Abbaye aux Hommes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

49° 10′ 54″ N 0° 22′ 23″ W / 49.1818, -0.3731


Abbaye aux Hommes
Ville Caen
Pays
France
Région
Basse-Normandie
Département
Calvados
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Début de la
construction
XIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s)
dominant(s)
Roman et classique
Classé(e) CLMH et ISMH

L'abbaye aux Hommes est une des deux grandes abbayes, avec l'abbaye aux Dames, fondées par Guillaume le Conquérant à Caen. Elle s'élève à l'ouest de la ville et donna le nom de Bourg-l'Abbé au quartier qui l'entoure. localisation sur Wikimapia

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] De la fondation au XIe au déclin de l'abbaye au XVIe

Guillaume le Conquérant épouse sa cousine Mathilde de Flandre, mais leur mariage est prohibé par Léon IX pour cause de trop grande consanguinité. En contrepartie du pardon accordé par le Pape Nicolas II, ils fondent à Caen en 1059 deux abbayes bénédictines : l'abbaye aux Hommes dédiée à saint Étienne, et l'abbaye aux Dames dédiée à la Trinité. La construction de l'Abbaye aux Hommes, confié à Lanfranc, commence en 1063. L'église a été construite entre 1065 et 1077. La conquête de l'Angleterre, en 1066, en apportant des moyens supplémentaires, mais aussi la présence de carrières de pierre à ciel ouvert à proximité, expliquent la rapidité de cette construction. Elle fut dédicacée le 13 septembre 1077. Le chroniqueur Guillaume de Poitiers décrit la fondation de l'abbaye par Guillaume le Conquérant : « Pour l'établir abbé du monastère de Caen, il lui fallut user, pour ainsi dire, d'une pieuse contrainte ; car Lanfranc s'y refusait moins par amour pour l'humilité, que par crainte d'un rang trop élevé. Ensuite, il (Guillaume le Conquérant) enrichit ce monastère de domaines, d'argent, d'or et de divers ornements ; il le fit construire à petits frais, d'une grandeur et d'une beauté abordable, et peu digne du bienheureux martyr Étienne, par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré. »

La guerre de cent ans met l'abbaye en première ligne des combats. Après la prise de Caen par les français en 1346, les religieux reçoivent l'ordre de fortifier l'enceinte, Saint-Étienne se trouvant en dehors des fortifications de la ville.

En 1562 et 1563, pendant les guerres de religion, l'église est pillée par les troupes de Montgommery puis abandonnée. Les vitraux, les orgues et le mobilier sont détruits. Le tombeau de Guillaume le Conquérant, magnifique mausolée en marbre, surmonté d'un gisant, et qui fut édifié à la demande de son fils Guillaume le Roux, roi d'Angleterre est profané en 1562 par les protestants. Les restes sont confiés à un moine de l'abbaye, Michel de Cemallé. Mais en 1563, une nouvelle intrusion des protestants provoque la fuite des moines et les ossements sont dispersés à l'exception d'un seul os, sauvé par Charles Toustain de La Mazurie, le poète ami de Vauquelin de La Fresnaye. Cet os est replacé dans le tombeau en 1642 par le prieur Jean de Baillehache, après la restauration du chœur. En 1742, les moines obtiennent du roi Louis XV l'autorisation non seulement de déplacer le tombeau dans le sanctuaire mais aussi de le réduire à un simple caveau recouvert d'une pierre tombale.

La tour-lanterne s'écroule en 1566, détruisant les voûtes du chœur. Le chœur, en ruines, a failli être rasé sur décision du Parlement de Rouen. Un moine de l'abbaye, Jean de Baillehache, obtint l'annulation de cette décision et entreprit la reconstruction du chœur et la restauration de l'abbatiale. L'église est de nouveau consacrée le 18 mai 1626.


