Sélénographie

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La sélénographie est l'étude de la surface et du relief de la Lune, le mot étant dérivé du nom de la déesse grecque Séléné, personnifiant la Lune, et du suffixe -graphie (francisation du mot grec graphos signifiant écriture). Historiquement, la principale occupation des sélénographistes était de cartographier la face visible de la Lune et d'en nommer les "mers" (maria), cratères, montagnes, etc. Cetet tâche fut terminée et rendue obsolète par l'irruption d'images satellites haute résolution des faces visible et cachée de la Lune, ce depuis le début de l'ère spatiale, au début des années 1950 (exemple : sonde Clementine). Aujourd'hui, la sélénographie est considérée comme une sous-discipline de la sélénologie ou "science de la Lune".

Sommaire

[modifier] Histoire

Voir aussi l'exploration de la Lune.

L'idée que la Lune n'est pas complètement lisse est retrouvée dès 450 avant notre ère, quand Démocrite croyait qu'il y avait "des montagnes élevées et des vallées creuses" sur la Lune. Ce n'est cependant que vers la fin du 15e siècle que commença l'étude sérieuse de la sélénographie. Vers 1603, William Gilbert fit le premier dessin de la lune basé sur des observations faites à l'œil nu. D'autres dessins suivirent rapidement, et après l'apparition du téléscope, de nouveaux dessins furent faits, dont la précision s'améliora avec l'amélioration des optiques. Au début des années 1700, les librations de la Lune furent mesurées, montrant que plus de 50% de la surface de la Lune étaient en fait visibles. En 1750, Johann Meyer produisit le premier ensemble fiable de coordonnées lunaires, permettant aux astronomes de localiser les objets sur la surface de la Lune.

La cartographie systématique de la Lune débuta en 1779 quand Johann Schröter commença ses observations et mesures méticuleuses des caractéristiques de la Lune. En 1834, La première grande carte de la Lune, sur quatre feuillets, fut publiée par Johann Heinrich von Mädler, qui continua son travail en publiant un livre, La sélénographie universelle. Toutes les mesures étaient faites par observation directe jusqu'à ce qu'en mars 1840 John William Draper, utilisant un miroir de 5 pouces, obtint un daguerréotype de la Lune, introduisant ainsi la photographie dans le monde de l'astronomie. Les premières images étaient de qualité médiocre, mais tout comme avec le téléscope deux siècles auparavant, leur qualité s'améliora rapidement. En 1890, l'astrophotographie, et en particulier la photographie lunaire, était devenue une branche reconnue de la recherche astronomique.

Carte topographique de la NASA : face visible (gauche) et face cachée (droite) de la Lune
Carte topographique de la NASA : face visible (gauche) et face cachée (droite) de la Lune

Le 20e siècle vit de nouvelles avancées de l'étude de la Lune. En 1959, la mission soviétique Luna 3 envoya les premières photographies de la face cachée de la Lune, donnant au monde le premier aperçu de la partie jusqu'alors inconnue de notre satellite. Entre 1961 et 1965, les États-Unis envoyèrent les missions Ranger, dont les modules avaient notamment pour but de prendre des photos jusqu'à l'instant de leur écrasement sur le sol lunaire. En 1966 et 1967, les Lunar Orbiters photographièrent la Lune depuis ses orbites, et de 1966 à 1968 les Surveyors furent envoyés, pour se poser sur le sol lunaire et y prendre des photos. Les robots Lunokhod 1 (1970) et Lunokhod 2 (1973) du programme soviétique Lunokhod se déplacèrent à la surface de la Lune sur près de 50km, fournissant des images détaillées de cette surface. En 1994, le vaisseau spatial Clementine est à l'origine de la première carte quasi-complète de la topographie de la Lune ; il récolta aussi des images multispectrales. Toutes ces missions envoyèrent des photographie d'une résolution toujours meilleure.

