Critique de la psychanalyse

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La psychanalyse a rencontré des critiques dès sa naissance. Les thèses de Freud ont provoqué l'opposition de scientifiques, médecins, philosophes et psychologues de son temps. En effet, Freud contestait la suprématie de la conscience et de la volonté : le sujet philosophique et moral n'était plus l'axe central du sujet psychologique, puisqu'une part essentielle est sous l'emprise de l'inconscient ; il proposait une compréhension des troubles psychologiques hors de la sphère biologique et il plaçait au centre du développement psychique, et dès l'enfance, les conflits dans le développement de la sexualité infantile, il était reproché à Freud de remettre en cause l'innocence de l'enfance.

Sommaire

Mise en perspective

Les critiques de Freud et de la psychanalyse furent jusqu'à aujourd'hui extrêmement nombreuses et variées. Il est parfois difficile de distinguer les critiques qui portent sur Freud lui-même (sa personnalité, son manque de rigueur supposé) de celles qui portent sur la psychanalyse, discipline dont les bases théoriques ont considérablement évolué au cours du siècle amenant à des écoles, des théorisations, des pratiques, fort différentes les unes des autres aujourd'hui. Ceci fait que certaines critiques adaptées à la psychanalyse "des débuts" ne le sont plus aujourd'hui. Un grand nombre de critiques apparaissent dirigées contre Freud lui-même avec l'idée qu'attaquer le fondateur pourrait mettre à mal l'édifice. En France, la critique de Freud est souvent une critique de Freud via Lacan qui a eu une énorme influence sur les milieux intellectuels et universitaires (cf. par exemple Mikkel Borch-Jacobsen lui-même proche des lacaniens durant son séjour à Paris[réf. nécessaire]).

Le débat sur la psychanalyse s'est radicalisé depuis les années 1980, à partir de la parution en 1984 du pamphlet de Jeffrey Masson, Le réel escamoté (The Assault on Truth). Selon cet auteur, Freud aurait minimisé voire négligé les abus dont auraient été victime certaines de ses patientes. La polémique s'est intensifiée pendant les dix années suivantes, si bien qu'on a parlé de Freud Wars. La polémique fut si intense que le Congrès américain décida en 1995 du report d'une exposition consacrée à Freud sous la pression de quelques historiens, idéologues et d'épistémologues [1]. Ce groupe hostile à la psychanalyse et à Freud et qui se désigne souvent sous le terme de Freud scholars comprend des chercheurs et des polémistes issus d'horizons différents et qui appliquent à la psychanalyse des critiques virulentes selon différents modes d'approche : historique, épistémologique et thérapeutique.

Ces Freud Wars ont, plus récemment encore, essaimé vers le monde francophone sous la forme de la parution d'un pamphlet : Le Livre noir de la psychanalyse, qui reprenait les critiques des Freud scholars et d'auteurs français. Suite à cette parution, un vif débat s'est engagé.

Critiques de philosophes

La psychanalyse n'a pas toujours fait bon ménage avec la philosophie et ses différents et innombrables courants. Sans parler des critiques marxistes, existentialistes, etc. il n'est pas possible de les résumer toutes d'autant qu'elles varient selon leur auteur ou les courants en cause. A l'époque de Freud, Pierre Janet au carrefour de la philosophie et de la psychologie s'est montré réticent et même mordant. Karl Jaspers, tout en admirant les percées compréhensives de la recherche psychanalytique, en critiquait le confusion entre « psychologie explicative » et « psychologie causale ». Il estimait que la psychanalyse devenait un système totalisant qui négligeait les limites de ce qu'on peut comprendre de l'âme humaine. Ludwig Wittgenstein a lui aussi été un contradicteur farouche des oeuvres psychanalytiques desquelles il ne retenait rien ou à peu près. Débarrassée de la métaphysique et totalement colonisée par les sciences mathématiques, la logique formelle, positiviste, néo-positiviste ou « analytique », les critiques se sont dès lors tournées vers la question de la validité scientifique.

Critiques de la validité scientifique

Dans les années 1970 mais encore aujourd'hui, la psychanalyse a une influence importante en particulier en France, où elle est mentionnée dans les programmes de philosophie de la classe de terminale. Elle l'est également dans les magazines grand public, mais sans doute avec une répercussion moindre. Cette situation est déplorée[réf. nécessaire] par ceux qui lui contestent le statut de science du fait que la théorie psychanalytique ne se présenterait pas comme «réfutable» au sens où l'entendait Popper dans la Logique de la découverte scientifique (1934).

La psychanalyse est d’ailleurs une des disciplines que conteste la zététique [2], par, en grande partie, la critique épistémologique.

La réfutabilité

Icône de détail Article détaillé : Réfutabilité.

Avec Karl Popper, épistémologue, ces critiques estiment que la psychanalyse n'est pas une science issue d'une forme de recherche expérimentale. L'argumentation de Popper porte principalement sur le fait que, dans la cure analytique, toute dénégation peut être remise en question et être considérée comme une défense de la personne à l'égard d'une interprétation du psychanalyste. Prévenant par avances ses critiques, la psychanalyse serait donc irréfutable or Karl Popper a élevé la réfutabilité (en anglais : falsifiability) au rang de critère décisif de scientificité. Est scientifique une explication qui est réfutable et non l'inverse comme le préjuge une conception primitive de la science que partageait Freud. Au terme de son raisonnement, Popper écarte la psychanalyse des sciences au même titre que l'astrologie et avec quelques hésitations, le darwinisme.

En effet, pour réfuter l'hypothèse centrale de la psychanalyse qui affirme que le refoulement des pulsions ou traumas dans l'inconscient est la cause de certains troubles ou certains actes non intentionnels, il faudrait pouvoir montrer que dans certains cas, l'arrivée à la conscience des souvenirs traumatiques incriminés (fin ou absence du refoulement) n'entraîne pas la disparition des troubles. Or, c'est impossible, puisqu'il est toujours possible d'affirmer que les troubles persistent à cause de résidus inconscients « non liquidés » qui sont par nature impossibles ou difficiles à atteindre. [3]

Par conséquent, l'hypothèse d'un lien de causalité entre refoulement et névrose ne peut être réfutée. Sans cette hypothèse, il est parfaitement possible de rejeter l'hypothèse de l'existence d'un inconscient freudien (qui diffère de l'inconscient cognitif) qui reste, certes non réfutable, mais sans aucun fondement. En fait le raisonnement psychanalytique est plus ou moins circulaire, puisque pour montrer l'existence de l'inconscient, il faudrait pouvoir le connaître, et en faisant cela, il deviendrait conscient. Il est donc impossible d'observer l'inconscient et de démontrer son existence. Il ne s'agit que d'une hypothèse à laquelle on adhère par un acte de foi. [réf. nécessaire]

Dans les fondements de la psychanalyse, Adolf Grünbaum argumente sur le fait que Freud n'a jamais fourni la moindre preuve inductivement valide de ses théories. Toutefois, Grünbaum s'oppose avec vigueur contre la critique de Karl Popper selon laquelle la psychanalyse serait entièrement irréfutable, donc, de ce point de vue, non scientifique (Grünbaum précise qu'il serait possible de rendre certaines théories freudiennes réfutables par l'expérience moyennant des modifications). [4] « (…), je soutiens que dans la mesure où le flou des conséquences et/ou l’indétermination déductive militent contre la falsifiabilité empirique de la théorie freudienne, ils sapent sa capacité explicative aussi bien que sa confirmabilité inductive ».[5]

L'applicabilité du critère de démarcation

Icône de détail Article détaillé : Problème de la démarcation.

Des freudiens contestent la généralisation à toutes les sciences de « la logique de la découverte scientifique ». PourtantPopper défend qu’il ne peut y avoir qu’une seule et unique méthode scientifique, procédant à l’aide de tests intersubjectifs, reproductibles et indépendants, par « conjectures et réfutations ». En effet, il pense qu'il est démontrable, que toutes les théories scientifiques qui prétendent avoir une portée universelle, tout en ayant des pouvoirs descriptifs, explicatifs, et prédictifs sur des phénomènes, doivent aussi avoir la forme logique d’énoncés universels au sens strict. C’est-à-dire, comme l’explique Popper, d’énoncés logiquement invérifiables, mais également logiquement falsifiables (ou réfutables).

Il est à souligner que Popper a toujours précisé que son critère de démarcation était avant tout un critère logique de démarcation entre les énoncés scientifiques et les énoncés métaphysiques[6], et qu'il était toujours possible d'éviter une réfutation par le moyen d'hypothèses auxiliaires, ad hoc. "(...)la falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne signifie pas qu'une falsification puisse être obtenue en pratique ou que, si on l'obtient, elle soit à l'abri de toute contestation. La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne désigne rien de plus qu'une relation logique entre la théorie en question et la classe des énoncés de base, ou celle des événements décrits par ces énoncés : les falsificateurs potentiels. (...) J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934) (...) qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. (...) il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc (...); on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante."[7]

Le problème du déterminisme psychique absolu et aprioriste

Icône de détail Article détaillé : Déterminisme.

