Saturne (mythologie)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Saturne.
Saturne
Liens avec les autres mythologies
Nom latin Saturnus
Équivalent grec Cronos
Équivalent étrusque -
Fonctions
Fonction Agriculture, temps
Attributs la faucille et le sablier.
Animal favori -
Culte
Temple Temple de Saturne

Saturne (romain) ou Cronos (grec) est un dieu de la mythologie romaine.

Saturne est une ancienne divinité romaine, agraire à l'origine (on lui attribuait notamment la protection des semailles), qui a été peu à peu assimilée au dieu grec Cronos.

Sommaire

[modifier] Mythologie

D'après une tradition évhémeriste transmise par Ennius[1] et reprise plus tard par Boccace[2], Saturne, fils puîné d'Uranus, le Ciel, et de l'antique Tellus ou Vesta[3], la Terre, après avoir détrôné son père, obtint de son frère aîné Titan la faveur de régner à sa place. Titan toutefois y mit une condition, c'est que Saturne ferait périr toute sa postérité, afin que la succession au trône fût réservée aux propres fils de Titan. Saturne épousa sa soeur Ops ou Opis (équivalent latin de la Crétoise Rhéa et de la Phrygienne Cybèle, dont il eut successivement cinq enfants. Sachant qu'un jour il serait lui aussi renversé du trône par un de ses fils et pour tenir la promesse faite à Titan, il exigeait de son épouse qu'elle lui livrât les nouveau-nés mâles (dans cette version, contrairement à celle d'Hésiode, les filles de Saturne n'avaient rien eu à craindre de leur père). De fait, Ops présenta à son époux Junon et Glauca, nées la première en même temps que Jupiter, la seconde en même temps que Pluton, qu'elle parvint ainsi à sauver tous deux, un autre stratagème lui ayant permis de dissimuler à Saturne la naissance de Neptune, qui contrairement à ses deux frères, n'avait pas eu de soeur jumelle. Ayant découvert le subterfuge, Titan emprisonna Saturne et Ops, après quoi Jupiter, devenu adulte, déclara la guerre à Titan et à ses fils, les vainquit, libéra ses parents et rétablit son père sur le trône. Mais ayant découvert que Saturne, peu reconnaissant, complotait contre lui, Jupiter finit par traiter ce dernier comme Uranus avait été autrefois traité par ses propres fils, après quoi il le chassa du ciel. Ainsi la dynastie de Saturne se continua au détriment de celle de Titan.

Saturne s'est montré intraitable à l'égard de ses enfants. En effet, il avait été prédit que l'un d'eux le détrônerait un jour. Et pour éviter cela, il dévora chacun de ses enfants à leur naissance. Mais un jour, son épouse Cybèle et sa mère Tellus réussirent à sauver Jupiter en lui faisant avaler une pierre enveloppé dans des langes à la place de son fils. Plus tard, ce dernier réussira effectivement à chasser son père du pouvoir et l'obligera à régurgiter ses frères et sœurs (Neptune, Pluton, Cérès, Junon et Vesta).

[modifier] Sa vie après la divinité

D'après les poètes latins (Ovide, Fastes, Virgile, Enéïde) Saturne, détrôné par son fils Jupiter, et réduit à la condition de simple mortel, vint se réfugier en Italie, dans le Latium,où il rencontra le dieu du commencement, Janus. Avec lui, il inventa l'âge d'or : l'égalité des conditions fut rétablie ; aucun homme n'était au service d'un autre ; personne ne possédait rien en propre ; toutes choses étaient communes, comme si tous n'eussent eu qu'un même héritage. C'était pour rappeler la mémoire de cet âge heureux qu'on célébrait à Rome les Saturnales.

C'est dans le Latium que Saturne engendra son plus jeune fils Picus qu'il maria plus tard à Canens, la fille de Janus. Leur fils Faunus succéda à Picus sur le trône du Latium après la métamorphose en pivert de ce dernier par la magicienne Circé et Faunus engendra à son tour Latinus, ancêtre mythique des rois latins par sa fille Lavinia, épouse d'Enée. (Virgile, Eneïde, VI ; Ovide, Métamorphoses). Par ailleurs, presque tous les auteurs latins s'accordèrent à attribuer à Saturne la paternité du Centaure Chiron par l'Océanide Philyra (Ovide, ibid. ; pseudo-Hygin, Fables, Préface).

[modifier] Culte

[modifier] Les Saturnales

Ces fêtes furent créées par Janus (le dieu à deux têtes), qui avait recueilli Saturne chassé par Jupiter (son fils). Si Janus voulut créer les Saturnales, c'est pour commémorer le règne de Saturne qui fut l'âge d'or (voir plus haut).

