Shfaram

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Shfaram (שפרעם) est une ville israélienne située à l'Est de Kiryat-Ata et dont la population est majoritairement d'origine arabe et druze. Elle abrite de nombreux vestiges archéologiques. Shfaram fut la deuxième ville occupée par le Sanhédrin, et une communauté juive y résida du XVIe au XXe siècle.

C'est sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle que le Sanhédrin de 161 à 180 y séjourna. D'après la tradition orale gardée par la communauté juive de Shfaram depuis XVIIIe siècle, la synagogue de cette même communauté, "Mahané Shkhina", se tient à l'emplacement du bâtiment qui abritait alors le Sanhédrin.

La Shfaram antique est située à l'emplacement actuel de la station de police, des églises et de la rue des Juifs. Cette dernière abrite une synagogue relativement moderne datant du XIXe siècle, reconnaissable par la Ménorah qui la surmonte. Les clés de l'édifice sont aujourd'hui aux mains d'une famille arabe voisine.

L'église située non loin de la synagogue est, d'après le témoignage de Sir Laurence Oliphant, construite sur les vestiges d'une église byzantine, construite elle-même sur ceux d'une plus ancienne synagogue. Non loin de l'église se dresse le bâtiment actuel de la police, vestige de la forteresse construite par Osman III au XVIIIe siècle. Cette dernière pouvait contenir une écurie de 400 chevaux. Elle fut détruite en 1910. On peut voir encore sur le fronton de la porte-Sud, la dédicace en l'honneur du batisseur et l'année de sa construction. Le toit du bâtiment offre un panorama s'étendant de Haïfa à Saint-Jean-d'Acre, et de Rosh-Hanikra au Mont Carmel.

Les Croisés construisent à Shfaram une forteresse dont il ne reste aucun vestige. Il se peut que la forteresse de Osman III ait été construite à son emplacement.

Lors de la troisième croisade, Saladin fixe à Shfaram son quartier général, en vue de protéger la route reliant Haïfa à Saint-Jean-d'Acre. Des années 1535 à 1539, on dénombre une dizaine de familles juives. D'après un témoignage datant de 1636, est mentionnée l'existence d'une synagogue dans la ville. Mais ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la communauté juive de Shfaram prend son ampleur, sous la conduite du rabbin Haïm Aboulafia, personnalité reconnue même parmi la population bédouine de la région. Les Juifs de Shfaram vivent alors principalement du travail de la terre et particulièrement de la culture du coton, qu'ils exportent depuis le port de Saint-Jean-d'Acre vers l'Égypte et l'Europe.

Au XIXe siècle, lors de la courte période d'invasion égyptienne, la communauté juive de la ville paie ses impôts en mesures de blé et d'orge, d'après les écrits de Paolo Vita-Finzi, juif italien qui remplit la fonction de consule britannique à Saint-Jean-d'Acre au début du XXe siècle. Moïse Montefiore, dans un rapport dressé par en 1839 dénombre 107 Juifs sépharades à Shfaram.

Ainsi s'adresse la communauté juive de la ville en 1849 à Moïse Montefiore : "Nous, tes humbles serviteurs [...] croulons sous le poids de la pauvreté et de la famine, la majorité de la sainte communauté a déjà quitté les lieux, et il ne reste que quelques pauvres à la recherche de pain. Nous, tes humbles serviteurs, vivions du fruit de la terre, mais, du à l'oppression dont nous faisons l'objet, nous ne sommes plus en mesure ni de cultiver ni de semer, et nous craignons, que D.ieu nous en préserve, de devoir abandonner la magnifique synagogue "Mahané Shkhina"".

La majorité de la communauté abandonne alors les lieux pour Tibériade et Haïfa, laissant leurs terres aux mains des Druzes et des Arabes chrétiens.

La communauté juive de Shfaram était principalement composée de Juifs marocains dont une trentaine vint s'installer en 1850, et une douzaine en 1887. En 1920, il n'y a plus de Juifs à Shfaram.

Durant la guerre israélo-arabe de 1948, Shfaram sert de base aux forces armées druzes épaulées par quelques Arabes de la ville, en vue de l'offensive sur le kibboutz Ramat-Yohanan. Shfaram compte aujourd'hui 20 000 habitants, dont 45% de chrétiens, 35% de musulmans et le reste de druzes.