexualité

[modifier] Homosexualité

La position de l'Église catholique concernant l'homosexualité est clairement définie, malgré les revendications de quelques groupes militants en son sein. Elle considère que les pratiques homosexuelles ne rentrent pas dans le plan originel de Dieu, et ne sont pas moralement acceptables.

Cette condamnation ne porte que sur la pratique homosexuelle, non sur la pulsion qui peut y conduire. L'Église reconnaît en effet que l'orientation sexuelle peut relever de circonstances dont la personne n'est pas responsable, et qui n'engagent pas sa responsabilité.

L'Église respecte les personnes homosexuelles et leur recommande, comme à toutes les personnes célibataires, de demeurer chaste dans la continence.

[modifier] Contraception

L'Église insiste sur l'idée que la sexualité, pour ne pas être pervertie en un plaisir vécu pour lui-même, doit en principe rester ouverte à la possibilité de la fécondité.

Depuis l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI, l'Église recommande les méthodes naturelles et a posé solennellement l'interdiction des méthodes artificielles de régulation des naissances.

Contrairement à ce que disent ses détracteurs[réf. nécessaire], cette interdiction porte sur la fin (il ne faut pas, par principe, refuser la procréation), et non directement sur le moyen (préservatif ou pilule contraceptive). L'utilisation d'un moyen de contraception pose effectivement un problème de principe, et doit conduire à un examen moral, mais elle reste légitime quand sa finalité est elle-même moralement acceptable. C'est notamment le cas quand un préservatif est nécessaire pour éviter une contamination (ce qui est évidemment le cas du SIDA), ou quand une grossesse mettrait en danger immédiat et certain la vie de la mère. [40]

L'Église insiste sur le fait que la sexualité doit être responsable, et ne doit pas conduire à des naissances qu'il ne serait pas possible d'assumer, en particulier sur le plan économique. Dans la mesure où une naissance peut être une lourde charge sociale, il est donc souhaitable de ne pas se mettre en position de la provoquer. L'abstinence périodique est pour cette raison légitime, et de plus, se révèle un facteur précieux de dialogue et de respect mutuel dans le couple.[réf. souhaitée]

[modifier] Sainteté et prévention des MST

Enfin, les fidèles ne doivent pas oublier que la norme affichée par l'Église est celle qui permet de juger les saints. Il faut rappeler avant tout que l'Eglise expose un "chemin de sainteté", c'est-à-dire un guide pour celui qui veut devenir saint (ce qui est en principe la vocation de tout baptisé). L'Église appelle tous les hommes sur le chemin de la sainteté ; mais il appartient à chacun d'y répondre en fonction de ses possibilités réelles.

Dans ce contexte (celui du discours de l'Eglise), l'usage d'un préservatif est un indice montrant que quelque chose peut poser problème, et généralement la raison réelle (libertinage sexuel, refus de procréer,...) traduit une attitude qui "éloigne de Dieu", donc quelque chose que ne veut pas accepter quelqu'un qui veut être saint. Mais chacun y répond en fonction de sa moralité personnelle.

  • Pour ceux qui revendiquent une "liberté sexuelle" (indépendamment de la critique que l'Eglise en donne, qui la condamne), il est évident que l'usage d'un préservatif est fortement recommandée : ceux qui pratiquent le tourisme sexuel doivent mettre un préservatif, c'est même une responsabilité morale vis-à-vis de leurs partenaires.[réf. souhaitée]
  • Un catholique peut être plus ou moins avancé sur son chemin de sainteté. Si à son niveau il ne comprend pas en quoi l'usage d'un préservatif peut poser problème, il est admissible qu'il en emploie un en conscience, du moment que ce n'est pas un rejet de principe de l'enseignement de l'Eglise.[réf. nécessaire]
  • Enfin, un couple dont un membre aurait été contaminé par le SIDA peut évidemment continuer à avoir une activité sexuelle (puisque la sexualité est ordonnée non seulement à la procréation, mais également "au bien commun des époux") mais doit se protéger de la contamination. La solution dans un tel cas est évidemment de mettre un préservatif, sans aucun problème de morale.

Cette position n'est pas affirmée directement (Jean-Paul II n'a par exemple jamais cité le mot préservatif), mais passe par des principes.

