Claude (empereur romain)

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Claude

Période
Julio-Claudiens
Règne
24 janvier 41 - 13 octobre 54 (~14 ans)
Nom complet
Tiberius Claudius Caesar Augustus
Germanicus (Britannicus à partir de 44)
Naissance
1er août 10 av. J.-C. - Lugdunum (Lyon)
Décès
13 octobre 54 (63 ans) - Rome
Lieu d'inhumation
Mausolée d'Auguste
Parents
Nero Claudius Drusus & Antonia Minor
Femme(s)
1) Plautia Urgulanilla (9 - 24)
2) Aelia Paetina (28 - 31)
3) Messaline (38 - 48)
4) Agrippine la Jeune (49 - 54)
Enfant(s)
1) Claudius Drusus (Plautia Urgulanilla)
2) Claudia Antonia (Aelia Paetina)
3) Claudia Octavia (Messaline)
4) Britannicus (Messaline)
5) Néron (adopté)
Liste des empereurs romains
Série Rome antique

Claude (1er août 10 av. J.-C.13 octobre 54) était un empereur romain.

Né en 10 av. J.-C., fils de Drusus et d'Antonia Minor, frère de Germanicus, il succède à Caligula en 41 en devenant le quatrième empereur de la dynastie julio-claudienne alors qu'il a déjà une cinquantaine d'années. Né à Lugdunum (Lyon), en Gaule, il fut le premier empereur né hors d'Italie.

Il apparaissait peu probable qu'un homme comme Claude devienne empereur. Il était bègue et sa famille l'avait jugé incapable d'exercer une fonction publique jusqu'à ce qu'il devienne consul de son neveu Caligula en 37. Son infirmité l'a cependant peut-être sauvé des purges dans les familles nobles romaines qui eurent eu lieu durant les règnes de ses deux prédécesseurs, lui permettant de se trouver en position d'être nommé empereur après l'assassinat de Caligula : il était alors le dernier homme de sa famille. Il accéda au pouvoir en comblant de cadeaux (donativa) les cohortes prétoriennes, inaugurant ainsi un malheureux usage.

Malgré son manque d'expérience politique, Claude se montre un administrateur capable et un grand bâtisseur public. Son règne voit l'Empire s'agrandir : cinq provinces s'ajoutent à l'Empire dont la Bretagne, en 43, (où il se rend pour obtenir les triomphes, se voyant ainsi décerner le surnom de Britannicus, ainsi qu'à son fils), la Lycie, la Mauritanie, la Norique et la Thrace. Il s'intéresse personnellement aux affaires publiques, se penchant sur les lois et présidant les procès publics. Il va jusqu'à publier vingt édits par jour.

Il étend la citoyenneté romaine à beaucoup de provinces, dont la Gaule où il était né. Sensible aux demandes des notables gaulois, il obtient en 48 du Sénat que ceux-ci puissent accéder aux magistratures publiques de Rome et donc au Sénat romain. Reconnaissants, les délégués des nations gauloises firent graver son discours sur les Tables Claudiennes, plaques de bronze placées dans le sanctuaire fédéral de Lugdunum, retrouvées et exposées au Musée gallo-romain de Fourvière à Lyon.

En 47, il fête les Jeux séculaires, selon la nouvelle date établie par Varron pour la fondation de Rome.

Cependant tout au long de son règne il est perçu comme vulnérable par la noblesse romaine. Il est ainsi poussé à chercher en permanence à consolider son pouvoir, aux dépens des sénateurs en particulier. En 49, il bannit les juifs de Rome pour prosélytisme actif.

Dans sa vie personnelle, il connaît de nombreuses épreuves et son dernier mariage le mène à la mort.

Il épouse en premières noces Plautia Urgulanilla, dont il a un fils, mort en bas âge, et une fille qu'il fait exposer, la soupçonnant d'être le fruit d'un adultère. Il se marie ensuite à Ælia Pætina dont il a une fille, Antonia. Il s'allie ensuite à Messaline dont il a deux enfants, Octavie (née en 40, future épouse de Néron) et Britannicus (né en 41), qui fut éclipsé puis empoisonné par Néron ; en quatrièmes noces, il épouse sa propre nièce Agrippine la Jeune.

Il meurt empoisonné à l'instigation d'Agrippine en 54, après avoir, sur les conseils de celle-ci, adopté son fils Néron et fait passer celui-ci devant son fils pour la succession, en le mariant à sa propre fille Octavie.

