Discuter:Sacha Guitry

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Je suis très curieux de savoir qui est Utilisateur:Albert willemetz, qui contribue à cet article où Albert Willemetz est cité... Est-ce la même personne ? Do Espirito 12 septembre 2006 à 21:24 (CEST)

Je suis seulement son petit-fils.... plus d'informations sur www.albertwillemetz.com


Je me suis permis de retrancher (pour la seconde fois) de la biographie de Sacha Guitry la mention fantisiste d'une pseudo-intervention de ce dernier pour faire libérer Gaby Morlay et son mari (qui n'était alors que son compagnon, le couple n'ayant officialisé une union déjà vieille qu'en... 1961) sous l'Occupation. Gaby Morlay a été l'une des trois ou quatre grandes stars féminines du cinéma français des années-Vichy (cf. Le Voile bleu), période qu'elle a traversé sans encombre particulière, et son compagnon Max Bonnefous était alors ... ministre ou secrétaire d'Etat du Gouvernement de Pierre Laval. Quant à l'intervention de Guitry dans une incarcération de Jeanson, qu'il n'appréciait pas outre mesure, je suis sceptique, bien que le célèbre dialoguiste ait effectivement connu de sérieux déboires sous l'Occupation. En revanche, Guitry a obtenu le retour d'une dizaine de prisonniers (dont le fils de la comédienne Huguette Duflos ou les enfants de Mme Bernheim, ex-belle-soeur de Georges Courteline) et aurait été à l'origine, avec Arletty et Alfred Cortot, de la libération de Tristan Bernard et de son épouse, incarcérés en tant que Juifs. Ceci au conditionnel car Arletty a toujours prétendu être la seule véritable instigatrice des démarches ayant permis la libération du couple.

De même, au risque de passer pour un horrible pinailleur, j'ai retiré la mention relative à Marcel Carné et à son film Les Enfants du paradis. Si Henri-Georges Clouzot a bel et bien été interdit de réalisation jusqu'en 1947 (comme Guitry) pour Le Corbeau (1), Carné n'a jamais été inquiété à la Libération (à la limite, il était assez mal vu de Vichy qui voyait en ses films des années 30, jugés démoralisants... une des causes de la défaite de 1940 !) et a pu poursuivre en 1944/1945 le tournage des Enfants..., démarré courant 1943 et sorti triomphalement (et à grand renfort de publicité) au cours de l'année 1945, soit bien après la Libération. Les Enfants du paradis et les Portes de la Nuit (1946) sont du reste les deux plus gros films mis en chantier en France au cours de la période courant de la fin de l'Occupation à l'immédiat après-guerre. En revanche, deux des principaux interprètes des Enfants du paradis, Arletty et Robert Le Vigan, premier interprète en date du rôle de Jéricho, repris par Pierre Renoir, ont bel et bien subi de sérieux revers après la déroute allemande. Toutes ces informations relatives à Carné sont, au cas où le litige (!) persisterait, directement vérifiables auprès des historiens du cinéma travaillant à la fondation Pathé (producteur d'origine des Enfants du paradis) qui disposent d'une abondante documentation d'époque sur les conditions de tournage et d'exploitation du film.

J.P. Flingou-Delorme, co-auteur du livre (épuisé) de Philippe Arnaud "Sacha Guitry, cinéaste" (1993) et d'un "les Films de Sacha Guitry" en préparation.

(1). A part Guitry et Clouzot, les trois seuls cinéastes vraiment mis au pilori à la Libération furent Albert Valentin pour son film La Vie de plaisir, Henri Decoin, qui put néanmoins retourner dès 1945, pour Les Inconnus dans la maison et, bien sûr, Jean Mamy, alias Paul Riche, réalisateur du propagandiste Forces occultes et qui, au terme d'une longue détention, fut finalement fusillé en 1949.



