Bucey-en-Othe

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Bucey-en-Othe
Carte de localisation de Bucey-en-Othe
Pays France France
Région Champagne-Ardenne
Département Aube
Arrondissement Arrondissement de Troyes
Canton Canton d'Estissac
Code Insee 10066
Code postal 10190
Maire
Mandat en cours
M. Valéry Prunier
2007-2008
Intercommunalité Communauté de communes des Portes du Pays d'Othe
Latitude
Longitude
48° 15′ 36″ Nord
         3° 51′ 54″ Est
/ 48.26, 3.865
Altitude m (mini) – m (maxi)
Superficie 13,03 km²
Population sans
doubles comptes
341 hab.
(1999)
Densité 26 hab./km²

Bucey-en-Othe est une commune française, située dans le département de l'Aube et la région Champagne-Ardenne.

Sommaire

[modifier] Géographie

[modifier] Histoire

Voir dans les chapitres suivants. Lieux et monuments & Personnalités.

Robert Poisson, reprenant les communications qu'il a faites à la Société Académique de l'Aube, et s'appuyant en particulier sur les travaux de Roserot, traite de l'histoire de Bucey dans le paragraphe "Lieux et monuments".

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
février 2007 M. Valéry Prunier
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2008
175 224 221 317 341 341 437
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

Fouilles : Lors de la séance de la Société Académique de l’Aube, le 21 juin 1912, Lucien Morel-Payen, son Secrétaire, signale que l’on a découvert un certain nombre de cercueils à l’occasion de fouilles effectuées par un particulier au hameau du Grand-Chaast, à Bucey-en-Othe. L’Assemblée s’en émeut et désigne Monsieur Laverdet en qualité d’enquêteur. Le 20 décembre, celui-ci rend compte : “ Ces fouilles ont été entreprises par un sieur Cottel sur des propriétés privées, moyennant une redevance importante aux propriétaires. L’entrepreneur des fouilles s’est installé pendant deux mois à l’auberge, avec sa femme et trois ouvriers. Ses recherches ont porté sur une superficie d’environ 15 ares, sur un cimetière mérovingien, au nord du chemin dit “la Voie des Romains”. Vingt sarcophages, dont un seul entier, ont été mis à jour, mais il est impossible de savoir ce que l’opérateur a pu trouver et emporter, celui-ci ayant coutume d’éloigner les ouvriers dès qu’il avait découvert un cercueil et de recueillir lui-même ses trouvailles dans un drap soigneusement replié. Étant donné les frais qu’il s’est imposés, il est vraisemblable que ces fouilles ont dû être fructueuses, si l’on en juge par le prix fort élevé qu’aurait été vendu, dit-on, entre autres objets, un vase en verre.”

Cinquante années après les promenades du curé de Fontvannes sur le champ des ruines, celui ci présentait donc encore un intérêt archéologique. On imagine le gâchis...

Il fut décidé que la Société Académique ferait procéder à des sondages à Bucey pour voir s’il ne resterait pas encore des sépultures à explorer, et que ces opérations se feraient sous la surveillance d’un de ses membres délégué à cet effet.

Le sieur Cottel s’insurgea, protesta, fit parvenir à la Société Académique le 21 février 1913 une lettre dans laquelle il assurait que ses recherches avaient un but exclusivement scientifique, qu’elles lui coûtaient beaucoup plus qu’elles ne rapportaient. Il offrait même de donner au Musée de Troyes un certain nombre d’objets archéologiques qu’il avait en double. Plus de vingt ans après, le 18 décembre 1936, on peut lire cette communication dans le compte-rendu de cette même Société Académique :

Boucles mérovingiennes

“ Une grande boucle de ceinture en fer damasquiné d’argent et deux petites boucles du même genre, de l’époque mérovingienne, indiquées comme provenant d’une tombe découverte en 1911 à Bucey-en-Othe (Aube) et qui faisait partie de la collection C.Cote, ont été vendues à l’Hôtel Drouot le 4 décembre 1936. Ces objets n’ont pu être acquis pour le musée, les enchères ayant dépassé la somme pour laquelle un ordre d’achat avait été donné au commissaire-priseur. Le catalogue de la vente de la collection contient une planche reproduisant les boucles en question.”

Pour ces quelques objets retrouvés et identifiés, combien d’autres ont-ils été découverts lors de ces fouilles sauvages ?

