Société typographique de Neuchâtel

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La Société typographique de Neuchâtel (ou STN) est une maison d'édition active de 1769 à 1789. La bibliothèque de Neuchâtel (BPUN) possède un fonds d’archives d’entreprise qui permet d'étudier l'histoire de cette société. Elle attire de nombreux chercheurs comme Darnton pour ses études sur le livre clandestin.

Sommaire

[modifier] Historique

La STN est fondée en 1769 par Osterwald, banneret de Neuchâtel, Jean-Elie Bertrand, professeur, Berthoud, maître d’écriture et Samuel Fauche, libraire et éditeur.

La situation est très favorable puisque la consommation des livres (et surtout les livres en français) explose en Europe. De plus la censure qui s’exerce en France incite les auteurs à rechercher des imprimeurs complaisants, situés souvent le long des frontières (Londres, Amsterdam, Bruxelles, Kehl, Genève, Lausanne, Neuchâtel…).

L’entreprise fonctionne essentiellement avec la contrefaçon, ce qui permet de réduire les coûts et d’offrir un prix intéressant. Les importations en France se font alors de manière clandestine.

A Neuchâtel, la censure n’est pas trop pesante. Ainsi les autorités autorisent-elles la STN à imprimer certains ouvrages dangereux comme le Système de la nature d'Holbach, à condition toutefois que le nom de leur ville n’apparaissent pas et que les ouvrages soient réservés à l’exportation. Mais l’impression est éventée au grand scandale de la Vénérable Classe[1] et Osterwald perd sa charge de banneret.

D’autres problèmes surgissent lorsque Fauche – à l’insu de ses associés – joint dans les commandes qu’il prépare pour la France, des exemplaires de la brochure interdite : le Gazetier cuirassé de Théveneau de Morande. Un libraire lyonnais se plaint de cet envoi qui lui a valu de nombreux ennuis.

Fauche se retire alors de la STN et fonde sa propre entreprise. Pour établir sa réputation, il édite quelques beaux ouvrages comme Voyages dans les Alpes de Saussure. Ce qui ne l’empêche pas de continuer le commerce de livres interdits. Il se procure ainsi le manuscrit explosif de Mirabeau Essai sur le despotisme.

[modifier] Les livres imprimés

Parmi leurs contrefaçons de la STN figure la Description des Arts et Métiers, publiée à Paris par l’Académie royale des sciences. La version neuchâteloise est de format plus petit, avec quelques chapitres propres à la Suisse et à l’Allemagne, et vise une clientèle moins fortunée. Mais face à l’opposition des propriétaires de la version originale, elle ne peut s’imposer en France et est à l’origine des graves difficultés financières.

Parce que leur catalogue est peu varié, les éditeurs de la STN font des échanges avec certains confrères, ce qui leur permet de proposer à leurs clients plusieurs centaines de titres différents. « Selon Robert Darnton, la STN est alors, en Europe, un des plus gros libraires en gros. Ses ballots, qui circulent dans tous les pays, dans toutes les capitales, mais aussi dans les provinces les plus reculées, témoignent de la richesse de ses magasins où repose toute la littérature de l’époque. Les grands classiques (…), les ténors de la république des lettres (Voltaire, Rousseau, Diderot), les auteurs à la mode (Mercier, Mirabeau, Raynal) côtoient d’obscurs plumitifs dont les ouvrages ont pourtant marqué la pensée des Lumières : Luchet, Buffonidor, Baudoin de Guémadeuc ou Thévenau de Morande. »[2]

[modifier] Sources

Michel Schlup (dir.), La Société typographique de Neuchâtel, l’édition neuchâteloise au siècle des Lumières (1769-1789), Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, Neuchâtel, 2002.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Compagnie des pasteurs de Neuchâtel.
  2. La Société typographique de Neuchâtel, l’édition neuchâteloise au siècle des Lumières (1769-1789)", p. 99