Technostructure

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La technostructure est une théorie économique de l'économiste américain John Kenneth Galbraith, qui a été exposée dans son ouvrage Le Nouvel État industriel (1967).


Sommaire

[modifier] Le contexte de l'élaboration de la théorie

Galbraith fut l'un des membres du brain trust de Roosevelt pour la mise en place du New Deal à partir de 1933. A l'époque, une petite élite intellectuelle composée d'universitaires a conçu une nouvelle organisation de l'économie américaine pour sortir de la crise de 1929 et qui rompait avec les canons du libéralisme du XIXe siècle.

Ces nouveaux principes consistaient en l'intervention de l'état fédéral qui se substituait aux entreprises pour relancer l'économie : aide financière aux chômeurs, subventions aux prix agricoles, grands travaux par le biais d'agences fédérales ad hoc, (ex. la Tennesse Valley Authority pour les travaux d'irrigation du Middle-West) etc. Le lancement du Victory Program en 1941 qui fit que 80% du budget fédéral était consacré à l'armement, a accru encore le rôle de l'état et de ses fonctionnaires qui devinrent ainsi les donneurs d'ordre des entreprises à la place du marché.

En 1947, le lancement du Plan Marshall continua cet élan : des agents fédéraux furent mobilisés pour évaluer les besoins de la reconstruction en Europe, mettre en place les financements et participer à la réalisation des projets. Peu à peu, la complexité de l'économie, la constitution de groupes multinationaux et les habitudes nées depuis 20 ans modifia la nature du capitalisme américain et européen. La direction des grandes entreprises échappa le plus souvent aux familles des fondateurs, pour passer entre les mains de technocrates diplômés de l'université, engagés pour leur compétences, aussi bien dans le secteur privé que dans l'appareil d'état.

[modifier] Pourquoi la technostructure ?

La technostructure est une étape dans le développement des grandes entreprises caractérisée par une augmentation du pouvoir collectif des techniciens et des cadres, au détriment des propriétaires; ces technocrates imposent peu à peu leurs choix à leurs clients plutôt que d'être à leur écoute. Ce changement est dû, d'une part au contexte historique décrit supra, à savoir la Crise de 1929 et la Seconde Guerre Mondiale et d'autre part, au simple effet de dilution des capitaux des entreprises entre les différents héritiers, plus nombreux à chaque génération. Il s'agit d'un phénomène contemporain de la filière inversée, phénomène également théorisé par Galbraith. Cette filière consiste pour les plus grandes entreprises à imposer l'achat de certains produits aux consommateurs par le biais de la publicité. Cela crée une augmentation de la rigidité de l'entreprise et une perte de l'écoute du consommateur.

Un des exemples le plus spectaculaires de ce changement est le walkman : ce produit fut imaginé, voulu, conçu et développé par Akio Morita, l'emblématique patron de Sony parce qu'il désirait écouter ces airs de musique favoris ... sur son terrain de golf, le week-end. Une campagne de publicité assez agressive créa une demande chez les consommateurs et fit de de ce produit un symbole des années 80.

[modifier] Critique et déclin de la technostructure

Cependant, les lois du marché restent encore valables, notamment quand on compare les industries automobiles japonaise et américaine. Plus encore que la quantité de travail et le niveau des salaires, ces règles de l'économie libérale expliquent comment les entreprises automobiles japonaises, soucieuses du consommateur et des détails de la production, ont réussi, malgré un obstacle culturel, à mieux saisir que les entreprises occidentales, l'évolution des goûts de la clientèle. Le groupe Toyota est devenu la première entreprise mondiale automobile en restant fidèle aux simples lois du marché.

Quelques exception notables demeurent comme les entreprises Ford ou Rockefeller qui restent contrôlées par les familles fondatrices. En Europe, le groupe Fiat reste sous contrôle de la famille Agnelli, le groupe Peugeot-Citroën, sous celui de la famille Peugeot, mais dans ce dernier cas, le PDG est toujours extérieur à la famille, ce qui représente une bonne synthèse entre la technostructure et le capitalisme familial !

Le principale critique de la technostructure est que sa raison d'être était plus d'étendre son pouvoir et de se perpétuer plutôt que d'accroître la taille et les profits des entreprises qu'elle dirige. A la fin des années 80, sous l'influence de l'Ecole de Chicago, animée par l'économiste Milton Friedman, on assiste à un retour en force des actionnaires pour contrôler les entreprises et de thèses néolibérales en économie.

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