En considérant les écrits de Freud, il semble que celui-ci postule le déterminisme. Il introduit le chapitre 12 de « Psychopathologie de la vie quotidienne » par les propos suivants :

« La conclusion générale qui se dégage des considérations particulières développées dans les chapitres précédents peut être formulée ainsi : certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique [...] et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu'on les livre à l'examen psychanalytique, comme parfaitement déterminés par des raisons qui échappent à la conscience.» [8]

De plus, bien que Freud parle de « certaines » insuffisances et actes, donc, a priori, d'un déterminisme psychique absolu qui ne s'appliquerait que dans certains cas concernant la causalité psychique et non dans tous les cas. Autrement dit que l'individu n'est pas, selon Freud entièrement soumis au principe du déterminisme qu'il propose. Mais après la lecture globale de l'oeuvre de Freud, il semble qu'il s'y inscrive bien, c'est en tout cas l'avis des épistémologues critiques de la psychanalyse tel que Karl Popper.

Il semble bien admis, par la plupart des critiques de Freud (et aussi par les psychanalystes), que le déterminisme psychique absolu a eu une importance considérable, pendant toute la carrière du père de la psychanalyse. Frank Sulloway : « Dans le travail scientifique auquel il consacra toute sa vie, Freud se caractérise par une foi inébranlable dans l'idée que tous les phénomènes de la vie, y compris ceux de la vie psychique, sont déterminés selon des règles inéluctables par le principe de la cause et de l'effet. (...) Qui plus est, que les réponses du patient fussent vérité ou fantasme, elles étaient toujours déterminées psychiquement, comme Freud l'expliquait devant la Société de psychanalyse de Vienne en 1910. » (In : « Freud biologiste de l'esprit ». Edition Fayard, page 87).

La thèse de Popper
Icône de détail Article détaillé : Karl Popper.

D'après Popper[9], toute science, vise à la corroboration de lois universelles dont le but est de permettre la prédiction, l'explication, ou la description des phénomènes, autrement dit, toute science, selon Popper a pour but de montrer, comment ses objets d'études sont « déterminés ».

En conséquence, la science vise donc à l'édification de lois précises, ou causales (donc déterministes) ou de lois fréquentistes (Popper explique que ces deux types de recherche ne sont nullement incompatibles)[10].

Karl Popper[11], fait la démonstration de l'impossibilité de toute forme de déterminisme absolu et aprioriste (prima faciae), qu'il nomme « déterminisme scientifique », d'avoir une quelconque valeur explicative, descriptive, et prédictive. Pour Popper, cette forme de déterminisme prima faciae et absolue, n'est absolument d'aucune utilité pour la science car elle ne peut avoir strictement aucune valeur explicative.

Déterminisme « psychique absolu »

Freud a prôné un déterminisme psychique absolu[12], excluant tout hasard et « valable sans exception », mais aussi, aprioriste, ce qui est le trait distinctif crucial du déterminisme psychanalytique. [13]

Freud écrit que « Nous ne serons pas étonnés de constater que l'examen analytique révèle comme étant parfaitement déterminés, non seulement les nombres, mais n'importe quel mot énoncé dans les mêmes conditions. »[14]

Ainsi, selon cette conception du déterminisme qui ne laisse aucune part au hasard, Freud devrait pouvoir, non seulement interpréter (comme il le fait dans « Psychopathologie de la vie quotidienne »), mais aussi expliquer causalement, ainsi que prédire[15] tous les nombres et tous les mots, si c'est bien une science de l'inconscient qu'il prétendait fonder. Le déterminisme psychique absolu implique donc la possibilité d'expliquer et prédire n'importe quel nombre ou mot composé d'autant de membres que l'on voudra, et ce, en excluant toute erreur aussi minime soit-elle.

Des psychanalystes, tels Pierre-Henri Castel, ont également remarqué les problèmes liés aux conceptions de Freud sur le déterminisme. Castel souligne, par exemple : « (...) La position de Freud, pour être conséquente, doit donc interpréter tous les phénomènes considérés en général comme fortuits, comme des produits du déterminisme psychique. Il n'est plus ici question du rêve ou du mot d'esprit, mais de la liste par définition indéfiniment ouverte des ratages qui attestent l'action d'un refoulement. »[16].

Déterminisme « a priori »

Ce déterminisme psychique absolu est aussi a priori [17]. Cet apriorisme, (qui constitue le caractère crucial du déterminisme tel que Freud le concevait), relevé, notamment, par Timpanaro, est en effet nécessaire pour pouvoir permettre une technique thérapeutique fondée sur l'interprétation des associations dites libres [18], puisque pendant l'analyse, selon Freud, le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête (en effet, Freud écrit dans Cinq leçons sur la psychanalyse : « (...)il faut(...) qu'il dise tout ce qui lui vient à l'esprit, même s'il pense que c'est inexact, hors de la question, stupide même, et surtout s'il lui est désagréable que sa pensée s'arrête à une telle idée. S'il se soumet à ces règles, il nous procurera les associations libres qui nous mettront sur les traces du complexe refoulé » [19]).

Si c'est donc bien l'ensemble des associations verbales, [ou non verbales comme par exemple des dessins ou des œuvres d'art] que la psychanalyse se propose d'expliquer à l'aide de ses lois causales strictes, en tant que ces associations seraient appréhendées comme libres, alors il est nécessaire pour la psychanalyse de disposer d'une théorie fondée sur un tel déterminisme permettant d'appréhender, a priori et sans aucun risque d'erreur puisqu'elle exclut le hasard, le libre jeu apparemment indéterminé et libre de toutes les associations verbales ou non verbales que peut faire le genre humain. D'après Karl Popper, et aussi Jacques Bouveresse (ibid, page 116), aucun déterminisme de ce type, ne peut en réalité, permettre à la psychanalyse ou même à tout autre doctrine de réaliser les objectifs qu'elle se donne que ce soit sur le plan théorique, ou thérapeutique.

On remarque que Freud exclut de la « vie psychique », toute possibilité d'arbitraire (c'est-à-dire, pour lui, de quelque chose de soumis au contrôle du libre-arbitre, donc de la conscience), et de fortuit, (c'est-à-dire, le hasard)[20]. Mais en excluant de façon aussi explicite le hasard au niveau d'une causalité inconsciente, Freud exclut aussi, logiquement, toute erreur de calcul que puisse faire l'inconscient, perspective invalidée par Karl Popper.

Toute tentative thérapeutique est un projet de prédiction, puisque l'on prédit que par l'application de certaines techniques thérapeutiques soutenues par la corroboration de certaines théories universelles, le patient guérira de ses névroses, ou alors trouvera un nouveau sens positif à sa vie. Ainsi, et en se basant sur le déterminisme psychique absolu (et aprioriste), la psychanalyse devrait pouvoir réaliser, d'après Popper, des prédictions thérapeutiques, ou tout autre type de prédictions se rapportant au comportement et au psychisme humain, avec n'importe quel degré de précision stipulé à l'avance.

Mais Jacques Bouveresse[21] avance que, en s’appuyant (notamment) sur la critique du « déterminisme scientifique » élaborée par Karl Popper, les théories freudiennes supposées détenir une valeur explicative, ne pourraient en réalité fournir les causes aussi strictes impliquées par l’affirmation d’un déterminisme psychique absolu et aprioriste (prima faciae), et, encore moins, donner lieu à de quelconques prédictions sur le psychisme humain, puisque la capacité revendiquée par Freud de fournir les causes d'un phénomène implique logiquement celle de pouvoir les prédire.

En somme, et en reprenant les analyses de Lévi-Strauss et du marxiste Timpanaro, Jacques Bouveresse fait remarquer que la psychanalyse se rapprocherait beaucoup plus de la « magie concrète » que de la science, en raison, précisément, de ses positions favorables à un déterminisme strict excluant le hasard.[22] Cette critique, selon laquelle la psychanalyse ne serait qu'une « pensée magique » établie dans la « mentalité primitive », et qui procèderait par « développements scolastiques », à cause de son déterminisme strict négligeant les « secondes causes », se retrouve aussi chez Pierre Debray-Ritzen. [23]

Ethnographie, sciences sociales

L'universalité du concept de complexe d’Œdipe semble invalidé par des recherches (notamment ethnographiques)

  1. on ne retrouve pas partout l'interdit de l'inceste (les pharaons d'Egypte le pratiquaient, le mythe du frère-époux y étrait très présent, et Cléopâtre elle-même était fille d'un frère et d'une soeur.
  2. certaines sociétés n'ont pas de familles structurées autour du père.