Ces événements le font mépriser par les anciens auteurs. Les historiens les plus récents tendent à tempérer leur opinion. [sources:A.Br]

Sommaire

[modifier] Handicap physique et tempérament

Buste de Claude en Jupiter. Marbre, œuvre romaine, vers 50 ap. J.-C.
Buste de Claude en Jupiter. Marbre, œuvre romaine, vers 50 ap. J.-C.

L'historien Suétone fournit d'abondants détails sur le handicap et les faiblesses physiques de l'empereur[1]. Il avait les yeux qui tremblaient ,il rapporte ainsi que les genoux de l'empereur étaient mous et se dérobaient sous lui, que sa tête chancelait. Il bégayait et ses discours étaient parfois confus. Lorsqu'il était emporté par la colère, sa bouche écumait et ses narines coulaient, son visage apparaissait hideusement déformé. Le stoïcien Sénèque relate dans son Apocoloquintosis (l'Apocoloquintose) que la voix de l'empereur ne ressemblait à celle d'aucun animal terrestre mais s'apparentait plutôt à celle des pachydermes marins, ses mains au surplus y sont qualifiées de faibles.[2] Il ne semblait cependant souffrir d'aucune infirmité dans ses moments de calme, et, selon Suétone, sa taille était bien faite et élancée, le blanc de ses cheveux ajoutant à la gentillesse naturelle de son visage, et son être entier semblait plein de grandeur et de dignitas.[3] Sous l'effet de la colère ou de l'anxiété, ses symptômes devenaient plus saillants.

Sa santé fut mauvaise jusqu'à son avènement comme empereur, puis florissante, à l'exception de douleurs stomacales[4]. Claude tint un discours qui présentait tous ses défauts physiques et son apparente imbécillité comme autant de ruses pour se protéger de ses ennemis[5].

Le diagnostic au sujet de son handicap a été souvent révisé au fil des siècles. Avant la Seconde Guerre mondiale, la paralysie infantile (ou poliomyélite) en était souvent considérée comme la cause. C'est ainsi la thèse retenue par Robert Graves dans son roman Claude, dont la première édition date des années 1930. Cependant la polio n'explique pas l'ensemble des symptômes précédemment décrits, et une théorie plus récente met plutôt en cause une infirmité motrice cérébrale, comme l'a décrit Ernestine Leon[6].

Quant à son tempérament, il en est fait tant de descriptions mutuellement incompatibles qu'il est difficile de se le figurer. Les historiens antiques donnent de Claude le portrait d'un homme ouvert, peu versé dans les choses de l'esprit, qui appréciait les plaisanteries grasses, riait sans retenue, et accueillait les membres de la plèbe à sa table[7].

On l'a également dépeint comme un homme cruel, assoiffé de sang, jouissant des spectacles des gladiateurs et des exécutions, s'emportant rapidement (par ailleurs Claude lui-même s'en excusa par un édit)[8]. On l'a dit aussi paranoïaque et apathique, lent d'esprit et s'embrouillant facilement[9]. Toujours selon ces historiens, il plaçait une confiance exagérée en ses femmes et ses affranchis, Pallas, Narcisse et Calliste, dont il fut parfois qualifié d'esclave[10].

Les œuvres existantes de Claude nous en présentent un autre visage, dépeignant un administrateur intelligent, cultivé et même érudit, attentif au détail et préoccupé par la justice. Claude demeure ainsi une énigme. Depuis la découverte de sa « Lettre aux Alexandrins » au siècle dernier, un travail important a été entrepris pour réhabiliter Claude et tenter de connaître la vérité.

[modifier] Origines familiales et premières années

Claude naquit le jour de l'édification de l'autel d'Auguste. Il était le troisième fils de Nero Claudius Drusus et d'Antonia, les deux premiers enfants survivants de ce mariage étant Germanicus et Livilla. Antonia a peut-être eu deux autres enfants qui moururent très jeunes.