[modifier] Cartographie et toponymie de la Lune

Les premières tentatives sérieuses pour nommer les caractéristiques de la Lune vue au travers d'un téléscope ont été faites par Michel van Langren en 1645. La carte qu'il dressa est considérée comme la première véritable carte de la Lune : elle en montre les divers cratères, mers, chaînes de montagnes et sommets. Il donna à nombre de ces caractéristiques un nom ayant une connotation catholique : noms de rois et reines catholiques de l'époque pour les cratères, noms de saints catholiques pour les caps et les promontoires. Il donna aux mers des noms latins de mers et d'océans. Enfin, il donna aux cratères mineurs des noms d'astronomes, de mathématiciens et d'autres savants célèbres du passé ou de son époque.

Carte de la face visible de la Lune par Johannes Hevelius (1647), y sont représentées les librations du satellite permettant de cartographier plus de 50% de la surface lunaire depuis la Terre
Carte de la face visible de la Lune par Johannes Hevelius (1647), y sont représentées les librations du satellite permettant de cartographier plus de 50% de la surface lunaire depuis la Terre

In 1647, Johannes Hevelius publia une œuvre rivale intitulée Selenographia, qui fut le premier atlas lunaire. Hevelius ignora la nomenclature de Van Langren, et adopta des noms de caractéristiques de la Terre. Ces dernières étaient cartographiée d'une façon correspondant à leur position sur la Terre, en particulier en relation avec le monde ancien tel que le connaissaient les civilisations romaine et grecque antiques. L'œuvre de Hevelius eut une grande influence sur les astronomes européens de cette époque, et la Selenographia fut l'œuvre de référence pendant un siècle.

Le système moderne de nomenclature lunaire fut conçu par Giovanni Riccioli, un prêtre et savant jésuite vivant au nord de l'Italie. Son écrit Almagestum Novum fut publié en 1651 comme défense des vues catholiques durant la Contre-Réforme. Il y argumentait en particulier contre les vues de Galilée, de Kepler et de Copernic en faveur d'un modèle héliocentrique de l'univers, avec des orbites planétaires elliptiques. Almagestum Novum contient des données de référence sur les connaissances scientifiques de l'époque, et fut après sa publication largement utilisée par les professeurs jésuites. Mais le seul aspect significatif de l'œuvre à survivre de nos jours est le système de nomenclature lunaire de Riccioli.

Les illustrations de la Lune, dans l'Almagestum Novum, furent dessinées par un autre professeur jésuite, du nom de Francesco Grimaldi. La nomenclature était basée sur une subdivision de la surface lunaire visible en octants, numérotés en chiffre romains de I à VIII. L'octant I formait la section nord-ouest, et la numérotation continuait dans le sens des aiguilles d'une montre, alignée sur les points cardinaux. Ainsi, par exemple, l'octant VI était au sud, et incluait les cratères Clavius and Tycho.

Pour donner les noms, Riccioli eut une approche double, l'une pour les grands traits des terres et des mers, l'autre pour les cratères. Pour les terres et les mers, il utilisa, en latin, les noms de divers effets et conditions météorologiques attribués à la Lune au fil des temps passés :

  • Pour les mers, il y avait les mers des crises (Mare Crisium), de la sérénité (Mare Serenitatis), de la fertilité (Mare Fecunditatis) ; il y avait aussi les mers de la pluie (Mare Imbrium), des nuages (Mare Nubium) ou du froid (Mare Frigoris).
  • pour les aires continentales entre les mers, Riccoli utilisa des noms comparables mais opposés à ceux donnés aux mers. Ainsi, il y avait les terres de la stérilité (Terra Sterilitatis), de la chaleur (Terra Caloris), et de la vie (Terra Vitae). Ces derniers noms ne sont plus usités aujourd'hui.