Ces points interrogent la validité universelle de ce concept psychanalytique; cela étant, l'immense majorité des groupes humains pratiquent bien une forme d'exogamie, comme le montrera Lévi-Strauss, en s'appuyant sur des interdits souvent puissants. Ainsi le complexe d'Œdipe est à comprendre comme un concept social plus que biologique (« N'épouse pas ta soeur » signifiant alors « Donne ta soeur à une autre famille pour faire alliance avec elle »), ce que parfois Freud laisse penser (cf. Moïse et le monothéisme) ;

Les réflexions sur la civilisation de Freud sont établies en confondant celle-ci avec la culture. Dans ses ouvrages Malaise dans la civilisation, L'Avenir d'une illusion et Moïse et le monothéisme, le psychanalyste s'intéresse à la sociologie et à l'anthropologie. Il considère d'ailleurs la sociologie comme une psychologie appliquée.

Freud estime que la civilisation est menacée de dislocation sous l'effet de deux forces antagonistes :

  • les contraintes qu'elle exerce sur l'individu, et qui font entrave à ses désirs immédiats, d'où frustration cumulative au fil du temps
  • la culture qu'elle crée et qui allège certes une grande partie de ces tensions, mais amène en revanche à s'interroger sur l'utilité de cette civilisation elle-même

Il s'étonne et s'inquiète que la civilisation elle-même puisse être rejetée. Ce rejet se traduirait pour lui par un souhait inconscient de destruction de ce qui forme son humanité, la civilisation. La pulsion de mort, Thanatos serait à terme aussi forte que la pulsion de vie, Éros. Le concept de pulsion est influencé par celui de volonté chez Schopenhauer. Cela est à rapprocher du « Nous autres civilisations savons maintenant que nous sommes mortelles » de Paul Valéry contemplant le naufrage définitif qu'avait risqué l'Europe durant la Grande Guerre

Critiques relatives à la légitimité du psychanalyste

La pratique de la psychanalyse n'implique pas la détention d'un diplôme universitaire particulier. Pour être affilié à une association de psychanalystes, il est impératif, que le praticien ait été lui-même analysé par l'analyse didactique, pendant de nombreuses années ce qui tout à fait cohérent avec les écrits de Freud. L'accès aux métiers en rapport avec les soins médicaux, psychiatriques ou non, sont strictement encadrés dans la plupart des pays occidentaux . En France la psychanalyse n'est pas encore parvenue à se doter d'une réglementation de la psychothérapie, celle-ci d'ailleurs, encore récente. Il en va de même pour les thérapies béhavioristes, dernières nées. C'est une des critiques qui lui sont le plus souvent faites.

L'impact scientifique de la psychanalyse

Selon un rapport de l'IPA (International Psychoanalytical Association) [24], la psychanalyse pourrait avoir moins d'impact scientifique qu'auparavant. En effet, cette analyse concernant la fréquence de moyen de citation de l’« International Journal of Psychoanalysis » et le Journal de l’Association Psychanalytique Américaine dans le « Social Science Citation Index » montre un déclin des citations par d'autres journaux. Ce qui signifierait que la psychanalyse se développerait en « ignorant les contributions contemporaines »(Op. cit.).

Critiques historiques et politiques

Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie.
Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie.

Henri F. Ellenberger, psychiatre, et Frank J. Sulloway ont développés les critiques sur ce qu'ils appellent les « légendes » (voir Ellenberger, in « Histoire de la découverte de l'inconscient », 1970. Henri Ellenberger, par ailleurs souvent reconnu par les défenseurs de la psychanalyse comme un critique impartial et érudit de son histoire, lui reconnaissant certaines qualités, écrit qu’il est très difficile de juger en toute objectivité l’influence de Freud tant son histoire trop récente serait déformée par les légendes, et qu’il « serait d'un intérêt inestimable de découvrir le point de départ de la légende freudienne et d'analyser les facteurs qui ont permis son développement.» [25]

Frank Sulloway, in « Freud biologiste de l'esprit »; Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, in « Le dossier Freud, enquête sur l'histoire de la psychanalyse »; développent, à la suite d'Ellenberger, (et en reprenant parfois ses thèses), des arguments concernant ce qu'ils appellent le mythe du héro, des légendes, des produits de l'imagination de Freud, etc.

Les arguments, parfois sévères ou polémiques , de ces historiens ont été repris à leur suite, par d'autres intellectuels ayant entrepris des recherches et publié des travaux critiques de nature historique sur Freud et la psychanalyse.

Sigmund Freud s'est présenté comme le Galilée de la psychologie de son temps, le découvreur de l'inconscient et de la psychanalyse qui serait devenue sa « science privée » (Mikkel Borch-Jacobsen et Shamdasani) [26].

Or, Auguste Forel (défenseur de l'eugénisme), contesta à Freud la découverte de la méthode psychanalytique en ces termes :

« Le découvreur de la méthode psychanalytique [sans « o » ], tant du point de vue de sa signification psychologique que de sa signification thérapeutique, est le Dr Joseph Breuer de Vienne.» [27]
Henri F. Ellenberger relativise l'originalité de la découverte freudienne :
« La légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s’est développée la psychanalyse, d’où le thème de l’originalité absolue de tout ce qu’elle a apporté : on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général.» [28]

Pour la psychiatrie organiciste, la psychanalyse aurait été, comme c'est devenu à nouveau le cas aujourd'hui, un produit de l'imagination de Freud et de ses successeurs. En effet, selon les travaux des « Freud scholars » (les historiens de Freud, parfois qualifiés de révisionnistes), ce dernier, depuis les débuts jusqu'à la fin de sa vie, n'aurait jamais admis de témoin indépendant dans son cabinet (au contraire de certains de ses plus éminents premiers modèles tels Charcot) ni de contrôle extra-clinique et reproductible de ses théories, en rejetant de manière explicite, dans une réponse restée célèbre à Rosenzweig, la méthode expérimentale [29]

Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, soutiennent également que :

« L'ignorance systématique des travaux des autres chercheurs et le refus systématique de s'ouvrir à leurs critiques sont un des traits distinctifs de l'obédience psychanalytique.» [30].

La théorie de l'inconscient et le complexe d'Oedipe seraient entièrement le fruit de l'échec reconnu par Freud lui-même de sa propre auto-analyse par introspection (procédé déjà reconnu comme obsolète en son temps, et déjà longtemps avant, par Emmanuel Kant in : "Anthropologie. Divers fragments relatifs aux rapports du physique et du moral et au commerce des esprits d'un monde à l'autre."

« C'est une chose digne de réflexion, une chose utile et nécessaire pour la logique et la métaphysique, d'observer en soi les différents actes de la faculté représentative, lorsqu'on les provoque. Mais vouloir s'épiloguer, prétendre connaître la manière dont ces actes surgissent d'eux-mêmes dans l'âme sans être suscités (...), c'est un renversement de l'ordre naturel dans la faculté de connaître (...) c'est déjà ou une maladie de l'esprit (...), ou un acheminement à la folie.» [31]

Selon les plus récents travaux des « Freud scholars » (Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani), Freud n'aurait, en travaillant reclus dans son cabinet et en excommuniant systématiquement les critiques, bâti que « sa science privée », ainsi que des légendes autour de son personnage et de sa doctrine afin de mieux imposer l'objectivité de ses études et de ses résultats d'une part, et de rigueur et d'honnêteté de ses méthodes d'autre part. Freud aurait dissimulé ses inspirations de biologiste (jugées obsolètes, par Ernst Kris, l’un de ses plus ardents défenseurs), dans la conception de ses théories, afin de mieux donner l’impression d’une rupture scientifique radicale avec la psychologie de son temps, pour s’affirmer, en « pur psychologue » comme le nouveau « Galilée » de la psychologie. C'est donc ce travail de dissimulation de ses inspirations biologistes obsolètes qu'aurait opéré Freud, qui justifie le qualificatif de « cryptobiologiste de l'esprit », utilisé par Frank Sulloway dans son étude. Toutefois, ce point de vue est critiqué, par Borch-Jacobsen et Sonu-Shamdasani.

Les « Freud scholars » semblent unanimes sur le fait que Freud fut le seul témoin privilégié de la création de ses théories et de leur confirmation, et du traitement des grands cas sensés être représentatifs de l'efficacité de sa méthode thérapeutique ainsi que de la validité des théories qui les sous tendent.