On peut rêver. Imaginer le site protégé, fouillé dans de bonnes conditions, les fondations dégagées. Et, pourquoi pas, le petit Musée Archéologique de Bucey-en-Othe, riche de toutes ces trouvailles...

Petite Histoire de Bucey-en-Othe. R.P. Numéro spécial du Bulletin Municipal Mai 1995. (Source : Mémoire de la Société Académique 1912et 1936)

Visite de l’église 21 avril 2005

Pour comprendre aujourd’hui, il faut expliquer hier. L’histoire de cette église, c’est l’histoire du lieu sur lequel elle s’est construite. Et l’histoire de ce lieu, c’est d’abord sa géographie. Il faut imaginer cette vallée au fond marécageux, où les hommes se sont installés voici plusieurs millénaires. Le long du ru Saint-Bernard, et dans le sens du courant Ville-les-Chaast, Plessis-les-Chaast, le Carrefour, Bucey-en-Othe.

On ne remontra qu’au début du XIIe siècle Bucey est un pauvre village comme tant d’autres, aux maisons vêtues de chaume. Terres, pâtures, bois et forêt constituent un petit fief qui dépend de son seigneur. Certains pensent qu’il relevait de Villemaur, d’autres de St-Phal. (À noter que figure toujours au plan cadastral un chemin de Saint-Phal) L’histoire de l’église, c’est aussi l’histoire d’une famille. On ne saurait la dissocier de sa volonté de pouvoir. Deux hommes : Manassés de Bucey et son frère Garnier. Manassés est chanoine de Saint-Pierre de Troyes. Il y est influent. Il a fait des dons à l’importante abbaye de Saint-Loup, où l’un de ses autres frères Gilles est également chanoine.

Garnier, et sa femme Mélissende, sont les seigneurs de Bucey où ils possèdent terre, forêt et château. Un château fort, dont la trace du donjon apparaît dans certaines circonstances météorologiques, juste au dessus de chez Pascal Fauconnier. En bas, la chapelle du château. Fin XIe ? Début XIIe ? Quelques blocs de pierre base de contreforts et d’un pan de l’abside attestent son ancienneté. Elle accueille aussi les manants, puisque Bucey n’est pas paroisse mais est rattaché au village de Thuisy. En revanche, Chaaz, communauté plus importante que Bucey, est paroisse.

À l’époque Bucey n’est pas une paroisse. Mais l’évêque Mathieu ne peut rien refuser à son chanoine qui transmet une demande de “noble homme Garnier”. En 1180 Mathieu détache l’église de Bucey de la paroisse de Thuisy. Il donne “avec toutes ses dépendances “ l’église de Bucey à l’Abbaye de Saint-Loup. L’église est nommée pour la première fois : “église du Bienheureux Saint-Jacques”. On verra plus loin que cette dénomination tronquée - ni le Majeur, ni le Mineur - liée à certains faits datant du XIXe siècle a pu conduire certains historiens à véhiculer une erreur. Garnier donne à l’église et aux habitants l’entier usage de ses pâtures, de ses bois, sauf la forêt. Il les exempte de tous droits pour faire moudre leur grain.L’église reçoit une rente en nature, un jardin “depuis la Porte des munitions jusqu’au Plessis”, un mez, sans doute une métairie. Deux ans plus tard, il donne également un terrain pour le presbytère de ce qui n’est encore qu’une chapelle, à condition qu’elle soit érigée en paroisse.

En 1190, Bucey “hérite” de la paroisse de Chaaz. Loïce de Plancy, évêque de Troyes, constate : “la pauvreté des chanoines de Bucey... “ et aussi le fait que “l’église de Chaaz ne peut plus se suffire à elle-même”. Il donne l’église de Chaaz avec toutes ses dépendances pour être “possédée à perpétuité par l’église du Bienheureux Loup , afin que la chapelle de Saint Jacques à Bucey et l’église de Chaaz ne fasse plus qu’une seule paroisse, un seul prieuré (*) et qu’elles ne soient confiées aux soins que d’un seul “ Je cite le curé de Fontvannes, Pierre Louis Célestin Douge qui dans la seconde moitié du XIXe siècle a consacré des pages entières à Bucey. Il a largement puisé dans la Charte du Cartulaire de Saint Loup. Quand il est dit prieuré, il s’agit d’un prieuré-cure et non d’une maison conventuelle. L’église du Bienheureux Loup dont il est question est l’Abbaye Saint-Loup. Au XIIe siècle elle possédait huit prieurés-cures dans le diocèse de Troyes. Monsieur l’Abbé Lalore, professeur de théologie au Grand Séminaire de Troyes à la fin du XIXe commente le cartulaire en ces termes : « Il est certain que les prieurés de Marigny et de Bucey, au moins pendant un certain temps, ont été habités par des chanoines. A l’époque Bucey était fortifié ». Retenons que ce sont des raisons « économiques » qui président à la fusion des deux communautés en une seule. Ne reste actuellement de leur autonomie première que le système des affouages.

