Yvan Colonna

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Yvan Colonna né le 7 avril 1960 à Ajaccio (Corse) est un militant indépendantiste corse poursuivi pour l'assassinat du préfet Claude Érignac le 6 février 1998 à Ajaccio et reconnu coupable pour ce fait en première instance, le 13 décembre 2007.

Il est le fils de Jean-Hugues Colonna, né à Cargèse et ancien député socialiste des Alpes-Maritimes, et de son épouse Cécile Riou, d'origine bretonne (Finistère sud).

Sommaire

[modifier] Parcours

Yvan Colonna est né le 7 avril 1960 à Ajaccio. En 1975, toute sa famille s'installe à NiceJean-Hugues Colonna, son père, alors enseignant en éducation physique, a été muté. Après un Baccalauréat D, Yvan Colonna entame des études pour devenir professeur d’éducation physique et sportive. Il les abandonne en 1981 et retourne en Corse.

Il s'installe à Cargèse, où il se lance dans l’élevage de chèvres. Il milite dans des mouvements nationalistes proches du FLNC. Il est soupçonné d'avoir à l'époque participé à plusieurs attentats dans la région, mais son implication n'a jamais été démontrée.[réf. nécessaire]

Dans les années 1990, lors de l'éclatement du mouvement FLNC entre Canal Historique, Canal Habituel et Resistenza, il semble prendre du recul par rapport à la mouvance nationaliste.

[modifier] Gendarmerie de Pietrosella

Yvan Colonna doit répondre d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" pour l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en 1997, au cours de laquelle l'arme qui servira plus tard à tuer le préfet Erignac a été dérobée.

[modifier] Affaire Érignac

Icône de détail Article détaillé : Affaire du préfet Érignac.

Dénoncé à plusieurs reprises et de manière étayée mais sans preuve tangible par des nationalistes co-accusés dans l'assassinat du préfet Érignac qui sont revenus sur leurs déclarations au bout de 18 mois, Yvan Colonna prend la fuite le 23 mai 1999. Il est arrêté près d'Olmeto le 4 juillet 2003 après s'être soustrait pendant plus de quatre ans à la justice française. Trois semaines après son arrestation, ses complices supposés étaient condamnés à des peines allant jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le 31 octobre 2006, la Cour de Cassation ayant rejeté le pourvoi d'Yvan Colonna contre son renvoi devant la Cour d'assises spécialement composée[1] de Paris, celui-ci est renvoyé pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » devant la cour d'assises spéciale de Paris du 12 novembre au 12 décembre 2007[2], qui le condamne le 13 décembre 2007 à la réclusion criminelle à perpétuité. La peine prononcée par la cour d'assises spéciale de Paris après un mois de procès ne suit pas les réquisitions de l'accusation, qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, la défense ayant demandé l'acquittement.

L'un des avocats d'Yvan Colonna, maître Antoine Sollacaro, a évoqué une « erreur judiciaire », affirmant que le dossier est « absolument vide de preuve » et a conclu en annonçant: « Nous allons faire appel dans les plus brefs délais »[3].

[modifier] Présomption d'innocence et propos du Ministre de l'Intérieur

Le soir de l'interpellation d'Yvan Colonna le 4 juillet 2003, Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'Intérieur se réjouit de l'arrestation de l'« assassin du préfet Érignac »[4],[5] [6] [7] [8] [9] . Le lendemain, il déclare: « La cavale d'Yvan Colonna était une insulte à la mémoire du préfet Érignac. Elle faisait peser une lourde suspicion sur la République, incapable d'arrêter l'assassin présumé d'un préfet de la République. »[10].

Plus tard, en janvier 2007, à des journalistes qui lui demandent s'il croit que Colonna est coupable, Nicolas Sarkozy répond « Si vous le savez, il n'y a pas que moi qui le pense, sinon je ne pense pas qu'on l'aurait gardé en prison »[11]. Le 22 février 2007, ses avocats annoncent qu'Yvan Colonna assigne au tribunal Nicolas Sarkozy pour « atteinte à la présomption d'innocence » [12]. Le 4 avril 2007, il perd ce procès en référé (le tribunal a estimé que les propos du ministre de l'Intérieur, même s'ils « suscitaient une impression certaine de culpabilité » d'Yvan Colonna, ne le présentaient pas comme l'auteur du crime et ne portaient pas atteinte à ses droits).[11]

À titre personnel, les familles Colonna et Sarkozy se sont souvent cotoyées.[13]

À partir du mois de février 2006, « l'affaire Colonna » a suscité de nombreux soutiens, notamment celui de la Ligue (française) des Droits de l'Homme, l'avocat d'Yvan Colonna faisant partie de cette organisation. Un comité de soutien a été officialisé en septembre et a recueilli 35 226 (13 décembre 2007) signatures en faveur de « l'équité et du respect de la présomption d'innocence ». [14]

[modifier] Notes et références

n:

Wikinews propose des actualités concernant « le procès d'Yvan Colonna ».

  1. C'est-à-dire composée de sept magistrats, et non de trois magistrats et neuf jurés (articles 698-6 et 706-25 du Code de procédure pénale).
  2. Le Monde.fr : Archives
  3. Dépêche AFP, 8 heures, 14 décembre 2007
  4. Le Journal Du Dimanche
  5. Le Monde
  6. Amnistia
  7. Daily Motion
  8. Politis
  9. France 3 Corse
  10. Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, sur l'arrestation d'Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Claude Erignac, Paris le 5 juillet 2003. - vie-publique.fr
  11. ab Le Figaro – Actualité en direct et informations en continu
  12. Yvan Colonna assigne Nicolas Sarkozy pour atteinte à la présomption d'innocence
  13. Les racines corses du Président, Le Monde du 5 juillet 2007 (article payant)
  14. Yvan Colonna