Breton trégorrois

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On ne peut pas parler de "breton trégorrois" unique et parlé par tous les trégorrois sans exception. Il n'y a pas là de dialecte. Cependant, certaines tendances phonologiques, morphologiques ou lexicales se remarquent plus particulièrement dans le Trégor, à plus ou moins forte intensité selon les zones.

[modifier] Le trégorrois

Le trégorrois se distingue des autres variétés de la langue bretonne par quelques différences:

  • Il utilise principalement le possessif hon là où les autres emploient hol devant « l », hon devant « n, d, t, h » ainsi que les voyelles et hor devant tout le reste (ces formes sont cependant comprises car elles sont connues via les chansons, les cantiques), ...
  • après le possessif hon, le trégorrois fait habituellement la mutation spirante (par ex., là où le vannetais emploie /hon ti/, le cornouaillais et le léonard hon ti, le trégorrois dit hon zi). Ce hon se prononce d'ailleurs plutôt comme om(p). A noter qu'à ce titre le trégorrois est plus conservateur que le léonard ; en effet comme le trégorrois, le moyen-breton ne connaissait que quencouls (kenkoulz) pour kerkoulz, quenquent (kenkent) pour kerkent, hon pour hor, hon, hol), et quen (ken) pour ker, ken, kel). Les articles moyen-bretons an et vn ont cependant évolué en ar / an et ur / un en trégorrois, à l'exception de la forme en l (al / ul).
  • le h est très aspiré (par ex. dans had, heiz). On dira donc en trégorrois ha Herve et non pas hag Herve, et à ce titre il est plus conservateur que le léonard.
  • au contraire du léonard, le z intervocalique ou final n'est généralement pas prononcé, comme en cornouaillais et en vannetais (il s'agit de la lettre écrite "z" issue d'un ancien "d" : les z de noz, izel, kaoz... du peurunvan se prononcent.)
  • la lénition de d en z ne se fait généralement pas alors qu'elle est la règle dans autres dialectes (par exemple: ar paotr a dañs)
  • le glyphe w est généralement prononcé /w/ (eg: war se prononce /war/). Le trégorrois a conservé, à l'instar du gallois et du cornique et à la différence du léonard la distinction entre v < bh et w. Il dit aval < abhalo mais awel < auuelo là où le léonard dit aval et avel.
  • les -où (pluriel...) se prononcent généralement /o/
  • les finales nasalisées provenant des anciens « ff » du moyen-breton sont très bien conservées : brasañ, ne rin ket (prononcé: ne riñ ket)...
  • les s- initiaux sont prononcés /z/ : sant /zãnt/, les f- initiaux par un /f/ très faible (mais bien différend du /v/) : forc'h.
  • -ao-, -ae- se réduisent généralement en /o/ et /ê/.

Enfin, les terminaisons du futur sont différentes. Le futur en moyen breton était -homp, -het, -hont. Le trégorrois a évolué de H vers F (formes en -fomp, -fet, -font, ...). (Comparer avec les formes -ahomp, -ahet, -ahont du vannetais et du goëloard, dues à l'apparition d'un -a- de liaison (prononcé /e/).)


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