Je voudrais maintenant évoquer quelques dates afin de rendre sensible et vivante cette église qui occupe une place centrale dans l’histoire du village :

Construction de la chapelle sans doute au XIe siècle : de cette chapelle primitive, on peut voir encore quelques pierres énormes sur l’un des contreforts nord-est et dans le mur de l’abside. Alors que l’église est entièrement bâtie en craie sur es soubassements de silex pou de brique, le matériaux étonne. Il s’agit d’une pierre très dure qu’à ma connaissance on ne trouve pas dans le Pays d’Othe. Nogentais ? Région de Bar ?

L’église qui succède à la chapelle n’a pas sa forme actuelle. En forme de croix latine elle n’a qu’un transept.

1740 : construction de l’actuel presbytère dont les écuries ont été détruites à la fin du XIXe siècle.

1785 : élargissement du transept par deux collatéraux,et dallage en carreaux de terre ; l’un porte encore la date avec cette inscription “Louis Roy” ce qui tend à prouver que quelques années avant la révolution, le divorce d’avec la royauté n’est pas de saison pour les Bucetons. Vous pouvez également lire cette date au sommet nord, côté presbytère, de la seconde travée.

1789 : c’est à l’issue de la grand Messe paroissiale chantée que se réunissent les notables de Bucey-en-Othe pour signer le cahier des doléances - presque des remontrances- adressées à Louis XVI. Il y a là les Roglet, Gatouillat, Toulouse, Genneret, Flogny, Laurant. Ils éliront leur député, Bonnemain, qui les représentera à l’Assemblée des États Généraux, à Versailles le 27 avril, il y aura bientôt 216 ans.

1793 : le presbytère est vendu comme bien national. il appartiendra à la commune qui le revendra à la famille de Gérard Holtz.

1847 : orage épouvantable : “Les eaux, après avoir inondé le nouveau presbytère (maison JM et ML Poisson) où elles entrèrent du côté du haut par les fenêtres, et sorti par les murs de l’ancien qu’elles avaient percés en haut, et après avoir rempli les écuries, sortirent par la porte qui se trouve juste vis à vis le portail de cette église où elles se précipitèrent avec fureur de manière à compromettre sa solidité. En un instant, elle se vit encombrée d’eau, de terre et de gravier charriés en masse dans son enceinte, de manière qu’on fut obligé de percer par derrière le mur de la sacristie pour en faire écouler les eaux dans la rue”.

À cette même date, 1847, se place un épisode qui montre le tempérament des Bucetons de l’époque. Il est nécessaire de faire un retour en arrière.

Ils avaient toujours été en délicatesse avec leurs seigneurs, à cause des redevances que ceux-ci exigeaient. Ils contestaient en particulier un jugement datant de 1632 qui les dépossédait de 48 arpents de forêt au profit de leur seigneur. 150 ans après, en 1785, le Marquis Des Réault enfonce le clou : il réclame des redevances impayées ou la restitution d’une nouvelle partie des bois. Les manants vont contre-attaquer . Leurs avocats dénonceront la tyrannie du marquis qui “abusoit de leur ignorance, les faisoit gémir sous l’oppression...” Pendant la Révolution , le procès marque le pas. Entre temps le domaine seigneurial a été revendu à la puissante famille des La Rochefoucault-Liancourt. Les Bucetons ne retrouveront jamais leurs 48 arpents .

Mais quel rapport avec l’église éprouvée par l’orage ?

