Trompe de chasse

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trompe de chasse
trompe de chasse

La trompe de Chasse est un instrument de musique français en cuivre ou laiton. Issu des instruments de communication cynégétiques venant de la nuit des temps signalant par des sons lents ou courts, aigus ou graves, les différentes situations pendant la chasse. Ces instruments étaient faits de cornes d'animaux, de bois puis de cuivre. Les langages exploités par ses instruments s'appelait les cornures. On chassait alors "A cor et à cris".

Sommaire

[modifier] La trompe, instrument de chasse

L'action de chasse est accompagnée de sonneries de trompe (fanfares) qui permettent aux veneurs de communiquer entre eux et avec les chiens.

La vénerie française a aussi engendré un instrument de musique : la trompe de chasse, qui est spécifiquement française.
La pratique de la trompe est maintenue par tous les veneurs, dont elle est l'instrument de communication à la chasse, mais aussi par des artistes qui savent la porter à la perfection.
La trompe de chasse (différente du cor de chasse) est indissociable de la vénerie. Elle lui doit son origine, sa signification et son développement.
Les premières fanfares de chasse remontent à 1723 où le marquis de Dampierre écrivit les premières des 3 000 fanfares qui constituent aujourd'hui un patrimoine musical exceptionnel.(d'après le recueil de fanfares de chasse de la Fédération Internationale des Trompes de France, Philidor l'Aîné avait publié la "retraite prise" en 1705 et "La Sourcillade" devenue "la vue" en 1707/09).

Les veneurs sonnent des fanfares "de circonstance" pour faire connaître les péripéties de la chasse dont ils sont témoins.

Ainsi:

  • le "bien-aller" indique que les chiens chassent "en bonne voie",
  • le "débuché" que la meute est en plaine et se dirige vers un autre massif forestier,
  • le "bat-l'eau" que l'animal de chasse est dans un étang ou une rivière,
  • la "vue" que l'animal de chasse est vu par le sonneur.

Au cours de la "curée", cérémonie destinée à rendre hommage à l'animal de chasse et à récompenser les chiens, on sonne à nouveau les fanfares sonnées au cours de la chasse de manière à en rappeler les épisodes.
Puis, pendant que les chiens "font curée", on sonne d'autres fanfares dédiées aux veneurs présents.

[modifier] La trompe, instrument festif

La trompe est un instrument traditionnel du Carnaval de Paris.

Le recul du Carnaval de Paris, la plus grande fête parisienne, qui renaît depuis 1993, avec la Promenade du Bœuf Gras, a amené le recul de sa pratique dans les rues de Paris. Son usage, en temps normal, y est interdit depuis 1832.

Aujourd'hui, les sonneurs, à Paris, se donnent rendez-vous sous le pont d'Iéna, ou partout ailleurs, le jour de la Fête de la musique.

« Le Jeudi de la Mi-Carême »

« Cors, cornes et cornets »

« Le jeudi de la Mi-Carême est le jour par excellence des sonneurs de cors et des fanatiques du cornet. Les amateurs de cor de chasse qui, traqués par l'autorité, vont d'habitude étudier en sourdine dans des caves profondes et lancer en chœur des notes étouffées, sont tous en liesse.  »

« Fi des caves et des lieux déserts ; les fenêtres peuvent s'ouvrir grandes ; les portes n'ont plus besoin de verrous, la rue est aux sonneurs de trompes, hallali, vivent les cors de chasse ! »

« Personne ne se plaindrait de ce triomphe de la musique chère aux veneurs, personne ne récriminerait contre le son du cor, si la folle jeunesse parisienne n'avait pas, elle aussi, l'habitude d'emboucher le cornet pour célébrer la fête des blanchisseuses. »

« Nous les connaissons tous et trop ces lugubres cornes en grès aux sons rauques et agaçants. »

« Ces horripilants ustensiles coûtent à peine deux ou trois sous ; or, le gamin de Paris se priverait plutôt de pain que de corne ; il lui faut pousser ses hurlements ce jour-là ; imiter les appels désespérés du tramway, et, le cornet à bouquin aux lèvres, étourdir les passants et faire concurrence à Wagner. »[1]

[modifier] Trompe ou cor ?

