Fridtjof Nansen

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Fridtjof Nansen

Naissance 10 octobre 1861
Store Froën (Norvège)
Décès 13 mai 1930
Polhøgda (Norvège)
Fonction(s) Explorateur polaire

Fridtjof Nansen (10 octobre 1861 à Store Froën près d'Oslo - 13 mai 1930) est un explorateur polaire norvégien, il a été à l'origine de la première expédition polaire norvégienne. Il a réussi l'exploit scientifique et humain de s'approcher du pôle Nord plus que quiconque avant lui. Parti avec son navire le Fram, il s'est d'abord laissé entraîner par la dérive, avant de s'approcher du pôle avec son compagnon Hjalmar Johansen jusqu'à atteindre 86° 15'. Trois ans après leur départ, les deux hommes ont été recueillis par l'expédition Jackson-Harmsworth.

Dernier enfant d'une famille aisée dont le père est avocat, il entre en 1881 à l'université pour entreprendre des études de zoologie, durant lesquelles, en 1884, il embarque à bord du Viking, pour une expédition de chasse au phoque et à la baleine dans l'Arctique. Cette expédition va bouleverser sa vie.

Son diplôme universitaire en poche, il entre au Muséum d'histoire naturelle de Bergen et débute des travaux sur le système nerveux des animaux marins. Ses travaux le passionnent, mais la routine ne lui convient guère. Grand sportif, pratiquant le ski, il met alors au point une première expédition au Groenland, lors de laquelle, d'août 1888 à octobre 1888, il entreprend et réussit avec trois compagnons, la première traversée Est-Ouest du Groenland, un parcours de 500 kilomètres sur glacier avec une température de -45°, puis il passe l'hiver avec les Esquimaux qu'il va étudier jusqu'en mai 1889. De retour en Norvège, Nansen enseigne à l'institut zoologique de l'université d'Christiania (Oslo) et publie des articles et deux livres La première traversée du Groenland en 1890 et La vie esquimaude en 1891.

Sommaire

[modifier] L'expédition du Fram

le navire Fram
le navire Fram
Icône de détail Articles détaillés : Expédition Amundsen et Fram.

Ayant acquis une renommée internationale grâce à sa première expédition, Nansen présente à la Société Géographique Norvégienne, un nouveau projet une dérive transpolaire, basée sur l'expérience du navire « la Jeannette », emprisonné et brisé par les glaces au nord de la Nouvelle-Sibérie et dont les débris ont été recueillis trois ans plus tard à l'extrémité sud-ouest du Groënland. Il réussit à réunir des fonds suffisants pour son projet.

Nansen décide de faire construire son navire selon une conception nouvelle, pour qu'il soit capable de se laisser prendre par les glaces et assez solide pour résister à leur pression. L'architecte naval norvégien Colin Archer, lui construit, le Fram (pouvant être traduit par "en avant"), un navire de 402 tonneaux bruts, gréé en trois-mâts goélette avec une voilure d'une superficie de 600 m².

Afin d'être soulevé par la pression des glaces au lieu d'être broyé, le Fram est construit sur des plans spécifiques, il possède :

  • une coque effilée à l'avant et à l'arrière, avec des flancs unis pour glisser hors de la glace en cas de pression, faits en bois de chêne, initialement destiné à la marine norvégienne, tenu sous abri pendant plus de trente ans, avec une épaisseur totale de 70 à 80 cm. ;
  • un avant renforcé et protégé par un taille-mer en fer;
  • une quille arrondie;
  • un arrière renforcé;
  • un gouvernail placé très bas pour ne pas être brisé par la glace;
  • une cale divisée en trois compartiments étanches, pour assurer la sécurité du navire en cas de voie d'eau;
  • un intérieur composé d'un salon, et de 6 cabines;
  • une machine à triple expansion de 220 CV pouvant permettre une vitesse de 6 à 7 milles à l'heure.

Nansen prévoit un voyage de deux à trois ans. Il stocke donc à bord plusieurs années de nourriture et de carburant, ainsi que de nombreux livres et instruments scientifiques. Il laisse sa femme et sa fille de six mois et embarque.

