Technique vocale

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Sommaire

[modifier] Introduction

La technique vocale regroupe un ensemble de connaissances (anatomiques notamment) et de pratiques ayant pour but de développer et préserver la voix d'un chanteur.

La technique vocale est surtout enseignée aux chanteurs lyriques afin de répondre aux exigences que requiert un tel art.

Elle se base notamment sur un travail sur le souffle — inspiration et expiration liées à l'ouverture de la cage thoracique — et le soutien du diaphragme, développées grâce à divers exercices physiques — apprentissage de la respiration, de la posture corporelle adéquates — et vocaux — vocalises surtout.

Son but est d'agir sur divers éléments afin de faciliter l'émission vocale : position de la langue, du larynx, ouverture de la mâchoire, des côtes, stature...

Une bonne technique vocale permet au chanteur, entre autres, d'étendre sa tessiture, d'enrichir son timbre vocal, de faciliter le passage de la voix de tête à la voix de poitrine, d'émettre un vibrato naturel, d'avoir une voix plus puissante et, par conséquent, de se fatiguer moins rapidement vocalement.

Elle doit permettre au chanteur d'avoir la pleine maîtrise de son instrument et de se concentrer sur le plus important : l'émotion et la musicalité, trop souvent étouffées par trop de technicité.

En France, deux diplômes reconnus par l'État permettent d'enseigner la technique vocale : le CA (certificat d'aptitude) et le DE (diplôme d'État).

[modifier] Précisions sur la pose de voix et le travail vocal

Il faut voir la voix comme un instrument à part entière. Prenez une cornemuse par exemple. Celle-ci possède une réserve d'air sur laquelle le musicien pousse pour provoquer une pression d'air qui fait vibrer l'air dans le corps de l'instrument, lui-même composé d'un tuyau assez simple. Les positions successives des doigts sur l'instrument faisant varier la fréquence de vibration de l'air dans l'instrument. Le parallèle avec la voix est assez direct : la dépression (et non la pression) dans les poumons est créée par la poussée du diaphragme vers le bas. Les poumons, se remplissent alors d'air "comprimable". Le diaphragme, s'appuyant notamment sur les côtes flottantes peut être aidé par celles-ci pour cette dépression, mais ce n'est pas obligatoire. En fin de course descendante, le diaphragme devient inerte. Les muscles abdominaux obliques et transverses, s'appuyant sur le grand droit, compriment alors la masse viscérale qui repousse le diaphragme inerte. Celui-ci sert alors de piston pour comprimer l'air des poumons sous la glotte et provoquer l'onde sonore. Contrairement à bien des idées reçues dues notamment à un célèbre livre de Richard Miller (il suffit de regarder le thorax de ce monsieur pour comprendre l'erreur), on ne chante pas avec l'action de son diaphragme. Dans le chant, le diaphragme est "inactif". La partie vibrante de notre appareil vocal est réalisée par les cordes vocales. Ensuite, la vibration sonore est amplifiée, colorée (personnalisée, enrichie, filtrée) par nos résonateurs. Ces résonateurs sont composés entre-autres par les sinus, la forme de notre palais, ..., et in fine, la position de nos lèvres. Il est fondamentale de remarquer que, par exemple, la voyelle 'o' chantée obtient principalement sa couleur sonore (sa forme de base) par la position de la langue, du palais, de la luette, c’est-à-dire de l'appareil vocal interne, plus que par la position des lèvres qui ne font que peaufiner le résultat final. On remarquera facilement qu'on peut chanter un 'o' et un 'a' sans pour cela trop bouger la position des lèvres. La différence étant la façon de positionner l'appareil vocal interne.

Il est très rare qu'une personne obtienne spontanément une bonne technique vocale, sauf les chanceux disposant dès leur naissance soit d'une caisse de résonance facilitant la qualité du timbre, soit d'une langue maternelle facilitant le bon placement, soit les deux. C'est ce qui se constate en Italie, dans les pays parlant le russe, aux amériques et seulement dans le sud de la France, qui a fourni le siècle dernier 80% des chanteurs internationaux. En effet, bien poser sa voix est un travail tout à fait artificiel, qui a pour but final de donner un bon rendu vocal dans l'oreille des auditeurs, et non dans l'oreille du chanteur. Un apprenti chanteur qui s'écoute aura du mal à bien poser sa voix. Il aura tendance à soit trop la placer dans sa gorge, soit trop dans le nez.

Il est impossible d'être en même temps chanteur et auditeur (mais cela reste valable pour tout instrument musical).

L'ouverture de la mâchoire a une très grande importance pour trouver la position qui donne le plus de facilité vocale. "Chanter ne doit rien te coûter" : Cela veut dire que si l'appareil vocal est positionné de telle sorte que rien ne vient gêner le passage de la vibration sonore, le son sera riche en couleur et facilement produit. En fait, se référant à Y. Sundberg, acousticien, le timbre extra vocalique nécessaire dit 'singing formant' se compose principalement d'harmoniques dont la longueur d'onde est inférieure à 17 cm et peuvent donc se développer dans la bouche.

Pour trouver sa position propre, il faut trouver l'ouverture de la mâchoire qui place sa propre voix idéalement, c’est-à-dire le plus haut possible sans pour cela qu'elle soit dans le nez (placée trop haut), ainsi qu'une position optimale de la luette, et de la langue.

Les maîtres vocaux italiens conçoivent la pose de voix de la façon suivante : Aperto, Coperto. Le premier terme signifie qu'aucun obstacle ne doit gêner la passage de la vibration sonore. Par exemple, si un chanteur serre sa gorge, l'air qui passe dans ce conduit plus étroit fera vibrer son larynx. En définitive, c'est comme si la pression d'air était engendrée par sa gorge plutôt que par son diaphragme. Cela aura pour conséquence une grande fatigue vocale, peu d'endurance, ainsi que de potentiels problèmes de nodules et d'irritation de la gorge.

Un autre acteur du "aperto", est la luette. Il faut que celle-ci soit ouverte à fond sur la partie nasale, ce qui permet à la vibration sonore de se propager dans les résonateurs supérieurs, ce qui enrichit la couleur du son et donne tout son timbre à la voix d'un chanteur. Le second terme caractérise la position naturelle du palais qui crée une voûte permettant d'acheminer la vibration vers le dehors.

En résumé, on peut dire qu'apprendre à bien chanter n'est pas du tout évident, et encore moins évidente est la tâche d'enseigner cette technique. Il convient d'appuyer les images ou métaphores pédagogiques sur des réalités scientifiques du fonctionnement de la voix, qui sont exclusivement pneumatiques, ondulatoires et acoustiques. (cf. Christian GUERIN)

Note : cet article pourrait être enrichi, je pense par une analyse détaillée de la voix de poitrine et de la voix de tête. D'autres sujets intéressants seraient aussi les différences entre femmes et hommes dans le travail vocal, ainsi que le cas particulier du travail vocal pour la voix de contre-ténor chez l'homme.

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