Tara (goélette)

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Tara est une goélette destinée successivement à l'exploration, et à la défense de l'environnement. Dans le cadre de l'Année polaire internationale, en 2007-2008, il est utilisé en Arctique par l'expédition Tara Arctic dans le but de faire des relevés permettant de mieux comprendre les changements climatiques qui s'opèrent en Arctique.

Sommaire

[modifier] Historique du bateau

Tara a été construit en France à l’initiative de Jean-Louis Étienne, médecin explorateur, en 1989 et dessiné par les architectes navals Luc Bouvet et Olivier Petit. Appelé Antarctica, cette goélette a parcouru toutes les mers du globe jusqu’en 1995. Puis elle fut reprise par Peter Blake sous le nom de Seamaster, pour en faire l’instrument principal de son programme de défense de l’environnement soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Malheureusement, l’aventure s’arrêta en 2001 sur le fleuve Amazone au Brésil. Peter Blake tué par des pirates, le bateau fut laissé à quai pendant 2 ans.

En 2003, le directeur général d’agnès b., Étienne Bourgois reprit le bateau en le rebaptisant Tara. Il lança le projet Tara Expéditions pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement. Depuis ce jour, Tara a fait 6 expéditions, a parcouru plus de 40 000 milles du Nord au Sud, avant de se lancer dans le projet, Tara Artic 2007-2008.

[modifier] Tara Arctic 2007-2008 : l'expédition

De septembre 2006 à février 2008, dans le cadre de l’Année polaire internationale, Tara fut au cœur de l’Océan Arctique, pour étudier et comprendre les phénomènes de changements climatiques des hautes latitudes. Il servit de base pour DAMOCLES, programme scientifique de l’Union européenne.

Pour cela Tara s’est fait enserrer par la banquise le 03 septembre 2006 (par 79°53N 143°17E) , s'est laissé dériver et s'en est libéré le 21 janvier 2008 (par 74°08N 10°04 O), après 505 jours de dérive sur environ 1 800 kilomètres, a regagné le port de Longyearbyen au Svalbard, puis est revenu à Lorient le 23 février 2008.

Avec sa coque ronde et plate, le bateau a pu se laisser bloquer par les glaces car il a été conçu pour résister aux pressions extrêmes que la banquise exerce [analogue dans sa mission au Fram de Nansen, qui pesait 800 tonnes, la goélette Tara a bénéficié de la technologie moderne du soudage de l'aluminium, et n'a pesé que 190 tonnes au départ].

Vincent Hilaire raconte la sortie des glaces : On a rééquilibré la goélette au mieux ; puis le 20/01/2008, 13h20, Samuel Audrain remet en marche les deux diesels de 0.5 MW, le safran tribord ayant été replacé ( la gîte de Tara ne permettait pas la remise du safran babord) ; la quille de glace formée s'est décollée et a glissé ; remise au cap délicate de Tara dans une glace friable mais encore puissante, puis avancée non moins délicate jusqu'au couloir libre, boulevard puis autoroute : il est 13h ! Hervé Bourmaud, le capitaine, n'a jamais lâché la barre, le chef scientifique, Grant Redvers, a suivi toute l'opération ; et l'équipage entier derrière la manoeuvre.

La dérive des glaces a donc dicté le mouvement du bateau : surprise ! alors que les prévisions étaient d'un trajet de plus de 700 jours, la glace n'aura mis que 500 jours et évidemment aura été déviée plus vers la droite ( vent + Coriolis ): l'analyse exacte est en cours.

Un moment fort : non prévue a été la débâcle de septembre 2006 ; il a fallu ramasser à toute allure le matériel déposé sur la banquise qui s'écaillait.

[modifier] DAMOCLES

DAMOCLES (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies) fait partie intégrante du projet Tara Artic 2007-2008. Ce projet pilote de l’Union européenne, coordonné par Jean-Claude Gascard, vise à observer, comprendre et quantifier les changements climatiques en Arctique afin d’aider à la prise de décisions face au réchauffement de la planète. DAMOCLES regroupe 45 laboratoires, issus de 10 pays européens, des États-Unis et de Russie. Pour ces scientifiques, la goélette Tara a représenté un poste avancé incomparable.

