Gabriel García Márquez

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Gabriel García Márquez
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García Márquez signant un autographe pour Cent ans de solitude
Naissance 6 mars 1927
Activité romancier, novelliste, journaliste
Nationalité colombienne
Genre merveilleux, fabuleux, historique, humoristique, satirique, dramatique
Sujet Histoire du continent latino-américain et de la Colombie
Mouvement réalisme magique
Influences G.K. Chesterton, Fedor Dostoïevski, William Faulkner, Günter Grass, Franz Kafka, Vladimir Nabokov, Juan Rulfo, Sophocle, Virginia Woolf, James Joyce
A influencé Michael Chabon, Toni Morrison, Salman Rushdie, Will Self, T. Coraghessan Boyle
Œuvres principales Cent ans de solitude, Chronique d'une mort annoncée, L'Amour au temps du choléra
Éditeurs Editorial Sudamérica, Point Seuil
Récompenses prix Rómulo Gallegos pour Cent ans de solitude, prix Nobel de littérature

Gabriel José de la Concordia García Márquez est un écrivain colombien (essentiellement romancier et novelliste) lauréat du prix Nobel de littérature en 1982, né le 6 mars 1927, et non pas 1928. Également journaliste et activiste politique, il a beaucoup voyagé en Europe et vit actuellement à Mexico où il se bat depuis huit ans contre un cancer. Il est affectueusement surnommé "Gabo" par ses lecteurs et par la presse.

On associe fréquemment le nom de García Márquez au réalisme magique.

Il vient de lancer une édition mexicaine de son hebdomadaire colombien Cambio.

Il est le père du réalisateur Rodrigo García.

Sommaire

[modifier] Biographie

Gabriel García Márquez est né dans le village d'Aracataca, situé dans le nord du pays, dans les montagnes de la Caraïbe colombienne (à savoir le département de Magdalena). Son père, Gabriel Eligio García, était télégraphiste et sa mère, Luisia Santiaga Márquez, était une jeune fille issue de la bourgeoisie locale. Le soin de son éducation a été laissé à ses grands-parents maternels. Après avoir commencé très jeune, à l'âge de douze ans, des études en pensionnat à Barranquilla pour lesquelles il obtient une bourse, il se voit gratifié d'une place dans un lycée réservé aux élèves surdoués, tenu par des jésuites: le "Liceo Nacional" à Zipaquirá dont il sort bachelier à 18 ans. Il s'installe ensuite dans la banlieue de Bogotá pour étudier le droit et le journalisme à l'Université nationale de la Colombie.

En 1947, il publie dans le quotidien El Espectador sa nouvelle La Troisième Résignation, première d'une longue série écrite entre 1947 et 1952. Après l'assassinat du leader politique Jorge Eliécer Gaitan qui cause la fermeture de l'université, il part rejoindre sa famille à Carthagène.

Il débute sa carrière de journaliste au quotidien qui avait déjà diffusé ses nouvelles. Durant ces années, menant une vie de bohème, il découvre William Faulkner, Ernest Hemingway, Virginia Woolf, Franz Kafka et James Joyce. Par la suite, il a été le correspondant spécial d' El Espectador, notamment à Genève, Paris, Rome et Barcelone. En 1958, il visite l'Allemagne de l'Est, la Hongrie, séjourne de nouveau à Paris puis à Londres et finalement à Caracas avant de s'en retourner pour la Colombie où il épouse Mercedes Barcha Pardo.

Après la révolution cubaine, il ouvre, avec son ami Plinio Menzona, un bureau d'agence d’informations : Prensa latina pour laquelle il travaille à La Havane et à New York. En 1961, il démissionne de ses fonctions et part s'installer à Mexico. Il y écrit des scénarii, des nouvelles et y commence en 1965 la rédaction de son chef-d’œuvre : Cent ans de solitude (Cien años de soledad), récit d'une famille sur plusieurs générations vivant dans une ville imaginaire et condamnée à vivre cent ans de solitude par la prophétie d'un gitan. Paru en 1967 à Buenos Aires, le roman connaît un succès fulgurant. Il vaut à son auteur gloire et célébrité, d'abord en Amérique latine puis en Amérique du Nord et enfin en Europe. En juin 2007, on a estimé à 36 millions le nombre d'exemplaires du livre vendus à travers le monde depuis sa première parution. Il a été traduit dans plus de 35 langues.