Ses grands-parents maternels étaient Marc Antoine et Octavia Thurina Minor, la sœur d'Auguste. Du côté paternel il s'agissait de Livie, la troisième femme d'Auguste, et de Tiberius Claudius Nero, le père de Tibère. Pendant son règne Claude réactiva la rumeur selon laquelle il aurait été le fils illégitime d'Auguste. En -9, son père Drusus mourut brutalement, peut-être d'une blessure. Claude fut élevé par sa mère qui ne se remaria jamais, mais le repoussa lorsque son handicap s'affirma. Antonia le qualifiait de monstre et y voyait un étalon de stupidité. Il semble qu'elle ait fini par le confier à sa grand-mère Livia[11]. Livia ne se montrait pas moins dure, elle lui envoyait souvent des lettres de reproches courtes et sèches. Il fut confié aux soins d'un « ancien meneur de mules »[12]. Suétone indique pourquoi, comme l'a montré Leon (1948) : pour qu'il se discipline, dans la logique que son état était dû à la paresse, à un manque de volonté. Ses symptômes semblent cependant avoir disparu à l'adolescence et sa famille remarqua son intérêt soudain pour la culture. En 7, on engagea Tite-Live pour lui inculquer l'histoire, assisté par Sulpicius Flavius avec lequel Claude passa beaucoup de temps, ainsi qu'avec le philosophe Athenodorus. Selon une missive Auguste lui-même fut surpris de la clarté avec laquelle Claude s'exprimait[13]. On se mit à attendre plus de son avenir.

As de Claudius
As de Claudius

Ce furent en fait ses premières œuvres d'historien qui empêchèrent son ascension. Selon Vincent Scramuzza notamment, Claude commença à travailler sur les guerres civiles romaines et en écrivit une histoire soit trop vraie soit trop critique d'Auguste [14]. Dans un cas comme dans l'autre, il était beaucoup trop tôt pour un tel récit et cela ne fit que rappeler à Auguste que Claude était le descendant de son ancien rival Antoine. Sa mère et sa grand-mère mirent fin à l'expérience, renforcées dans leur conviction que Claude n'était pas fait pour la carrière publique. On ne pouvait être sur qu'il saurait suivre la ligne du souverain. Quand il revint à l'histoire plus tard dans sa vie, Claude passa totalement sur les guerres du second triumvirat, mais le mal était fait et sa famille le maintint en retrait. Lorsque l'Arc de triomphe de Pavie fut édifiée en l'honneur de la famille royale en 8, le nom de Claude (devenu Tiberius Claudius Nero Germanicus après sa promotion au rang de paterfamilias lors de son adoption par son frère) ne fut gravé que sur le rebord et après ceux des princes décédés Gaius et Lucius, et ceux des enfants de Germanicus. Il y a controverse sur la question de savoir si l'inscription fut ajoutée des décennies plus tard par Claude lui-même, n'y figurant pas à la base.[15]

À la mort d'Auguste en 14, Claude—alors âgé de 23 ans— en appela à son oncle Tibère pour lui permettre de commencer le cursus honorum. Tibère, le nouvel Empereur, répondit en accordant à Claude les ornements consulaires. Claude revint à la charge et fut ignoré. Le nouvel Empereur n'étant pas plus généreux que l'ancien, Claude abandonna tout espoir de hautes fonctions et retourna à une vie privée érudite.

Quel que pût être le dédain de la famille impériale, il semble avéré que très tôt Claude recueillait l'estime publique. À la mort d'Auguste, les equites, ou chevaliers, choisirent Claude pour être à la tête de leur délégation. Après l'incendie de sa demeure, le Sénat vota sa reconstruction sur fonds publics. Ils demandèrent aussi à ce que Claude puisse participer aux débats. Tibère n'accepta aucune des deux motions, néanmoins le sentiment demeura. Immédiatement après la mort de Drusus, le fils de Tibère, Claude fut favorisé comme héritier potentiel par certaines factions. Encore une fois, cela suggère que son exclusion de la vie publique était de nature politique. De plus, comme à ce moment le pouvoir et la terreur du Prétorien Séjan étaient à leur apogée, Claude aurait pu décider de faire profil bas au sujet de cette éventualité.

À la mort de Tibère, Caligula, le nouvel empereur, reconnut à Claude une certaine utilité. Il le nomma en effet co-consul en 37 afin de raviver le souvenir du défunt père de Caligula et frère de Claude, Germanicus, qui était très aimé. Caligula tourmenta néanmoins impitoyablement son oncle : il le railla, lui fit verser d'énormes sommes d'argent, l'humilia devant le Sénat, etc. Selon Dion Cassius ainsi que d'après un portrait conservé de lui, à la fin du règne de Caligula, Claude était malade et considérablement amaigri— sans doute à cause de son état de tension[16].