  • Catéchisme de l'Église catholique[41] :
    • 2399 : « La régulation des naissances représente un des aspects de la paternité et de la maternité responsables. La légitimité des intentions des époux ne justifie pas le recours à des moyens moralement irrecevables (p. ex. la stérilisation directe ou la contraception). »
    • 2370 : « La continence périodique, les méthodes de régulation des naissances fondées sur l’auto-observation et le recours aux périodes infécondes (cf. HV 16) sont conformes aux critères objectifs de la moralité. Ces méthodes respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l’éducation d’une liberté authentique. (...) »
    • 2370 : « Au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire selon lequel il ne s’agit plus de se donner totalement l’un à l’autre. Il en découle non seulement le refus positif de l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité interne de l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière.(...) »
  • Mgr di Falco, ancien porte-parole de la Conférence des évêques de France (20 avril 1995) :
    • « L’Église croit que la sexualité est belle, et fragile, et qu’elle est indissociable de l’amour. (...) Elle préfère appeler à la fidélité, pas d’abord comme moyen de combattre le SIDA mais avant tout comme moyen de trouver le bonheur en couple. »

[modifier] L'avortement provoqué

« La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie. »

L'Église catholique condamne donc l'interruption volontaire de grossesse dans tous les cas et considère comme excommuniés tous les hommes politiques soutenant le droit à l'avortement, tous les médecins et membre du personnel médical le pratiquant ou l'assistant, et toutes les femmes le subissant volontairement ; tous latæ sententiæ. [42]

Elle tente de persuader les gouvernements de pays l'ayant autorisé dans les cas de viol ou de danger pour la mère de revenir sur cette dépénalisation[43], demandant un moratoire similaire à celui contre la peine de mort.

[modifier] Controverses en dehors de l'Eglise sur des positions de l'Eglise

[modifier] Compréhension de la vision catholique de la sexualité en dehors de l'Eglise

Certains estiment que l'Eglise catholique a eu une position ambiguë sur la sexualité et qu'elle a fait preuve dans l'histoire (et continue dans une certaine mesure) d'entretenir bon nombre de tabous sexuels rigides.

L'Église catholique a un discours fort (et souvent perçu comme dérangeant et à contre courant) sur la sexualité : La chasteté (à ne pas confondre avec l'abstinence) est une vertu, alors que la luxure (plaisir sexuel recherché pour lui-même) est un péché capital, et de ce fait la masturbation, la fornication et la pornographie sont condamnées. L'image qui s'en dégage est celle d'une vision idéalisée à caractère fortement restrictif de la sexualité, issue d'une époque alors jonchée d'interdits.

La citation suivante s'inscrit en faux contre cette image : "Le christianisme, le catholicisme, n'est pas une somme d'interdits, mais une option positive. Et il est très important que cela soit à nouveau visible, car aujourd'hui cette conscience a presque totalement disparu"(Benoît XVI).[44]

[modifier] Controverse autour de l'opposition à l'usage du préservatif

Le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du conseil familial pontifical du Vatican, a affirmé, le 9 octobre 2003 sur la chaîne BBC, que « parler du préservatif comme une sécurité revient à jouer à la roulette russe ». Il préconise de mettre un avertissement sur les boîtes de préservatifs[45].

En réaction, Catherine Hankins, conseillère scientifique en chef à ONUSIDA, a critiqué la position de l'Église catholique en ces mots sur BBC News Online : « Il est très malheureux que le Vatican propage ce type de désinformation. D'un point de vue technique, ces déclarations sont totalement fausses. Les scientifiques ont démontré que les condoms de latex sont imperméables. Ils empêchent la transmission du SIDA. » Les critiques de l'Église[46] affirment que son opposition à l'usage du préservatif joue un rôle néfaste, favorisant l'épidémie.

Scientifiquement, il est reconnu que l'usage du préservatif permet une diminution du risque d'infection de l'ordre de 69%[47],, ou entre 60 et 96% [48],. Dans ce cas, l'affirmation de la conseillère scientifique d'ONUSIDA ("ils empêchent la transmission") serait donc simplificatrice. Néanmoins, certaines études ont apporté des résultats contraires [49],[50].

Il est donc plus qu'urgent que la communauté scientifique ait, sur la question, une analyse claire et unanime et non plus approximative ou contradictoire.

Les arguments de l'Église et de ses défenseurs sont [réf. nécessaire] que, d'une part, les dons ne couvrent actuellement qu'une infime part des besoins africains en terme de préservatifs.

Que, d'autre part, l'Église préconise, dans le même temps, de ne pas utiliser de préservatifs et d'être fidèle à son conjoint. La fidélité conjugale protège efficacement d'une infection sexuelle par le VIH, sauf si un conjoint est déjà infecté.