Entre 1968 et 1974, l'auteur s'établit à Barcelone. En 1972, il fonde l'hebdomadaire Alternativa. En 1978, il crée la fondation Habeas pour la défense des droits de l'homme et celle des prisonniers politiques en Amérique du Sud. À cette occasion, il rencontre le pape et le roi d'Espagne en 1979.

Nommé docteur honoris causa de l'université de Columbia à New York, en 1971, il reçoit le titre de commandeur de la Légion d'honneur en 1980.

Devenu un écrivain respecté, médiatique et populaire pour la franche bonne humeur de son style, ses récits pittoresques, sa langue enjouée et originale et l'extrême fécondité de son imagination créatrice, García Márquez obtient le prix Nobel de littérature en 1982 pour « ses romans et ses nouvelles, dans lesquels le fantastique et le réalisme sont combinés dans un univers à l'imagination très riche, reflétant la vie d'un continent et ses conflits. »[1] Ses autres ouvrages célèbres incluent notamment Chronique d'une mort annoncée (Crónica de una muerte anunciada, 1981), L'Amour aux temps du choléra (El amor en los tiempos del cólera, 1985) ou encore la nouvelle Le Général dans son labyrinthe (El general en su laberinto, 1989), sur les derniers jours de Bolivar.

En 2002, il a publie Vivre pour la raconter (Vivir para contarla), le premier volume de ses mémoires (qui devraient en compter trois), livre qui a connu un succès immense dans les pays hispanophones.

García Márquez n'a jamais dissimulé sa profonde sympathie à l'égard de Fidel Castro et des mouvements révolutionnaires latino-américains auxquels il a toujours accordé un indéfectible soutien, aussi bien moral que financier. En 1972, il avait d'ailleurs financé grâce à l'argent d'un prix littéraire reçu pour Cent ans de solitude (le "Rómulo Gallegos"), la campagne électorale du M.A.S au Venezuela[2]. Il a logiquement servi, en diverses occasions, d'intermédiaire entre le gouvernement colombien et les guérilleros comme lors du mouvement du 19 avril 1970. Il a également souvent été un négociateur avec les factions armées d'extrême-gauche telles que les FARC. Il soutient actuellement de manière très active le parti indépendantiste de Porto Rico[3].

Il est l'un des fondateurs de L'École Internationale de Cinéma et de Télévision (EICTV) de Cuba.

Bon nombre de ses œuvres ont été adaptées au cinéma dont Chronique d'une mort annoncée réalisé en 1986 par Francesco Rosi, avec entre autres Rupert Everett, Ornella Muti et Anthony Delon ou encore L'Amour au temps du choléra, écrit pour l'écran par Ronald Harwood, mis en scène par Mike Newell et interprété notamment par Javier Bardem, Benjamin Bratt et Giovanna Mezzogiorno.