  • La trompe de chasse est accordée en ré, par sa longueur (4 m 545), son utilisation (chasse à courre, musicalement en groupe de trompes ou autres instruments jouant dans cette tonalité).
    Elle doit son nom à Philidor qui l'appela ainsi en 1705. Le tempo musical est principalement en 6/8 et les liaisons sont tayautées.
  • Le cor de chasse est accordé en mi bémol et n'est pas utilisé à la chasse mais en musique militaire. La différence visible est la coulisse d’accord (petit tube intérieur modifiant la tonalité), sur la branche d’embouchure.
    Le tempo musical semblerait principalement 2 ou 4 temps.

[modifier] Au Moyen Âge

Avant de se servir d'un instrument pour exciter les chiens ou pour appeler ses compagnons de chasse, l'homme se contentait nécessairement de sa voix : cris, appel, huées, plus ou moins scandés, plus ou moins modulés ont constitué la première musique de chasse.

Au Moyen Âge, on appelait trompeors les sonneurs de trompe ou de trompette, qui furent baptisés par la suite trompeurs en France et trompetters en Belgique. Le cor a servi au Moyen Âge à corner guerre comme corner menée à la chasse ; dans le château on cornait le jour, l’eau, l’assiette, etc. Les cors monotones variaient les sons avec des mots courts et des mots longs, et ceux qui avaient plusieurs notes sonnaient du grêle ou du gros ton. En 1730, le marquis de Dampierre disait indifféremment cor ou trompe, et cela changea seulement avec d’Yauville qui n’employa plus que l’expression trompe pour désigner la trompe de Lebrun, modèle 1729, aujourd’hui la Dampierre.

[modifier] Sous Louis XIV

La trompe à un tour et demi comporte deux modèles, le modèle de 1680 et celui de 1689. Le premier fut utilisé tout d’abord par la Vénerie de Louis XIV en 1680. C’est une trompe circulaire à un tour et demi de 0,48 m de diamètre, de 2,27 m de longueur déployée. Cette trompe est en ut majeur. Les tubes ont 12 millimètres de diamètre et le pavillon 14 centimètres et demi de diamètre, le tour est renforcé par une bordure en cuivre montrant une « guirlande » ou « dentelle » en creux, le tout est surmonté de petits ornements représentant un coquillage en plein, caractéristique de l’époque de Louis XIV. L’extrémité du premier tube se termine dans un manchon, dans lequel s’encastre une branche d’embouchure mobile à laquelle l’embouchure était alors soudée. À cette époque, on ne connaissait pas encore bien le repoussage au tour, ni le planage, que Raoulx allait bientôt inventer. Cette trompe est martelée à la main, tous les coups de marteau se voient. Le second modèle de trompe est de 1689. Il présente les modifications suivantes : le manchon a été supprimé ; la branche d’embouchure est soudée au premier tube et est maintenue par un tenon, de même que le pavillon ; l’embouchure n’est plus généralement soudée à la branche d’embouchure, elle est mobile ; le pavillon a 0,22 m de diamètre.

[modifier] Sous Louis XV

Deux modèles de trompes apparaissent sous Louis XV. Le premier modèle du marquis de Dampierre fait son apparition officielle en août 1723. Il a 4,05 m de longueur déployée et 0,72 m de diamètre environ. Cette trompe en ré est fort douce à sonner, mais très embarrassante à tenir, vu son énorme diamètre, qui a rapidement provoqué son remplacement. Le second modèle est celui de 1729 et il a subi de grandes modifications ; la longueur déployée est de 4,545 m et elle est enroulée à deux tours et demi. Le diamètre est d’environ 0,60 m. Lebrun, fournisseur du Roi, a lancé cette trompe en 1729 au moment de la naissance du Dauphin et l’a baptisée pour cette raison La Dauphine. Ce modèle a été utilisé jusqu’en 1814, mais il a reçu en 1831 la dénomination de trompe Dampierre ou « à la Dampierre ».