[modifier] Règne

[modifier] Accession au titre d'Empereur

Illustration de la reconnaissance de Claudius comme empereur telle que décrite par Flavius Josèphe.(Lawrence Alma-Tadema,1867)
Illustration de la reconnaissance de Claudius comme empereur telle que décrite par Flavius Josèphe.
(Lawrence Alma-Tadema,1867)

Le 24 janvier 41, Caligula fut assassiné par une conspiration de grande échelle (impliquant notamment le commandant prétorien Cassius Chaerea ainsi que plusieurs sénateurs). Rien n'indique que Claude joua un rôle direct dans l'assassinat, mais on a parfois avancé qu'il était impliqué : en effet il se trouvait sur les lieux du crime peu avant l'événement.[17] Cependant, après le décès de l'épouse puis de la fille de Caligula il est apparu que Cassius cherchait, au-delà d'une simple conspiration contre celui-ci, à éliminer tous les membres de la famille impériale. Dans la confusion qui suivit le meurtre, Claude fut témoin de l'assassinat par la garde germaine de plusieurs membres de familles nobles non impliqués dans cette situation, y compris certains de ses amis. Craignant pour sa vie, il quitta le palais impérial. On a souvent rapporté qu'un garde prétorien répondant au nom de Gratus l'aurait découvert derrière un rideau et immédiatement reconnu empereur.[18] Une partie de la garde aurait prévu de rechercher Claude, peut-être avec son consentement. Ils le rassurèrent et affirmèrent qu'ils n'étaient pas de ceux qui cherchaient vengeance contre la famille impériale. Il fut escorté discrètement jusqu'au camp prétorien et mis sous la protection de la garde.

Le sénat se réunit rapidement mais la séance dériva très vite en une querelle sur lequel d'entre eux serait le nouveau Princeps. Lorsqu'ils furent informés de la revendication des prétoriens en faveur de Claude, ils exigèrent que celui-ci leur soit présenté afin de recevoir leur approbation, mais celui-ci refusa, percevant à juste titre le danger qu'il aurait encouru. Certains historiens, particulièrement Flavius Josèphe,[19] prétendent que Claude était alors guidé dans ses choix par le roi de Judée, Hérode Agrippa. Cependant, une première version du même auteur minimise le rôle d'Agrippa dans les événements[20] — de sorte qu'on ne sait pas quelle part il y eut. Le Sénat fut finalement obligé de céder ; en retour Claude pardonna aux assassins, seul Cassius Chaerea fut exécuté.

Claude prit un certain nombre de mesures pour accroître sa légitimité vis-à-vis de potentiels usurpateurs en insistant sur son appartenance à la famille julio-claudienne. Il adopta ainsi le cognomen de "César" — nom qui avait toujours un grand poids sur la populace. À cette fin il abandonna le cognomen de Néron, qu'il avait adopté en tant que paterfamilias des Claudii Nerones, lorsque son frère Germanicus fut adopté par Tibère et sortit de la famille. S'il n'avait jamais été adopté par Auguste ou ses successeurs, il était tout de même le petit-fils d'Octavie et estimait qu'il en avait le droit. Il adopta également le nom d'Auguste comme les deux empereurs précédents au début de leur règne. Il conserva le nom honorifique de Germanicus afin de rappeler le lien avec feu son frère héroïque. Il déifia sa grand-mère paternelle Livia pour mettre en évidence le fait qu'elle était la femme du divin Auguste. Enfin, Claude utilisait fréquemment le terme de "fils de Drusus" (filius Drusi) dans ses titres pour rappeler son père exemplaire et s'approprier sa réputation.

L'image de Claude souffrit auprès des commentateurs tels que Sénèque de ce qu'il fut déclaré empereur par la garde prétorienne plutôt que par le Sénat — il fut le premier. Il était de plus considéré comme le premier empereur à utiliser la corruption pour s'assurer de la loyauté de l'armée. Cela n'est vrai qu'en partie : par testament Tibère et Auguste avaient tous deux fait de l'armée et de la garde leurs héritiers, et à la mort de Caligula on aurait attendu la même chose si un testament avait existé. La garde conserva la reconnaissance de Claude, qui lui consacra des remerciements sur les pièces frappées au début de son règne.

