Barré de Saint-Venant

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Barré de Saint-Venant (Adhémar-Jean-Claude), né au château de Fortoiseau, commune de Villiers-en-Bière, près de Melun (Seine-et-Marne) le 23 août 1797, et décédé à Saint-Ouen, près de Vendôme (Loir-et-Cher), le 6 janvier 1886, est un ingénieur, physicien et mathématicien français.

Fils de Jean Barré de Saint-Venant, (Niort, 1737-Paris, 1810), officier, colon à l’Île de Saint-Domingue, et de Marie-Thérèse Josèphe Laborie (Cap-Français, auj. Cap-Haïtien, Haïti, 1769 - ?), il entra 2ème à l’Ecole polytechnique en 1813, et en sortit 1er. Elève de Gay-Lussac, il se passionna d’abord pour la chimie, ce qui le conduisit à opter, à sa sortie, pour le service des poudres et salpêtres, où il se signala par la découverte d’un procédé rapide de dosage du chlore. Au bout de sept ans, il obtint de changer de carrière et d’entrer à l’Ecole des Ponts et Chaussées d’où il sortit encore 1er en 1825. Envoyé à Guéret comme ingénieur, il s’y fit remarquer par la construction d’un pont en charpente sur la Creuse, où il fit intervenir pour la première fois la théorie du « glissement » qu’il devait développer plus tard, et qui assit sa réputation de physicien et de mathématicien.

Il fut ensuite attaché au service du canal d’Arles, puis à celui du canal du Nivernais, et enfin au service de l’Yonne. Hydraulicien reconnu, il fut cependant nommé en 1843 ingénieur en chef et attaché à la voirie (le "pavé") de la ville de Paris, où il contribua à faire accepter le principe des plantations d’arbres le long des grandes avenues. En 1848, il fut mis à la retraite par le gouvernement provisoire. Il se vit confier, en 1850, le cours de génie rural de l’Institut agronomique. Cette institution ayant été supprimée en 1852, il rentra dans la vie privée tout en continuant ses travaux scientifiques qui donnèrent lieu à de nombreuses publications.

Bien qu’il n’ait jamais eu d’attaches professionnelles ou personnelles avec la Sologne, il s’intéressa très tôt à cette région alors réputée pour son insalubrité et sa misère, par pure philanthropie. En octobre 1826, il effectue un premier voyage dans la région, puis un second en 1828. Il conçoit alors le projet d’un canal permettant d’amener en Sologne la marne des confins du Berry, et les eaux chargées de marne de la Sauldre en vue de l’irrigation d’une partie de la région. En 1844, au cours d’un troisième voyage, il parfait son enquête et dresse les plans du canal de la Sauldre, qu’il propose vainement au ministère des Travaux publics, mais qui sera, avec d’importantes modifications par rapport au projet initial, effectivement réalisé de 1848 à 1868, sans que personne ne se réfère alors ni à ses travaux, ni à son rôle en faveur de la Sologne.

De 1838 à 1849, Adhémar Barré de Saint-Venant présenta divers mémoires à l'Académie des sciences, dont deux portant sur la résistance et la flexion des pièces solides, dans lesquelles il exposait la fameuse théorie du « glissement » qui lui doit son nom. Parmi les nombreux travaux qui suivirent, deux retinrent l’attention des scientifiques : un mémoire sur la torsion des prismes (1855), et un autre sur la flexion (1856) où il montrait les déformations éprouvées par un corps cylindrique ou prismatique (« problème de Saint-Venant »). On lui doit encore de nombreuses publications (La question du choc des barres, 1853-1866 ; La théorie générale de l’élasticité, 1868 ; Du roulis sur mer houleuse, 1871, etc.). Toutes ces études lui valurent d’être reçu en 1868 à l’Académie des sciences). En 1869, Adhémar Barré de Saint-Venant avait reçu du pape Pie IX le titre de comte. Il fut par ailleurs président de la Société archéologique du Vendômois ; à ce titre il fit paraître en 1863 un Rapport sur le projet de rédaction d’un dictionnaire géographique de l’arrondissement de Vendôme, qui devait servir de point de départ à son fils Raoul (1845-1920) pour son Dictionnaire topographique, historique, biographique, généalogique et héraldique du Vendômois (3 volumes, 1914-1917).

Maître de Alfred-Aimé Flamant et de Joseph Boussinesq.

[modifier] Bibliographie

- Boussinesq et Flamant, « Notice sur la vie et les travaux de Barré de Saint-Venant », dans Annales des ponts et chaussées, 1886.

- De Laage de Meux (Edouard), M. de Saint-Venant et le Service spécial des ingénieurs des Ponts et Chaussées en Sologne, Orléans, 1892.

- Adhémar-Jean-Claude, comte Barré de Saint-Venant, membre de l’Institut (1797-1886), 1926.

- Brunot (André), Le Corps des Ponts et Chaussées. Histoire de l'administration française, CNRS Editions, Paris, 1982, pp. 224-227.