Les travaux des Freud scholars sont parfois qualifiés « d’insultants » ou « d'infamants », par des défenseurs de la psychanalyse. L'argument du complot, et de la « conspiration », revient aussi de façon récurrente dans les discours et les écrits des défenseurs de la psychanalyse, qui voient dans les critiques une « haine » contre Freud et la psychanalyse, donc de l'irrationnel qui ne peut être traité sur le front du discours rationnel et critique mais sur celui du symptôme (Cf. par exemple le livre d'Elisabeth Roudinesco« Pourquoi tant de haine ? - anatomie du livre noir de la psychanalyse »).

Critique par le régime nazi

Il existe une autre critique totalement différente de la précédente, qui est celle du régime nazi. En effet, ce dernier a sévèrement critiqué la psychanalyse, considérée comme une « science juive ». A partir de 1933, les ouvrages de Freud ont été brûlés en place publique en Allemagne, les instituts de psychanalyse fermés, et de nombreux lieux de soins saccagés [32]. Le nazisme a notamment causé la fuite des premiers psychanalystes allemands, autrichiens et hongrois vers Londres, New-York et l'Amérique latine. La pratique de la psychanalyse n'à toutefois pas complètement disparu sous le régime nazi. Certains psychanalystes non juifs ont continué à œuvrer au sein de l'Institut Göring[33] dirigé par le psychiatre Matthias Göring, au prix d'une rupture avec les associations psychanalytiques internationales (API).

Critiques marxistes

Les marxistes, à part quelques exceptions notables comme Trotsky [34], considéraient la psychanalyse comme une science bourgeoise, ils en ont interdits la pratique en URSS. Toutefois, un courant intellectuel désigné sous le nom de freudo-marxisme dont les principaux représentants ont été les psychanalystes de la gauche freudienne : d'Otto Fenichel à Wilhelm Reich, ainsi que Erich Fromm et Herbert Marcuse. Mais c'est en France, que s'effectua avec le plus de richesse la jonction entre l'idéal communiste et l'idée d'une subversion freudienne, avec le mouvement surréaliste et le double projet de révolution du langage et de la réalité. Freud manifesta toujours une hostilité, sinon au marxisme, du moins au communisme et surtout aux freudo-marxistes et aux surréalistes. Louis Althusser, en 1964, inaugura une refonte du marxisme, à partir d'une lecture largement inspirée des thèses freudiennes.

Critiques éthiques et religieuses

Icône de détail Article détaillé : Évaluation des psychothérapies.

De plus en plus d'analyses et de recherches publiées à orientations historiques et épistémologiques (et aussi thérapeutiques comme celle du psychanalyste canadien Patrick Mahony dans son livre « Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse »), remettent en question les résultats et la validité des méthodes employées par Freud, ses effets thérapeutiques, mais aussi, la probité scientifique et morale de celui-ci. Selon Mahony, « Dora », aurait été traumatisée deux fois : par son agresseur, puis par son thérapeute (Freud).

« Sans exagération aucune, le cas, sa publication et l'accueil qu'il a reçu par la suite peuvent être qualifiés d'exemple de perpétuation de sévices sexuels. Dora avait été traumatisée, et Freud l'a traumatisée une nouvelle fois. Et pendant à peu près un demi-siècle, la communauté psychanalytique a, soit gardé un silence complice sur ces brutalités, soit ignoré celle-ci par adoration aveugle.» [35]

Judd Marmor constate : « Selon le point de vue de l'analyste, les malades de chaque école semblent fournir les données phénoménologiques qui confirment précisément les théories et les interprétations de leur analyste ! Ainsi chaque théorie semble s'auto-valider.» [36]

Selon le Prix Nobel de médecine Eric Kandel, il y aurait des preuves irréfutables de l'efficacité des thérapies non psychodynamiques, alors que, selon lui : « il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo ».

En France, le rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale sur l'évaluation des psychothérapies, demandé par les fédérations des usagers, suscita de très vives réactions d'indignation de la part des milieux favorables à la psychanalyse. En effet, ce rapport fait état d'une supériorité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), dans la majorité des troubles mentaux, par rapport aux thérapies d'inspiration psychodynamique. Ce rapport dont la publication était précipitée fut retiré du site du Ministère de la Santé Publique. Il reste accessible sur le site de l'INSERM mais son manque d'objectivité devra probablement être pris en compte pour de nouvelles études plus crédibles.

L'accusation de subjectivisme, et de mensonge

L'accusation de subjectivisme semble bien etayée par les propres propos de Freud. Il écrit, dans Introduction à la psychanalyse, première partie, les actes manqués (Edition Petite bibliothèque Payot, page 8) : « la conversation qui constitue le traitement analytique ne supporte pas d'auditeurs ; elle ne se prête pas à la démonstration (...) Vous ne pourrez donc pas assister en auditeurs à un traitement psychanalytique. Vous pouvez seulement en entendre parler et, au sens le plus rigoureux du mot, vous ne pourrez connaître la psychanalyse que par ouï-dire. (...)Tout dépend, en grande partie, du degré de confiance que vous inspire celui qui vous renseigne. »

Les propres affirmations du Freud, paraissent s'accorder avec les critiques de Borch-Jacobsen et Shamdasani dans « Le dossier Freud enquête sur l'histoire de la psychanalyse », page 334 - 335, où, après avoir décrit les « mensonges », les « assertions trompeuses », les « équivoques stylistiques » et les « silences intéressés », les auteurs soutiennent que : « (...)Freud n'est plus un témoin fiable. Ou plutôt, il n'est qu'un témoin parmi d'autres, particulièrement douteux et partial étant donné les multiples bénéfices théoriques, pratiques, économiques et institutionnels qu'il retire de ses témoignages », et surtout qu'il n'aurait bâti qu'une « science privée » et « légendaire », en dehors de tout contrôle indépendant, donc selon une démarche diamétralement opposée à la vraie science.

Depuis quelques années, surtout depuis l'exposition Freud aux USA, on assiste à une montée de critiques à caractère moral basées sur la personne de Freud (il aurait été un « menteur », un « charlatan », un cocaïnomane) et sur ce que cela implique en termes de validité scientifique.

Des historiens comme Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans « Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse », démontrent donc que toute la psychanalyse n'est que la « science privée » de Freud, et qu'elle ne peut, de ce fait, être considérée comme une science. A la suite de ce constat, les historiens démontrent qu'en détruisant, par l'analyse historique, les légendes protectrices et mensongères qui seraient destinées à protéger Freud et la psychanalyse de la prise de conscience de leur histoire réelle entièrement dépendante des mensonges freudiens, on porterait un coup fatal à la crédibilité de l'un et de l'autre. Ni Freud, ni « sa » psychanalyse ne résisterait à « la police du passé » (Borch-Jacobsen).

Le livre "Le Livre noir de la psychanalyse" montre grâve aux travaux d'historiens qui ont pu retrouver des patients que Freud avait décrit dans ces livres en retrouvant leur vrai nom, que la plupart de ceux ci n'était pas du tout guéris comme le prétendait Freud, mais que Freud utilisait ses publications publiques pour faire la publicité de la psychanalyse et non comme un compte rendu scientifique de ces "cures" psychanalytiques prétenduement réussies.

Un mouvement parfois qualifié de « sectaire »

Même au sein des psychanalystes des voix s'élèvent sur le danger du sectarisme de la psychanalyse, lié au fait que, en France, les différentes écoles sont organisées en associations loi 1901 se qui permet d'empêcher les voix divergentes d’une doctrine de s’exprimer. En plus le coût de la formation étant élevé et l’enseignement limité à quelques grandes villes, l’accès à la formation est difficile. “Le mode d’organisation est à mi-chemin entre celui des sectes, des églises et corporations, ce qui engendre un coût psychologique écrasant : conformisme, croyance et discours clos.”[37]

Depuis le début des voix se sont élevées qui rapprochaient la psychanalyse d'une secte. C'était le cas d'Alfred Hoche, psychiatre allemand, ardent défenseur de l'eugénisme, l'un des tous premiers critiques de la psychanalyse, qui écrivit en 1910 : « De façon étonnante, un grand nombre de disciples, en partie carrément fanatiques, se sont ralliés à présent à Freud et le suivent où qu'il les mène. Parler à ce propos d'une école freudienne serait en réalité complètement déplacé, dans la mesure où il n'est pas question de faits scientifiquement probables ou démontrables, mais d'articles de foi ; en vérité, si j'en excepte quelques têtes plus pondérées, il s'agit d'une communauté de croyants, d'une sorte de secte (eine Art von Sekte) avec toutes les caractéristiques qui s'y rapportent.[...] Le mouvement freudien est en fait le retour, sous une forme moderne, d'une Medicina magica, une sorte d'enseignement secret (Geheimlehre) qui ne peut être pratiqué que par des devins qualifiés.» [38]

D'autres critiques célèbres de la psychanalyse, tel Henri Ellenberger, portent le même jugement sur la psychanalyse (Voir par exemple, l'organisation d'un « Comité secret » par Freud, et la distribution d'un anneau aux fidèles, membres de ce Comité). Henri Ellenberger écrit :

« La psychanalyse est-elle une science ? Elle ne répond pas aux critères (science unifiée, domaine et méthodologie définie). Elle répond aux traits d'une secte philosophique (organisation fermée, initiation hautement personnelle, doctrine changeante mais définie par son adoption officielle, culte et légende du fondateur.» « Et encore ceci : Ce que Freud a introduit : [...] retour au système « secte » antique : [...] initiation de caractère plus qu'intime, sacrifices d'argent considérable[s], doctrine commune, culte du Fondateur ». (In : « Les incertitudes de la psychanalyse », notes dactylographiées, Centre Henri Ellenberger, hôpital Saint-Anne, Paris).