[modifier] L'expansion de l'Empire

Sous le règne de Claude, l'empire connut de nouveau l'expansion, celle-ci ayant été très réduite depuis l'époque d'Auguste. Les provinces de Thrace, de Mauritanie, Norique, Pamphylie, Lycie, et Judée furent annexées à cette époque. Mais la plus marquante de ces conquêtes fut celle de l'île britannique.

En 43, Claude envoya Aulus Plautius à la tête de quatre légions en Bretagne (Britannia), prenant prétexte de l'appel à l'aide d'un allié local en difficulté. La Bretagne était une cible alléchante pour Rome du fait de sa richesse, en particulier en mines et en esclaves. L'endroit servait également de refuge aux rebelles galliques et autres, l'affaire devait en conséquence être réglée. Claude lui-même se rendit dans l'île après les premières échauffourées, amenant avec lui des renforts incluant des éléphants de guerre. Ceux-ci durent faire une forte impression sur les Bretons lors de leur intervention dans la capture de Camulodunon. Il repartit au bout d'une quinzaine de jours mais demeura dans les provinces un certain temps. Le Sénat lui accorda un triomphe. Seuls les membres de la famille impériale avaient droit à de tels honneurs, mais plus tard Claude leva cette restriction pour récompenser ses généraux conquérants. On lui donna également le titre honorifique de "Britannicus" mais il ne l'accepta que pour son fils, ne l'utilisant jamais lui-même. À la capture du général britannique Caratacos en 50, Claude lui accorda sa clémence. Caractacos finit sa vie sur des terres fournies par l'Etat, fin certainement atypique pour un général ennemi mais qui pourrait avoir calmé la résistance britannique.

Claude lança un recensement en 48 qui dénombra 5 984 072 citoyens romains, soit une augmentation de près d'un million depuis celui mené à la mort d'Auguste. Il avait lui-même aidé à l'accroissement de la population à travers la fondation de colonies romaines dans lesquelles on accordait la pleine citoyenneté romaine. Ces colonies étaient parfois issues de communautés préexistantes, en particulier de celles qui comprenaient des élites parvenant à rallier la populace à la cause romaine. Plusieurs de ces colonies furent placées dans de nouvelles provinces ou à la frontière de l'empire pour s'approprier le plus rapidement possible les conquêtes romaines.

[modifier] Aspect législatif et juridique

Tout d'abord, Claude jugea personnellement un grand nombre d'affaires durant son règne. Les historiens anciens lui en firent souvent reproche, d'autant plus que ses jugements auraient été variables et se seraient parfois écartés de la loi.[21] Il était également considéré comme influençable. Claude cependant mena une réflexion profonde sur le système judiciaire. Il traita ainsi l'encombrement des tribunaux. Il étendit les sessions d'été et d'hiver de la cour en écourtant ses interruptions traditionnelles, et fit également passer une loi obligeant les plaignants à rester en ville pendant le traitement de leurs affaires, comme cela était déjà le cas pour les accusés ; ceci eut pour effet de débarrasser d'un certain nombre d'affaires la cour.

Par ailleurs, l'âge minimal des jurés fut porté à 25 ans pour leur garantir une certaine expérience.

Ensuite, Claude arbitra les différends dans les provinces. Il affranchit ainsi les îles de Rhodes pour récompenser leur fidélité, il exempta Troie de l'impôt. De même, il régla l'affaire d'Alexandrie. Au début de son règne en effet, les Grecs et les Juifs d'Alexandrie lui envoyèrent chacun une ambassade à la suite d'émeutes opposant les deux communautés. En réponse, Claude rédigea une "Lettre aux Alexandrins" qui réaffirmait les droits des juifs dans cette ville mais leur interdisait dans le même temps d'y continuer l'envoi de colons en masse. D'après Josèphe, il reconnut ensuite les droits et libertés de tous les juifs de l'empire.[22] Enfin, il s'efforça de trouver une solution réaliste à la situation de Trente. Un envoyé de Claude avait découvert en effet que beaucoup d'anciens citoyens romains issus de la cité de Trente n'en avaient en fait pas la qualité ; l'empereur dans une déclaration déclara qu'à partir de ce jour ils seraient considérés comme détenant la pleine citoyenneté : les priver de leur statut aurait été source de problèmes considérables. Dans les cas individuels cependant Claude demeurait très sévère à l'égard des faux citoyens et fit de cela un crime puni de mort ; de même les affranchis prétendant faussement à la qualité de chevaliers étaient réduits en esclavage.

