Djemal Pacha

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Djemal Pacha
Naissance : 6 mai 1872
Lesbos(Midili), Grèce(Empire Ottoman)
Décès : 21 juillet 1922 50 ans)
Tbilissi, Géorgie
Origine : Grèce Grèce
Grade : Général de corps d'armée
Service : 1905 - 1922
Conflits : Guerres des Balkans et
Bataille de Sarıkamış
Commandement : 1914-1918 : Commandant en chef de l'Armée ottomane
Faits d'armes : Aucun
Distinctions : Aucune
Hommage : Aucun
Autres fonctions : Administrateur au gouvernement ottoman
Inspecteur ferroviaire
Gouverneur de Bagdad
Colonel
Ministre de la Défense (marine)
Élu des Jeunes-Turcs

Ahmed Djemal Pacha (Ahmet Cemal Paşa en turc) est né d'un père pharmacien militaire: Mehmet Nesip Bey. Entre 1908 et 1918, Djemal était l'un des plus importants administrateurs du gouvernement ottoman. Il a été diplômé de l'école militaire de Kuleli en 1890, puis de l'académie militaire en 1893 à Istanbul. Il a d'abord servi pour le 1er département du Ministère des Problèmes Militaires, puis il a travaillé au Département de Construction de Fortifications de Kirkkilise rattaché à la 2e armée. Djemal fut désigné au Second Corps d'Armée en 1896. Deux ans plus tard, il devint commandant de la Division Novice à Thessalonique.

En 1905, quand il devint major et fut désigné en tant qu'inspecteur des chemins de fer, il a commencé à sympathiser avec les réformes des Jeunes-Turcs à propos des problèmes militaires. En 1906, il rejoint la Société Libérale Ottomane. Il devint un homme d'influence dans le département des problèmes militaires des Jeunes-Turcs. Il devint membre du Conseil du Troisième Corps d'Armée en 1907. Il y travailla auprès du major Ali Fethi Okyar et Mustafa Kemal.

Sommaire

[modifier] Guerre des Balkans

Icône de détail Article détaillé : Guerre des Balkans.

En 1911, Djemal est désigné gouverneur de Bagdad. Cependant, il démissionna pour se ré-engager dans l'armée et la guerre des Balkans. En octobre 1912, il fut promu colonel. À la fin de cette guerre, il joua un rôle important dans la propagande des Jeunes-Turcs, contre les négociations avec les pays Européens. Il essaya de résoudre les problèmes survenus à Istanbul après l'attaque de Bab-i Ali. Djemal joua un rôle significatif dans la deuxième guerre balkanique, et avec la révolution des Jeunes-Turcs le 23 janvier 1913, il devint commandant d'Istanbul et fut désigné ministre des travaux publics. En 1914, il devint ministre de la marine.

[modifier] Première Guerre mondiale

Icône de détail Article détaillé : Première Guerre mondiale.

Quand l'Europe était divisée en deux blocs avant la Première Guerre mondiale, Djemal Pacha est allé en France pour négocier une alliance, mais échoua. Il prit l'autre bord avec Enver Pacha et Talaat Pacha, favorisant le camp allemand. Ils prirent tous trois contrôle du gouvernement ottoman en 1913, régnant efficacement sur l'Empire ottoman pendant toute la Première Guerre mondiale. Djemal Pacha était l'un des concepteurs des politiques internes et étrangères du gouvernement, qui se sont presque toutes révélées désastreuses pour l'Empire.

Après que l'Empire ottoman ait déclaré la guerre aux Alliés, Enver Pacha nomina Djemal Pacha pour diriger l'armée ottomane contre les forces anglaises en Égypte, ce qu'il accepta. Tout comme Enver, il ne fut pas brillant en tant que leader militaire.

[modifier] Syrie

Djemal Pacha a été nommé aux pleins pouvoirs aux affaires civiles et militaires en Syrie en 1915. Une loi temporaire lui a accordé des pouvoirs de secours en mai de cette année. Tous les décrets de cabinet d'Istanbul liés à la Syrie sont devenus sujet à son approbation. Ses offensives sur le canal de Suez ont échoué. Couplé aux exigences de temps de guerre et aux catastrophes naturelles qui ont affligé la région pendant ces années, ceci a aliéné la population du gouvernement ottoman, et mené à la révolte arabe.

Dès le 29 mars 1915, Djemal Pacha fait publier un décret selon tequel tout musulman qui s'en prendrait à un Arménien serait déféré en cour martiale. Au début de l'été, il donne des ordres supplémentaires pour prévenir le massacre d'Arméniens À l'automne, il fait arrêter, puis juger deux officiers turcs, Cerkez Ahmed et Galati Halil, impliqués dans des exactions antiarméniennes dans le vilayet de Diarbekir, et dans l'assassinat de deux parlementaires arméniens. En janvier et février 1916, il fait déférer d'autres Turcs, ainsi que des Kurdes, devant les tribunaux, pour leurs atrocités contre les Arméniens déplacés. Les criminels sont condamnés à mort et pendus[1].