Cependant, ce serait présenter faussement Henri Ellenberger en oubliant qu'il avait aussi un point de vue où il reconnaissait la valeur pratique de certains concepts issus de la psychanalyse, puisqu'il était psychanalyste.

Lettre d'Eugen Bleuler à Sigmund Freud, 1° janvier 1912 (In : Mikkel Borch-Jacbosen et Sonu Shamdasani, ibid, page 125) :

« S'il ne s'agissait que d'une association au même sens que d'autres, personne n'aurait pu trouver à y redire et elle aurait simplement été utile. Mais c'est le type d'association qui est néfaste. Plutôt que de s'efforcer d'avoir beaucoup de points de contact avec le reste de la science et d'autres scientifiques, l'Association s'est isolée du monde extérieur avec des barbelés, ce qui blesse tant les amis que les ennemis. [...]Les psychanalystes eux-mêmes ont justifié les méchantes remarques de Hoche sur le sectarisme, qui à l'époque étaient injustifiées.»

Le problème des rapports à l'argent

La nécessité de payer les séances en liquide est considérée par certaines critiques de la psychanalyse comme un indice de la vénalité des psychanalystes. Précisons cependant que cette règle ne s'applique qu'à la cure psychanalytique type, et qu'elle ne concerne pas les psychothérapies psychanalytiques bien plus fréquemment pratiquées.

Pour les psychanalystes, cette règle obéit à une théorisation précise : l'aspect concret de l'argent liquide lui permet d'être intimement relié à de nombreux motifs inconscients que la cure vise à rendre conscients afin qu'ils puissent y être élaborés. La séance étant payée, sur le champ, l'analysant est libre de venir ou de ne pas revenir à la séance suivante. Selon la Société psychanalytique de Paris :

« Le paiement direct de l'analysant à l'analyste, sans tiers interposé, constitue la situation optimale pour la dynamique du processus. [...]Le paiement en espèces appartient à la tradition analytique, et vise à rendre plus concrète et présente cette dimension de l'échange. L'évolution générale des modes de paiement (chèques, carte de crédit), qui peut d'autant plus justifier cette clause, a tendance par ailleurs, et de manière parfois encombrante, à la lier à l'idée de fraude fiscale»[39].

Critiques de nature religieuse

Les critiques de religieux reposent soit sur des raisons morales soit sur une vision idéale de l'humain qui ne peut intégrer la vision dualiste de Freud. L'église catholique accuse la psychanalyse de justifier la fornication et de prétendre que tous les problèmes psychologiques auraient leur source dans une sexualité refoulée. Le prêtre franciscain Agostino Gemelli écrit dans Psicoanalisi e Cattolicismo (1950) que les théories de Freud sont inacceptables pour l'église catholique. [réf. nécessaire]

Critiques psychologiques

Lev Vygotski
Lev Vygotski

Dans les années 1920, une critique plus scientifique - voire scientiste[40] - a émergé, en particulier chez Lev Vygotski (1896-1934). Ses critiques, qui ne remettent pas en cause l'existence de l'inconscient, ni la sexualité infantile, portent sur trois points principaux :

  1. la psychanalyse donne une place trop exclusive à l'inconscient : ne pas prendre en compte les éléments conscients dans l'expérience vécue entraîne à négliger l'activité sociale ;
  2. la psychanalyse donne trop d'importance explicative à la structure des conflits de l'enfance : ne pas prendre en compte les événements ultérieurs dans la biographie de la personne empêche de comprendre l'articulation, éventuelle, des conflits actuels et de leurs sources avec les conflits qui se sont déroulés dans l'enfance ;
  3. la psychanalyse réduit trop toutes les manifestations psychiques à la sexualité.

Vygotski conclut sa critique par :

« Ainsi la méthode psychanalytique attend encore sa véritable application pratique, et l'on peut seulement dire que cette application doit concrétiser dans la réalité et dans la pratique les immenses apports théoriques de valeur que renferme cette théorie. » (op. c. p.123)

Critiques de la métapsychologie

D'autres critiques, comme celles de Ian Hacking, portent sur « la fragilité du concept de mémoire », fruit d'une longue construction historique, et donc par extension, du concept d'inconscient. Ces critiques montrent d'ailleurs à quel point, les travaux de Freud, contrairement à une idée reçue, s'inscrivait dans la pensée de son époque, très attentive aux problèmes de mémoire et de sexualité.

Critiques de l'école française de psychologie clinique

Pierre Janet en conflit de priorité avec Freud, représentant de cette école, est l'un des premiers français à critiquer la psychanalyse, en tant qu'elle n'apporterait aucun vrai concept nouveau, et sa seule nouveauté serait le trop fort poids qu'elle donne à la sexualité (voir plus haut le jugement que portait Jung sur l'attitude de Freud concernant le rôle de la sexualité).

Janet serait précurseur à Freud sur nombres d'idées sur l'hystérie ou les traitements psychologiques. Il reprochait notamment à Freud son utilisation du symbolisme :

« Ce qui caractérise cette méthode [psychanalytique], c'est le symbolisme, un événement mental peut toujours, quand cela est utile à la théorie, être considéré comme le symbole d'un autre. La transformation des faits, grâce à toutes les méthodes de condensation, de déplacement, d'élaboration secondaire, de dramatisation peut être énorme, et il en résulte qu'un fait quelconque peut signifier tout ce que l'on voudra. [...] C'est [...] une conséquence de la confiance des auteurs dans un principe général posé au début comme indiscutable, qu'il ne s'agit pas de démontrer par les faits mais d'appliquer aux faits.» [41]

Michel Cariou, auteur contemporain de cette école, spécialiste d'Henri Wallon, relève le paradoxe de la psychanalyse. Pour lui, la psychanalyse apporte sa nouveauté en partant de la constatation que la sexualité humaine est passé d'un seul but de reproduction a celui de jouissance, et ainsi est soutendue par le concept de pulsion plutôt que par celui d'instinct. C'est de ce point de vue que la psychanalyse est pour lui étonnante. En effet, « c'est probablement le paradoxe de la psychanalyse que d'avoir accordé tant de place à ce vécu conscient », sachant que « nous savons bien que la conscience n'a pas pour fonction de nous informer des processus par lesquels s'organise notre fonctionnement »[42]. Ce même auteur dénonce également « l'anthropomorphisme » de nombre de théorie en psychologie, qui, chez Freud, a pris la forme d'une théorisation basé sur des concepts tels que la jouissance et la sexualité, qui sont en fait des « évidences d'adultes » répercutées sur l'enfant (Ibid. p.111).

Critiques cognitiviste, des neurosciences, etc.

  • Le behaviourisme, concept d'origine américaine, né de John Broadus Watson, s'est toujours opposé farouchement à la psychanalyse et il a maintenant retrouvé de la force avec l'appoint du cognitivisme. Les neurosciences progressent actuellement grâce aux nouveaux moyens dont les chercheurs disposent sur le plan technique : imagerie cérébrale, tomodensitométrie, etc. Cette mouvance soit conteste globalement la psychanalyse soit tente d'en démontrer les fondements en visualisant des activités cérébrales qui ressembleraient à ce que Freud a décrit. Ce courant, comme la psychiatrie, a trouvé préférable, au début des années 1980, de se référer pour le diagnostic à des classifications descriptives unificatrices, pouvant également servir de base à des travaux scientifiques qu'ils qualifient de qualité. C'est ainsi que le concept de névrose a été remplacé par d'autres catégories diagnostiques, comme celles des troubles anxieux et des troubles de l'adaptation dans les dernières classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV).
Eric Kandel, Prix Nobel de médecine.
Eric Kandel, Prix Nobel de médecine.