La même longueur de tube fut roulée à trois tours et demi vers 1818 et reçut le nom de trompe d’Orléans, à la suite d’une commande de quarante trompes faite par le fils de Louis-Philippe. Ce modèle fut exécuté par Raoulx et son successeur. Notons cependant que son pavillon a été perfectionné par un ouvrier nommé Périnet, qui a découvert par des essais successifs quel était le modèle le plus favorable à l’émission du son (1855).

[modifier] L'embouchure

On ne saurait finir cet historique sans dire un mot de l’embouchure. D’abord fixée à la branche d’embouchure, elle devint mobile en 1689, et il faut arriver à 1830 pour en trouver dans le commerce trois tailles différentes. Les dimensions actuelles ont été réglées par l’habile professeur Cléret, mort peu d’années avant la guerre et c’est lui, et non Périnet, qui a réglé la profondeur du bassin à 0,032 m.

[modifier] Les différentes trompes

Nom Longueur Enroulement
La Dampierre (1729) 4,545 m 1 tour et demi
La Dauphine 4,545 m 2 tours et demi
La d'Orléans (1818) 4,545 m 3 tours et demi

L'instrument utilisé et sonné aujourd'hui (la D'Orléans) est le même depuis 1818, année où le Duc d'Orléans commanda à la maison Périnet 50 trompes pour son équipage. Cette trompe d'un développé linéaire de 4,545 mêtres, est enroulée à trois tours et demi.

Signalons encore la "Maricourt", trompe de 4,545 m, enroulée sur 9 tours et demi, dont certaines, très rares, comportent un pavillon ovale.

La trompe de Lorraine est exactement dans la même tessiture que les autres trompes, mais le tube est enroulé autour du pavillon, et l'ensemble est souvent gainé de cuir.

La longueur de l'instrument fait que sa tonalité est en ré, quel que soit le modèle.

[modifier] La musique

La musique qui lui est destinée se sépare en 4 grands groupes:

  • La vénerie, où les fanfares sonnées correspondent à des animaux de chasse ou à des circonstances de la chasse.
  • Les fanfares de maîtres ou d'équipage, destinées à honorer des équipages ou responsables d'équipages de vénerie.
  • Les fantaisies qui peuvent honorer des personnes, ou des circonstances particulières.
  • La trompe liturgique.

Aujourd'hui, plus de 4000 fanfares sont recensées.

La pratique actuelle de la trompe peut se faire en solo, duo, trio, quatuor, et groupes.

La trompe peut être sonnée en forté, en mi-trompe ou en radouci.

Les altérations sont obtenues en bouchant quasiment le pavillon soit à la main, soit avec une sourdine adaptée.

Certains morceaux, tels l'ave maria de Schubert ou Trumpet Tune de Purcell, peuvent être sonnés accompagnés à l'orgue. D'autres, comme l'amazone, de Tyndare, se sonnent accompagné au piano.

Enfin, la pratique de la trompe en groupe a permis de s'intéresser aux différentes harmonisations possibles, entre les chants (premiers pupitres, chargés d'exécuter la mélodie), les secondes, les basses, les sons bouchés et les tierces.

L'intégralité des fanfares des équipages de Cerf par le Quatuor du Rallye Trompe de Paris Le Courre du Cerf au XXIe siècle

[modifier] Notes

  1. Beaucoup de témoignages existent, écrits ou iconographiques, sur le triomphe de la trompe de chasse au Carnaval de Paris. [1] Celui-ci est particulièrement joli. Ses références : Le Petit Journal, vendredi 18 mars 1887.

[modifier] Bibliographie

A. Sombrun, L'art de sonner de la trompe, Paris, Editions musicales Alphonse Leduc.

A. Detourbet, Essai sur la terminologie de la trompe de chasse et la délimitation du ton de vénerie, Editeur L. Venot, 1935.

Tyndare Gruyer, Méthode complète de Trompe De Chasse, contenant les tons, fanfares d'ordonnance et fantaisies , Editeur Pettex-Muffat.

Frontier Théodore, Methode Elementaire De Trompe De Chasse Fac-Simile D'Une Edition Du 19e Siecle (Paris), Editeur Altair.

[modifier] Équipages, rallyes et sites web consacrés à la Trompe de Chasse