[modifier] Le renouveau de l'abbaye au XVIIe et XVIIIe siècles

[modifier] La reconstruction de l'abbaye dans un style classique

En 1663[3], la Congrégation de Saint-Maur reprend en main l'abbaye. Elle redresse l'abbaye spirituellement, en rétablissant la discipline religieuse, et matériellement en reconstruisant les bâtiments conventuels qui tombaient en ruine. Du cloître, il ne restait alors que les fondations, tandis que les cuisines tombaient en ruine ; la plupart des bâtiments avaient également perdu leur toiture. Les travaux de rénovation, menés par Guillaume de Tremblaye, lui-même assisté par les frères Bayeux, débutent en 1704, mais ils sont interrompus faute de moyens en 1706 avant de reprendre en 1710[3]. En 1715, Guillaume de Tremblaye meurt et le projet est repris par Dom Miserey qui le modifie en allongeant l'aile des hôtes vers le sud ; une aile en retour, parallèle à l'aile du réfectoire, devait également être construite à la place de la salle des Gardes pour fermer la cour sud, mais l'éviction des moines pendant la Révolution a entraîné l'abandon du projet[4]. En 1727[3], les terrains à l'est de l'abbaye sont remblayés de 25 pieds[5] ; un mur de soutènement est construit au sud afin de former une grande esplanade sur laquelle on aménage des jardins à la Française, formées de parterres, de bosquets et de labyrinthes[6]. Un nouveau logis abbatial est construit de 1755 à 1759 dans le Clos de la Pépinière[5], parcelle comprise entre le rempart du XIVe siècle et le mur séparant l'enclos de la rue de l'abbatiale. Les travaux sont finalement terminés en 1764[3].

[modifier] L'intégration de l'abbaye dans le dispositif urbain

La rue Guillaume le Conquérant, percée à travers les jardins de l'abbaye
La rue Guillaume le Conquérant, percée à travers les jardins de l'abbaye

Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, les édiles caennaises décident d'aérer la ville médiévale en programmant plusieurs projets urbanistiques. Le baron de Fontette, nommé intendant de la Généralité de Caen en 1752, mène à bien certains de ses projets. Il décide notamment de créer un nouvel axe pour dévier la circulation de la rue Saint-Martin, axe historique permettant l'accès à l'ouest de la ville. En 1755[5], un accord est passé entre l'abbaye et la ville de Caen en vue de percer une nouvelle rue à travers les jardins de l'abbaye entre la place des Petites Boucheries et une nouvelle place octogonale, aménagée à l'emplacement des anciennes fortifications de la ville et sur laquelle vient déboucher la rue Écuyère. La partie sud de ce nouvel axe, appelé rue Saint-Benoît (actuelle rue Guillaume-le-Conquérant), est lotie par les moines de Saint-Étienne. Sur la place, rapidement baptisée place Fontette, on prévoit également d'ériger deux pavillons à l'entrée de la nouvelle rue ; en contrepartie de la construction du pavillon sud, l'abbaye obtient la propriété des terrains auparavant occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville [5]. Le pavillon des moines est achevé en 1758 et les jardins de l'abbaye sont étendus jusqu'à la nouvelle place.

[modifier] La sécularisation de l'abbaye au XIXe et XXe siècles

[modifier] Les moines chassés à la Révolution

En 1790, les religieux sont chassés de l'abbaye et les administrations préfectorales et municipales prennent leur place. En 1793, l'église Saint-Étienne est transformée en temple dédié au culte de la Raison et de l'Être suprême. Le 12 octobre 1800[3], l'Académie de Caen, rebaptisée "Lycée de Caen", est installée par le Préfet Dugua dans les locaux de l'abbaye. Suite à l'entrée en vigueur en 1802 du Concordat de 1801, le culte catholique est rétabli dans l'ancienne abbatiale, mais cette dernière devient église paroissiale et les religieux ne font pas leur retour à l'abbaye.

En 1810 cependant[6], les sœurs de l'Ordre de la Visitation, chassées pendant la Révolution de leur couvent transformé en caserne militaire (actuel quartier Lorge), s'installent dans l'ancien logis abbatial des bénédictins construit dans les années 1750[7]. Elles aménagent les bâtiments existants et font élever une première chapelle provisoire, suivie d'une deuxième église, remplacée elle-même par l'édifice actuel construit entre 1890 et 1892. Les sœurs aménagent un grand jardin dans le sud de l'enclos.