Le Prix Nobel de médecine, Eric Kandel, qui reçut initialement une formation de psychiatrie pour en venir aux neurosciences considère que « Si elle veut fournir une contribution importante à notre future compréhension de l’esprit humain, la psychanalyse doit réexaminer et restructurer le contexte intellectuel dans lequel ses travaux sont menés, et développer une approche plus critique dans la formation des psychanalystes de demain. » [43] ; « Ainsi, à l'inverse de formes variées de thérapies cognitives et d'autres psychothérapies, pour lesquelles des preuves objectives et irréfutables existent maintenant – à la fois en tant que thérapies isolées ou en tant qu'additions au traitement pharmacologique – il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo » [43]

Dans Le Livre noir de la psychanalyse, Joëlle Proust, directrice de recherche au CNRS, écrit : « En résumé, la théorie énergétique de la psychanalyse est difficilement compatible avec la conception contemporaine de la dynamique neuronale. Le concept de refoulement n’a pas à être invoqué pour expliquer l’existence de représentations inconscientes ; (…) le destin des pulsions libidinales ne joue pas le rôle que lui prêtait Freud dans l’apparition de troubles psychiatriques. Ce qui est causalement pertinent dans leur apparition n’est pas le sens « latent » du symptôme, mais la manière dont le cerveau traite l’information perceptive, émotionnelle ou mémorielle et contrôle l’exécution des actions.[44] »

Le modèle freudien des rêves n'est plus accepté par les différents courants scientifiques depuis 1916 quand Carl Gustav Jung publiait ses recherches sur les rêves.[45] Freud accordait pourtant une importance tout à fait centrale au rêve et à son interprétation, tant pour la justification de la théorie du refoulement inconscient (la « clé de voûte » de la psychanalyse, selon Freud), et de la psychanalyse dans son ensemble, que pour la formation des analystes, comme il le précise dans « Cinq leçons sur la psychanalyse »[46]

A l’heure actuelle, des spécialistes des critiques neuroscientifiques de la psychanalyse tels Joëlle Proust, affirment que la critique neurobiologique du modèle freudien du rêve n’occuperait plus désormais qu’une place marginale et qu’elle n’aurait plus qu’un intérêt historique. Toujours selon Joëlle Proust, « les neurosciences ne reprennent aucun des concepts de la psychanalyse dans leur analyse de l'anatomie et de la physiologie du cerveau, pas plus que la psychologie expérimentale ou la psychologie de l'enfant, pas plus non plus que la neuropsychologie cognitive. »

Pour les détails sur les différents positions concernant le rêve et son interprétation voir

Icône de détail Articles détaillés : rêve et interprétation des rêves.

Concernant la théorie du refoulement freudien, autre pierre de touche de tout l'édifice, et considérée par Freud, comme la « clé de voute » de toute la psychanalyse. Les souvenirs enfouis dans notre mémoire ne sont pas des souvenirs figés, chose absolument nécessaire au fondement de la théorie du refoulement freudien et à son inconscient : « Le cerveau n'est pas un organe passif qui ne fait qu'enregistrer des stimuli et les comparer avec l'information déjà emmagasinée. L'esprit est la conséquence des interactions dynamiques entre le cerveau, le corps et l'environnement. (...) Le cerveau ne prend pas de photographies. Au contraire, il les fabrique. Le cerveau, (...) participe activement à la fabrication des images visuelles, selon ses propres règles et ses propres programmes. (...) Le dogme selon lequel le cerveau ne peut pas produire de nouveaux neurones à l'âge adulte risque d'être fortement remis en question par une récente découverte : de nouveaux neurones naissent apparemment dans des aires cruciales pour l'apprentissage et la mémoire. La théorie des souvenirs figés était basée sur le dogme biologique selon lequel aucun nouveau neurone n'est produit après la naissance.» [47].

Critiques psychanalytiques

Critiques d'anciens disciples de Freud

Carl Gustav Jung
Carl Gustav Jung
  • Du temps de Freud, Carl Gustav Jung a critiqué le dualisme pansexualiste de la psychanalyse, il lui préférait une vision moniste avec l'idée d'une pulsion de vie unique. Alfred Adler a lui mis en évidence la revendication phallique qu'il estimait au centre des psychopathologies, éludant ainsi le complexe d'Oedipe. Otto Rank de son côté estimait que, plus important que le complexe d'Oedipe, il y avait le traumatisme de la naissance . Sandor Ferenczi prônait une relation plus chaleureuse impliquant plus le psychanalyste. Wilhelm Reich pensait que "la société" était trop restrictive du point de vue de la sexualité et qu'il fallait donc la "libérer" pour accomplir au mieux ce qu'il appelait la fonction de l'orgasme. Toutes ces critiques donnent chacune la direction que les psychothérapies ont pris par la suite. L'accent mis sur tel ou tel aspect au détriment du rôle central du complexe d'Oedipe et de la ¨sexualité infantile a donné naissance à des pratiques que nous trouvons aujourd'hui sous d'autres appellations: bioénergie, et autres psychothérapies reposant sur la suggestion.

La position de Lacan

Jacques Lacan dans un effort de revenir à la lettre du texte de Freud (certains des concepts ont été mal traduits de l'allemand dans les premiers temps et ont introduit des confusions regrettables, cf. Trieb traduit par « instinct » au lieu de « pulsion » ou mal comprises car trop nouvelles) a défendu une position où il considérait que la psychanalyse n'était pas une thérapie (« elle ne soigne rien ») puisqu'il la considérait plutôt comme une herméneutique. Cette position se complétait par un refus de considérer que la psychanalyse ait quelque chose à dire sur ce que doit être l'homme (refus de la morale, du discours du maître). Ces réflexions l'ont conduit à remettre en question le statut du psychanalyste en tant que « médecin de l'âme » ou que guide spirituel et il s'appliquait à lui-même cette critique radicale :

« Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué… Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession… Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse.» [48]
« Freud n'avait rien de transcendant, c'était un petit médecin qui faisait ce qu'il pouvait pour ce qu'on appelle guérir, qui ne va pas loin - l'homme, donc, ne s'en tire guère, de cette affaire de savoir.» [49].

Dans la revue Ornicar (1979, 19 : 5s), le Président de l'École freudienne de Paris (Jacques Lacan) déclarait :

« La psychanalyse est à prendre au sérieux, bien que ce ne soit pas une science. Comme l'a montré abondamment un nommé Karl Popper, ce n'est pas une science du tout, parce que c'est irréfutable. C'est une pratique, une pratique qui durera ce qu'elle durera » [50].
  • Lacan refuse donc la psychanalyse comme thérapie, admettant tout de même une guérison, de surcroît. Le charlatanisme proviendrait donc de la présentation de la psychanalyse comme psychothérapie, là où il s'agit d'entendre ce qu'a à dire le sujet de l'inconscient, guérison ou non. Parler ne fait pas du bien, contrairement à l'idée reçue : la parole de la scène analytique renvoie plutôt au pire, soit la confrontation même avec ce que le sujet a toujours cherché à fuir. Maria Pierrakos, psychanalyste lacanienne écrit :
« On peut dire en effet qu'il s'agit de libérer le sujet des liens qui l'empêchent de vivre. Mais le résultat de certaines analyses n'est-il pas, au bout de bien des années, de voir ces liens remplacés par une toile d'araignée de mots qui peu à peu perdent leur sens premier pour en avoir un double, un triple, une multitude ; et le sujet qui était dans un monde cohérent de souffrance se trouve dans un univers éclaté où le tout et le rien s'équivalent, pour ne pas dire le tout et le n'importe quoi.» [51]

Inconscient individuel et collectif

L'apport de Freud sur l'inconscient est indéniable, même si cette notion était déjà présente par exemple dans l'œuvre Leibnitz au XVIIe siècle. C'est la mise en théorie de cette découverte qui en fait l'originalité et la force.

On reproche à Freud de s'être cantonné à l'inconscient individuel, considérant l'individu comme sujet, et accordant de ce fait peut-être trop d'importance à la sexualité. Certains prétendent que la dimension collective de l'inconscient n'a pas été abordée par Freud. Pourtant, il en parle dans Moïse et le monothéisme, Malaise dans la culture et Psychologie des masses et analyse du moi (1920), en parlant notamment de l'identification au meneur, s'inspirant de Gustave Le Bon.

Méthode psychothérapique

Les partisans de la psychanalyse objectent que le statut de la guérison, en psychanalyse, n'est pas celui d'un objectif premier, une guérison trop rapide pouvant cacher une aggravation de l'état du patient. Déjà dans les études sur l'hystérie, Sigmund Freud notait que la persistance d'un symptôme hystérique devait retenir l'intérêt de l'analyste, comme pouvant révéler une série d'associations, et finalement un ensemble complexe de représentations problématiques chez le patient. Pour illustrer le statut qu'occupe la guérison en psychanalyse, on peut citer Alfred Erbs, docteur ès sciences humaines et psychanalyste, il écrit : « Le but premier de la psychanalyse n'est pas de guérir. « Guérir » n'est pas un terme psychanalytique mais médical ».

