Astérix chez les Bretons

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Astérix chez les Bretons est le huitième album de la série de bande dessinée Astérix le Gaulois de René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin), prépublié dans Pilote du No 307 (9 septembre 1965) au No 334 (17 mars 1966) et publié en album en 1966.

[modifier] Synopsis

Jules César vient d’envahir la Bretagne, mais un village résiste encore à l’envahisseur romain. Un de ses habitants est dépêché en Gaule pour quérir l’aide du village d’Astérix, réputé pour sa potion magique qui multiplie la force. Astérix et Obélix le raccompagnent en Bretagne afin de transporter un lourd tonneau de potion magique.

Une fois en Bretagne, le tonneau disparaît avec d’autres tonneaux, de vin ceux-ci ! Les Romains se saisissent de tous les tonneaux disponibles pour les goûter et s'emparer de la potion magique. Après quelques poursuites et une suite de quiproquos, le tonneau est finalement brisé et son contenu perdu.

Le village breton se bat finalement contre les Romains avec l’aide d’Astérix et Obélix, mais sans potion magique. Pour donner du courage au village, Astérix prépare alors une fausse potion à base d’herbes étranges qu'il avait emportées avec lui. Après leur victoire sur les Romains, le chef du village breton décide d’élever cette potion au rang de boisson nationale. Il s’avèrera que ces herbes sont en fait du thé.

[modifier] Éléments historiques

Les Bretons du récit ne concernent pas les habitants de la Bretagne actuelle, région occidentale de la France, mais les anciens habitants (période à cheval sur le début de l'ère chrétienne) de l'actuelle Grande-Bretagne, ou plus précisément de l'actuelle Angleterre, qui sont nommés aujourd'hui Bretons insulaires. Goscinny rappelle d'ailleurs que les Bretons sont les descendants de tribus en provenance de Gaule, qu'ils sont en fait des cousins pas si éloignés que cela des Gaulois et qu'ils parlent la même langue, le gaulois.

Jules César a envahi la Bretagne en 55 av. J.-C., dans le cadre de sa conquête des Gaules dès 58 av. J.-C., couronnée par sa victoire sur Vercingétorix en 52 av. J.-C.. Il a écrit un Commentaires sur la Guerre des Gaules où cette campagne est abordée.

[modifier] Éléments humoristiques

( N.B.: « p10-c5 » signifie « planche 10 case 5 »; les éléments sont classés dans chaque sous-titre selon leur apparition chronologique dans l'album. )

Outre le mode humoristique habituel de Goscinny et Uderzo dans leurs albums (souvent basé sur les anachronismes), Astérix chez les Bretons présente des éléments spécifiques liés à la culture britannique. Bien que Goscinny soit arrivé en 1945 aux États-Unis sans connaître un mot d'anglais, ses différents séjours les années suivantes lui ont permis de maîtriser cette langue. Dans cet album, il parodie systématiquement les tournures de phrase usitées en anglais, en les traduisant mot-à-mot en français.