[modifier] La transformation en lycée

Le Petit Lycée, construit au XIXe siècle dans les jardins de l'abbaye
Le Petit Lycée, construit au XIXe siècle dans les jardins de l'abbaye

Finalement, le Lycée impérial (actuel Lycée Malherbe), fondé le 20 juillet 1804, est aménagé dans l'abbaye. L'abbaye est transformée au cours des années pour accueillir les élèves ; ainsi les cellules de moines ont été abattues dans les années 1880[3] pour faire place à des dortoirs communs. En 1842, l'aile des hôtes est achevée alors que l'ancien logis abbatial du XVe siècle est démoli[3] ; seul un écusson portant les armoiries de Charles Ier de Martigny, évêque de Castres et premier abbé commendataire de l'abbaye[4], situé dans la galerie nord du cloître rappelle le souvenir de ce bâtiment construit en 1490[3].

En 1810[6], les jardins de l'abbaye sont amputés d'une partie de leur emprise afin d'aménager une place reliant la place Fontette à la Prairie ; l'esplanade est alors plantée de marronniers et on installe une grille pour séparer la promenade des lycéens de l'espace public nouvellement créé, baptisé place du Parc (actuelle place Guillouard) et agrémentée en 1882 d'une statue provenant de la place de la République. Deux nouveaux bâtiments sont également construits dans les jardins : à la fin des années 1820, le couloir des classes (actuellement occupé par le service de l'État-civil)[3] et, en 1841, le Petit Lycée abritant l'école primaire élémentaire[6].

[modifier] L'abbaye pendant la Seconde Guerre Mondiale

Suite à des actes de sabotage perpétués près d'Airan par la Résistance en avril 1942, les autorités d'occupation décident de faire arrêter des otages en représaille ; dans la nuit du 1er au 2 mai et dans les jours qui suivent, 120 personnes, communistes, syndicalistes ou juives, sont rassemblées par la police et la gendarmerie françaises dans le Petit Lycée, puis amenées à la gare de Caen d'où elles sont déportées vers des camps de concentration ou d'extermination[8].

Pendant la bataille de Caen, l'ancienne abbaye est transformée en îlot sanitaire, ce qui la protège des bombardements. Le lycée Malherbe abrite une foule de 3 500 personnes début juillet et plus de 8 000 à la mi-juillet[8]. Les réfugiés s'installent dans l'abbatiale, dans les caves ou dans l'ancien parloir. L'ancienne abbaye sert également d'hôpital complémentaire à l'hôpital principal aménagé au Bon-Sauveur. Les corps des victimes décédées sont également entreposés dans le couloir des classes et un cimetière provisoire est creusé dans le parc. Le directeur de la Défense passive et des centres d'accueil, Joseph Poirier, dirige les opérations depuis l'abbaye aux Hommes, l'hôtel de ville de la place de la République ayant été détruit. Le 9 juillet, les troupes anglo-canadiennes entrent dans Caen ; les responsables alliés se rendent à l'abbaye où le Préfet Cacaud a transféré ses bureaux[9]. Le 10 juillet, après que Michel Cacaud, investi par le gouvernement de Vichy, a passé officiellement le pouvoir au nouveau préfet Pierre Daure, les Résistants caennais hissent le drapeau tricolore sur un lampadaire de la place Monseigneur-des-Hameaux et chantent la Marseillaise, marquant ainsi symboliquement la libération de la rive gauche de l'Orne[8].