Jacques Lacan exprima cette vision de la thérapeutique analytique par la fameuse expression la guérison, de surcroît : il ne s'agit pas là du but premier, lequel serait plutôt de faire advenir la vérité d'un sujet de l'énonciation du désir.

  • « l’investigation psychanalytique n’a rien apporté de nouveau en termes de connaissance réelle sur la nature humaine » : cette critique s'appuie sur une conception biologisante de l'homme et de la personne humaine. Une connaissance réelle ne peut être que mesurable, expérimentable, or justement dans le domaine des sciences humaines où l'histoire (donc le temps) joue un rôle majeur il n'est pas possible, simplement, de répéter une expérience car tout change, l'expérimentateur, l'expérimenté ne sont plus dans « l'état initial ». La place de la sexualité infantile dans le développement de l'enfant, l'inconscient dans le fonctionnement psychique ou le transfert dans toute relation de soin sont des connaissances réelles qui ont bouleversé la compréhension de la personne et de sa psychologie [réf. nécessaire]
  • comme le remarque Alain Caillé dans sa critique de l'utilitarisme, dans la psychanalyse, « la dynamique du psychisme est fondée sur des principes utilitaristes très discutables et très difficiles à invalider ». En effet, la psychanalyse freudienne réduit l'activité psychique à un jeu de forces psychiques plus ou moins calqué sur un modèle économique : maximisation du plaisir (bénéfices) et réduction de la souffrance (coûts). Les incohérences s'expliquant alors par la présence de plusieurs instances qui suivent des finalités contradictoires. Cette vision économique des forces psychiques (gain, perte) n'a pas trouvé à l'heure actuelle de validation empirique rigoureuse, et il n'est pas évident qu'elle puisse en trouver une un jour, étant donné l'universalité du schéma coût/bénéfice qui permet d'englober différents phénomènes et donc de valider des hypothèses contradictoires.[réf. nécessaire]

Autres critiques

Le texte de Freud Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci[52], quoique toujours sérieusement étudié en esthétique, en histoire de l'art et en arts plastiques, se fonde sur une erreur de traduction, comme l'a démontré un historien de l'art[53] dès 1923. Léonard de Vinci parle du fait qu'un milan (l'oiseau) s'était posé sur son berceau, Freud, qui ne disposait que d'une traduction allemande erronée d'un roman russe évoquant les mots de Léonard, fait un long développement sur la figure maternelle et le vautour (en russe, le mot korshun décrit indifféremment un vautour ou un milan) et y trouve l'explication de l'homosexualité de Vinci. Pour certains, cet exemple démontre le peu de cas que Freud faisait des faits. Pour les défenseurs de ce texte, l'erreur ne remet pas en cause l'interprétation, car comme disent les italiens, se non è vero, è ben' trovato (si ce n'est pas vrai, c'est bien vu).

La misogynie de Freud est souvent critiquée en tant que fondement même de ses théories : « Freud concevait la femme comme une triste copie de l’homme, inexorablement obnubilée par le complexe de castration » Haro sur Freud et ses émules, Le Nouvel Observateur, 01/09/2005). Cette thèse est entre autre aussi contestée par la psychanalyste Monique Schneider dans ses écrits, entre autre "Le paradigme féminin", Flammarion, 2006, ISBN 2080801570

Alice Miller est une critique relativement connue de la psychanalyse, elle a même quitté sa fonction de psychanalyste. Alice Miller reproche à la psychanalyse et surtout à Freud son fondateur d'avoir nié la réalité des abus sur les enfants que lui racontaient ses patientes, on sait que la psychanalyse considère souvent les abus (notamment sexuels) sur les enfants comme des fantasmes de ceux ci : c'est la théorie d'Œdipe ou l'enfant désire sexuellement son parent de sexe opposé, voir "L'enfant sous terreur", Alice Miller, Aubier, 1986 [54].

Contextes et enjeux des critiques

Les discussions à propos de la psychanalyse (théorique et pratique) reposent sur la possibilité, reconnue ou non, de pouvoir établir une science du singulier : Aristote l'avait exclu, tout en se demandant à quelles conditions elle serait possible, mais la psychanalyse et la psychologie de la personnalité appellent nécessairement une science du singulier. Le débat est donc encore ouvert.

Voir aussi

Le Livre noir de la psychanalyse

Bibliographie

  • Henri Baruk : "Mémoires d'un neuropsychiatre", Ed.: Tequi; 2e éd. rev. et augm, 2000, ISBN 2852449803
  • Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens : Histoire d'une désinformation séculaire, Sprimont, Pierre Mardaga, coll. Psychologie et sciences humaines, 2002, ISBN 2870098146.([2]
  • Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, Le dossier Freud : Enquête sur l'histoire de la psychanalyse, Empêcheurs de Penser en Rond, 2006, ISBN 2846711321.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Le Sujet Freudien, Aubier Flammarion, Paris, 1982.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Souvenirs, d'Anna O. Une mystification centenaire, Aubier, 1995.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Folies à plusieurs. De l'hystérie à la dépression, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2002.
  • Mikkel Borch-Jacobsen et Georges Fischman, Constructivisme et psychanalyse, débat animé par Bernard Granger, Le Cavalier Bleu, Paris, 2005.
  • Jacques Bouveresse, Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, L'Eclat, Paris, 1991.
  • Renée Bouveresse, Les critiques de la psychanalyse, Que sais-je n°2620, Presses Universitaires de France, Paris, 1991.
  • Robert Castel, Le psychanalysme, François Maspero, 1973
  • Cariou, Michel. (1995). Personnalité et vieillissement: introduction à la psycho-gérontologie. Paris: Delachaux et Niestlé.
  • Frank Cioffi, Freud and the question of pseudo-science, Open Court.
  • Pierre Debray-Ritzen, La Scolastique freudienne, Fayard, Paris, 1972.
  • Pierre Debray-Ritzen, La psychanalyse, cette imposture, Albin Michel, 1991, ISBN 2-226-05236-4.
  • Gilles Deleuze et Félix Guattari, L'anti-Oedipe, Minuit, 1972.
  • Henri F. Ellenberger, The discovery ot the Unconscious : The History and Evolution of Dynamic Psychiatry, New York, Basic Books, (Histoire de la découverte de l'inconscient, Paris, Fayard, 1994).
  • Allen Esterson, Seductive Mirage : An Exploration of the Work of Sigmund Freud, Chicago et La Salle, III, Open Court, 1993.
  • Hans Jürgen Eysenck, Déclin et chute de l'Empire Freudien, De Guibert, Paris, 1985.
  • Dominique Frischer, Les analysés parlent.
  • Gilles-Gaston Granger, Pour la connaissance philosophique, Ed. O.Jacob, 2005, (ISBN 2738100236)
  • Gilles-Gaston Granger, L'Irrationnel, Ed. O.Jacob, 1998, (ISBN 2738105017)
  • Adolf Grünbaum, La psychanalyse à l'épreuve, L'Eclat, Paris, 1993.
  • Adolf Grünbaum, Les fondements de la psychanalyse, Presses Universitaires de France, Paris, 1984.
  • André Haynal et Paul Roazen, Dans les secrets de la psychanalyse et de son histoire, PUF, 2005, (ISBN 2130553001).
  • Rauda Jamis, Ce qui me gêne avec les psys, Paris, Lattès, 2003.
  • Pierre Janet, La psychanalyse de Freud, L'Harmattan, 2004, (ISBN 2747575322).
  • Sibylle Lacan, Un père, puzzle, Paris, Gallimard, 1994.
  • Sylvie Lanzenberg, J'accuse la dérive de la psychanalyse, Éditions du Cygne, Paris, 2005.
  • Malcom Macmillan, Freud evaluated - the completed ARC.
  • Patrick Mahony, Freud l'écrivain, Belle Lettres, 1982, (ISBN 2251334467).
  • Patrick Mahony, Dora s'en va, violence dans la psychanalyse, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2001.
  • Marie-Jeanne Marti, Les marchands d'illusions. Dérives, abus, incompétences de la nébuleuse "Psy" française, Roman, Sprimont, Mardaga, 2006.
  • Catherine Meyer (dir.), Le Livre noir de la psychanalyse : Vivre, penser et aller mieux sans Freud, collectif, les Arènes, coll. Documents, 2005, (ISBN 2912485886).
  • Tobie Nathan (dir.), La guerre des psys, Empêcheurs de penser en rond.
  • Maria Pierrakos, La tapeuse de Lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, L'Harmattan, Paris, 2003.
  • Richard Pollak, Bruno Bettelheim ou la fabrication d'un mythe, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2003.
  • Karl Popper, Le réalisme et la science, Hermann, Paris, 1990.
  • Karl Popper, L'univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme, Hermann, Paris, 1984.
  • Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1979.
  • Karl Popper, Conjectures et réfutations, Paris, Payot, 1985.
  • Paul Ricoeur, De l'interprétation, Seuil poche, 1995, (ISBN 2020236796).
  • Paul Roazen, Mes rencontres avec la famille de Freud, Seuil, 1998, (ISBN 2020183978).
  • Paul Roazen, La Saga freudienne, Paris, Presses Universitaires de France, 1986.
  • (en) Paul Roazen, Freud and his followers, New York, Da Capo Press, 2° ed., 1990.
  • François Roustang, Un destin si funeste, Éditions de Minuit, 1977, (ISBN 2707301426).
  • Frank J. Sulloway, Freud biologiste de l'esprit, Fayard, 1979.
  • Sherry Turkle, La France freudienne, Fayard, 1981.
  • Jacques Van Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1980.
  • The Scientific Review of Mental Health Practice (Revue qui examine scientifiquement les prétentions des psychothérapies)