Il y avait face au maître-autel, une vieille dalle funéraire, comme il en existe encore une à Fontvannes ou à Messon. C’était la tombe D’Adérald de la Roère, seigneur d’Esclavolles et de son épouse Louise de de Madeil, morts au XVIIe siècle. Louise était la veuve d’Odard de Roffey qui s’était fait embrocher proprement sur la planche traversant le ru Saint-Bernard,

Après l’inondation, fallut-il remblayer le sol, refaire un dallage là où il avait été littéralement labouré ? Sottise ? Certainement. Vengeance ? peut-être. Sans doute les deux. La vénérable dalle, témoignage des seigneurs d’autrefois disparut. Fut-elle cassée, enfouie ? Rien ne permet de le dire. Je ne puis que citer Pierre Louis Célectin Douge qui s’en scandalise :

« On ne conçoit pas comment les autorités de ce lieu ont eu l’incurie de laisser perdre et anéantir pour toujours ce seul monument que renfermait leur église car on n’en trouve plus vestige nulle part attendu que la loi leur faisait obligation de conserver comme la prunelle de leurs yeux tous les monuments qui se rattachaient à l’histoire de leur pays ».

Dans la première moitié du XXe siècle on notera quelques interventions malheureuses sur le bâtiment,sous forme de revêtement de ciment censé camoufler les outrages du temps. Mais fort heureusement un sérieux programme de réhabilitation sera mis en place à compter des années 80 qui aboutira à la réfection, dans les règles de l’art, du clocher, de la toiture, de plusieurs voûtes de l’abside et du transept.

[modifier] Présentation de l’église

L’église telle que nous la voyons date dans son ensemble du XVIe siècle. Elle est construite dans la pente d’un petit relief qui la met en valeur. Par temps d’orage j’ai souvent pensé à l’église d’Auvers-sur-Oise dans le célèbre tableau de Van Gogh. La flèche d’une grande finesse, couverte en ardoise, avec ses abattants de cloches met de l’élégance au dessus de l’allure trapue de l’édifice. Tout le monde remarque le drôle de carillon de facture chinoise, dirait-on. Il eut longtemps un air penché. C’est peut-être le moment de dire toute l’attention dont bénéficie cette église qui n’est pas classée, mais pour laquelle les municipalités successives ont voté d’importants crédits de réfection : flèche, toiture, voûtes. La chapelle primitive devait être de dimensions modestes. L’abbé Douge a écrit qu’elle avait été élargie au XVIIIe siècle, au niveau du transept. Elle a cependant gardé cette allure de crypte, avec cette descente de quelques marches et ces voûtes basses et trapues.”Les arcs doubleaux et les nervures de voûtes reposent sur des piliers ondés sans chapiteaux avec bases à filet ondés et à talon”. À tout seigneur, tout honneur, c’est le Bienheureux Jacques qui nous accueille. Saint-Jacques le Majeur, bien entendu. Mais nous y reviendrons tout à l’heure. Rien de très particulier, sinon cette simplicité, cette blancheur qui en font véritablement un lieu de recueillement. Ce n’est pas ici que vous découvrirez statues ou vitraux exceptionnels. cependant, remarquez la facture de ces statues du XVIe : Saint Sébastien, Sainte-Anne, une Mater Dolorosa. La statue de la vierge est du XIXe, et assez représentative de l’art “Saint-Sulpicien”. Les statuettes peintes viennent peut-être l'ancienne sainterie de Vendeuvre-sur-Barse. Je ne saurais l’affirmer. La vierge appuyée au pilier, un don, est du XXe. Les autels du transept sont surmontés simples retables ornés de peinture du XIXe : une assomption de la Vierge ; un reniement de saint Pierre. Quant au grand tableau, un peu dans l’ombre, j’y reviendrai tout à l’heure. Remarquez la piscine, à peine exhaussée. Son niveau fait penser que le sol était autrefois beaucoup plus bas. L’ornement en forme de coquille qui la surmonte a pu faire penser à certains qu’il s’agissait de la fameuse coquille que l’on trouve tout au long des chemins qui conduisent à Compostelle, et au tombeau de Saint-Jacques le Majeur. De l’avis d’un certain nombre de personnes compétente, il n’en est rien. C’est un simple ornement architectural, sans valeur de symbole. Remarquez également ce carreau de terre contemporain de la réfection de 1785 - date inscrite en haut du collatéral du transept nord. Il porte l’inscription : “Louis Roi 1785”. Il représente humble un témoignage de l’attachement du peuple à son roi, quatre ans avant la Révolution.