La publication de très nombreux édits marqua le règne de Claude. Ils touchaient des sujets divers, allant du domaine médical à la morale. Deux exemples médicaux mémorables en particulier nous sont parvenus : l'un conseillait le suc d'if contre les morsures de serpent, et l'autre faisait l'éloge des flatulences publiques pour une bonne santé. Un décret resté célèbre traitait du statut des esclaves malades ; en effet jusque là les maîtres abandonnaient à la mort les esclaves malades au temple d'Esculape et s'ils survivaient les récupéraient. Claude décida que les esclaves qui guérissaient seraient affranchis et que les maîtres qui choisiraient de tuer leurs esclaves plutôt que de prendre ce risque seraient poursuivis pour meurtre.

[modifier] Constructions publiques

Claude s'impliqua dans un grand nombre de construction publiques, à Rome comme dans les provinces. Il bâtit deux aqueducs, l’Aqua Claudia, qui avait été commencé sous Caligula, et l’Aqua Anio Novus. Ils atteignirent la Ville en 52, se rejoignant à la célèbre Porta Maggiore. Il en restaura un troisième, l’Aqua Virgo.

Il s'intéressa notamment aux voies de communication et d'approvisionnement, d'où des routes et des canaux, en Italie comme dans les provinces. En particulier, il fit édifier un canal du Rhin à la mer et une route de l'Italie à la Germanie, mettant ainsi la dernière touche à des chantiers entamés par son père Drusus.

Par ailleurs à Rome il fit creuser un canal navigable sur le Tibre qui menait à Portus, son nouveau port, situé au Nord d'Ostie. Ce port était bâti en demi-cercle autour de deux brise-lames, un phare occupant sa bouche. Cette construction eut aussi pour effet de réduire les inondations de Rome.

La construction du port d'Ostie constituait également pour partie une solution aux pénuries de blé, fréquentes en hiver (hors-saison pour la navigation). En effet, dans le même temps on chercha à garantir les vaisseaux des marchands de grain qui prendraient le risque du voyage en Égypte à la mauvaise saison, et on accorda à leurs marins des privilèges spéciaux, comme la citoyenneté et l'exemption de la loi Papia-Poppea (qui régulait le mariage). Au surplus, on abrogea les impôts que Caligula avaient institués sur la nourriture et réduisit plus encore ceux touchant les communautés qui souffraient de sécheresse ou de famine. Dans ce même but Claude souhaita augmenter la quantité de terre arable en Italie. On tenta d'assécher le lac Fucin, ce qui avait également l'avantage non négligeable de rendre sa rivière navigable toute l'année. Un tunnel fut percé dans le lit du lac, mais ce fut un échec : le tunnel n'étant pas assez grand pour conduire l'eau, il s'affaissa, ce qui fit refluer celle-ci. L'assèchement du lac n'était cependant pas une idée vaine et beaucoup de souverains et dirigeants s'y employèrent : les empereurs Hadrien et Trajan, le Saint Empereur Romain Germanique Frédéric II au Moyen Âge. La réalisation concrète dut cependant attendre au XIXe siècle le prince Alessandro Torlonia, qui fit pour ce faire tripler la taille du tunnel claudien originel.

[modifier] Relations de Claude et du Sénat

[modifier] La centralisation du pouvoir

[modifier] Réformes en matière religieuse

[modifier] Décès, déification et postérité

Les historiens antiques s'accordent à dire que Claude est mort empoisonné — probablement par des champignons — dans la matinée du 13 octobre 54. Mais les détails varient beaucoup. Certains disent que Claude était à Rome[22] alors que d'autres disent qu'il était à Sinuessa[23]. Certains impliquent Halotus, son goûteur, Xénophon, son médecin ou l'empoisonneuse Locusta comme étant l'administrateur de la substance fatale[24]. Certains racontent qu'il est mort après une longue agonie à la suite d'une dose unique lors d'un dîner, d'autres estiment qu'il s'est remis avant d'être à nouveau empoisonné[22]. Presque tous impliquent sa femme Agrippine comme étant l'instigatrice. Claude et Agrippine se sont opposés de plus en plus souvent dans les mois précédant sa mort, au point que Claude s'est ouvertement lamenté de ses mauvaises femmes et a commencé à parler du jeune Britannicus en supposant un retour au sein de la famille impériale[25]. La motivation d'Agrippine est d'assurer la succession chez Néron avant que Britannicus ne puisse prendre le pouvoir. Certains auteurs modernes ont développé des doutes sur l'empoisonnement de Claude et ont parlé de folie ou de vieillesse[26]. D'autres estiment que l'universalité des accusations de meurtres chez les Anciens accrédite la thèse de l'assassinat[27].