Nombre des cratères furent nommés en fonction de regroupements liés à l'octant dans lequel ils se trouvent. Dans les octants I, II et III, l'on trouve essentiellement des noms de la Grèce antique, tels que Platon, Atlas ou Archimède. Dans les octants situés au milieu (IV, V et VI), ce sont des noms de l'ancien Empire Romain, tels que Jules César ou Tacite. Les cratères situés dans les octants de la partie inférieure de la carte portent des noms de savants, d'écrivains et de philosophes de l'Europe médiévale et de l'Arabie.

Les parties extèrieures des octants V, VI, VII, et la totalité de l'octant VIII furent voués à des contemporains de Riccioli. Des caractéristiques de l'octant VIII furent aussi nommés en l'honneur de Copernic, de Kepler et de Galilée - ce "bannissement" de ces derniers loin des "anciens" était un geste politique envers l'Église catholique. Un certain nombre de cratères, autour de la Mare Nectaris, reçurent le nom de saints de l'Église catholique, suivant ainsi la tradition de Van Langren. Les saints choisis avaient cependant tous un rapport avec un aspect ou un autre de l'astronomie. Les cartes ultérieures supprimèrent le "St" du nom de ces cratères.

Le système de nomenclature de Riccioli fut très largement adopté après la publication de son Almagestum Novum, et nombre des noms sont encore couramment utilisés de nos jours. Le système était global d'un point de vue scientifique, et fut considéré comme poétique et élégant : il plut grandement aux penseurs de l'époque. Il pouvait aussi être facilement étendu, de nouveaux noms pouvant être ajoutés en suivant la même méthode. Il en vint donc à remplacer les nomenclatures de Van Langren et d'Hevelius.


(traduction à compléter)

[modifier] Cartes historiques de la Lune

La liste qui suit présente les principaux atlas et cartes de la Lune, par ordre chronologique de publication.

Carte de la Lune de l'Andrees Allgemeiner Handatlas (1881)
Carte de la Lune de l'Andrees Allgemeiner Handatlas (1881)
  • Michel van Langren, carte gravée, 1645.
  • Johannes Hevelius, Selenographia, 1647.
  • Giovanni Riccioli et Francesco Grimaldi, Almagestum Novum, 1651.
  • Giovanni Domenico Cassini, carte gravée, 1679.
  • Tobias Mayer, carte gravée, 1749, publiée en 1775.
  • Johann Hieronymus Schröter, Selenotopografisches Fragmenten, 1er volume 1791, 2ème volume 1802.
  • John Russell, images gravées, 1805.
  • Wilhelm Lohrmann, Topographie der sichtbaren Mondoberflaeche, Leipzig, 1824.
  • Wilhelm Beer et Johann Heinrich Mädler, Der Mond, Berlin, 1837.
  • Edmund Neison, The Moon, Londres, 1876.
  • Julius Schmidt, Charte der Gebirge des Mondes, Berlin, 1878.
  • Thomas Gwyn Elger, The Moon, Londres, 1895.
  • Johann Krieger, Mond-Atlas, 1898. Deux volumes supplémentaires furent publiés en 1912, après la mort de Krieger, par l'Académie des Sciences de Vienne.
  • Walter Goodacre, Map of the Moon, Londres, 1910.
  • Mary Adela Blagg et Karl Müller, Named Lunar Formations, 2 volumes, Londres, 1935.
  • Philipp Fauth, Unser Mond, Brême, 1936.
  • Hugh P. Wilkins, 300-inch Moon map, 1951.
  • Gerard Kuiper et al, Photographic Lunar Atlas, Chicago, 1960.
  • Ewen A. Whitaker et al., Rectified Lunar Atlas, Tucson, 1963.
  • Hermann Fauth et Philipp Fauth (à titre posthume), Mondatlas, 1964.
  • Gerard Kuiper et al., System of Lunar Craters, 1966.
  • Yu I. Efremov et al., Atlas Obratnoi Storony Luny, Moscou, 1967–1975.
  • NASA, Lunar Topographic Orthophotomaps, 1978.


[modifier] Notes et références de l'article

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes