Utilisateur:Tristan Balguerie/L'astrologie doit-elle se limiter aux résultats des vérifications scientifiques ?

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Sommaire

[modifier] Les questions posées par l'émergence de l'astrologie scientifique

L'astrologie vérifiée par la science bouleverse les croyances dans une discipline qui reposaient jusqu'au début du XXème siècle sur des traités rédigés par de exégètes qui ne vérifiaient pas nécessairement leurs thèses au-delà d'un rapport à leurs propres expériences subjectives et dans la limite de leurs connaissances astronomiques, sociales et démographiques. L'apport de la science moderne dans l'astrologie doit-il aujourd'hui remettre en cause les connaissances traditionnelles et remettre les compteurs à zéro du savoir de cette discipline ?

Cette question pose parallèlement deux problèmes : l'origine et la validité du savoir astrologique, et l'autorité de référence qui en déterminera l'applicabilité ou la place de l'astrologie scientifique au regard des praticiens. Dans cet article on ne traitera que de la première question. La deuxième est en partie traitée dans Utilisateur:Tristan Balguerie/Quelle place pour l'astrologie scientifique ? On nommera "savoir" l'ensemble des connaissances compilées de la discipline astrologique par simplification linguistique sans connoter ce terme de la notion de savoir rationnellement validé.

[modifier] L'astrologie : un savoir insaisissable

La plupart du temps, et encore certainement pour longtemps, le savoir astrologique est synonyme de savoir Traditionnel dans l'acception la plus courante, même si depuis un siècle cette approche prend de plus en plus la forme d'une posture rigide intenable avec l'arrivée de la science dans l'astrologie, l'actualisation des concepts par les astro-psychologues et le développement plus récent de l'astrologie mondiale, boursière ou karmique.

Les livres qui veulent faire oeuvre de manuel d'astrologie font état de ce savoir en se référant à la "Tradition". La définition du contenu de cette dernière reste assez vague si on ne la réduit pas au Tetrabiblos de Ptolémée. Qu'est-ce qui entre ou qu'est-ce qui sort véritablement de la Tradition astrologique? On peut entendre par Tradition, une compilation de savoir issu d'époques anciennes. Le plus souvent la Tradition est associée aux actualisations de Ptolémée, mais la plupart des auteurs arrangent ce contenu initial de manière assez personnelle, considérant un point ou un autre de la doctrine au regard de leur expérience, comme plus ou moins valable et par ajout ou soustraction, modifiant le contenu par des connaissances antérieures ou postérieures à Ptolémée qu'ils estiment de plus grande valeur.

Le référentiel de la connaissance en astrologie est donc particulièrement délicat à établir et l'absence d'organisation centrale édictant le contenu de base commun à ce savoir rend particulièrement difficile sa prise en compte car son cadre ne cesse de ce mouvoir au rythme des saisons.

Dans ce contexte désordonné, la démarche scientifique est heureuse, et les attentes que l'on peut formuler à l'égard de ses résultats sont ambitieuses. L'enjeux est ni plus ni moins de constituer le corpus du savoir astrologique.

[modifier] Une opportunité de prise de pouvoir dangereuse

L'astrologie scientifique s'est développée dans ce contexte désordonné en proposant des méthodes et des moyens de vérification rationnels des thèses de la Tradition. Elle apparaît donc naturellement comme l'unique moyen d'arriver à une constitution acceptable des éléments de la doctrine astrologique, en justifiant ces choix par la preuve de ses recherches. Par certain aspects, l'agressivité du RAMS à l'égard de métaphysiciens de l'astrologie tel que Patrice Guinard, montre que l'astrologie scientifique a pris conscience de l’immense pouvoir qu'elle peut aujourd'hui prendre en argumentant qu'elle demeure la seule puissance capable de réaliser la réunification et la synthèse de l'astrologie, en l'absence de toute organisation astrologique unifiée où les exégètes pourraient établir un consensus doctrinale.

Or cette posture de l'astrologie scientifique est dangereuse. Elle contient en germe la réduction de l'astrologie aux résultats des vérifications scientifiques ce qui reviendrait à mettre au panier les 99/100ième de ce savoir dont il n'est pas question aujourd'hui d'affirmer que l'on ait eu des preuves formelles de leur réalité. Le petit centième que l'on aurait validé restant à ce jour dans un état de fragilité maladive quant à son acceptation par la société civile. On lit trop souvent des comptes rendus d'études scientifiques qui affirment trop rapidement qu'aucun effet n'ayant été repéré sur une expérience visant à mettre en évidence telle partie de la doctrine astrologique, cette part de la doctrine est nulle, si ce n’est toute la doctrine elle-même, et peut être définitivement considérée comme fausse.