[modifier] La transformation en hôtel de ville

Après la Seconde Guerre Mondiale, la décision fut prise de construire un nouveau lycée. Les locaux libérés devaient être occupés par le musée des Beaux-Arts de Caen et par le musée de Normandie nouvellement créé[10]. La construction du nouveau lycée n'étant pas jugée prioritaire, ce projet traîna en longueur. Finalement, les deux musées ont été aménagés dans l'enceinte du château de Caen et c'est l'administration municipale qui occupe désormais l'abbaye depuis l'ouverture du nouveau Lycée Malherbe en 1961.
Afin d'accueillir décemment l'hôtel de ville, les locaux ont été restaurés. En 1964, les jardins à la Française de l'esplanade Jean-Marie Louvel ont été redessinés par Louis Bouket d'après des plans du XVIIIe siècle[4] ; afin d'aménager les 11 920 m² de l'esplanade, la statue de Louis XIV, qui trônait sur la place depuis 1882, a été déménagée sur la place Saint-Sauveur et l'aile en retour du Petit Lycée, désormais occupé par la police municipale, a été démolie. Le 16 janvier 1965[4], la première réunion du Conseil municipal se déroule dans la salle capitulaire.

[modifier] Liste des abbés

Liste des abbés établie au milieu du XIXe siècle par Célestin Hippeau[5].

XIe siècle

  • Lanfranc (1066-1070)
  • Guillaume Bonne-Ame (1070-1079)
  • Gislebert de Coutances (1079-1101)

XIIe siècle

  • Robert Ier (1101-1108)
  • Eudes Ier (1108-1140)
  • Alain Ier (1140-1151)
  • Pierre Ier (1151-1156)
  • Guillaume II de Besace (1156-1179)
  • Pierre II (1179-1193)
  • Robert II (1193-1197)
  • Sansom (1197-1214)

XIIIe siècle

  • Eudes II, dit Patience (1214-1238)
  • Alain II (1238-1259)
  • Nicolas Ier Béchage (1259-1265)
  • Nicolas II de Montigny (1265-1290)
  • Geoffroy Pigache (1290-1300)

XIVe siècle

  • Richard (1300-1316)
  • Simon de Trévières (1316-1344)
  • Robert III de Rupallay (1344-1357)
  • Thomas de Thibouville (1357-1358)
  • Guillaume III d'Harcourt (1358-1368)
  • Robert IV (1368-1389)
  • Jean le Sénéchal (1389-1401)

XVe siècle

  • Nicolas III Milon (1401-1414 ou 1416)
  • Guillaume IV Cavé (1416-1428)
  • Hugues de Juvigny (1428-1468)
  • Guillaume V de Toustain (1468-1483)
  • Charles de Martigny, évêques de Castres (1485-1506)
(Instauration de la commende)

XVIe siècle

XVIIe siècle

XVIIIe siècle


[modifier] Architecture

Plan de l'abbaye dans son état actuel
Plan de l'abbaye dans son état actuel

[modifier] L'église abbatiale

Le style de l'abbaye est influencé par Art lombard. Lanfranc est d'ailleurs originaire de Lombardie et sa ville, Pavie est sous le patronage de Saint-Étienne. Les tours de la façade possèdent une architecture proche de celles visibles à Ravenne et Milan.

[modifier] Extérieur

La haute façade ne comporte presque aucune décoration, si ce n'est de minces voussures autour des portails et une croix sculptée.

Les Tours symétriques sont de plus en plus richement décorées au fur et à mesure de leur élevation. Elles ont été surmontées de flèches gothiques au XIIIe siècle (hauteur 80 et 82 mètres).

Le chevet fut construit au XIIIe siècle par un certain maître Guillaume dont la pierre tombale se trouve sous le mur goutterot. Il a été reconstruit au XVIIe siècle après l'effondrement, en 1566 de la flèche de la tour lanterne. Les quatre clochetons surmontés de flèches lui donnent cet aspect original que l'on retrouve à l'Île Maurice et Bayeux.



[modifier] Intérieur

Plan de l'abbatiale dessiné par Victor Ruprich-Robert en 1863
Plan de l'abbatiale dessiné par Victor Ruprich-Robert en 1863

La nef est longue de 56 mètres, elle constitue un parfait exemple du style roman normand. Chacune des 9 travées, dont la première est occupée par l'orgue, comprend 3 niveaux : celui des grandes arcades du rez-de-chaussée, celui des tribunes au premier étage, celui des fenêtres hautes (la claire-voie) au second étage. L'étage des tribunes a pour but, par sa voûte en demi-berceau, de soutenir les murs de la nef. Au niveau des fenêtres, une galerie, la « coursière » permet de faire tout le tour de l'abbatiale. À l'origine couverte d'une charpente en bois (plafond plat ou voûte en berceau comme dans la nef du Mt St Michel ?), la nef a reçu, à partir de 1115, des voûtes sexpartites, sur croisée d'ogives en plein cintre. Ces voûtes seraient, après celles de Durham (Angleterre) et Lessay (Manche) édifiées autour de 1100, les plus anciennes voûtes sur croisées d'ogives de France. La tribune nord est occupée par une horloge comportant l'inscription : Dérigée par Fierville commis, exécutée par Gautier à Caen 1744.

Le chœur de l'église abbatiale Saint-Étienne de Caen est le premier édifice construit après l'annexion de la Normandie au domaine royal (1204) quoique certains historiens pensent qu'il pourrait avoir été commencé en 1195 mais cette thèse est discutée. Il témoigne de l'introduction timide du style gothique dans la région et des résistances du style normand. La décoration de petites roses, trèfles et quatre-feuilles est typiquement normande. Il y a 13 chapelles rayonnantes.

Les orgues des frères Lefebvre date de 1741. Elles reposent sur deux cariatides du sculpteur Rouennais Gouy.

Le tombeau de Guillaume le Conquérant (mort le 9 septembre 1087) était placé au milieu du chœur (peut-être sous la tour lanterne). À la révolution, la pierre tombale du duc Guillaume est à nouveau détruite. Elle est remplacée en 1802 par la pierre tombale visible actuellement. Elle porte, en latin, l'inscription suivante :

HIC SEPULTUS EST
INVICTISSIMUS
GUILLELMUS
CONQUESTOR
NORMANNIÆ DUX
ET ANGLIÆ REX
HUJUSCE DOMUS
CONDITOR
QUI OBIIT ANNO
MLXXXVII
[11]



[modifier] Les bâtiments conventuels

[modifier] Le cloître

Le cloître a été reconstruit à la place de l'ancien par Guillaume de la Tremblaye. La construction a duré plusieurs décennies[3] :

Les galeries sont de type toscan : les arcades en plein cintre sont encadrées par de fausses colonnes rectangulaires légèrement en saillies surmontées de chapiteaux doriques comme à l'abbaye d'Ardenne reconstruite à la même époque. À l'intérieur, les arcades sont rythmées par des arc-doubleaux reposant sur le même type de fausse colonne. Le plafond des arcades est constitué de voûtes d'arêtes doubles déprimées avec lunettes longitudinales et transversales et de plafonds centraux octogone bordés de nervure[3]. Le même dispositif a été employé à l'abbaye aux Dames, mais le cloître n'y a jamais été fermé par manque de moyen.

Lors de la restauration de l'ancienne abbaye dans les années 1960, le jardin "à la française" inspiré de ceux de Le Nôtre ont été reconstitués. Au XIXe siècle, il avait été transformé en terrain d'exercice et en cour de promenade pour les lycéens.

[modifier] L'aile est

Les travaux de reconstruction de l'abbaye ont commencé par l'aile orientale. La première pierre a été posée le 3 octobre 1704 par l'évêque de Bayeux, Monseigneur de Nesmond, et par l'intendant de la généralité, Nicolas Joseph Foucault[3]. Le gros œuvre et les sculptures de la façade sont achevés en 1713 et la toiture est terminée en 1715. Les travaux aboutissent en 1726.

Ce bâtiment, long de 105 mètres[6], a été construit dans l'alignement du croisillon sud de l'église abbatiale. Il est composé de trois niveaux de 20 mètres de haut, du sol jusqu'à l'entablement, et d'un toit mansardé.

[modifier] L'aile du réfectoire

Dans les caves, on peut trouver un pressoir de la fin du XVIIe siècleles moines l’utilisaient pour la fabrication du cidre destiné à leur propre consommation. Au XIXe siècle, il était toujours en activité pour le compte du lycée.