Articles connexes

Liens externes

Synthèse vocale

Notes et références

  1. Castel P.H. La psychanalyse depuis les années 80 : crises, dévoiements et replis
  2. [lire en ligne]
  3. Karl Popper. "Conjectures et réfutations". Et "Le réalisme et la science"
  4. Adolf Grünbaum : les fondements de la psychanalyse, Puf, 1984 chapitre 1 « la théorie freudienne est-elle empiriquement testable ? »
  5. ibid, page 172
  6. Cf. "La logique de la découverte scientifique" et "Le réalisme et la science" où Popper déplore, les mécompréhensions sur les aspects logiques de la falsifiabilité et les contresens typiques qui furent effectués à partir de ses thèses
  7. Karl Popper, le réalisme et la science, éd Hermann, p. 3-4;
  8. Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12: "Déterminisme, croyance au hasard et superstition", p.257
  9. « La logique de la découverte scientifique »
  10. Popper, in « La logique de la découverte scientifique », chapitre 9, section 78, « métaphysique indéterministe »
  11. Karl Popper, « L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme », p. 25 et 27
  12. « On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leurs convictions intimes de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme. » Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12, p. 273;
  13. Timpanaro, ou Jacques Bouveresse.
  14. Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12, p.269
  15. Souligné par Jacques Bouveresse
  16. Castel PH Le determinisme psychique
  17. Voir Timpanaro, cité par Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 116.
  18. Voir Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 107.
  19. Voir Sigmund Freud. In : "Cinq leçons sur la psychanalyse". Edition Petite bibliothèque Payot. Paris, 2001, page 44
  20. « Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a, à ses yeux, rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on n'a pas l'idée d'en supposer. Bien plus : il fait appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique. ». Freud, dans « Cinq leçons sur la psychanalyse », Paris, petite bibliothèque Payot, 2001, Troisième leçon, page 53
  21. Jacques Bouveresse, "Mythologie, philosophie et pseudoscience, Wittgenstein lecteur de Freud", ed. l'Eclat
  22. Voir Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 121.
  23. Voir Pierre Debray-Ritzen, in : "La psychanalyse cette imposture". Edition Albin Michel, 1991, page 27.
  24. P. Fonagy, rapport de l'IPA, traduction Jean-Michel Thurin et Michael Villamaux [lire en ligne]
  25. Voir Henri Ellenberger. In : "Histoire de la découverte de l'inconscient". pages 586 et 587.
  26. Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani. In : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse". Edition les Empêcheurs de penser en rond. Page 51 et suivantes.[1]
  27. In : Borch-Jacobsen et Shamdasani, ibid, page 126
  28. Henri F. Ellenberger : Histoire de la découverte de l'inconscient, p. 464
  29. Mikkel Borch-Jacbosen & Sonu Shamdasani. In : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse."
  30. Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 173
  31. Cité par Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 64
  32. Article scientifique de Frosh Frosh, S. (2003) Psychoanalysis, Nazism and "Jewish science". International Journal of Psychoanalysis, 84 (5). pp. 1315-1332. ISSN 0020-7578
  33. Cox G. Psychotherapy in the Third Reich—The Göring Institute. New York: Oxford University Press, 1985
  34. Culture et Socialisme, 3 février 1926. "La tentative de déclarer la psychanalyse «incompatible» avec le marxisme et de tourner le dos sans cérémonie au freudisme est trop simpliste, ou plutôt trop «simplette»". Lettre à E. Bauer, 10 octobre 1931. "Vous avez tout à fait raison de supposer que j'ai un peu mélangé l'école de base de la psychanalyse avec une branche divergente. Quant à l'élève ingrat, Alfred Adler, je le connais depuis des années, je l'ai fréquenté d'assez près en particulier par l'entremise de mon ami Ioffé. C'est alors que j'ai pris connaissance de divers ouvrages de Freud. Mais je dois avouer que j'ai toujours cru que c'était Freud qui avait jeté les bases de la théorie des handicaps surmontés, et qu'Adler n'avait fait que la développer par la suite. Mais je suis bien de votre avis : Freud est incomparablement plus profond et plus spirituel que cet Alfred Adler, limité et autosatisfait." La Révolution russe, novembre 1932. "L'anthropologie, la biologie, la physiologie, la psychologie ont rassemblé des montagnes de matériaux pour ériger devant l'homme dans toute leur ampleur les tâches de son propre perfectionnement corporel et spirituel et de son développement ultérieur. Par la main géniale de Sigmund Freud, la psychanalyse souleva le couvercle du puits nommé poétiquement "l'âme" de l'homme. Et qu'est-il apparu ? Notre pensée consciente ne constitue qu'une petite partie dans le travail des obscures forces psychiques. De savants plongeurs descendent au fond de l'Océan et y photographient de mystérieux poissons. Pour que la pensée humaine descende au fond de son propre puits psychique, elle doit éclairer les forces motrices mystérieuses de l'âme et les soumettre à la raison et à la volonté."
  35. Patrick Mahony : Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse, p. 234.
  36. Judd Marmor cité d'après Hans Jürgen Eysenck : Déclin et chute de l'Empire Freudien, p. 124
  37. P. Juignet, citant Robert Castel dans : La psychanalyse. Histoire des idées et bilan des pratiques. Grenoble, 2006, p. 209
  38. Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, ibid, pages 118 à 119
  39. Dans quelles conditions une analyse peut-elle avoir lieu? Sur le site de la SPP
  40. La Psychologie de l'art, p. 103 et suivantes;
  41. in : Pierre Janet, Les médications psychologiques, vol.2, 1919. Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, in Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse;
  42. Cariou Michel, Personnalité et vieillissement, Delachaux et Niestlé, Paris, 1995, p.180;
  43. ab [lire en ligne]
  44. Le livre noir de la psychanalyse, page 658;
  45. Carl Gustav Jung : The Psychology of Dreams In Collected papers on analytical psychology, London, 1916
  46. Cinq leçons sur la psychanalyse, Petite bibliothèque payot, page 45
  47. in : Israël Rosenfield. "Souvenirs artificiels". Revue : Sciences et avenir. Les thématiques. N° 127, juillet-août 2001. Pages : 89 - 90
  48. Intervention à l'université de Bruxelles le 26 février 1977, in revue Quarto, n°2, 1981;
  49. Cité par Jacques Van Rillaer, ibid, page 423. Lacan, in "L'insu que sait de l'une-bévue s'aile a mourre", Ornicar, op. cit. p.9;
  50. Cité par Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste, dans "Les illusions de la psychanalyse". Editeur Mardaga;
  51. In : La tapeuse de lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, Editions l'Harmattan, Paris, 2003 ;
  52. Ainsi que Le Moïse de Michel-Ange (Der Moses des Michelangelo) (1914)
  53. Eric Maclagan, dans le Burlington Magazine for Connoisseurs, n° 42, 1923, p. 54-57.
    Lire aussi : Meyer Schapiro, « Leonardo and Freud : an art-historical study » (Journal of the History of Ideas, n° 17, 1956, p. 147-178) ; et Psychanalyse et art.
  54. Alice Miller, ancienne psychanalyste qui s'est séparé de la psychanalyse après avoir découvert que Freud avait nié les abus sur les enfants: "On ne m'a pas exclue de l'Association psychanalytique; c'est moi qui me suis écartée d'une école après l'autre à mesure que m'apparaissaient clairement le traditionalisme de leur point de vue et leur refus de prendre en compte la souffrance de l'enfant", Interview sur le site officiel et son livre "L'enfant sous terreur, Aubier, 1986".