Cursive romaine

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Copie d'une inscription en cursive romaine d'après les tablettes de Vindolanda : "Hoc gracili currenteque / vix hodie patefactas / Romani tabulas ornarunt calamo" ("Avec ce calame mince et rapide, les Romains écrivaient sur des tablettes juste découvertes aujourd'hui.")
Copie d'une inscription en cursive romaine d'après les tablettes de Vindolanda :[1] "Hoc gracili currenteque / vix hodie patefactas / Romani tabulas ornarunt calamo" ("Avec ce calame mince et rapide, les Romains écrivaient sur des tablettes juste découvertes aujourd'hui.")

La cursive romaine (ou cursive latine) est une forme d'écriture manuelle pratiquée dans la Rome antique et, jusqu'à une certaine époque, au Haut Moyen-Âge. On distingue ordinairement l'ancienne cursive et la nouvelle cursive.

Sommaire

[modifier] L'ancienne cursive

Morceau de papyrus comportant des extraits de discours prononcés au Sénat, sans doute sous le règne de Claude (entre 41 et 54 de notre ère).
Morceau de papyrus comportant des extraits de discours prononcés au Sénat, sans doute sous le règne de Claude (entre 41 et 54 de notre ère).

L'ancienne cursive, aussi appelée cursive majuscule et cursive capitalis, était l'écriture employée quotidiennement pour écrire des lettres, pour dresser des reconnaissances de dettes entre commerçants ou particuliers, pour la prise de notes par les écoliers apprenant l'alphabet latin, et même pour les ordres donnés par les empereurs. Pour les écritures plus formelles, on utilisait bien la capitale romaine dite aussi quadrata, mais la cursive permettait d'écrire plus rapidement. D'un emploi déjà courant au Ier siècle avant Jésus Christ, elle est certainement apparue bien plus tôt, puisque dès le IIe siècle av. J.-C., le dramaturge Plaute, dans son Pseudolus, tourne en dérision cette écriture dépourvue de norme :

Calidorus: Cape has tabellas, tute hinc narrato tibi quae me miseria et cura contabefacit.
Pseudolus: Mos tibi geretur. Sed quid hoc, quaeso?
Calidorus: Quid est?
Pseudolus: Ut opinor, quaerunt litterae hae sibi liberos: alia aliam scandit.
Calidorus: Ludis iam ludo tuo?
Pseudolus: Has quidem pol credo nisi Sibylla legerit, interpretari alium posse neminem.
Calidorus: Cur inclementer dicis lepidis litteris lepidis tabellis lepida conscriptis manu?
Pseudolus: An, opsecro hercle, habent quas gallinae manus? Nam has quidem gallina scripsit.

Calidorus: Lis ce mot, vois quel malheur et quel peine m'accablent...
Pseudolus: À ton service. Mais qu'est-ce là?
Calidorus: Qu'y a-t-il?
Pseudolus: Il me semble que ces lettres cherchent leurs petits, elles se chevauchent l'une l'autre.
Calidorus: Est-ce encore un jeu de ta façon?
Pseudolus: Par Pollux, je crois bien qu'à moins que la Sibylle ne lise ces lettres, personne ne pourra les déchiffrer.
Calidorus: Pourquoi critiques-tu de belles lettres tracées sur de belles tablettes par une belle main?
Pseudolus: Par Hercule, se peut-il que les poules aient des pattes aussi torturées? car assurément, seule une poule a pu tracer cela.

(Plaute, Pseudolus, 21-30)

L'ancienne cursive est très difficile à lire pour nous qui sommes habitués à l'écriture scripte moderne, l'écriture ayant changé pratiquement du tout au tout. Outre le fait que la scripte romaine emploie des ligatures et qu'on n'insérait pas d'espace typographique entre les mots, certaines lettres sont méconnaissables : le « a » ressemble à notre « r » minuscule , « b » et « d » sont pratiquement indiscernables, le « e » a la forme d'une équerre, le « r » et le « t » sont très proches, et le « v » est réduit à un accent au lieu de reposer sur la ligne d'écriture.[2]

[modifier] La nouvelle cursive romaine

La nouvelle cursive, aussi appelée cursive minuscule ou cursive tardive, n'est qu'une évolution de l'ancienne cursive, mais ses symboles nous sont plus familiers. Elle fut employée du IIIe au VIIe siècle de notre ère. Les lettres a, b, d, et e sont proches des formes de l'écriture onciale, et les autres lettres conservent le même proportion relative au long d'un texte, au lieu de changer de taille et de position constamment par rapport à la ligne d'écriture. La nouvelle cursive évolua au IXe siècle en Francie vers la minuscule caroline, une écriture de chancelleries. L'onciale et la demi-onciale sont presque certainement nées de cette écriture également, car les lettres a, g, r, et s y prennent des formes remarquablement voisines[3].

Selon Jan-Olaf Tjäder, la néo-cursive a influencé non seulement le développement de l'écriture onciale, mais aussi toutes les écritures gothiques médiévales[4],[5].

[modifier] Notes

  1. tablettes de Vindolanda
  2. Inscriptions de Vindolanda page 2 page 3 References Tablettes de Vindolanda.
  3. Les manuscrits de Vindolanda : contexte historique.
  4. Jan-Olaf Tjäder, Die nichtliterarischen lateinischen Papyri Italiens aus der Zeit 445-700 (Lund, 1955).
  5. Tablettes de Vindolanda sur le site du Centre for the Study of Ancient Documents de l'Université d'Oxford.

[modifier] Pour en savoir plus