Vincent Delpuech

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Vincent Delpuech, né à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) le 5 avril 1888 et mort à Marseille le 9 mars 1966, fut un journaliste et homme politique français[1].

Employé au service de l'état civil de la ville de Marseille puis journaliste, il combat pendant la Première Guerre mondiale dans le détroit des Dardanelles[2].

Durant l'entre-deux-guerres, il est successivement directeur des journaux Le Radical et Le Petit Provençal, ainsi que président de la Fédération internationale de la presse périodique[3].

Radical socialiste, il est élu maire de la commune de Peynier en 1934[4], puis sénateur des Bouches-du-Rhône le 10 janvier 1939[5].

En 1935, il est fait officier de la Légion d'honneur[6].

Après la défaite de la France face à l'Allemagne, il fait parti des nombreux parlementaires qui votent les pouvoirs constituants au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, mettant fin à la IIIe République et permettant l'avènement du Régime de Vichy (voir Vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940)[7].

Vincent Delpuech conserve son poste de directeur du Petit Provençal pendant toute la durée de la guerre[8]. Il est également administrateur du journal L'Œuvre. En 1941, il passe un accord avec l'agence d'informations Inter-France, créée en 1937 par Dominique Sordet, membre de l'Action française. Cet accord permet au journal d'être considéré comme le principal quotidien politique local et régional par l'agence, laquelle est proche des dirigeants de Vichy. Le journal et son directeur soutient ouvertement l'État de Vichy et l'occupant allemand. Ainsi, dès 1940, il est écrit sur les pages du quotidien : « Quoi que dise, quoi que fasse Pierre Laval, il a raison »[9]. Le journal soutient alors les actions de Vichy.

À la Libération, Vincent Delpuech est arrêté le 26 août 1944 et incarcéré à la prison Saint-Pierre à Marseille[10]. Deux jours avant, il avait été déchu de son siège de maire de Peynier par arrêté préfectoral[11]. Le 11 décembre 1944, le Comité départemental de Libération des Bouches-du-Rhône dépose une plainte dans laquelle il est accusé : « d'avoir servi servilement et jusqu'au dernier moment dans Le Petit Provençal, la politique de collaboration avec l'ennemi, par des appels à la collaboration, aux départs en Allemagne, à la LVF et à la Phalange Africaine, ainsi que des attaques contre la Résistance et les Alliés de la France »[12]. Vincent Delpuech a également était soupçonné de prise d'intérêt dans les tractations économiques avec l'occupant. Toujours est-il qu'il possédait un des réseaux politico-financiers les plus importants du département des Bouches-du-Rhône[13].

Cependant, le Commissaire de la République à Marseille classe l'affaire par ordonnance le 20 juillet 1945[14], laquelle déclare :

- Il n'apparaît pas que Le Petit Provençal ait dépassé dans l'ensemble de ses articles ou de ses éditoriaux, les consignes impératives auxquelles il était soumis ;

- Il n'apparaît pas que ce quotidien aurait pu continuer de paraître en suivant une ligne politique autre que celle adoptée et en refusant la publication transmise par l'agende Havas ;

- Dans les conditions où M. Delpuech a continué la publication de ses journaux, on ne peut lui reprocher de ne pas les avoir sabordés, M. Delpuech étant également directeur du Radical de Marseille qui a fait l'objet d'une ordonnance de classement en date du 16 juillet 1945[15].

La procédure judiciaire engagée contre le Petit Provençal est également classée par l'ordonnance du Commissaire de la République du 16 août 1946[16].

En 1953, il redevient maire de Peynier, et le reste jusqu'en 1965[17].

Il est également réélu sénateur en 1955, et il gardera ce mandat jusqu'à sa mort en 1966 (voir Liste des sénateurs des Bouches-du-Rhône) [18].

Vincent Delpuech était l'oncle et parrain du peintre Vincent Roux.

Il meurt à Marseille le 9 mars 1966 à son domicile du 5, square Stalingrad, et est enterré au cimetière Saint-Pierre[19].

  1. Blès A., Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, éd. Jeanne Laffitte, 1989.
  2. Blès A., Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, éd. Jeanne Laffitte, 1989.
  3. Blès A., Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, éd. Jeanne Laffitte, 1989.
  4. Litteralis Ass., Peynier, sur les chemins de la mémoire, 2000, p. 109
  5. Anciens sénateurs IIIème République : Vincent DELPUECH
  6. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 147 E 1D 9, délibérations du conseil municipal de la commune de Peynier, 1932-1942 : séance du 14 septembre 1935, p. 71.
  7. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/vote-80.pdf
  8. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?
  9. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?, p. 50.
  10. Archives départementales des Bouches-du-Rhône.
  11. Archives départementales des Bouches-du-Rhône.
  12. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?, p. 2.
  13. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?
  14. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?, p. 32.
  15. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?, p. 8.
  16. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, DELTA 3320, La trahison du Petit Provençal. Vincent Delpuech et le Petit Provençal sont-ils au dessus des lois ?, p. 9.
  17. Litteralis Ass., Peynier, sur les chemins de la mémoire, 2000, p. 109
  18. http://www.senat.fr/senfic/delpuech_vincent000685.html et http://www.senat.fr/sen4Rfic/delpuech_vincent000685.html
  19. Blès A., Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, éd. Jeanne Laffitte, 1989