    • "S'il vous plaît" (p2-c6) = Please, pour "Je vous en prie".
    • "Fin de semaine" (p2-c7), le célèbre week-end internationalisé.
    • "Choquant!" (p2-c8) = Shocking!
    • "Plutôt" (p3-c2) = Rather.
    • "Et toute cette sorte de choses" (p3-c7) = And all that sort of things = et caetera.
    • "Je dis" (p4-c4) = I say, que les Anglais placent à tout bout de champ dans leurs phrases. Typique d'un Anglais de la haute société du début du XXe siècle - était utilisé pour souligner quelque chose.
    • "Un morceau de chance" (p4-c5) = A piece of luck.
    • "Secouons-nous les mains" (p4-c7) = Let's shake hands.
    • "Je demande votre pardon" (p5-c3) = I beg your pardon.
    • "Je ne voudrais pas être un ennui pour vous" (p6-c6) = I don't want to be any trouble for you.
    • "Un joyeux bon garçon" (p24-c5) = A jolly good fellow.
    • "Nous devons." (p24-c2) = We have to.
    • "Ma bonté!" (p25-c2) = My goodness!.
    • "Gardez votre lèvre supérieure rigide" (p25-c4) = Keep a stiff upper lip = garder son sang-froid.
    • "Il est devenu absolument noix" (p26-c4) = He is going nuts = devenir fou, perdre les pédales (= to lose the pedals, si on joue le jeu de Goscinny).
    • "J'étais en dehors de mes esprits avec l'inquiétude" (p28-c2) = I was out of my mind with worry = "j'étais inquiet".
    • "C'était grand de vous avoir ici" (p43-c7) = It was grand to have you.
  • Noms de personnages
    • Zebigbos (p3c1) = the big boss = le grand chef.
  • Traditions britanniques
    • À cinq heures de l'après-midi (le five o'clock), les Bretons boivent de l'eau chaude (p2-c6) : il s'agit de la célèbre tradition du thé, lequel revient en planches 41, 43 et 44.
    • La marmalade chère aux Britanniques est une sorte de faux-ami et ne correspond pas tout à fait à la marmelade française : il s'agit quasi exclusivement de confiture d'oranges amères. Les Bretons (p2-c6) la consomment sur des "rôties", traduction littérale du toast.
    • Les incessants brouillard (p3-c8) et pluie (p10-c7).
    • Cambridge et ses rameurs (p3-c10); cf. The Boat Race.
    • L'heure hâtive de fermeture des pubs qui a longtemps prévalu (p11-c6).
    • La cervoise (tiède) (p11-c6), ancêtre de la bière, indissociablement liée aux pubs, dont il est fait une bien plus grande consommation outre-Manche qu'en France. voir ici).
    • Au restaurant (pub), le décurion joue aux fléchettes (p12-c7).
    • Les chars roulent à gauche (p13-c3).
    • Le gazon anglais (p14-c1).
    • Les mesures anglo-saxonnes non décimales (p16-c8) – très compliquées il faut bien le dire – font dire à Obélix "Ils sont fous ces Bretons".
    • Le bus à impériale (p20-c6).
    • Les parapluies (p20-c7), liés au mauvais temps légendaire en Grande-Bretagne.
    • Le chapeau melon (p20-c8).
    • La célèbre tour de Londres (p25-c8).
    • Les quartiers résidentiels où toutes les maisons se ressemblent (p28-c9).
    • Le flegme britannique (p30).
    • Les écossais radins (p31-c4: les calédoniens).
    • Le rugby (p33).
    • L'humour britannique (p33-c1).
  • Syntaxe

Goscinny joue sur les éléments de syntaxe qui diffèrent entre l'anglais et le français et les adapte tels quels dans le texte français :

    • Le question-tag typique de la grammaire anglo-saxonne, à savoir la tournure interrogative qui peut terminer une phrase, ce qui correspond au "n'est-ce pas?" français.
      "Je pense qu'il va être l'heure, n'est-il pas?" (p2-c4), alors que le français jouerait d'un "n'est-ce pas?"; soit It's going to be about time, isn't it?
    • L'adjectif apposé avant le substantif en anglais (a good friend) : Jolitorax, le cousin germain d'Astérix, parle de la "magique potion" (p5-c1), puis des "romaines armées" (p5-c2), etc. Cette blague est la plus utilisée de l'album, identifiant même les Bretons.
      Obélix remarque cette spécificité de langage et l'adapte immédiatement, à sa manière : "Je commençais à avoir un appétit gros" (p11-c1).
      Ceci dit – et c'est d'autant plus vrai que Goscinny précise bien que les Bretons parlent la même langue que les Gaulois (p2-c2). Jolitorax et d'autres Bretons oublient de temps en temps cette inversion, par exemple "un cousin germain" et "une potion magique" (p3-c4).
  • Autres éléments culturels
    • "Mon tailleur est riche" (p5-c9), célèbre répartie des manuels Assimil (My tailor is rich).
    • Il est souvent fait allusion au jugement continental quant aux qualités de la cuisine britannique. "En Bretagne, la nourriture est délicieuse" (p7-c3) ; ou à la célèbre sauce à la menthe (p15-c4).
    • Le tunnel sous la Manche (p10-c8).
    • Les Beatles (p15-c10).