Je ne suis pas celui qui a cité Albert Willemetz dans cet article, mais étant un admirateur de Guitry, cinéaste très largement sous-estimé à mes yeux (je suis étudiant en cinéma, et peu de mes camarades le connaissent), j'ai contribué à l'élaboration de cet article. A propos des "aberrations historiques" dont vous parlez, ma réponse est très simple: j'ai réalisé de nombreuses recherches sur Guitry, certaines de mes sources n'étaient peut-être pas des plus fiables, mais comme j'ai souvent retrouvé les mêmes informations (livres et Sites internet) j'ai donc, naïvement, pensé que ces informations étaient fondées. Je n'ai pas pris la peine d'évoquer les ennuis que Guitry a eu lors d'une représentation théâtrale où il avait mis un buste de son père, et que le public prit pour Mussolini. Ou encore la bonne opinion que Guitry avait de Pétain, dont il pensait sincèrement qu'il pouvait sortir la France de la situation dans laquelle elle se trouvait. Si vous estimez que cela aussi est incorrect, alors ayez l'amabilité de me signaler dans quel livre je pourrai rectifier mes connaissances car beaucoup viennent du livre que Noël Simsolo a conscacré à Guitry; ce n'est cependant pas le seul ouvrage que j'ai lu, mais comme il n'y en a que très peu en rayon, je suis obligé de faire avec ce que j'ai. Votre parenté avec Albert Willemetz fait que votre témoignage est très précieux, et je vous suis reconnaissant d'avoir bien voulu écrire que je suis de bonne foi. Je tiens à préciser que à aucun moment je n'ai eu la prétention une biographie exhaustive de Guitry. Tout le monde peut faire des erreurs. Je n'ai pas la prétention de livrer des paroles d'évangiles. Si j'ai mentionné les interventions de Guitry pour la libération de diverses personnalités, c'est uniquement dans le but de montrer qu'il n'était pas qu'un cabot obssédé par sa gloire mais quelqu'un qui pense également aux autres. Mea culpa pour les noms.

J'en profite pour vous demander quelle est la maladie qui a emportée Guitry car aucun des livres ou des sites internet que j'ai consulté ne me l'a apprit.

En ce qui concerne la rectification des "aberrations historiques", j'ai tout simplement cru qu'il s'agissait d'une plaisanterie d'un des mes camarades qui avait assisté à mon exposé sur Guitry, et qui m'avait conseillé, devant mon enthousiasme pour ce grand cinéaste, de consulter Wikipedia car l'article sur Guitry était très pauvre. Ce que j'ai fait, comme vous le savez, et que j'ai raconté à mon ami; j'ai cru qu'il avait modifié l'article pour me titiller, car lorsque j'entends quelqu'un déclaré que Guitry est nul, je bondis et je le défends bec et ongles. Peut-être de manière un peu exhubérante comme on m'en fit le reproche une fois. Voila pourquoi je n'ai pas pris la peine de regarder la page "discussion".

Pour la question de Carné, la chose est à peu près similaire. Je me permets juste de vous signaler que je n'ai jamais écris que Carné avait été suspendu comme Clouzot. Bon nombres des livres que j'ai consulté sur Carné ne mentionnent pas une interdiction de travail comme Clouzot, mais presque tous évoquent des ennuis liés aux conditions de travail de Carné (et vous devez savoir qu'il y en a eu beaucoup). Je sais que Carné a pris des risques énormes pour son film (cf. Alexandre Trauner), et c'est à cause de la présence de personnes de religion juive qu'il a été inquiété par le gouvernement qui s'est étonné qu'un cinéaste français ait pu, en pleine Occupation, les faire travailler, qu'il a eu des ennuis. Je vous renvois à l'encyclopédie des cinéastes de Jean Tulard, à l'article sur Clouzot, qui parle de la chasse aux sorcières dans le cinéma français dont sont "victimes Guitry et peu Carné".

Je ne suis malheureusement pas comme vous le petit-fils de quelqu'un de proche de Guitry, mais juste un passionné qui aime partager avec les autres. Croyez-moi de bonne foi, et sincère dans mes intentions. Néanmoins, votre réaction me fait prendre conscience que dorénavant, il vaudra mieux que je garde pour moi le peu de connaissance que j'ai et que je renvoie ceux qui me posent des questions sur le cinéma à des ouvrages spécialisés. Je ne voudrais pas déclarer des bêtises, et je dois cesser de prendre pour argent comptant les ouvrages que je consulte qui sont pour moi les seules sources d'informations auxquelles je puisse accéder du fait de mon manque total de parent dans le cinéma. Je souhaite vous avoir convaincu, monsieur, et je vous prie de bien vouloir retirer la note que vous avez mise à mon intention dans l'article afin que les futurs lecteurs ne profitent que de Guitry.

