Union des industries et métiers de la métallurgie

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L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) est une fédération professionnelle française regroupant des entrepreneurs du métier de la métallurgie.

Son président est Frédéric Saint-Geours, élu le 20 décembre 2007[1] en remplacement de Denis Gautier-Sauvagnac, qui avait démissionné le 23 octobre précédent, tout en restant son délégué général[2].

Le niveau opérationnel de l'UIMM est réalisé par des chambres syndicales territoriales, essentiellement départementales. L'organisation est membre du Medef et est l'une de ses branches les plus influentes.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'UIMM est l'une des plus anciennes confédérations syndicales patronales de France. Elle a été légalement créée en mars  1901, à l'initiative de Robert Pinot[3] et s'appelait alors l’Union des industries métallurgiques et minières en réaction à l'instauration, en septembre 1900, des Conseils du travail par Alexandre Millerand, alors ministre du commerce et de l’industrie. Ces derniers devaient fonctionner avec des représentants des syndicats, notamment ouvriers[4]. L'Union a été fondée à l'initiative de certains membres du Comité des forges, créé en 1864[5], dont certains membres, comme Camille Cavallier, estimaient qu'il était incapable de faire face à la situation nouvelle.

Pendant le XXe siècle, l'influence de l'UIMM est extrêmement importante sur l'ensemble du patronat français, notamment par la définition de sa doctrine sociale et par sa participation à la construction de la législation[6].

[modifier] Champs d’intervention

L'UIMM est signataire d'accords collectifs couvrant un large domaine d'activité. À ce titre, un accord national du 16 janvier 1979, modifié en 1983 et 1992, relatif au champ d’application des accords nationaux de la métallurgie, signé par l'organisation, se réfère à 18 classes de la nomenclature d'activité de l'INSEE de 1973. Sont ainsi visés des secteurs aussi variés que la sidérurgie et l'horlogerie.

[modifier] Lobbying

Selon Joseph Pinard, historien et ancien député de 1981 à 1986, l'UIMM a participé à l'élaboration du faux journal France Matin en 1974 visant à discréditer l'opposition de l'époque. Il rapporte également, s'appuyant sur des sources "engagées"[7], qu'un an plus tôt, l'organisation patronale aurait financé des affiches et autocollants contre le programme commun de la gauche. Selon lui, « des preuves existent de l'implication de l'UIMM dans certaines campagnes politiques. C'est un fait historique »[8].

[modifier] Rôle international

De 1919 à 1974, la délégation patronale française à l'OIT est pris en charge par l'IUMM. Ces délégués ont, quasi systématiquement, été élus membres titulaires du Conseil d'administration du BIT[9].

[modifier] Secrétaires généraux et présidents

[modifier] Affaire de l'UIMM

En septembre-octobre 2007, l’UIMM a été secouée par les révélations sur des retraits de fonds en liquide qui auraient été effectués par son président, Denis Gautier-Sauvagnac.[10] Les Échos rapportent dans leur édition du mardi 16 octobre 2007 que l'UIMM disposerait d'un « trésor de guerre » alimenté notamment par une caisse de solidarité antigrève ("Epim") constituée à la suite des événements de mai 1968 et évaluée aujourd'hui lors de sa révélation à 160 millions d'euros. Les fonds auraient également pu participer au financement des syndicats de salariés.

Denis Gautier-Sauvagnac a confirmé le 23 octobre 2007 à des journalistes, l'existence d'une « caisse de secours mutuelle » appelée « EPIM » (entraide professionnelle des industries de la métallurgie) existe depuis 1972. Elle était approvisionnée par des cotisation de 0,2/1000 (0,4 à partir de 2001) de la masse salariale des entreprises adhérentes. L'objectif était de venir en aide à des entreprises à l'issu d'un conflit social. Depuis 1972, 1 793 entreprises du secteur de la métallurgie ont décidé, au lendemain des évènements de mai 1968 et à l'initiative de François Ceyrac, de cotiser à l'EPIM pour faire face "à un conflit collectif du travail". Ces entreprises n'étaient plus que 175 en 2006. Le montant total de ces cotisations volontaires s'élève, depuis 1972, à 310 millions d'euros. L'UIMM a reversé 144 millions aux entreprises touchées par des grèves, les 166 millions restants ont été confiés à un consultant indépendant. Qui s'est avéré de bon conseil : à la fin de l'année 2006, la valeur d'achat des titres de l'EPIM était de 301,5 millions d'euros, ils valent aujourd'hui sur le marché près de 641,7 millions, selon l'estimation de Denis Gautier-Sauvagnac.[11], mais pour une valeur comptable de 376 millions. Il a servi également à hauteur d'environ 2 millions d'euros pour le « financement de diverses organisations de notre vie sociale ».