Des vitraux du XVIe ne restent que ces deux fragments. Au fond de l’abside, trois épisodes de la vie du Christ : baptême, cène et remise des clefs à Saint-Pierre. Il s’agit d’une œuvre exécutée par les ateliers Champigneulle à Bar-le-Duc en 1891. Aux extrémités de l’abside, deux vitraux de l’atelier Vinum à Troyes, datant de 1847, représentent sainte Thérèse de Lisieux canonisée en 1925 et saint Éloi, patron des paysans.

Une description et un beau dessin de l’église furent exécutés dans les années 1880 par Fichot. Répertoriée dans sa statistique monumentale de l’Aube, ses recherches ont conduit à une erreur qui est toujours répercutée plus de cent ans après. Il place l’église de Bucey sous le patronage de saint Jacques-le-Mineur. Le travail que j’ai conduit à propos de cette confusion m’a permis d’échafauder une hypothèse. Lorsque Fichot vient à Bucey La belle statue polychrome du XVe siècle représentant saint Jacques le Majeur avec son bâton de pèlerin et sa besace a été reléguée. Les canons de la beauté privilégient alors cet art Saint-Sulpicien dont nous voyons quelques exemplaires. La vieille statue n’est pas une belle statue. L’abbé Feugé ne la retrouvera dans les combles qu’en 1946. En revanche, Fichot trouve, derrière le maître-autel un retable imposant, dont les boiseries sont engagées dans les nervures de la voûtes. Il n’en reste que la peinture centrale de grandes dimensions. À l’évêché on n’est même pas certain qu’elle ait survécu à l’évacuation du retable puisque l’archiviste écrit : « un, tableau représentant saint Jacques le Mineur existe (ou a existé) dans l’église ». Il est bien là, en médiocre état il est vrai. Il représente le martyre de Saint-Jacques le Mineur sous la muraille du temple d’où il a été précipité. La tête chenue du vieillard est illuminée par la grâce du martyre alors que le bourreau s’apprête à l’achever à l’aide d’un énorme maillet, le foulon, dans la tradition... Il faut l’imaginer sous le Second Empire, trônant derrière le maître-autel. Devant ce retable placé ou il est, Fichot est fondé à croire que c’est bien le Mineur qui veille sur Bucey. Ajoutons à cela que la fête patronale n’a pas lieu le 25 juillet, jour de St Jacques le Majeur, mais au mois de mai pour la St Jacques le Mineur. À cela une explication : les cultivateurs ne voulaient pas perdre un jour de moisson... Il est donc à peu près certain que durant un certain temps la référence à saint Jacques le Majeur fut oubliée par la communauté villageoise : les Bucetons avait choisi le plus pratique des deux apôtres. Fichot abusé par le retable ostensible, monumental, mais aussi par la réalité d’une paroisse qui ne se réfère plus à Saint Jacques le Majeur, place donc l’église sous le patronage de saint Philippe et saint Jacques, puisque ces deux compagnons du Christ sont inséparables. Il est vrai que la mention de Majeur n’est pas précisée dans les écrits du XIIe siècle. Mais le fait même que St Philippe ne soit pas cité accrédite la thèse d’une dédicace au Majeur. Elle apparaît dans un texte de 1784 et l’évêché de Troyes la fait figurer à l’ordo du diocèse. Il n’en reste pas moins qu’un certain nombre d’historien locaux, dont Morel-Payen, s’en tiennent au patronage de St Philippe et St Jacques le Mineur, dans la foulée de Fichot. Plus récemment Jeanne Martel et Jeanine Velut ignorent même St Jacques dans leur livre sur le pays d’Othe. Faisant allusion à son origine, elles écrivent : « l’église dédiée à saint Philippe était la chapelle du château », ce qui, stricto sensu, n’apparaît nulle part.

Revenons à la statue de St Jacques. Son toilettage récent ainsi que le traitement contre la vermoulure lui ont peuêtre fait perdre une partie de ce qui lui restait de polychromie. Mais c’était nécessaire si on voulait le conserver, et surtout le laisser à sa place dans son église. Il faut l’aborder de profil pour sentir toute la spiritualité qui s’en dégage. Cette posture droite, ce fin profil, cette volonté qui s’en dégage représentent bien cet apôtre que le Christ qualifiait de “fils du tonnerre” en raison, dit-on, de son caractère impétueux. Et c’est, si vous le voulez bien, sur celui auquel est dédié notre petite église que se terminera cette visite. 5visite organisée par Robert Poisson pour la Société académique de l'Aube le 21 avril 2005)

[modifier] L’emplacement du vieux château de Bucey

Effectivement, l’église ou chapelle de Bucey, d’après une charte du cartulaire de Saint-Loup, fut bâtie un peu avant que l’Église de Chaast lui fut réunie. Elle fut construite, selon Courtalon, sur un fond appartenant au chapitre de Saint-Etienne de Troyes (*), non loin du château de Bucey, alors bâti un peu plus haut, dans un terrain d’un aspect magnifique, appelé encore aujourd’hui, le Champ du Château. On voit encore le rond sur lequel cet antique manoir féodal était assis. “ Quand la terre était fraîchement labourée, on pouvait voir nettement, sous certaines conditions d’éclairage, le dessin des anciennes fondations. Juste en face de chez Monsieur Valenti. On voyait bien le rond de ce qui avait dû être le donjon et qui faisait bien vingt mètres de diamètre”. (cf. Max Toulouse, maire, in « Petite Histoire de Bucey », Bulletin municipal, Numéro Spécial, mai 1995, R. Poisson.)

Contrairement aux idées reçues, le château féodal a été détruit bien avant la Révolution de 1789. Sur un plan de la seigneurie de Bucey-en-Othe datant de 1702, il est figuré par un dessin évoquant la forme du donjon. Plusieurs personnes m’ont confirmé que dans certaines conditions, on en voyait encore récemment les traces, tout au bout de la rue du Presbytère, à droite, dans la pente.

[modifier] Description du château actuel de Bucey

Ce n’est que plus tard que ce château a été abandonné par ses possesseurs et reconstruit plus bas dans l’endroit où il existe encore presque en son entier. Il présente une espèce de carré parfait, entouré de murs flanqués d’une tour à chaque angle, dont deux sont rondes et deux sont quarrées (sic), avec des fossés creusés au pied extérieur des murs et remplis d’eaux vives.

On y remarque une des portes principales d’entrée. Elles est voûtée en plein-cintre à plusieurs compartiments séparés de distance à distance, par des arceaux non parallèles, de manière que l’un rentre d’un côté tandis que l’autre fait saillie, le tout fait dans le goût de l’architecture militaire du Moyen Âge (***). On voit la place où descendait la herse et, en dehors, les deux tourillons en fer où tournait le pont-levis jeté sur le fossé et qu’on relevait à l’aide de grosses chaînes de fer.

Contrairement aux idées reçues, le château féodal a été détruit bien avant la Révolution de 1789. Sur un plan de la Seigneurie de Bucey-en-Othe datant de 1702 il est figuré par un dessin évoquant la forme du donjon. Plusieurs personnes m’ont confirmé que dans certaines conditions, on en voyait encore récemment les traces, tout au bout de la rue du Presbytère, à droite, dans la pente. Des fenêtres faites à la moderne ont été, pour donner du jour, ouvertes dans l’épaisseur des murs de défense et dans les tours, mais cela n’empêche pas de reconnaître la destination primitive de ces vieilles constructions féodales, aux meurtrières encore béantes qu’on voit apparaître de place en place, surtout dans les murs des tours.

Ce château a appartenu à Monsieur Costel, ancien notaire à Estissac, qui, dit-on, l’aurait acheté de M. de Florigny de Theil qui le tenait de M. le marquis Des Réaux; Il a longtemps servi de maison d’exploitation au fermier à qui ce domaine était loué.

[modifier] Personnalités liées à la commune

les Seigneurs de Bucey et de Chaast se donnent un cartel pour des droits honorifiques. Leur fin tragique.

°°°°°

Courtalon raconte qu’en 1616 “un Seigneur de Bucey et celui de Chaast, en contestation pour des droits honorifiques, se donnèrent un cartel(*) au sortir de la messe. Il se présenta un ruisseau à passer sur une planche. Dispute de politesse. Celui qui passa le premier se sentit tout à coup blessé dans le dos ; mais, se retournant, il eut encore assez de force pour enfiler son agresseur” Comme Courtalon ne dit pas le nom de ce Seigneur, ni quel ruisseau ils eurent à traverser, ni les droits honorifiques qui furent l’objet de leur dispute et du cartel qui s’en suivit au sortir de la messe, nous allons de notre mieux essayer de suppléer à cette omission. Le Seigneur de Bucey dans ce temps-là ne pouvait être que Odard de Roffey(**), Seigneur de Fontvannes et de Bucey. Il avait pour épouse en 1616 Louise de Madeil(**) de laquelle il tenait la Seigneurie de Bucey. Cette dernière, veuve de cet Odard de Roffey dont nous venons de parler se remariera en 1620 avec Aderald de la Roère, Seigneur d’Esclavolles et de Bucey. C’est ce dernier qui avait été enterré ainsi que son épouse dans la nef de l’Église de Bucey, au milieu, devant l’entrée du sanctuaire et dont la tombe a malheureusement, avec l’inscription qu’elle portait, péri en 1847, comme nous l’avons dit. Dans un acte du onze août 1615, Odard de Roffey prenait aussi le titre de Seigneur de Chaast. Toutefois, à cette époque, le Seigneur de Chaast était Charles Le Lieur, et prenait le titre de Sieur de Chaast et des Fossés.