[modifier] Études historiques

[modifier] Oeuvres de fiction

Robert Graves a publié deux nouvelles sur Claude : Moi, Claude et Le Dieu Claude, dont a été tirée une télésérie : Moi Claude empereur.

[modifier] Noms et titres

[modifier] Noms successifs

  • -10, né TIBERIVS•CLAVDIVS•DRVSVS
  • 4, adoption de son frère aîné Germanicus : TIBERIVS•CLAVDIVS•NERO•GERMANICVS
  • 41, accède au trône : TIBERIVS•CLAVDIVS•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS

[modifier] Titres et XXX

[modifier] Titulature à sa mort

À sa mort en 54 Claude avait la titulature suivante :

TIBERIVS•CLAVDIVS•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIAE•POTESTATE•XIV, CONSVL•V, IMPERATOR•XXVII, PATER•PATRIAE

Note : Claude fut divinisé après sa mort par le Sénat.

Claude était titulaire d'un temple à Camulodunum (Colchester), première capitale et première colonie romaine de la Grand-Bretagne.

[modifier] Notes et références

  1. Suétone, Vie des Douze Césars, Claude, 30.
  2. Sénèque Apocolo. 5, 6.
  3. Suétone, Claud. 30.
  4. Suétone, Claud. 31.
  5. Suétone, Claud. 38.
  6. Leon (1948).
  7. Suétone, Claud. 5, 21, 40; Dio Rom. Hist. LX 2, 5, 12, 31.
  8. Suet. Claud. 34, 38. Tacitus Ann. XII 20.
  9. Suétone, Claud. 35, 36, 37, 39, 40. Dio Rom. Hist. LX 2, 3.
  10. Suétone, Claud. 29. Dio Rom. Hist. LX 2, 8.
  11. Dion Cassius, Hist. Rom. LX 2
  12. Suétone, Claud. 2 et 4
  13. Suétone, Claud. 4.
  14. Scramuzza (1940) p. 39.
  15. Stuart (1936).
  16. Dion Cassius Hist. Rom. LX 2. Suhr (1955).
  17. Major, 1992
  18. Flavius Josèphe, Antiquitates Iudiacae , XIX, 212. Dion Cassius, Hist. Rom., LX 1.
  19. Flavius Josèphe Ant. Iud. XIX.
  20. Flavius Josèphe Bellum Iudiacum II, 204–233.
  21. Suétone, Claud. 15. Dion Cassius, Hist. Rom. LXI 33.
  22. ab Suétone, Claud. 44
  23. Tacite, Ann. XII 66
  24. Sur sa mort : Suétone, Claud. 43, 44. Tacite, Ann. XII 64, 66–67. Flavius Josèphe Ant. Iud. XX 148, 151. Dion Cassius Rom. Hist. LX 34 Pline Histoire naturelle II 92, XI 189, XXII 92.
  25. Suétone, Claud. 43
  26. Scramuzza, (1940) pp. 92–93, dit que la tradition fait de chaque empereur une victime d'un acte criminel, donc on ne peut savoir si Claude a réellement été assassiné. Levick (1990) pp. 76–77. soulève la possibilité que Claude ait été tué par le stress généré par le conflit avec Agrippine sur la succession mais conclu que le déroulement des faits rend l'assassinat la cause la plus probable.
  27. Levick (1990) est aussi opposé à l'idée de l'assassinat d'Auguste qui n'est font que sur Tacite et sur Dion Cassius qui s'appuie lui-même sur Tacite. Suétone, toujours au fait des rumeurs, n'en fait aucune mention.

[modifier] Sources

[modifier] Bibliographie

  • Robert Graves, Moi, Claude, roman, Gallimard
  • Barbara Levick, Claudius, New Haven, Yale University Press, 1990.
  • Vincent Scramuzza, The Emperor Claudius, Cambridge, Harvard University Press, 1940

[modifier] Filmographie

[modifier] Liens externes

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  Les empereurs romains  
Caligula (37 - 41) Claude (41 - 54) (Julio-Claudiens) Néron (54 - 68)