Claude Perier

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Claude II Périer dit milord est un banquier et industriel français né à Grenoble le 28 mai 1742 et décédé à Paris le 6 février 1801. Il est le fils de Jacques II Périer et de Marie-Elizabeth Dupuy.

Il est principalement connu pour la réunion des États généraux en Dauphiné qu'il accueille en son château de Vizille le 21 juillet 1788. Cette réunion est la première à accorder au Tiers état ici majoritaire le vote par tête, et non par ordre comme dans les autres états généraux, notamment ceux de Pau ou Rennes.

Les députés de Vizille votent que « les trois ordres de la province n'octroieront les impôts, par dons gratuits ou autrement, que lorsque leurs représentants en auront délibéré dans les états généraux du royaume. »

Si la motivation de Périer demeure avant tout de soutenir les parlementaires du Dauphiné, de Paris et de nombreuses autres provinces contre les mesures fiscales de Loménie de Brienne (emprunts, nouvelles levées d'impôts), c'est aussi sa volonté de voir un nouvel ordre national s'établir dans le royaume de France, partagée avec une grande partie de la bourgeoise de même que certains membres de la noblesse et du bas-clergé, qui le pousse à demander avec l'assemblée de Vizille la convocation par le Roi des États généraux du royaume, engageant ainsi le processus révolutionnaire.

Mais avant l'homme politique, c'est avant tout le riche négociant et financier qu'il faut voir en Claude II Périer . Claude II pour le différencier de son bisaïeul, Claude I Périer (1638-1674), dont le fils Jacques I (1699-1752) est notaire à Villard-de-Lans, et le petit-fils, Jacques II Périer (1703-1782), marchand et consul de Grenoble.

Claude II Périer est donc l'héritier d'une famille de notables dauphinois, son père Jacques II et son grand-père maternel Claude Dupuy ayant tout deux exercé les fonctions de consul à Grenoble. Il en tire à la fois une grande fortune personnelle et le sens des affaires propre à la faire fructifier.

Il épouse le 28 avril 1767, à Grenoble, Marie-Charlotte Pascal, elle-même fille de Charles Pascal, syndic général des marchands de Grenoble (équivalent actuel du maire) et conseiller référendaire en la Chancellerie près le Parlement de Dauphiné.

Si Claude II Périer est un homme d'affaires entièrement voué au négoce, en apparence peu préoccupé du sentiment religieux envers lequel il ne montre néanmoins aucune hostilité, son épouse se tourne quant à elle vers une foi intense, proche du mysticisme. De leur union naîssent 12 enfants dont 10 survivent à leur père.

Parallèlement à cette vie familiale, Claude entreprend un véritable cursus honorum dans le monde de la finance : il crée sa propre banque, est nommé conseiller et secrétaire du Roi à la Chambre des comptes du Dauphiné en 1778 alors âgé de 36 ans. Deux ans plus tard, il achète le château de Vizille avec la charge de marquis des mêmes terres. Ses armes sont alors d'azur à une bande d'or accompagné en chef d'une tête de lion arrachée et couronnée d'argent, lampassée de gueules. Il installe dans l'aile droite du château des manufactures de papiers et cotonnades et une imprimerie.

Après la réunion illégale des États généraux du Dauphiné qui fait suite à la « journée des Tuiles » à Grenoble, les parlementaires dauphinois savent qu'ils disposent dans leur fronde d'un large soutien parmi le peuple et la bourgeoisie. De plus, Périer jouit de la reconnaissance de ses pairs : il dispose d'une nouvelle charge, celle de directeur de l'hôpital général de Grenoble.

Mais la Révolution allait prendre à Paris un tournant inattendu et les périodes de trouble qu'elle inaugure vont nuire aux affaires de Périer comme de tant d'autres. Une fois sa banque liquidée, il ne demeure pourtant pas à l'écart de la vie tant économique que politique de sa région. Il achète des biens nationaux dans les mines d'Anzin (ce dont ses descendants, parmi lesquels le président de la République Jean Casimir-Périer, actionnaire principal, lui seront reconnaissants) et devient officier municipal de Grenoble en octobre 1792.

Cependant, les Montagnards bientôt maîtres de la ville lui reprochent vite son amitié avec les Girondins et l'accusent de fédéralisme. Grâce au soutien de Camille Teisseire, populaire agent de la Convention, Montagnard (et qui deviendra son gendre), il ne sera pas inquiété. Les affaires de Périer reprennent et ses qualités de gestionnaire sont reconnues par le Premier Consul Bonaparte, certainement reconnaissant par ailleurs d'avoir reçu son aide financière lors de son accession au pouvoir par le coup d'état du 9 novembre 1799.

Périer rédige les statuts de la toute nouvelle Banque de France avec Jean-Frédéric Perrégaux. L'institution a été créée le 18 janvier 1800 à la demande de Bonaparte afin d'émettre des billets payables à vue et au porteur. Elle est organisée sous la forme d'une société par actions dont l'Assemblée générale des actionnaires élit 15 régents chargés d'administrer la Banque. Claude Périer est le premier Régent élu au Ve siège. De cette charge il ne verra pas le terme, pas plus que de celle de député de l'Isère, élu le 25 décembre 1800 par le Sénat.

Il décède dans son hôtel particulier à Paris où il était contraint de loger de part son contrat avec la Banque de France, rue Saint-Honoré, le 6 février 1801. D'après Stendhal, il mourut de froid dans la nuit, ayant refusé de se chauffer car il trouvait le bois trop cher.

Que Stendhal ait dit vrai ou non, il insiste ainsi sur l'avarice légendaire de Périer. Cet homme que l'on surnommait milord en référence à son extraordinaire richesse ne menait pas grand train. L'éphémère marquis de Vizille se vétissait tous les jours d'un même complet bleu suffisamment épais pour lui tenir chaud en hiver, affamait quasiment ses enfants, marqués plus tard par l'éducation austère qu'ils connurent chez leur père puis les Oratoriens de Lyon. On peut certainement attribuer la réussite de tous ses fils dans la politique et/ou la finance à la fortune qui leur fut léguée aussi bien qu'à l'énergie et le sens des affaires que Périer père leur laissa parmi son trésor.

[modifier] Descendance

Les enfants de Claude II Périer sont :

L'unité de la famille était telle que l'on désignait toujours l'un de ses membres par l'expression « les Périer ». Claude II fut en somme le fondateur d'un modèle de dynastie bourgeoise qui régna sur les affaires politiques et commerciales au XIXe siècle.

[modifier] Bibliographie

  • Henri de Pazzys, Origines, histoire et descendance de la famille Périer, tome III, Éditions Régionales de l'Ouest, Mayenne, 1995
  • Lucas-Dubreton, La manière forte, Grasset, Paris, 1929
  • Pierre Barral, Les Périer dans l'Isère, PUF Paris, 1964
  • Michel Sementry, Les Présidents de la République française et leur famille, Christian, Paris, 1982
  • François Furet, La Révolution Française, Gallimard, Paris, 2007