Antoine Hamilton

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Antoine Hamilton ou Anthony Hamilton (né vers 1646, mort le 21 avril 1720) est un écrivain irlandais d'expression française.

[modifier] Sa vie

Descendant de l'ancienne et illustre maison écossaise, il fût, après la mort de Charles Ier, amené encore jeune en France par sa famille. Il y fit ses études, et repassa en Angleterre en 1660 vers quatorze ans, lorsque Charles II eut été rétabli sur le trône de son père. Environ deux ans après cet événement, le comte de Gramont, exilé de la cour de France, se rendit a Londres et tomba amoureux de la sœur d'Hamilton avec laquelle il prit même des engagements sérieux.

Rappelé de son exil, le comte de Gramont retourna en France en laissant mademoiselle Hamilton et son mariage lorsque Antoine Hamilton et George, son frère, coururent après lui, le rejoignirent à Douvres, et lui dirent en l'abordant : « Chevalier de Gramont, n'avez-vous rien oublié à Londres ? » Il leur répondit : « Pardonnez-moi, messieurs, j'ai oublié d'épouser votre sœur ».

Le chevalier fit demi-tour et le mariage eut lieu. Hamilton, demeuré en Angleterre, passait souvent en France pour voir sa sœur et son beau-frère. Dans un de ces voyages, il fut choisi par Louis XIV pour figurer à Saint-Germain dans Le Triomphe de l'amour, ballet de Quinault. En sa qualité de catholique, on ne lui confia aucune mission tant que vécut Charles II, qui n'osait se montrer favorable aux gens de cette religion ; mais Jacques II, zélé catholique lui-même, lui donna un régiment d'infanterie en Irlande, el le gouvernement de Limerick, l'une des principales villes de ce royaume. Jacques II ayant été destitué après un règne de trois ans, Hamilton fut un de ceux qui le suivirent en France et s'établirent avec lui à Saint-Germain. C'est dans cette cour si triste qu'il composa tous ses charmants ouvrages.

Sa compagnie la plus habituelle était celle du maréchal de Berwick, fils naturel de Jacques II et de la sœur de Marlborough. Il fût appelé quelquefois à la cour de Sceaux, et fit des vers pour la duchesse du Maine. Il mourut à Saint-Germain âgé d'environ 74 ans, dans des sentiments de dévotion qu'il n'avait pas toujours professés, s'il en faut croire ces vers de Voltaire dans Le Temple du goût :

« Auprès d'eux, le vif Hamilton,
Toujours armé d'un trait qui blesse,
Médisant de l'humaine espèce,
Et même d'un peu mieux, dit-on. »

[modifier] Son œuvre

« Un style brillant, scintillant, constellé de pointes humoristiques » écrivent les auteurs du Nouveau dictionnaire des auteurs, « un des phénomènes les plus extraordianaires de notre littérature » pour le préfaceur de l'édition de 1812, des vers « plein de feu et de légereté » selon Votaire, Hamilton surprend encore le lecteur moderne et ne laisse pas indifférent.

On prétend qu'Hamilton, si gai dans ses écrits, ne l'était pas du tout en société, et ne s'y faisait remarquer que par son humeur chagrine et caustique. Qui le croirait en lisant les Mémoires de Gramont ? Il est probable que le fond de l'ouvrage lui a été fourni par celui qui en est le héros, mais qu'il y a ajouté beaucoup d'ornements de son invention. Chamfort raconte que ce fut le comte de Gramont lui-même qui vendait quinze cents francs le manuscrit de ces mémoires, où il est si clairement traité de fripon. Fontenelle, censeur de l'ouvrage, refusait de l'approuver par égard pour le comte de Gramont. Celui-ci s'en plaignit au chancelier, à qui Fontenelle dit les raisons de son refus. Le comte, ne voulant pas perdre les quinze cents francs, força Fonlenelle à approuver le livre d'Hamillon. « De tous les livres frivoles, dit La Harpe, c'est le plus agréable et le plus ingénieux ; c'est l'ouvrage d'un esprit léger et fin, accoutumé dans la corruption des cours à ne connaître d'autre vice que le ridicule, à couvrir les plus mauvaises mœurs d'un vernis d'élégance, à rapporter tout au plaisir et à la gaieté. II y a quelque chose du ton de Voiture, mais infiniment perfectionné. L'art de raconter les petites choses, de manière à les faire valoir beaucoup, y est dans sa perfection. » Voltaire en porte à peu près le même jugement.

Les contes d'Hamilton, qui sont Le Bélier, Fleur d'épine, Les Quatre Facardint et Zénéide, sont moins appréciés, beaucoup des contemporains y trouvainet trop d'extravagance. Mais en fait, l'auteur les composa par défi, pour prouver aux femmes de la cour qui raffolaient alors des Contes des Mille et une nuits qu'il n'était pas très difficile d'imaginer des aventures incroyables et absurdes.

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