En janvier 1916, il débloque des crédits en faveur des Arméniens réinstallés de force en Syrie et publie une déclaration à propos des Arméniens : selon ce texte, ils n'ont été déplacés que pour raison d'État, et leur vie, leur honneur, leur propriété, seront garantis par les autorités ottomanes, à la seule condition qu'ils soient loyaux. En mars de la même, Djemal Pacha organise un programme d'aide sanitaire et d'approvisionnement en nourriture pour les Arméniens[2].

Un survivant arménien des déportations, qui fut assigné à Alep, a décrit Djemal Pacha comme « un grand homme », qui a sauvé « un demi-million d'Arméniens »[3]. Djemal fut surnommé par d'autres déportés « le pacha des Arméniens »[4].

À la fin de 1915, Djemal Pacha démarra des négociations secrètes avec les Alliés pour mettre fin à la guerre (il s'est proposé pour renverser le gouvernement ottoman). Elles ne menèrent à rien, en partie parce que les Alliés ne pouvaient pas s'entendre sur le futur territoire de l'Empire ottoman. L'historien A. L. Macfie doute que Djemal Pacha « ait jamais entrepris une entreprise si risquée, en particulier parce qu'il se distinguait par son patriotisme » (« ever have undertaken so riky an adventure, particularly as he was noted for his patriotism[5] »).

Au printemps 1915, alors que la révolte arabe montait, Djemal Pacha a institué le contrôle strict de la Syrie contre les adversaires arabes des Ottomans. Les forces de Djemal ont également lutté contre les nationalistes arabes à compter de 1916. Les autorités ottomanes ont occupé les consulats français à Beyrouth et à Damas et ont confisqué les documents secrets français qui indiquaient les activités et les noms des insurgés arabes. Djemal utilisa ces informations appartenant au Parti de Décentralisation. Djemal a cru que l'insurrection sous contrôle français était la raison principale de ses échecs militaires. Avec les documents qu'il a réuni, Djemal fit face aux forces d'insurrection menées par les chefs politiques et culturels arabes. Suivirent des tentatives militaires d'insurgés dans lesquelles ces meneurs furent punis.

À la fin de 1917, Djemal a régné depuis son poste à Damas en tant que dirigeant quasi-indépendant sur sa portion de l'Empire. En 1917, suite aux défaites de l'armée ottomane face aux Anglais du Général Allenby, il démissionna de la 4e armée et retourna à Istanbul.

[modifier] Troisième parlement

Au dernier congrès des Jeunes-Turcs en 1917, Djemal Pacha a été élu au conseil d'administration centrale.

Avec la défaite de l'Empire en octobre 1918 et la démission du cabinet de Talaat Pacha le 2 novembre 1918, Djemal s'est enfui avec sept autres leaders des Jeunes-Turcs en Allemagne, puis en Suisse.

[modifier] Cour martiale

Djemal Pacha fut accusé de persecuter des sujets arabes de l'Empire ottoman, et condamné à mort par contumace. Plus tard, Djemal est allé en Asie centrale, où il a travaillé à la modernisation de l'armée afghane. En raison du succès de la révolution bolchévique, Djemal a voyagé à Tbilisi où il a été assassiné, ainsi que son secrétaire, le 21 juillet 1922 par Stepan Dzaghigian, un Arménien, qui le considérait comme responsable de massacres d'Arméniens — une thèse aujourd'hui rejetée, même par des historiens considérant l'hécatombe arménienne comme un génocide, en particulier Vahakn Dadrian[6].

Dans ses Mémoires[7] récuse toute responsabilité dans les atrocités antiarméniennes, met en avant son rôle d'assistance aux déportés, et estime qu'un million et demi de musulmans ont été assassinés par les milices arméniennes et les troupes arméno-russes[8].

Les restes de Djemal furent enterrés à Erzurum.

Son petit-fils, Hasan Cemal, est un journaliste, chroniqueur et écrivain connu en Turquie.

[modifier] Notes

  1. Guenter Lewy, The Armenians Massacres in Ottoman Turkey. A Disputed Genocide, University of Utah Press, 2005, pp. 112/113 et 197
  2. Guenter Lewy, op. cit., pp. 218/219
  3. James Kay Sutherland, The Adventure of an Armenian Boy, Ann Arbor Press, 1964, p. 146
  4. Guenter Lewy, réponse au Courrier des lecteurs, Commentary, février 2006
  5. A. L. Macfie, The End of the Ottoman Empire. 1908-1923, Londres, Longman, 1998 p. 138
  6. Key Element in the Turkish Denial of the Armenian Genocide, Toronto, Zoryan Institue, 1999, p. 54, n. 64
  7. Memories of a Turkish Statesman, 1913-1919, New York, George H. Doran, 1922
  8. p. 282