[modifier] Style

García Márquez compte parmi les écrivains hispanophones majeurs du XXe siècle. Considéré avec Jorge Luis Borges comme le père du réalisme magique, ses romans et nouvelles, dans une verve truculente, pleine d'un humour sardonique et percutant, convoquent les grands tableaux de l'Histoire sud-américaine mais vus sous le prisme de la fable, du folklore et des mythes populaires hispaniques. Cet insatiable appétit pour les intrigues extraordinaires et foisonnantes lui vient sans doute de sa grand-mère : Tranquilina Iguarán, femme nerveuse et visionnaire, qui le terrifiait la nuit avec quelques unes de ses histoires fantastiques. Aussi cela provient-il certainement du talent de conteur de son grand-père, ancien colonel d'armée : Nicolás Ricardo Márquez Mejía qui savait mieux que personne narrer les grandes sagas et les épopées nationales, à l'instar du massacre des bananeraies de la Caraïbe à la fin du XIXe siècle, qui a vu une révolte paysanne écrasée dans le sang avec plus de cent manifestants tués puis finalement enterrés dans une fosse commune. Enfant, le jeune Gabriel fut également marqué par le récit des aventures héroïques du général Rafael Uribe Uribe, légendaire chef libéral, protagoniste de la guerre des Mille Jours (1899-1902) : la pire des guerres civiles colombiennes à laquelle l'aïeul-narrateur, jeune soldat à l'époque, a survécu bien que hanté à jamais par le souvenir de ses camarades blessés et fusillés. L'auteur aime concentrer sur le plan fictionnel ces deux influences familiales divergentes. Il se situe en effet toujours à la croisée des genres (son indéniable marque de fabrique) et, dans cette optique, cherche à préserver une certaine unité thématique et stylistique, faisant en sorte que son œuvre soit traversée par la même diversité de symboles antithétiques (d'inspiration païenne ou biblique), les mêmes instances narratives ou les mêmes personnages. Animé par le souci du détail et un sens inégalé de l'anecdote baroque, l'écrivain essaime les références historiques pointilleuses dans un univers constitué de lieux ou de figures complètement inventés; monde fantaisiste par ailleurs construit sur une vaste temporalité circulaire et cyclique. Ce procédé malicieux de superposition de l'érudition à l'imagination permet de brouiller les pistes d'une lecture romanesque univoque. Emplies d'un souffle épique jubilatoire et d'un lyrisme constamment ironique, ses fictions, qu'elles soient brèves ou volumineuses, dénoncent inégalités sociales et inextricables compromissions morales, fruits de luttes acharnées de pouvoir ou d'intérêt et principales causes du malheur des plus faibles, acculés à connaître les rouages d'un destin tragique. Au passage, l'auteur fustige certains des maux qui gangrènent, selon lui, une bonne partie du comportement humain : la lâcheté, la bassesse, l'avidité, le goût de la vengeance, l'archaïque attachement aux traditions… Sous sa plume démiurgique et « naïve » (non pas au sens de « bêtise » mais d'« émerveillement de l'enfant devant sa création »), c'est tout le continent latino-américain en général et La Colombie en particulier qui renaissent : leurs us et coutumes, leurs croyances, leurs conflits, leurs guerres civiles... jusqu'à leur soumission à l'impérialisme nord-américain.

[modifier] Bibliographie

  • 1955 - Des feuilles dans la bourrasque (La hojarasca)
  • 1961 - Pas de lettre pour le colonel (El coronel no tiene quien le escriba)
  • 1961 - La mala hora (La mala hora)
  • 1962 - Les Funérailles de la grande Mémé (Los funerales de la Mamá Grande)
  • 1962 - Les Yeux de chiens bleus (Ojos de perro azul)
  • 1967 - Cent ans de solitude (Cien años de soledad)
  • 1970 - Récit d'un naufragé (Relato de un náufrago)
  • 1972 - L'incroyable et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique (La increíble y triste historia de la cándida Eréndira y de su abuela desalmada)
  • 1975 - L'Automne du patriarche (El otoño del patriarca)
  • 1981 - Chronique d'une mort annoncée (Crónica de una muerte anunciada)
  • 1985 - L'Amour aux temps du choléra (El amor en los tiempos del cólera)
  • 1989 - Le Général dans son labyrinthe (El general en su laberinto)
  • 1992 - Douze Contes vagabonds (Doce cuentos peregrinos)
  • 1994 - De l'amour et autres démons (Del amor y otros demonios)
  • 1996 - Journal d'un enlèvement (Noticia de un secuestro) Prologo al diccionario clave
  • 2002 - Vivre pour la raconter (Vivir para contarla)
  • 2004 - Mémoire de mes putains tristes (Memoria de mis putas tristes)

[modifier] Références

  1. Traduction de l'anglais: « for his novels and short stories, in which the fantastic and the realistic are combined in a richly composed world of imagination, reflecting a continent's life and conflicts. » (source: Site officiel de la Fondation Nobel, in "Nobel prize laureates in literature", rubrique consacrée à Garcia Marquez (1982)
  2. Information précisée dans la biographie que lui consacre le site http://perso.orange.fr/mondalire/marquez.htm
  3. Résumé de l'article sur Garcia Marquez de la Wikipédia anglaise (in "political views")
  • À lire : Gabriel Garcia Marquez, de Hubert Haddad (Editions Marval), repris dans Les Scaphandriers de la rosée (Editions Fayard)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes




Précédé de :
Elias Canetti
Prix Nobel de littérature
1982
Suivi de :
William Golding