Ils avaient pour mission de faire des mesures scientifiques concernant l'ensemble atmosphère-banquise-océan :

  • La basse atmosphère, étudiée grâce à un ballon : enregistrement des températures, de la vitesse du vent et de la pression atmosphérique sur six niveaux entre la surface et 2 000 m d’altitude.
  • Les données océanographiques : température, salinité, pression de l’eau jusqu’à 4000 m de fond.
  • Les radiomètres indispensables pour rendre compte des modifications de l’albédo. La banquise recouverte de neige réfléchit 80 % du rayonnement solaire : c’est ce qu’on appelle l’albédo, le pouvoir réfléchissant. Avec la disparition de la glace, ce rayonnement sera absorbé par l’océan à 80 %, renforçant davantage encore son réchauffement.
  • La composition de la glace et les caractéristiques de la neige, lesquelles influent sur les échanges marins.
  • L’épaisseur des glaces autour de Tara.
  • Le “trou d’ozone de surface” de l’Arctique. Au printemps, les concentrations d’ozone chutent en effet dramatiquement à la surface de l’Océan Arctique et non dans la haute atmosphère comme c’est le cas en Antarctique, un phénomène encore mal expliqué.
  • L’origine des eaux douces de surface par analyse chimique de l’eau.
  • La nature des aérosols, des particules atmosphériques, et des polluants en suspension dans l’air.
  • L’analyse biologique des bactéries spécifiques de la glace.
  • La faune : les populations d’ours, de phoques, de renards polaires, de baleines, ou de morses ainsi que l’enregistrement sonore des mammifères marins.
  • L’étude du stress humain en milieu hostile.

Quelques résultats en attendant la suite :

  • Dérive de 5200 km soit 2600km en "ligne droite" ; plus grande dérivée : 50km/jour (moyenne 10km/jour)
  • nuit complète : 230j, jour permanent: 230j (reste 47 de jours "ordinaires", polaires néanmoins, l'essentiel de la trajectoire étant au-delà du 80ème parallèle ; et Tara s'est approché à 170km du pôle Nord, le 28 mai 2007)
  • température air : la plus faible(-41°C) , la plus chaude (+9°C); nombre de jours au dessus de 0°C : 50jours d'été 2007 entre 09/06 et 18/09.
  • ballon-sonde jusqu'à 1500m d'altitude ( problème de givre, bien sûr ! ).
  • Glaciologie : épaisseur moyenne de la glace : 1.5m ! mesurée à l'EM31(radar spécialisé) et carottages ! + quatre stations sismiques dont les enregistrements sont sous dépouillements.
  • Océan : la sonde CTD ( conductivité-salinité, température, densité) a été parfois endommagée : récupération de données à extrapoler via Damoclès

[modifier] Caractéristiques techniques de Tara

Tara est le plus grand dériveur polaire du monde. Il a été conçu pour résister à la compression des glaces en mouvement et aux très basses températures.

  • Architectes : Bouvet – Petit
  • Chantier : SFCN
  • Pavillon : Français
  • Classification : Bureau Veritas – 13/3 (E)
  • Longueur : 36 mètres
  • Largeur : 10 mètres
  • Tirant d’eau : 1,5 mètres à 2,5 mètres
  • Poids : 130 tonnes
  • Matériau de la coque : aluminium
  • Mâts : 2 de 27 mètres
  • Voilure : 400 m2
  • Propulsion à moteurs Diesel : 2 x 350 chevaux
  • Énergie : 2 x 22kW, panneaux solaires et éoliennes
  • Autonomie : 5 000 milles
  • Moyen de communication : Iridium, Standard B et C, radio BLU
  • Matériel : 2 semi-rigides équipés de 40 et 30 chevaux, 4 temps
  • Réservoir de fioul : 45 m3
  • Unité de dessalinisation : 200 L∙h-1
  • Réservoir d’eau : 6 000 litres
  • Réservoir d’eaux usées : 7 000 litres
  • Couchages : 17 personnes
  • Traitement des ordures : 1 broyeur et 1 compacteur de déchets
  • Habitacle : alors que l'habitacle du Fram était doublé en poils de renne , feutre dans du linoléum, celui de Tara a été réalisé en une peau (sans aucun contact avec l'alu de la coque) de mousse en sandwich entre contreplaqués + vitre double-vitrage plexiglass assemblés au mastic Sikaflex : évidemment, la ventilation était assurée pour éviter toute condensation d'humidité.

[modifier] Voir aussi

  • expédition de 1893 :Nansen et son trois-mâts Fram.

[modifier] Liens externes

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