[modifier] Le pavillon d'entrée

Ce bâtiment a été construit entre 1730 et 1734 pour accueillir la porterie, le parloir et le bureaux des officiers.

[modifier] Le Palais Ducal

Le Palais Ducal, également appelé Palais de Guillaume ou Logis du Roi, a été construit au XIVe siècle, probablement pour accueillir les hôtes de marque de l'abbaye[3]. Endommagé lors des guerres de religion, le bâtiment est transformé à la fin du XVIe siècle en écurie et en grenier. Après la Révolution française, il sert de magasin à vivres pour l'armée. À partir de 1840, il abrite l'École normale d'instituteurs jusqu'au transfert de cette dernière dans les nouveaux locaux de la rue Caponière (actuellement rectorat de Caen) en 1887. À cette date, il est converti en École normale des institutrices. Depuis 1961[4], l'édifice est la propriété de la ville de Caen et héberge notamment les archives municipales.

Le bâtiment de trois niveaux est aujourd'hui long de 47 mètres sur 12[3]. Il a été prolongé en 1864-1865 par l'architecte départemental Léon-Florentin Marcotte de deux travées par un bâtiment néo-gothique en saillie sur la façade et dont le rez-de-chaussée est occupé par une chapelle. Avant cette date, la façade orientale avait déjà été altérée par l'architecte municipale Guy. Les ouvertures basses et irrégulières du rez-de-chaussée ont été modifiées. À l'étage noble, les huit baies en tiers-point, murées pour la plupart, ont été rouvertes et inscrites dans des ogives supportées par des colonnes. Au niveau supérieur, les ouvertures rectangulaires ont été transformées en oculi inscrites dans des arcs décoratifs incrustés. Trois contreforts ont été détruits et la corniche a été refaite à neuf. Enfin, le pignon sud et la tourelle d'escalier centrale ont été repris pour unifier l'ensemble. La façade occidentale, qui s'ouvre sur une cour au pied des anciennes murailles de l'abbaye, n'a pas été concernée par les travaux du XIXe siècle ; elle est percée au rez-de-chaussée par des arcades en plein-cintre et aux niveaux supérieurs par des fenêtres de forme quasiment carrée. Au rez-de-chaussée de l'ancien palais, une grande salle offre un très beau vestige de la construction gothique d'origine : une série de colonnes octogonales, alignées sur un axe central, soutient des voûtes en ogive.



[modifier] La Salle des Gardes

La salle des gardes est un bâtiment construit au début du XIVe siècle[4]. Elle était utilisée comme salle de réception lors de la venue des hôtes de marques à l'abbaye. La salle à l'étage servait également de palais de justice quand l'abbé rendait des jugements concernant ses terres ou quand l'Échiquier de Normandie, itinérant jusqu'en 1499, passait par Caen ; le rez-de-chaussée était alors utilisée comme salle des pas perdus. Les États provinciaux de Normandie siégeait aussi à l'occasion dans cette salle.
Ravagé lors des guerres de religion, l'édifice connait le même sort que le Palais Ducal en étant transformé en écurie et en grenier. La salle prend son nom actuel au XVIIIe siècle, bien qu'elle n'est jamais servie à abriter la moindre garnison. Désirant fermer la cour sud des nouveaux bâtiments conventuels en construction, les moines projettent de détruire le bâtiment ; ils commencent par démolir une tour abritant l'escalier menant à l'étage.
La Révolution française sauve l'édifice de la destruction, mais il est sérieusement détérioré quand l'abbaye est transformé en établissement scolaire. En 1804, des baies et la rosace sont murées, tandis que de nouvelles ouvertures carrées sont percées sur la façade ; on installe des cloisons et on multiplie les planchers afin d'installer des salles de classe. En 1828-1830, ces dernières sont transférées dans le couloir des classes que l'on vient de construire dans les jardins à l'est ; on abat alors toutes les cloisons et tous les planchers afin d'aménager un gymnase.
Entre 1968 et 1976, la salle des gardes est restaurée avec soin par Jean Merlet, chef des monuments historiques, grâce à une description de l'édifice faite par Arcisse de Caumont à laquelle était jointe une gravure réalisée en 1767 par Andrew Coltee Ducarel[3]. La salle à l'étage sert de salle de délibération du conseil municipal depuis le 13 septembre 1973.