[modifier] Un manque de maturité qui oblige à l'humilité

Souvent,une méconnaissance des fondements de l'astrologie amènent les scientifiques à monter des expériences non significatives du point de vue astrologique et de la part de la doctrine qu'ils cherchent à mettre en évidence, ce qui les amènent à des résultats nuls dont ils tirent hâtivement des conclusions.

L'exemple le plus flagrant concerne la mise en évidence de la doctrine du zodiaque. La doctrine astrologique prétendant que les signes du zodiaque ont une influence sur la personnalité, on a cherché pendant longtemps à faire corréler des éléments de la vie avec des configurations de position de planète en signe sans succès. Beaucoup d'astrologues scientifiques, dont André Barbault et Jean Barets ont alors condamnés le zodiaque dans la doctrine astrologique, dépités par leurs expériences.

Ce n'est qu'en ce début de XXIième siècle que le concept du zodiaque commence à apparaître positivement dans les études scientifiques avec les travaux colossaux de Didier Castille. Pour cela, il a fallu : - 1 - manipuler des donner très volumineuses - 2 - simplifier au maximum l'objet de la recherche

Même si, il s'agit là d'un « scientifique astrologue », qui a apporté la correction aux conclusions rapides de ses collègues, il faut bien voir que l'ouverture d'esprit doit rester de mise et que l'on doit éviter d'aller trop vite en besogne dans les conclusions au risque de réduire le savoir astrologique à une peau de chagrin.

Autre exemple, Jean-François Richard dans son étude de l'astrologie boursière affirme dans son premier ouvrage, que les points du ciel de l'astrologie traditionnel non représentés par un objet (Part de fortune; Noeud lunaire...) n'ont aucun effet. Il rejoint dans cette idée l'opinion des astrologues scientifiques qui voulant lier la validité de l'astrologie à la corrélation et à la causalité, ont du mal à concevoir une causalité sur ces points que l'on désigne comme fictif. Mais dans son deuxième ouvrage, recherchant plus loin une corrélation des variations boursières avec les astres, il découvre une corrélation entre variation et certains points fictifs.

S'il en était resté à sa position première, il aurait, lui aussi, vite fait d'enterrer des points de doctrines astrologiques sur des conclusions rapides.

[modifier] Une recherche de légitimité mal dirigée

D'autre part, comme le signale Françoise Gauquelin, l'astrologie scientifique vise aujourd'hui à convaincre les sceptiques et conclue ses résultats d'études sur les plus sévères degrés de probabilité. Alors que dans les sciences humaines comme la psychologie, on admet un degré de probabilité de 0.05, en astrologie scientifique on n'accepte que des probabilités de 0.01, soit un risque d'erreur de 1% au lieu de 5% en sciences humaines.

En tentant absolument de forcer la légitimité de la science physique, ce qu'elle arrivera peut-être à atteindre un jour, l'astrologie s'interdit de s'investir sur le territoire des sciences humaines qui lui conviendrait de tout évidence beaucoup mieux.

Cette orientation obstinée réduit le spectre des recherches à des facteurs qui puissent obtenir les meilleurs résultats, laisse de côté les vérifications de toute une part de la doctrine et ne participent donc pas à l'élaboration d'un corpus l'astrologique complet, acceptable par les praticiens.

[modifier] Un corpus qui ne peut se limiter aux résultats de l'astrologie scientifique

Pour ces raisons, et considérant l'état d'ignorance où nous sommes, il n'est donc pas concevable aujourd'hui, de limiter l'astrologie aux résultats des vérifications scientifiques, même s'il est souhaitable de faire la publicité de ses résultats pour lui donner petit à petit son autorité.

L'astrologie scientifique n'a, aujourd'hui, pas assez de recul et n'est pas assez mûre pour se poser en seul gardien du savoir.

Si nous pouvons donc raisonnablement militer pour que l'astrologie scientifique prenne petit à petit sa place de garde fou de la pratique astrologique, il ne faut la mandater, ni trop tôt, ni de manière trop importante de cette tâche, dans l'état de balbutiement dans laquelle elle se trouve.

Il faudra aussi, avant qu'elle n'acquiert le statut de gardien du savoir astrologique, et se placer au dessus des connaissances transmises par la Tradition, qu'elle sache répondre de manière cohérente à la question de l'origine du savoir astrologique. Car plus elle prouvera des points de savoir ancien, plus elle inquiètera sur la question de l'origine de ce savoir, à des époques reculées où l'investigation de la connaissance par des moyens scientifiques n'avaient pas de réalité tangible.