Ces fêtes dont l'institution remontait dans le passé bien au delà de la fondation de la ville, consistaient principalement à représenter l'égalité qui régnait primitivement parmi les hommes. Elles commençaient le 16 décembre de chaque année : d'abord elles ne durèrent qu'un jour, mais l'empereur Auguste ordonna qu'elles se célèbreraient pendant trois jours auxquels plus tard Caligula en ajouta un quatrième. Pendant ces fêtes, on suspendait la puissance des maîtres sur leurs esclaves, et ceux-ci avaient le droit de parler et d'agir en toute liberté. Tout ne respirait alors que le plaisir et la joie : les tribunaux et les écoles étaient en vacances ; il n'était permis ni d'entreprendre aucune guerre, ni d'exécuter un criminel, ni d'exercer d'autre art que celui de la cuisine ; on s'envoyait des présents, et l'on se donnait de somptueux repas. De plus tous les habitants de la ville cessaient leurs travaux : la population se portait en masse vers le mont Aventin, comme pour y prendre l'air de la campagne. Les esclaves pouvaient critiquer les défauts de leurs maîtres, jouer contre eux, et ceux-ci les servaient à table, sans compter les plats et les morceaux.Tous les Romains criaient dans la rue: « Bonnes Saturnales ».

Icône de détail Article détaillé : Saturnales.


Le jour de Saturne est celui que l'on appelle Samedi (Saturni dies)

[modifier] Rituels

Les Carthaginois offraient à Saturne dit Saturne l'Africain (voir Ba'al Hammon) des sacrifices humains : ses victimes étaient des enfants nouveau-nés. À ces sacrifices, selon la tradition patristique, le jeu des flûtes et des tympanons ou tambours faisait un si grand bruit que les cris de l'enfant immolé ne pouvaient être entendus (voir Molk).

[modifier] Temples

À Rome, le temple que ce dieu avait sur le penchant du Capitole fut dépositaire du trésor public, par la raison que, du temps de Saturne, c'est-à-dire durant l'âge d'or, il ne se commettait aucun vol. Sa statue était attachée avec des chaînes qu'on ne lui ôtait qu'au mois de décembre, époque des Saturnales.
Saturne était communément représenté comme un vieillard courbé sous le poids des années, tenant une faux à la main pour marquer qu'il préside au temps. Sur beaucoup de monuments, il est représenté avec un voile, sans doute parce que les temps sont obscurs et couverts d'un voile impénétrable.

[modifier] Liens de parenté

Saturne est le fils de Gaia et d'Ouranos. Il est l'époux de Rhéa/Cybèle/Ops. Il correspond à Cronos dans la mythologie grecque.

[modifier] Notes et références

[modifier] Notes

  1. Ennius, cité par Lactance, Institutions Divines, livre I, chap. 14.
  2. Boccace, Généalogie des dieux païens
  3. Dans ce mythe tel que Lactance le rapporte et dont on peut lire la traduction en ligne sur le site des Itinera Electronica, Vesta, généralement considérée comme une fille de Saturne, est identifiée à la Terre, et Cérès donnée comme une soeur de Titan, Saturne et Ops alors qu'habituellement, elle est rangée parmi les Cronides. Glauca semble n'être connue que de Lactance et des auteurs par lui cités.

[modifier] Bibliographie

  • Marcel Leglay, Saturne africain. Histoire, éditions de Boccard, 1966
  • Nacéra Benseddik, Nouvelles contributions à l'Atlas archéologique de l'Algérie, L'Africa Romana, Sassari 1989 [1990], p.737-751.
  • Nacéra Benseddik, "A propos de quelques stèles à Saturne du musée de Sétif", Actes du Colloque de Sétif, 7e suppl. au BAA, Alger 1993, p. 33-44.
  • Nacéra Benseddik, « Deo patrio Saturno genitori augusto sacrum : iconographie du couple en Afrique », L’Africa romana, Sassari 2006, p. 1785-1788.
  • Nacéra Benseddik et Catherine Lochin, Saturne et ses fidèles : à propos de stèles de Cuicul, Mopth. et Sitifis, Colloque international sur L’Algérie antique: permanences, relations, représentations, Identités et culture dans l'Algérie antique, Rouen avril 2003 [2005], p. 261-292.
  • Nacéra Benseddik, "Le piémont nord de l’Aurès et les cultes chthoniens", Aouras 3, Paris 2006, p.343-364.

[modifier] Voir aussi