Alberto Isaac

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Alberto Isaac
Naissance 18 mars 1925
Mexico
Mexique Mexique
Nationalité  Mexicain
Mort 9 janvier 1998
Mexico
Mexique Mexique
Profession(s) Réalisateur, scénariste, acteur, nageur olympique, caricaturiste
Films notables En este pueblo no hay ladrones,
Tiempo de lobos,
Mariana, Mariana,
Mujeres insumisas

Alberto Isaac Ahumada (né le 18 mars 1925 à Mexico - mort le 9 janvier 1998 à Mexico) était un nageur olympique mexicain, ainsi qu'un réalisateur, scénariste, acteur et producteur de cinéma. Il fut également critique de cinéma, caricaturiste, et membre de l'Institut Mexicain de Cinématographie.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] L'enfance et les premières années

Alberto Isaac Ahumada nacquit à Mexico en 1925[1]. Son père étant décédé alors qu'il n'était qu'un jeune enfant, il fut élevé dans l'état de Colima par trois de ses tantes et un oncle, qui dirigeait un cinéma. Il suivit des études pour être professeur, mais ne se consacra à l'enseignement que très peu de temps. Il retourna à Mexico, où il écrivit dans la section des sports d'un quotidien et devint rapidement caricaturiste pour la revue Esto du groupe OEM. Puis il devint rédacteur en chef de la section divertissements, en même temps qu'il participait aux journaux El Universal, El Sol de México, et Novedades.

[modifier] Les années olympiques

Alberto Isaac fut également un nageur de niveau olympique. En 1941, il fut le premier mexicain à nager le cent mètres nage libre en moins d'une minute, à La Havane, à Cuba, avec 59 secondes 08[2]. Surnommé la flèche de Colima, il nagea aux Jeux de Londres en 1948, et aux Jeux d'Helsinki en 1952.

[modifier] Les années 1950

Dans les années 1950, Isaac chercha d'autres moyens d'expression. Tout en conservant ses rôles de rédacteur, rédacteur en chef, et dessinateur, il s'exerça notamment à la céramique. C'est d'ailleurs certainement dans ce métier qu'il rencontra le céramiste Hugo Velásquez[3] qui apparaîtra dans deux de ses films[4].

[modifier] Les premiers pas au cinéma

En 1964, la STPC[5] ouvrit au public le Premier Concours du Film Expérimental, qui prétendait donner à de nouveaux talents l'opportunité d'entrer dans l'industrie du cinéma mexicain, alors très fermée. Isaac y vit l'occasion rêvée de tenter sa chance. Trente réalisateurs amateurs participèrent, douze films furent présentés, et Isaac remporta le second prix avec En este pueblo no hay ladrones[6]. Isaac et le critique de cinéma Emilio García Riera avaient décidé d'adapter une nouvelle de leur ami Gabriel García Márquez, alors inconnu. Le film fut tourné en trois semaines à Mexico et à Cuautla, en utilisant parcimonieusement un budget restreint. Il raconte l'histoire d'un jeune fauteur de troubes (incarné par Julián Pastor) dérobant les boules de billard de la salle de jeu locale, seule source de distraction du petit village. On peut voir apparaître dans ce film un véritable Who's Who de la scène artistique mexicaine de l'époque : Luis Buñuel, Arturo Ripstein, Alfonso Arau, José Luis Cuevas, l'écrivain Juan Rulfo, les caricaturistes Ernesto García Cabral et Abel Quezada, l'actrice Elda Peralta, le critique Carlos Monsiváis, ainsi qu'Isaac, sa femme Lucero, García Riera et García Márquez eux-mêmes.

Ce film fut un succès, mais Isaac dut attendre trois ans avant que le producteur Alfredo Ripstein Jr. (le père d'Arturo) lui offre la possibilité de diriger Las visitaciones del diablo (1968)[7].

[modifier] Les documentaires sportifs

A la fin des années 1960, Issac concilia ses deux passions, le cinéma et le sport, en dirigeant deux documentaires sur deux évènements majeurs se déroulant à Mexico : les Jeux Olympiques d'été de 1968 et la Coupe du monde de football de 1970. Ce deuxième film, présenté comme une fiction, parut également sous le nom The World at Their Feet.

[modifier] La nouvelle vague mexicaine : les années Echeverría

Luis Echeverría, président du Mexique de 1970 à 1976 offrit aux cinéastes un nouveau terrain d'expression, en relachant la censure cinématograhique et télévisuelle, et en leur ouvrant de nouveaux sujets tels que la politique. Après le personnel Los días del amor, Isaac fut engagé par les studios Churubusco pour El rincón de las vírgenes (1972). Puis la société d'état CONACINE produisit Tívoli (1975), Cuartelazo (1977), et Las noches de Paloma (1978). Alberto Isaac était alors un proche d'Echeverría, qu'il accompagna au Chili lors d'un voyage officiel en 1972.

Ces cinq longs métrages sont tous des films d'époque : Los días del amor se déroule en 1927, El rincón de la vírgenes dans les années 1920, Tivoli au début des années 1950, Cuartelazo et Las noches de Paloma pendant la révolution mexicaine. L'inspiration se partage entre l'autobiographie (l'utilisation récurrente de Colima), les histoires de Juan Rulfo (El rincón de las vírgenes), les contes grivois de Boccace (Las noches de Paloma) et l'Histoire (Cuartelazo)

Durant cette période, Isaac fit appel de manière récurrente aux mêmes acteurs. On peut citer José Luis Cuevas, Alfonso Arau, Arturo Beristáin, Héctor Ortega, Juan José Martínez Casado, Pancho Córdova, et Dolores Beristáin.

