Breton léonard

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Le breton léonard est le dialecte du breton qui se parle dans le Léon, à savoir le nord-ouest du Finistère. A l'est, vers Morlaix, ce dialecte est influencé par le trégorois, au sud, en s'approchant de l'Élorn, il est influencé par le cornouaillais. Il y a un continuum linguistique dans toute la Bretagne bretonnante, et qu'il n'y a donc pas de réelles frontières entre les différents dialectes du breton.

Sommaire

[modifier] Le léonard

Traditionnellement, le Léon est la « terre des prêtres » car nombre des prêtres qui officiaient en Basse-Bretagne étaient formés au séminaire dans cette région. Les ouvrages de religion étaient en grande partie composés dans cette région et dans ce dialecte, et de ce fait, une partie importante breton littéraire (hors vannetais) a longtemps été issu principalement du léonard, à côté du breton trégorrois qui a également une grande tradition écrite. Ce fait a été accentué par les travaux de Jean-François Le Gonidec (1775-1838), "reizher ar brezhoneg" (le codificateur de la langue), qui basa ses études linguistiques, lexicographiques et sa réforme orthographique principalement sur le breton de sa région, et qui eurent un impact énorme dans l'histoire du breton littéraire, ceci jusqu'à nos jours.

Le léonard se divise en deux sous-dialectes (qui eux-même se divisent en parlers locaux) : le breton du Bas-Léon (à l’ouest) et celui du Haut-Léon (à l’est). Voyons à présent quelles sont les caractéristiques de ce dialecte du Nord-Finistère.

[modifier] Morphologie du léonard

  • La terminaison des verbes au présent de l’indicatif et de l’impératif 2e personne du pluriel est –it (là où ailleurs en Bretagne on dit –et)
  • Par suite de la subsistance de 'v' et du 'z' intervocaliques, de nombreux verbes conservent une forme longue, là où l’on a des formes syncopées dans les autres parlers : lavarout (lâret hors du Léon), en devezo (en do), am bezo (am bo), a vezo (a vo), ankounac’haat (ankouaat, ankoueshaat)…
  • Les infinitifs en -out sont généralement développés en -vezout. Ainsi : talvezout, falvezout contre talvout, fallout
  • On utilise des formes anciennes du verbe être ez eus (« il y a ») et edo (« se trouver », au passé) là où elles ont été remplacées par d’autres formes (zo et e oa respectivement) dans la majorité des autres parlers.
  • L’adjectif possessif 1e personne du singulier (mon, ma, mes en français) est souvent va (ma dans les autres dialectes)
  • La terminaison 2e personne du sing. des prépositions « conjuguées » (voir plus loin) est souvent –ez en Léon (qui est une terminaison verbale à l’origine ; les autres dialectes utilisent en général –it pour ces prépositions)
  • La terminaison 3e personne du pl. des prépositions conjuguées est –o en Léon (là où l’on a –e pour les autres dialectes).
  • Les pluriels internes sont nombreux : azen > ezen, oan > ein…

[modifier] Syntaxe du léonard

Le système des mutations est celui du breton classique ou littéraire (car ce dernier est surtout basé sur le breton du Léon à l’origine), on le trouve ainsi dans tous les livres d’apprentissage du breton.

  • le possessif az est suivi parfois de la mutation adoucissante (au lieu de la durcissante en breton classique)
  • les particules verbales sont rarement élidées
  • devant les formes du verbe être et du verbe aller commençant par une voyelle, les particules verbales ‘’a’’ et ‘’e’’ prennent les formes ‘’ay’’ et ‘’ez’’ respectivement. Hennezh ay oa bras. Da va bro ez an.
  • on utilise parfois les adjectifs possessifs comme pronoms personnels COD (c’est aussi le cas en vannetais, mais pas dans les autres dialectes); cet emploi est dominant devant le nom verbal (‘’infinitif’’).
  • le son c’h issu de la mutation de g est différent de celui issu de la mutation de k. Le premier est sonore et se prononce /ɣ/, le second est sourd: /χ/.

[modifier] Phonologie du léonard

  • L’ancienne diphtongue écrite aujourd’hui <ao> se prononce /aw/ en Léon : ur paotr /ˡœr pawtr/.
  • Les e accentués sont souvent diphtongués en /ea/ en Léon. Kêr /ˡkear/
  • La diphtongue historique <we> devient /oa/ (deux syllabes) : koad /ˡkoat/, bez’ ez oa /ˡbed ez ˡoa/…
  • Les /o/ sont fermés en /u/ devant les nasales et parfois devant l et r. Don /ˡdu:n/, brezhoneg /breˡzunɛk/, dorn /ˡdurn/…
  • Les anciennes voyelles nasales écrites <añ> et < iñ > sont dénasalisées en Léon, sauf parfois pour les prépositions conjuguées : diwezhañ /diˡveːza/, gwerzhañ /gøˡɛrza/, mais gantañ, souvent /ˡgɑ͂ntɑ͂/.
  • Le <w> précédant i ou e se prononce /v/. Ar wezenn /ar ˡveːzɛn/
  • Les « z léonards » (z issus de l’évolution d’un /ð/ historique) sont prononcés. Nevez /ˡneːvɛs/
  • Les h étymologiques ne s’entendent jamais en Léon. Hadañ /ˡaːda/
  • Le <c’h> est prononcé comme une rude fricative uvulaire sourde. C’hoari /ˡχwaːri/
  • Les terminaisons pluriel <-toù>, <-doù> deviennent /ʃu/ et /ʒu/ respectivement. Pontoù /ˡpu͂ːʃu/, koadoù /ˡkwaːʒu/
  • Les <z> et <zh> précédant un < i > se prononcent souvent /ʃ/. Gwrizienn /ˡgriːʃɛn/
  • En Haut-Léon, on observe une contamination vocalique dans certains mots : leveret (<lavaret), diskiñ (<deskiñ), livirit (<lavarit)
  • De nombreux verbes montrent une métathèse dans leur nom verbal : dalc’h- > nom verbal derc’hel, taol- > nom verbal teurel…
  • Les r sont généralement roulés.
  • La suite <gwr-> se prononce /gr/ en Léon. Gwreg /grɛk/


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