Benoit, le 4 janvier à 18:46


Mon cher Benoît,

Pour vous répondre point par point puisque vous avez eu l'extrême courtoisie de me répondre. En premier lieu, je ne suis pas le petit-fils d'Albert Willemetz (auteur d'un commentaire en haut de page) mais Pierre Armel de Lorme, historien du cinéma ayant pas mal travaillé sur le parcours de Sacha Guitry cinéaste depuis quinze ans, donc 1 et demi dans le cadre de la 1ère rétrospective Guitry à Locarno puis à la Cinémathèque. Comme vous, je suis du reste attristé de voir qu'après la redécouverte de ce réalisateur-auteur essentiel en 1993-1994 (qu'accompagnait la réédition de tous les films en VHS), tout soit à refaire dix à douze ans plus tard pour rappeler aux étudiants actuels la pertinence d'une re-vision de l'intégrale de son oeuvre. Je fais pour cela confiance à la Cinémathèque qui reprépare une rétro fin 2007, espérant que celle-ci redraînera vers Guitry un public "jeune" qui lui fait à nouveau défaut aujourd'hui. Je trouve extrêmement louable le fait que, comme moi il y a dix ans par d'autres biais, vous ayez cru bon d'utiliser Wikipedia pour réhabiliter non seulement Guitry cinéaste encore sous-évalué mais aussi "Guitry collabo", en rappelant son intervention en faveur de personnes sous l'Occupation. Mon seul souci en lisant ces infos publiées par vous de bonne foi est qu'il suffit souvent d'une erreur (par exemple sur le nom d'une personne) sur une partie de l'info pour décrédibiliser l'information dans son ensemble. C'est pour cela que je me suis permis de pinailler sur le cas de Gaby Morlay et de son mari (lui, du reste, en plein dans la Collaboration) ou sur celui de Jeanson. Sur la question de la maladie, difficile de vous répondre. Guitry était âgé (72 ans) au moment de sa mort, à l'époque, l'espérance de vie était moindre qu'aujourd'hui. On peut invoquer pêle-mêle les séquelles physiques et morales de sa détention, laquelle a notamment développé chez lui une tendance déjà ancienne aux rhumatismes (développée au moment de son incorporation en 1910 ou environ) qui n'a cessé d'empirer après 1946 ; le contrecoup de plusieurs chocs opératoires (dont une intervention très grave en 1951); le souci obsédant lié à ses déboires avec le fisc qui a pourri les dernières années de sa vie et l'a conduit à se séparer de quelques toiles de maître dont un Lautrec auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux; un certain ressentiment vis-à-vis dont la IIIe République lui avait tourné le dos après le succès de Versailles et de Napoléon ; une tentative de suicide (ratée) aux barbituriques fin 1956, début 1957, attestée par ses biographes ; enfin, le fait que l'été 1957 ait été à proprement parler caniculaire (un peu comme en 2003). Fortement handicapé depuis deux ans (dès Si Paris nous était conté..., il ne tourne plus qu'en fauteuil roulant), Guitry avait perdu selon l'aveu de ses derniers proches le désir de vivre, et je pense que vu la faiblesse de son état de santé et de sa constitution (il a perdu une vingtaine de kilos, voire plus, dès 1952/1953), c'est cela qui l'a finalement emporté.

Enfin, pour finir sur le cas de Marcel Carné, on peut effectivement envisager que le fait - méritoire - qu'il ait pu faire travailler Trauner et Kosma dans la clandestinité sous l'Occupation l'ait rendu suspect aux yeux de certains à la Libération, et j'imagine que Tulard (auteur très lu mais pas forcément toujours fiable) faisait état de ça dans ce texte que je ne connaissais pas. Mais je suis à peu près certain que cela reste mineur au regard des 60 jours de prison et des trois années d'interdiction de Guitry, des trois années d'interdiction de Clouzot ou a fortiori de l'exécution tardive de Paul Riche. Le fait est qu'à l'arrivée, Carné a bel et bien été dès 1945 le cinéaste français le plus célébré de l'immédiat après-guerre et accessoirement celui ayant disposé des plus gros moyens (reconstruire une station de métro grandeur nature en studio parce que la vraie station de métro ne faisait pas assez métro !), statut rapidement perdu après l'échec relatif, l'année suivante, des Portes de la Nuit.

Bien évidemment, je retire sans tarder ma note incluse un peu trop rageusement (pardon, mais c'était pour la bonne cause) dans le corps de l'article et vous invite, si vous estimez avoir besoin d'autre précisions sur ces films qui vous plaisent visiblement autant qu'à moi, à me contacter directement sur mon adresse e-mail, pierre.delorme@club-internet.fr (pas encore de page wikipedia en mon nom propre).

Cordialement, Pierre-Armel, le 4 janvier, 23h50