L'édifice de deux niveaux fait 36 mètres sur 11. Plus ancien que le reste des bâtiments conventuels, il est légèrement désaxé par rapport aux bâtiments du XVIIIe siècle.
Au sud, la façade est ouverte par trois hautes fenêtres ogivales couronnées d'un gable. Elle est encadrée par deux tourelles octogonales qui étaient à l'origine coiffées par des pyramides à huit pans. Au nord, la façade est percée d'une rosace fermée par vitrail, restaurée grâce à des gravures anciennes, dont le centre représente un château, emblème de Caen au XIVe siècle. Sur la façade orientale, on peut encore voir les vestiges de l'ancienne tour abritant l'escalier ; de forme carrée, elle était renforcée par des contreforts et couronnée par une haute toiture à quatre pans. Les façades sont percées de baies en tiers-point décorées de pilastres cannelées.
Au rez-de-chaussée, sont exposés les résultats de la fouille menée sur le site en 1974 et entre 1979 et 1981 ; au centre de la salle, le squelette de la première caennaise connue, une femme ayant vécu vers -2000 avant Jésus-Christ, est disposé dans une sépulture recouverte d'un tombeau vitré.
À l'étage, la voûte en forme de coque de bateau renversée a dû être reconstruite en châtaignier, mais les deux poutres d'origines, en chêne, ont été conservées ; cette voûte était autrefois peinte d'armoiries qui n'ont malheureusement pas pu être restituées[4]. Au sol en revanche, la céramiste Françoise Bizette, secondée par Catherine Le Couey, a pu reproduire le pavage à l'ancienne constitué de pavés de briques vernissées dont une partie était conservée par la Société des antiquaires de Normandie[6] ; ces carreaux représentent soit les armoiries de villes et de provinces (Caen, Normandie, Angleterre, Flandres) ou de personnages (abbés, des bienfaiteurs et grands seigneurs y ayant séjourné), soit des symboles religieux ou des motifs géométriques, soit enfin la conquête de l'Angleterre de 1066[4]. Les deux cheminées détruites au XIXe siècle ont également pu être restaurées.



[modifier] La Boulangerie

Situé à l'extrémité sud de l'enceinte de l'abbaye, ce petit bâtiments du XVIIe siècle et une partie de l’ancienne charretterie abritent, depuis 1974, les collections du Musée d’Initiation à la Nature.

[modifier] Les fortifications

Il en reste des vestiges à deux endroits : une muraille et une tour, rue du Carel, et la tour Guillaume au fond de la cour du Palais Ducal, rue Lebailly.

[modifier] L'esplanade Jean-Marie Louvel

Du nom d'un ancien maire de Caen, elle se situe devant le bâtiment conventuel. C'est un parc aménagé à la Française.

[modifier] Notes et références

  1. Archives départementales du Calvados
  2. Issu du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.
  3. abcdefghijklmno Philippe Lenglart, Caen, architecture et histoire, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2008
  4. abcdefgh Site de la ville de Caen
  5. abcdef Célestin Hippeau, L'abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Hardel, Caen, 1855
  6. abcdef Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen : précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, A. Hardel, 1879
  7. Patrimoine de France
  8. abc Caen, été 1944
  9. Édouard Tribouillard, Caen après la bataille, la survie dans les ruines, Rennes, Éditions Ouest-France, 1993
  10. Jean-Yves Marin et Jean-Marie Levesque (dir.), Mémoires du château de Caen, Caen, Skira-Seuil, 2000
  11. « Ici repose l'invincible Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, fondateur de cette maison, qui mourut l'année 1087 ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur l'abbaye aux Hommes.


Autres langues