Dessalement

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Le dessalement de l'eau (également appelé dessalage ou désalinisation) est un processus qui permet de retirer le sel de l'eau salée ou saumâtre pour la rendre potable ou l'utiliser pour l'irrigation.

Il faut noter que très généralement, il est plus simple et plus rentable de rechercher des sources d'eau douce à traiter (eaux de surface telles que rivière, eau souterraine), plutôt que de dessaler l'eau de mer. Cependant dans de nombreuses régions du monde, les sources d'eau douces sont inexistantes ou deviennent insuffisantes au regard de la croissance démographique ou de la production industrielle.

D'autre part, il est souvent rentable de combiner la production d'eau douce avec une autre activité (notamment la production d'énergie, car la vapeur disponible à la sortie des turbines, et perdue dans une usine classique, est réutilisable dans une station de dessalement dite thermique ou fonctionnant sur le principe de l'évaporation).

L'eau de mer est salée à peu près à 35g/L en général. Dans des régions comme le Golfe Persique, la salinité atteint 42g/L. Pour extraire le sel, il faut, d'un point de vue purement théorique, environ 563 Wh par m³.

Les systèmes de dessalement se caractérisent par leur rendement et le taux de sel résiduel.

Sommaire

[modifier] Différents systèmes de dessalement

Parmi les systèmes les plus utilisés :

  • Osmose inverse, technique membranaire. Les membranes utilisées ont des 'trous' si petits que même les sels sont retenus. Cette technique est en plein essor et a montré, depuis plusieurs années, sa fiabilité. La consommation est de l'ordre de : ≈ 4-5 kWh/m³.
  • Distillation multi-effets, système demandant beaucoup d'énergie, eau très pure : ≈ 15 kWh/m³.
  • Flash multi-étages, ou système flash utilisé dans les pays du Golfe, taux de sel résiduel non négligeable, coût énergétique important : ≈ 10 kWh/m³.
  • Compression de vapeur : ≈ 5 kWh/m³.
  • Distillation par dépression : la température d'évaporation dépend de la pression. Système très économique avec une eau très pure : ≈ 2 à 3 kWh/m³. Système utilisé pour de petites unités.
  • Électrolyse : on applique un courant électrique qui fait migrer les ions vers les électrodes. Système très rentable pour les faibles concentrations, l'énergie à mettre en jeu dépend de la concentration en sel.

Certaines régions, notamment les Canaries dépendent à 100% de ces technologies pour leur eau potable.

Des projets pharaoniques ont été proposés pour dessaler de l'eau, notamment avec des centrales nucléaires, pour faire de l'agriculture. La page du CEA : dessalement à haut rendement

Le dessalement produit une saumure dont il faut se débarrasser. En bord de mer, c'est rarement un problème, par contre cela peut l'être à l'intérieur des terres, et dans certains écosystèmes comme les lagons.

Le dessalement de l'eau de mer est une activité industrielle en très forte croissance annuelle. La capacité installée chaque année augmente en moyenne de plus de 10% par an. Les techniques dites thermiques (par évaporation) représentaient il y a encore quelques années la principale technologie employée. L'osmose inverse, du fait d'une fiabilité accrue, et grâce à la faible consommation électrique (4 à 5 kWh/m³) atteint environ aujourd'hui 50% de la part de marché.

L'usine d'Ashkelon en Israël produit 320 000 m³/jour, soit pour une estimation de 250 litres par habitant par jour consommés, cette usine peut couvrir les besoins en eau potable de plus d'un million de personnes.

D'une manière plus pragmatique, le dessalement de l'eau de mer est un enjeu important pour l'avenir des régions arides. Moyennant un coût de production de 1 $ à 2 $ par m³ (ce coût inclut l'amortissement de l'investissement), il est possible de résoudre les problèmes de manque d'eau dans de nombreux pays.

Dans le cas d'une utilisation pour la consommation humaine, le dessalement d'eau de mer est une technique aujourd'hui fiable et moins onéreuse que la technique dite de recyclage des eaux usées.

[modifier] Diffusion

Les pays utilisant la technologie de dessalement de l’eau de mer sont surtout situés au Moyen-Orient (Émirats arabes unis : usine de Fujaïrah ; Israël : usine d’Ashkelon ; Syrie : usine d’Amman; Tunisie : usine de Djerba), en Amérique latine (Mexico, Chili : usine de Minera Escondida), en Espagne (usine de Carboneras, Baléares : usine de Baya de Palma). Les États-Unis sont placés en deuxième position derrière le Moyen-Orient pour le filtrage d’eaux saumâtres[1]. L'Algérie en a construit un peu partout sur son territoire et projette de construire la plus grande usine de dessalement d'eau de mer au monde à Magtaa (Mostaganem) d'une capacité de 500 000 m³/jour. Les constructeurs d’usines sont les groupes français Veolia et Degrémont.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Frédéric Lewino, La mer à boire, dans Le Point du 24/02/2005, n°1693, page 58

[modifier] Liens externes

(fr) Un dossier complet sur la désalinisation