Waltheof de Northumbrie

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Waltheof[1] Siwardson dit d'Huntingdon ou Waltheof II de Northumbrie (vers 1045 – 31 mai 1076, Winchester), fut le dernier comte anglo-saxon d'Angleterre, maintenant sa position pratiquement dix ans après la conquête normande de l'Angleterre.

Il fut comte d'Huntingdon et de Northampton (1065-1067 et 1070-1075), puis de Northumbrie (1072-1075).

Il était le plus jeune fils de Siward de Northumbrie, comte de Northumbrie, et d'Elfleda III de Northumberland. Il semble avoir été éduqué pour la vie monastique.

[modifier] Période anglo-saxonne

En 1054, son père, suite aux encouragements d'Édouard le Confesseur et du Witan, mène une force expéditionnaire en Écosse pour soutenir Malcom, fils de Duncan Ier d'Écosse, contre le roi Macbeth[2]. Son frère aîné Osbarn est tué durant les combats qui s'ensuivent, et son père meurt en 1055[3]. Ces événements font de lui le seul héritier mâle de sa lignée. Le comté de Northumbrie est donné à Tostig Godwinson, car Waltheof est trop jeune pour pouvoir gérer cette marche vitale du royaume Anglo-saxon[4].

En 1065, la Northumbrie se révolte contre Tostig, et le comté passe à Morcar[5]. La partie basse du comté est donnée à Waltheof. Il devint donc comte d'Huntingdon. Ce titre comprend les comtés d'Huntingdon, Northampton, Bedford et Cambridge.

Il poursuit aussi une vengeance familiale. En 1016, Uhtred le Hardi, comte de Northumbrie avait été assassiné par un autre noble nommé Thurbrand, avec la probable complicité du roi Knut II[6]. Thurbrand est à son tour tué par Ealdred, le fils et héritier d'Uhtred, qui est lui aussi assassiné par Carl, le fils de Thurbrand. La mère de Waltheof était la fille d'Ealdred, et en représailles Waltheof venge son arrière-grand-père et son grand-père en tuant plusieurs des fils de Carl.

[modifier] Après la conquête normande

[modifier] Soumissions et révolte

Son implication dans les batailles de 1066 est inconnue, mais à la fin de l'année, il se soumet à Guillaume le Conquérant. Il est accepté par le roi probablement parce qu'il est l'un des rares Anglo-Saxons qui n'appartient pas à la faction de Godwin.

Son comté lui est confisqué en 1067, et il est emmené comme otage en Normandie avec Edwin, Morcar et l'archevêque de Cantorbéry Stigand, et gardé là jusqu'à mi-1068[7]. Quand l'armée envoyée par Sven II de Danemark débarque dans le nord de l'Angleterre en 1069, il se joint à eux avec Edgar Atheling, espérant pouvoir rétablir la position occupée par son père. Il prend part à l'attaque sur York dans laquelle il s'illustre.

Durant cette attaque, les Normands se réfugient d'abord dans leurs deux châteaux, puis tentent une sortie et sont décimés par les alliés du nord. Waltheof est dit avoir été le héros de cette bataille, décapitant de nombreux Normands avec sa hache au fur et à mesure qu'ils sortaient du château. Cet événement provoque la dévastation du nord de l'Angleterre, durant laquelle Guillaume le Conquérant applique la politique de la terre brûlée au fur et à mesure qu'il remonte vers le nord du royaume.

Waltheof se soumet à nouveau après le départ des Danois en 1070, et le Conquérant le restaure dans son comté d'Huntingdon. Espérant acheter sa loyauté, et le lier plus fermement à la cause normande, il lui donne la Northumbrie, désertée par Gospatrick, et lui fait épouser Judith, sa nièce[8].