Dans le cas où le conjoint est infecté, l'usage d'un préservatif devient légitime, pour que la sexualité puisse s'épanouir « pour le bien mutuel des époux » sans mettre en danger l'époux non contaminé (cardinal Daneels).

En 1996, la Conférence des évêques de France a déclaré que le préservatif était un moyen nécessaire, quoique insuffisant, pour lutter contre l'épidémie. Le cardinal Georges Cottier, théologien personnel de Jean Paul II, a déclaré, en 2005, que l'usage du préservatif pouvait être légitime dans certaines limites strictes. [51]

[modifier] Liens et références

[modifier] Notes

  1. Sexualite Humaine
  2. (George Weigel, Jean-Paul II, Témoin de l'espérance, Jean-Claude Lattès, 2005. (ISBN 978-2709627412), p. 427)
  3. Sexualite Humaine
  4. Benoît XVI entretien télévisé - 13 août 2006
  5. Comme de manière analogue dans d’autres cultures, les Grecs ont vu dans l’eros avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison provenant d'une «folie divine» qui arrache l’homme à la finitude de son existence et qui, dans cet être bouleversé par une puissance divine, lui permet de faire l’expérience de la plus haute béatitude. Tous les autres pouvoirs entre le ciel et la terre apparaissent de ce fait d’une importance secondaire : «Omnia vincit amor», affirme Virgile dans les Bucoliques – l’amour vainc toutes choses – et il ajoute : «Et nos cedamus amori» – et cédons, nous aussi, à l’amour. (Benoît XVI - Deus Caritas est, §4)
  6. voir la romance de Jean-Pierre Claris de Florian (Plaisir d'amour
  7. Cf Catéchisme de l'Église catholique, §2351 : « La luxure est un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel est moralement désordoné, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalité de procréation et d'union. »
  8. En fait, dans le temple, les prostituées, qui doivent donner l’ivresse du Divin, ne sont pas traitées comme êtres humains ni comme personnes}}, mais elles sont seulement des instruments pour susciter la «folie divine»: en réalité, ce ne sont pas des déesses, mais des personnes humaines dont on abuse. C’est pourquoi l’eros ivre et indiscipliné n’est pas montée, «extase» vers le Divin, mais chute, dégradation de l’homme. Il devient ainsi évident que l’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être. (Benoît XVI - Deus Caritas est, §4)
  9. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » 1Cor 3:16
  10. "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu Il le créa ; mâle et femelle il les créa." Genèse 1:27.
  11. Voir Catéchisme de l'Église catholique, § 2353 : « La fornication est l'union charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme libres. Elle est gravement contraire à la dignité des personnes et de la sexualité humaine [...] »
  12. L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. Pascal, Pensées Section VI n°358.
  13. Cf. Familiaris Consortio, §11: « La sexualité [...] n'est pas quelque chose de purement biologique, mais concerne la personne humaine dans ce qu'elle a de plus intime. Elle ne se réalise de façon véritablement humaine que si elle est partie intégrante de l'amour dans lequel l'homme et la femme s'engagent entièrement l'un vis-à-vis de l'autre jusqu'à la mort. »
  14. Ce que traduit l'expression enfantine: « donner c'est donner, reprendre c'est voler »...
  15. I Co, 7:3-4.
  16. Galates 3:28.
  17. Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin du monde ?
  18. (Guillebaud 1990, p. 177) qui reprend une synthèse de (Foucault 1984)
  19. (Foucault 1984)
  20. (Guillebaud 1990, p. 169-171). Guillebaud se fait là l'interprête du sens commun. En fait, la sexualité greco-romaine était libre sur des points où la sexualité "catholique" (pour dire vite) ne l'est pas et culpabilisée sur des points où elle l'est moins. La poésie latine (Catulle, Ovide) en témoigne
  21. (Guillebaud 1990, p. 171-199) La différence entre la culpabilité dans la sexualité antique et la sexualité médiévale et moderne se situe dans la sanction des comportements déviants. La première n'est stigmatisée que par la fama, matérialisée dans les épigrammes, la rumeur publique comme le montre Florence Dupont dans "l'érotisme masculin dans la Rome Antique". au contraire, la sexualité médiévale ou moderne, quand elle est déviante, peut être sanctionnée par la prison, la mort, le lynchage (Foucauld, surveiller et punir)
  22. (Guillebaud 1990, p. 215)
  23. (Guillebaud 1990, p. 177) qui renvoie à Paul Veyne
  24. (Guillebaud 1990, p. 216)
  25. (Guillebaud 1990, p. 220)
  26. Collectif dont Peter Brown, histoire de la vie privée, tome 1, collection Points Seuils
  27. http://fr.wikisource.org/wiki/Exhortation_%C3%A0_la_Chastet%C3%A9
  28. (Guillebaud 1990, p. 217-221)
  29. (Ranke-Heinemann 1990)
  30. dans le pédagogue (Guillebaud 1990, p. 207) qui cite (Foucault 1984)
  31. (Guillebaud 1990, p. 226)
  32. (Guillebaud 1990, p. 227) qui cite Jean Daniélou : L'église des premiers temps
  33. (Guillebaud 1990, p. 252)
  34. La Grande Encyclopédie, Paris, Lamiraut et Cie, éditeurs.
  35. écrit vers 410 contre Julien, évêque marié qui fasait l'éloge du désir. Oeuvres complètes, tome 32, Péronne et alii, Paris - 1869-1878
  36. Ulrike Ranke-Hanneman, op.cit.
  37. Homosexualité: En 1791, la France est le premier pays à dépénaliser l'homosexualité au nom des principes pénalistes classiques, la Constituante ne retient pas le "crime de sodomie" dans le code pénal. Adultère: Ancien article 337 du code pénal: "La femme convaincue d'adultère subira la peine de l'emprisonnement pendant trois mois au moins et deux ans au plus." Viol: Article 222-23 du code pénal sur le viol.
  38. Totem et Tabou, voir aussi [1].
  39. Sur le thème "misogynie et catholique", Voir par exemple [2], [3], [4], ...
  40. L'usage du préservatif comme prophylactique, s'il n'est pas recommandé, est accepté par l'Église catholique. L'encyclique Humanæ vitæ L'encyclique Humanae Vitae sur le site du Vatican précise ainsi : « L'Église, en revanche, n'estime nullement illicite l'usage des moyens thérapeutiques vraiment nécessaires pour soigner des maladies de l'organisme, même si l'on prévoit qu'il en résultera un empêchement à la procréation, pourvu que cet empêchement ne soit pas, pour quelque motif que ce soit, directement voulu. »
  41. Le Saint-Siège - Archive - Catéchisme de l'Eglise Catholique
  42. Pro-abortion politicians excluded from Communion: Pope sur Catholic Worls News ; Under Vatican ruling, abortion triggers automatic excommunication sur National Catholic Reporter Online
  43. L'Église engage un bras de fer contre l'avortement, L'Humanité 18 janvier 2008
  44. Benoît XVI entretien télévisé - 13 août 2006.
  45. dépèche AFP rapportant les propos du cardinal Trujillo
  46. article de Christian LOSSON dans Libération, le jeudi 30 juin 2005
  47. A meta-analysis of condom effectiveness in reducing sexually transmitted HIV., Social science & medicine
  48. The effectiveness of condoms in reducing heterosexual transmission of HIV., Familly planning perspectives
  49. HIV-Infektionen bei iv Drogenkonsumenten
  50. Lancet.2003 Feb 22;361(9358):645-52.
  51. Golias, 16/12/2006