Comme ces deux seigneurs de Bucey et de Chaast étaient les seuls seigneurs de ces lieux à l’époque qu’assigne Courtalon, il s’en suit rigoureusement que ce ne peut-être que ceux-là mêmes qui eurent le courage sauvage de s’aller battre en duel en sortant d’accomplir un acte de religion. D’après une résolution si extrême, on serait tenté de croire que ces droits dont parle Courtalon et pour la défense desquels ces deux champions allèrent si ardemment à la mort étaient d’une importance majeure. Pas du tout surtout si nous les considérons avec nos idées d’aujourd’hui. Car leur dispute provenait tout simplement de ce que tous deux prétendaient au droit de priorité dans la réception du pain béni distribué à la messe paroissiale. Tous deux prétendaient à l’honneur de le recevoir le premier, ce qui n’était pas chose facile. La question devait-elle se régler à coups d’épée ? On rirait aujourd’hui de pareilles disputes (*). Mais il en était bien autrement dans un siècle où la société était hiérarchiquement organisée ; où la considération était exclusivement attachée aux rangs et titres. La plus minime des prérogatives était chose de grande importance. Celui qui recevait le pain béni le premier avait nécessairement la préséance sur toute l’assemblée et se trouvait par là même, le premier de tous. Et celui des Seigneurs à qui l’on donnait le pain béni après son confrère dut paraître humilié auprès de ses vassaux, s’il avait des raisons de croire que ces honneurs lui étaient dus plutôt qu’à son rival. Toutefois, nous sommes loin d’approuver la barbare résolution qu’ils prirent ni l’action déloyale à laquelle l’un d’eux s’est livré et qui lui a coûté la vie en voulant la sauver. Le ruisseau que ces deux seigneurs avaient à passer sur une planche ne peut être que le Ruisseau dit “de Saint-Bernard” dans ces derniers temps, parce qu’il prend sa source par devers le Grand-Chaast dans un pré appelé le pré de Saint-Bernard. Après avoir arrosé la vallée et passé au bas de Bucey ce ruisseau se jette dans la Vanne, un peu plus loin, de manière que, quand on vient du côté de Fontvannes pour entrer à Bucey ou bien quand on veut sortir de ce village pour se diriger vers le bas du côté de Fontvannes, on est obligé de traverser ce ruisseau.

Autrefois, au bout de la rue qui se trouve droit au bas de l’église, toujours vers le Nord, on le passait à gué pour les voitures. Il n’y avait point le pont qu’on y voit aujourd’hui. Une planche sans doute, ou un madrier placé à côté, servait de passerelle pour les gens de pied. Et c’est en passant sur cette planche que les seigneurs de Bucey et de Chaast ont trouvé la mort.

S’ils s’en retournaient chez eux en attendant le jour où ils devaient vider leur querelle, c’était bien le chemin à tous les deux, soit pour aller au château de Bucey, soit pour aller au château du Grand ou du Petit-Chaast. Mais une fois ce pont champêtre passé, ils ne pouvaient plus voyager ensemble, car il fallait de suite se tourner le dos pour gagner chacun son manoir. (Extrait des Carnets de l'abbé Pierre-Louis Célestin Douge, curé de Fontvannes, village voisin, fin du XIXe siècle - in Bucey-en-Othe et ses hameaux de Robert POISSON).

JEAN-THOMAS BONNEMAIN

On trouve sa signature au bas du Cahier des doléances de la paroisse de Bucey-en-Othe de 1789. Élu à la constituante, il traversera sans problème l'époque révolutionnaire. Il ne votera pas la mort du Roi.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Bucey-en-Othe sur le site de l'Insee

[modifier] Liens externes