Thomas Pichon

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Thomas Pichon
Thomas Pichon

Thomas Pichon, dit Thomas Tyrrell, né le 30 mars 1700 à Vire et mort le 25 novembre 1781 à Jersey, est un espion et auteur français.

Fils de marchands de Vire, Thomas Pichon commence à Paris des études de médecine qu’il abandonne par manque d’argent avant de devenir précepteur dans une grande famille. En 1726, il épouse une riche veuve parisienne de 20 ans son aînée. De 1741 à 1748, il travaille dans diverses administrations hospitalières de l’armée en Bohême, en Bavière et en Hollande. Trop honnête pour s’enrichir, comme il était de coutume, sur les dos des soldats, Pichon se fait des ennemis mortels de ceux qu’il empêche de gruger les finances militaires. Ceci oblige, en juin 1751, son protecteur le comte d’Argenson à le faire passer en Nouvelle-France sous prétexte d’accompagner comme secrétaire le comte Jean-Louis de Raymond nommé gouverneur de l’Île Royale. En octobre 1753, il est affecté au Fort Beauséjour où il se lie avec les capitaines anglais George Scott et John Hussey du fort Lawrence. En 1754, déçu par l’attitude de l’administration française en Acadie et estimant que son dévouement n’est pas payé de retour, il décide de se mettre au service du gouvernement de l’Angleterre qu’il estime moins oppressif. À partir de septembre, il communique aux Anglais de Fort Lawrence, tous les documents auxquels il a accès sous le nom de Tirel qu’il dit être d’origine anglaise du côté de sa mère. Le 16 juin 1755, les Anglais prennent le fort Beauséjour et simulent sa détention avant de le faire passer Angleterre où Lord Halifax lui fait obtenir une pension annuelle de 200 £.

En 1756, il rencontre à Londres l’écrivaine Jeanne-Marie Leprince de Beaumont avec qui il vivra à partir de 1758 et qu’il a peut-être épousée. En 1760, il publie à Londres chez Nourse ses Lettres et mémoires pour servir à l’histoire naturelle, civile et politique du Cap Breton depuis son établissement jusqu’à la reprise de cette île par les Anglais en 1758 en français et en anglais. En 1763, il envisage de quitter l’Angleterre pour la Savoie pour rejoindre Jeanne Marie Leprince de Beaumont mais y renonce à la perspective de perdre sa pension s’il quitte le territoire anglais. Vers 1769, il s’installe à Jersey où il mourra en 1781 en léguant l’intégralité de sa fortune et son immense bibliothèque à sa ville natale de Vire à la condition expresse que le contenu n’en soit pas dispersé, ce que la Révolution devait faire une décennie plus tard.

[modifier] Œuvre

  • Lettres et mémoires pour servir à l’histoire naturelle, civile et politique du Cap Breton, New York, Johnson Reprint, 1966

[modifier] Références

  • Geneviève Artigas-Menant, Lumières clandestines : les papiers de Thomas Pichon, Paris, Honoré Champion, 2001 ;
  • Geneviève Artigas-Menant, « Un Français chez les Micmacs en 1752 : Thomas Pichon », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 1992 ; 305: pp. 1593-97 ;
  • (en) John Clarence, Webster ; Alice de Kessler Lusk Webster, Thomas Pichon, “the spy of Beausejour,” an account of his career in Europe and America, Sackville, N.B., Tribune Press, 1937.