Le 24 septembre 1893, à la latitude 78° 30' N, le Fram débute son premier hivernage, et l'équipage commence à se préparer à affronter l'hiver arctique et à aménager le navire. Pris par les glaces, le navire glisse et s'élève pour retomber à sa place initiale lorsque son poids brise la glace. Le 29 septembre 1893, le navire gagne son premier degré de latitude vers le pôle et la température descend à -14,5°C. Les relevés de position montrent une légère dérive vers le nord, mais par de surprenants zigzags. À Noël, la température est de -40°C. Les sondages révèlent des fonds bien plus importants que prévus et donc une moindre importance des courants marins sur la dérive. Le 2 février 1894, lors du retour du soleil, le navire se trouve à 82° 10' N, mais sa position va fortement reculer en juillet et août.

Lors du printemps, Nansen, effectue de nombreuses excursions, et étudie les conditions de viabilité de la banquise, en vue d'une expédition vers le pôle Nord, et fait construire des traîneaux et des kayaks. Le deuxième hivernage débute, et le 12 décembre, le Fram atteint 82° 30' N, latitude jamais encore atteinte par un navire, 833 kilomètres seulement le séparent encore du pôle. En janvier 1895, un énorme monticule de blocs de glace s'approche du navire, et l'ensevelit partiellement. Le 14 mars 1895, Nansen et son compagnon Johansen quitte le navire et ses compagnons pour tenter de gagner le pôle nord (cf chapitre suivant). Le 15 mars 1895, le navire atteint la position 84° 4' N, mais il est bloqué dans une épaisse masse de glace de huit mètres de haut, par une température de -40°C.

Le troisième hivernage débute et en janvier 1896, la température atteint son point le plus bas -52°C. Fin mai, alors que le navire se trouve à la latitude 83° 45' N, de vastes étendues d'eaux libres sont aperçues et le navire est dégagé avec des explosifs. Le 12 juillet 1896, il navigue enfin en eaux libres après avoir, traversé une banquise de 180 milles. Le 19 juillet 1896, le Fram accoste au port de Skjervøy en Norvège.

[modifier] L'expédition vers le pôle Nord

Fridtjof Nansen
Fridtjof Nansen

Après deux tentatives infructueuses, Nansen et Johansen quittent le bateau le 14 mars 1895 et partent vers le pôle Nord en expédition terrestre, emportant deux kayaks et trois traîneaux tirés par vingt-huit chiens pour porter leurs affaires. Après une progression tantôt facile et tantôt très difficile, le 3 avril, la position à 85° 59' N. est décevante, et le 8 avril, après avoir atteint en vingt-trois jours le point le plus au Nord jamais atteint auparavant, 86° 10', ils décident d'arrêter la progression vers le nord et de battre en retraite sur le cap Fligely, la terre la plus au nord de l'archipel François-Joseph.

Fin mai, Nansen et Johansen atteignent 82° 21' N. avec 16 chiens, des réserves insuffisantes et une progression difficile sur la neige détrempée. Le 22 juin 1895, ils réussissent à chasser des phoques, ce qui leur laisse suffisamment de vivres et de combustible pour un mois. Le 27 juillet, pour la première fois depuis deux ans, la terre est en vue. Le 1er août, la banquise devient impraticable, et les explorateurs utilisent les kayaks. Dérivant vers l'est, ils découvrent un archipel formé de quatre îles inconnues, et pensent se trouver sur la côte Est de la terre François-Joseph. Mi-août, ils atteignent une nouvelle île qu'ils nomment île Houen (Jackson Island) et sont résolus à y hiverner. Ils construisent un abri et chassent pour se constituer une importante réserve de nourriture.

Après un rude hiver, le 28 mai 1896, ils repartent sur la banquise vers le sud et atteignent le cap Richthofen, où le 17 juin 1896, ils tombent nez à nez avec l'expédition du Britannique Frederick Jackson au cap Flora. Le navire de ravitaillement de l'expédition les récupère et repart le 7 août 1896 pour atteindre le port de Vardø en Norvège cinq jours plus tard. Le 27 août 1896, ils retrouvent le Fram se dirigeant vers Tromsø, et font avec lui une entrée triomphale le 9 septembre 1896 dans le port de Christiana.