[modifier] Les années Portillo

Avec l'arrivée à la présidence de José López Portillo en 1976, une commission de surveillance télévisuelle fut mise en place, la RTC[8], présidée par Margarita López Portillo (soeur du président), qui aborda une politique conservatiste, et réduisit les budgets alloués aux productions cinématographiques d'état[9]. Des réalisateurs tels qu'Alberto Isaac, Felipe Cazals, Jorge Fons ou José Estrada connurent des difficultés à partir de cette époque. Alberto Isaac rédigea des critiques dans le magazine Esto, ce qui valut à tous les Isaac du Mexique d'être blacklistés de l'industrie du cinéma durant le mandat de Margarita López Portillo. Deux projets de films furent annulés sous l'influence de la RTC, et Isaac fut finalement renvoyé des magazines Esto et El sol de México.

Pendant ce sexennat difficile, Isaac réalisa un seul long métrage[10], le drame Tiempo de lobos, en 1981.

[modifier] Les années 1980

En 1980, Isaac fut membre du jury de la Berlinale. En mars 1983, il fut nommé à la tête du tout nouvel Institut Mexicain du Cinéma (l'IMCINE[11]), jusqu'à sa démission en 1986. Il y organisa un nouveau concours de cinéma expérimental, en hommage à celui qui lui avait ouvert les portes du métier vingt ans plus tôt. En 1986, Isaac renoua avec le succès grâce à Mariana, Mariana[12], basé sur un roman de José Emilio Pacheco. Le film remporta huit Ariels[13], la distinction cinématographique la plus élevée du Mexique. En 1988, Isaac reforma en partie l'équipe pour diriger ¡Maten a Chinto!, film noir qui décrit l'accès de violence inexpliqué d'un gérant d'hôtel, précipitant l'issue sanglante d'une prise d'otages.

[modifier] Les dernières années

En 1993, Alberto Isaac publia un livre d'entretien avec le directeur de photographie Gabriel Figueroa. Il réalisa son dernier long métrage, la comédie Mujeres insumisas, en 1994. Le film reçut seize nominations aux Ariels, et remporta deux prix : Meilleur second rôle féminin et Meilleur montage.

En 1997, un mois avant sa mort, il annonçait la pré-production d'un film intitulé Señas de identidad, inspiré d'un roman de José Emilio Pacheco sur le Massacre de Tlatelolco en 1968. Mais la crise économique que connut le Mexique après 1994 valut au projet de ne pas voir le jour.

Alberto Isaac consacra également ses dernières années à la peinture. En 1994, il fit sa première exposition à Colima, puis à l'Université de Guadalajara en 1995. Il décéda le 9 janvier 1998 d'un arrêt cardiaque. Il fut incinéré, et sa dernière épouse Julieta Sanjuan dissémina ses cendres au dessus de l'océan.

[modifier] La famille

Alberto Isaac fut marié quatorze ans à Lucero, qui travailla sur plusieurs films de son mari (jusqu'à Tiempo de lobos), et fit quelques apparitions à l'écran. Elle eut sa propre carrière en tant que scénographe à succès. Elle remporta quatre Ariels.

Le fils d'Alberto et Lucero, Claudio, a marché dans les traces de son père en tant qu'artiste et cinéaste. Après être apparu comme caméo dans plusieurs films de son père, il réalisa son premier long métrage à 20 ans, Crónica íntima (1976). Sa carrière fut également contrariée par Margarita López Portillo.

En 1984, Isaac se remaria avec Julieta Sanjuan.

[modifier] Filmographie

[modifier] Comme réalisateur

[modifier] Comme scénariste

  • 1965 : En este pueblo no hay ladrones de lui-même
  • 1968 : Las visitaciones del diablo de lui-même
  • 1969 : Olimpiada en México de lui-même
  • 1972 : Los días del amor de lui-même
  • 1972 : El rincón de las vírgenes de lui-même
  • 1975 : Tívoli de lui-même
  • 1977 : Cuartelazo de lui-même
  • 1981 : Tiempo de lobos de lui-même
  • 1981 : ¡Pum! de José Estrada
  • 1990 : ¡Maten a Chinto! de lui-même
  • 1995 : Mujeres insumisas de lui-même

[modifier] Comme producteur

  • 1965 : En este pueblo no hay ladrones de lui-même

[modifier] Comme acteur

[modifier] Distinctions cinématographiques

[modifier] Récompenses

[modifier] Nominations

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Les sources divergent et donnent une date entre 1923 et 1925
  2. (es) Salón del Reconocimiento Al Mérito Deportivo
  3. (es) Le grand céramiste Hugo Velásquez
  4. (fr+en) Hugo Velázquez apparaît dans Las visitaciones del diablo et En este pueblo no hay ladrones
  5. Sindicato de Trabajadores de la Producción Cinematográfica de la República Mexicana (STPC)
  6. Le premier prix fut remporté par Rubén Gámez pour La fórmula secreta
  7. Alberto Isaac lui renvoya l'ascenceur en offrant un rôle majeur à sa fille Silvia (sous le pseudonyme Daniela Rosen)
  8. Comisión de Radio, Televisión y Cinematografía (RTC)
  9. (es)Estudios Interdisciplinarios de América Latina y el Caribe
  10. Sans compter Cuartelazo et Las noches de Paloma dont les productions avaient été commencées avant le mandat de José López Portillo
  11. (es) Instituto Mexicano de CINEmatografía (IMCINE)
  12. La réalisation était intialement attribuée à José Estrada, qui décéda le 23 août 1986
  13. Plus un Ariel Spécial pour la prestation de l'enfant acteur Luis Mario Quiroz