Denis Gautier-Sauvagnac a indiqué que son « erreur est de ne pas avoir arrêté le système » quand il est devenu délégué général. En conséquence, il a annoncé sa démission en novembre 2007 de la présidence de l'UIMM [12]. Mais le 28 février 2008, une information apparaît au grand public selon laquelle Denis Gautier-Sauvagnac aurait négocié avec son successeur son retrait de la présidence de l'UIMM moyennant une indemnité de 1,5 million d'euros ainsi qu'une prise en charge totale par l'UIMM des frais de justice pouvant découler de sa gestion. Suite à cette péripétie, Laurence Parisot, présidente du MEDEF, demande le 1er mars 2008, la démission collective du conseil d'administration de l'UIMM.

Une information judiciaire a été ouverte par le juge Roger Le Loire pour les retraits suspects des caisses de l'UIMM de 18 944 691 euros, du 19 janvier 2000 au 5 septembre 2007 et des comptes révélant une "dissimulation orchestrée" de la réalité des comptes de l'UIMM. Ces fonds pourraient avoir servir à influencer des décideurs et des organisations et de compléments occultes de rémunération des dirigeants de l'organisation. [13]

En 2007, 153 entreprises ont cotisé pour un montant de 675 000 euros et 574 000 euros ont été versé à trois entreprises touchées par des conflits sociaux majeurs.

L'UIMM par Denis Gautier-Sauvagnac, le délégué général et Dominique de Calan, son adjoint a reconnu financer via ses caisses noires [14] à hauteur de 30 000 euros par an l'organisation étudiante de droite UNI[15].

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. « Le patron de Peugeot succède à Denis Gautier-Sauvagnac à la tête de l'UIMM », L'Expansion.com avec AFP, 20 décembre 2007
  2. Affaire Uimm : Denis Gautier-Sauvagnac annonce sa démission - parismatch.com
  3. Jacques Marseille, "Nouvelles lectures sur les avenirs flous de la longue crise" dans Vingtième Siècle revue d'histoire, presses de Sc. Po., (ISBN 2-72462-888-8)
  4. Danièle Fraboulet, Quand les patrons s’organisent. Stratégies et pratiques de l'Union des industries métallurgiques et minières 1901-1950, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2007, pp. 30-31 et aussi Claire Guélaud, Le cœur d’acier du patronat, Le Monde n°19506 daté du 11/10/2007, page 3
  5. UIMM: Un pilier du patronat vacille, Les Échos, 17 octobre 2007
  6. Danièle Fraboulet, Quand les patrons s’organisent, op. cit., pp.181-260
  7. le journal l'Unité
  8. propos recueillis par Karl Laske, L'UIMM, l'enquête qui va à droite, site contrejournal du quotidien Libération, 31/01/08 [lire en ligne]
  9. Historique de la Délégation patronale française à l'OIT et à l'OIE, Jean-Jacques OECHSLIN
  10. La justice ouvre une enquête sur une grande figure du patronat, Denis Gautier Savagnac, Les Échos, 26 septembre 2007
  11. Dissimulation "orchestrée" des comptes à l'UIMM, Gérard Davet et Franck Johannès, Le Monde, 6 décembre 2007
  12. Franck Johannès, Retraits d'argent de l'UIMM : M. Gautier-Sauvagnac « assume » et reconnaît l'existence d'une caisse de 600 millions d'euro, Le Monde daté du 24 octobre 2007, n°19517 , page 12
  13. Dissimulation "orchestrée" des comptes à l'UIMM, Gérard Davet et Franck Johannès, Le Monde, 6 décembre 2007
  14. Lagardère et l’UIMM
  15. UIMM : la piste « universitaire »

[modifier] Bibliographie

  • Danièle Fraboulet, Quand les patrons s’organisent. Stratégies et pratiques de l’Union des industries métallurgiques et minières 1901-1950, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2007, 372 p.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe

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