[modifier] Le bilan de l'expédition du Fram

L'expédition fut un réel succès sur tous les plans, sportif et humain, mais aussi scientifique :

  • trois hivernages en Arctique pour treize membres d'équipage sans maladie ni défaillance morale,
  • la marche de deux explorateurs jusqu'au point le plus septentrional jamais atteint,
  • le retour sain et sauf de tout l'équipage et du navire en parfait état.
  • la découverte que l'océan qui enveloppe le pôle est très profond,
  • la découverte de l'itinéraire suivi par les banquises en dérive depuis le détroit de Béring jusqu'à l'Atlantique,
  • la découverte que la rotation de la terre affecte les courants et ainsi la dérive et qu'elle n'est pas essentiellement due aux vents,
  • la découverte, grâce aux observations hydrographiques, de l'existence, sous une couche superficielle froide, de plusieurs nappes d'eaux relativement chaudes (jusqu'à + 1°) et très salines,
  • l'étude de la formation des glaces,
  • la constatation de l'existence d'une faune ailée importante (mouettes, pétrels, stercoraires, bruants).

[modifier] Après son expédition

À son retour, Nansen obtient un poste de professeur en zoologie à l'université de Christiana, et rédige les six volumes du récit de l'expédition et de ses observations scientifiques, édite en 1897 un livre Vers le pôle, et participe à l'établissement du conseil international pour l'exploration de la mer.

Il prend part aussi au combat pour l'indépendance de la Norvège, proclamée le 17 mai 1905, et de 1906 à 1908, il est nommé premier ambassadeur norvégien à Londres.

En 1907, il offre son navire, le Fram, à Roald Amundsen pour sa conquête du pôle Sud. De 1910 à 1914, il se lance dans différentes explorations dans l'océan Atlantique Nord, dans l'Océan Glacial Arctique et en Sibérie.

Lors de la Première Guerre mondiale, Nansen est nommé en 1917, chef d'une délégation norvégienne à Washington, afin de négocier un accord pour permettre l'expédition de nourriture de base. En 1919, il devient président de l'Union norvégienne pour la Ligue des Nations. En avril 1920, il fonde, dans le cadre de la Société des Nations, le Comité Nansen, qui organise le rapatriement des prisonniers de guerre et l'accueil des réfugiés ethniques ou politiques. Le comité secourt près de 450,000 personnes pour la plupart fuyant la Russie soviétique: prisonniers Allemands et Autrichiens qui n'avaient pas encore été libérés dans le cadre du Traité de Brest-Litovsk, Juifs russes, Russes "blancs", simples paysans fuyant les réquisitions.

Le 1er septembre 1921, il devient le premier «haut-commissaire pour les réfugiés» de la SDN. Le 5 juillet 1922, un accord international conclu à Genève crée le «passeport Nansen», qui permet à des personnes déplacées de retrouver une identité. Ce document sera reconnu par 54 pays et servira notamment à des centaines de milliers de Russes, Juifs, Grecs, Turcs et Arméniens pour s’établir dans le pays de leur choix .

Pour cette action, il reçoit le prix Nobel de la paix le 10 décembre 1922. De 1921 à 1923, il fut responsable de l'aide alimentaire de la Croix-Rouge dans les régions de la Volga et du sud de l'Ukraine, en Union soviétique (voir Holodomor).

Il décède d'une embolie cérébrale, le 13 mai 1930 à Lysaker, dans les environs d'Oslo.

En son hommage des cratères sur la Lune et sur Mars portent son nom.

Le Fram est aujourd'hui visitable dans un musée de l'île Bygdøy près d'Oslo, au voisinage du Drakkar Oseberg et du Kon Tiki de Thor Heyerdahl.

[modifier] Annexe

[modifier] Bibliographie

  • La première traversée du Groenland (The First Crossing of Greenland) en 1890
  • La vie esquimaude (Eskim Life) en 1891
  • Vers le pôle en 1897

[modifier] Liens externes