[modifier] Déchéance

En 1075, Waltheof se voit proposer le ralliement à une conspiration contre le roi, orchestrée par Ralph de Gaël, le comte de Norfolk et Roger de Breteuil, le comte d'Hereford. Il refuse mais doit prêter serment de garder le secret[9]. Rapidement il se repent auprès de l'archevêque Lanfranc, et ensuite, en Normandie, à Guillaume lui-même. De retour en Angleterre avec le roi, à la Noël 1075, il est arrêté et jugé à la cour du roi, sa femme étant témoin à charge[10]. Les juges n'étant pas d'accord entre eux, l'affaire se prolonge un an, Waltheof étant emprisonné dans la prison royale de Winchester. Bien que défendu par Lanfranc, il est condamné à mort, et le 31 mai 1076[11],[12], il est décapité sur la colline de Saint-Gilles près de Winchester. Orderic Vital raconte que le comte disait l'Oraison dominicale, mais que le bourreau n'attendit pas son terme et lui trancha la tête, et que cette dernière prononça la fin de l'oraison[13].

Son comté est confisqué, et restauré seulement en 1087 en faveur de son gendre Simon Ier de Saint-Lis.

Élevé plus haut qu'aucun autre parmi les conquis, il est le seul homme mis à mort pour raison politique par Guillaume le Conquérant. Sa mort demeure un mystère, car les raisons invoquées pour l'exécuter sont douteuses. Peut-être était-ce une réponse d'énervement du Conquérant face à sa difficulté à contrôler la Northumbrie. Cet événement ne provoqua aucune révolte, mais il renforça le sentiment nationaliste anglo-saxon.

Faible et peu fiable, Waltheof, comme son père, était décrit comme un homme d'une stature impressionnante. Dévoué et charitable, il fut considéré par les Anglais comme un martyr. Le chroniqueur Vital relate que l'abbé de Crowland voulut transférer les ossements de Waltheof dans le chapitre de son église seize ans après les faits. En ouvrant le cercueil, il trouva le corps dans l'état qu'il était le jour de son inhumation, sauf la tête qui était recollée au tronc. Il y avait une marque rouge à l'endroit où le glaive du bourreau était passé. Inhumé près de l'autel, il est dit que des miracles se réalisèrent sur sa tombe, à Crowland (Lincolnshire)[14].

Durant les onze années qui suivirent, Guillaume cessa d'être le Conquérant. Engagé dans de petites entreprises, il échoua dans toutes. Il fut dit que c'était la malédiction de Waltheof qui s'était abattue sur lui.

Waltheof fut le dernier comte anglo-saxon, et le dernier à porter un titre de l'ère anglo-saxonne jusqu'à ce que le prince Edward, fils de la reine Élisabeth II, soit fait comte de Wessex en 1999, soit plus de 900 ans plus tard.

[modifier] Famille et descendance

En 1070, il épousa Judith de Lens (vers 1054 – après 1086), fille de Lambert II de Lens[15], comte de Lens, et d'Adélaïde de Normandie[16], princesse d'Angleterre, comtesse d'Aumale, et sœur du Conquérant. Après l'exécution de Waltheof, Judith refusa d'épouser Simon Ier de Saint-Lis. En représailles, Guillaume saisit la plupart de ses biens. C'est finalement sa fille qui l'épousa vers 1087.

Leurs filles :

Guillaume de Jumièges lui attribue une autre fille[17] nommée Mathilde, épouse de Robert FitzRichard de Clare, mais il s'agit d'une erreur, elle est sa petite-fille, et la fille de Simon de Saint-Lis.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. son prénom est parfois modifié en Gallève ou Guallève en normand. Ordéric Vital, Histoire de Normandie, Éd. Guizot, 1826, tome 2, page 212.
  2. Chronique anglo-saxonne, année 1054.
  3. Chronique anglo-saxonne, année 1055.
  4. Chronique anglo-saxonne, année 1055.
  5. Chronique anglo-saxonne, année 1065.
  6. Chronique anglo-saxonne, année 1016.
  7. Orderic Vital, Histoire de la Normandie, éd. Guizot, 1826, tome 2, livre IV, p. 159.
  8. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 214.
  9. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 253.
  10. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 257.
  11. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 277.
  12. Chronique anglo-saxonne, année 1076.
  13. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 259.
  14. Histoire de la Normandie, tome 2, livre IV, p. 279
  15. ce point est discuté. Peut-être fut-elle la fille d'Enguerrand II de Ponthieu.
  16. parfois nommée Aelis.
  17. Guillaume de Jumièges, Gesta Normannorum ducum, liv. VIII, chap. XXXVII, p. 303.

[modifier] Sources