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

  • Uta Ranke-Heinemann, Des eunuques pour le royaume des cieux. L'Église catholique et la sexualité, Robert Laffont, 1990


  • Xavier Lacroix, Le corps de chair. Les dimensions éthiques, esthétiques et spirituelles de l'amour, éd° du Cerf, Paris, 1992
  • Alphonse d'Heilly, Aimer en actes et en vérité, Saint-Paul, 1996. (ISBN 978-2850496660)
  • E. Fuchs, Le désir et la tendresse, éd° Labor et Fides, Genève, 1999
  • Pierre Debergé, L'amour et la sexualité dans la Bible, éd° Nouvelle cité, Montrouge, 2001. (ISBN 2-85313-397-4). Si ce livre ne traite pas spécifiquement de la doctrine catholique, il est écrit par le doyen de la faculté de théologie de l'Institut Catholique de Toulouse.
  • Jean-Paul II, Homme et femme il les créa : Une spiritualité du corps, Cerf, 2004. (ISBN 978-2204075893)
  • Yves Semen, La Sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004. (ISBN 978-2750900366).
  • Mary Healy, Hommes et Femmes Viennent d'Eden. La Théologie du Corps de Jean-Paul II, Béatitudes, 2006. (ISBN 978-2840242642)
  • Olivier Florant, Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré : Pour une liturgie de l'orgasme, Presses de la Renaissance, 2006. (ISBN 978-2750901677)

[modifier] Liens externes